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Tristan Valmour

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Tableau de bord

  • Premier article le 12/04/2006
  • Modérateur depuis le 26/04/2006
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Derniers commentaires



  • Tristan Valmour 28 février 2013 11:29

    Vous êtes prof de lettres et français au lycée.

    En seconde, vous enseignez la grammaire de texte, vous préparez les élèves à l’étude linéaire, au commentaire de texte et un tout petit peu à la dissertation.

    En 1ère, vous préparez les élèves aux épreuves du bac. Ceux-ci ont 3 sujets au choix : dissertation, commentaire de texte et sujet d’imagination. Vous leur faites aussi étudier des textes pour l’oral selon des groupements de textes qui abordent un certain nombre de problématiques définies par les hautes autorités incompétentes.

    De 5 à 15% des élèves prennent la dissertation, soit l’épreuve qui nécessite le plus de réflexion et de culture. Les autres prennent le commentaire ou le sujet d’imagination. Le sujet d’imagination ressemble pas mal à ce qui est fait en 3è.

    Pour les groupements de textes présentés à l’oral, vous interrogez les élèves en fonction de votre propre interprétation des textes, et ceux-ci, en position d’apprenants coupables, se demandent ce que vous attendez d’eux. S’ensuivent des échanges plus ou moins stériles qui entraînent ensuite les élèves à noter vos propres notes, celles que vous avez glanées dans l’école des lettres, weblettres ou encore les livres du prof proposés par les différents éditeurs. Les élèves sont attentifs à ce que vous dictez, pas aux mécanismes cognitifs suscités par l’interprétation. Pour réviser l’oral du bac, ils apprennent leurs notes par cœur.

    L’oral du bac est divisé en 2 parties : l’interrogation sur l’un des textes expliqués en classe (les notes du prof apprises par cœur), et l’interrogation sur l’une des problématiques littéraires étudiées en classe.

    Les élèves qui ont appris les notes du prof s’en sortent pour la 1ère partie. Mais pour la seconde partie, ils ont plus de problèmes parce qu’ils ne savent pas réinvestir ce qu’ils ont « appris ». Et si par malheur on propose à ces élèves un texte qui n’est pas dans le groupement de textes, en l’absence de notes, ils sont incapables de l’expliquer. Ils n’ont rien compris au mécanisme. Par conséquent, votre mission est un échec, parce que vous ne pouvez pas leur expliquer tous les textes que l’humanité a produits. Et l’échec de votre mission n’est pas votre faute parce que vous ne faites qu’appliquer ce qui a été déterminé par les hautes autorités incompétentes.

    Si à l’écrit vous leur proposez l’interprétation d’une note de services, d’un discours d’homme politique, un argumentaire de vente ou un texte un peu subtil, ils sont complètement perdus. Ils ne savent pas réinvestir ce qu’ils ont « appris ». Ils pourraient pourtant employer les outils que vous leur fournissez avec talent et compétence, mais non, ils ne font pas cela. Ils ont des cases qui ne communiquent pas entre elles, parce que la façon d’enseigner ne donne pas le big picture nécessaire à la compréhension des patterns.

    En grammaire de textes, vous enseignez les tropes, certains élèves savent les reconnaître, mais ils ne savent pas les expliquer dans un texte. Ils sont au pied d’un immeuble, incapables d’avoir une vue d’ensemble ; ils attendent des techniques alors qu’il leur faudrait du sens. Métaphore ou photophore, c’est la même chose pour eux.

    Sitôt le bac obtenu grâce aux commissions d’harmonisation, les élèves s’empressent d’oublier ce qu’ils ont « appris », mettent leurs notes à la poubelle, et ne retiennent pas grand-chose de leurs cours de Lettres.

    Ayant étudié des textes d’Hugo, Flaubert, Chateaubriand, sauraient-ils repérer un texte écrit par eux ? Non, ils ne font pas de liens, ils ne réinvestissent pas. Ne leur donnez pas des Parnassiens, c’est du charabia.

    Ce qui est vrai pour le français l’est pour toutes les matières, ça se passe de la même façon. Tant d’heures et de potentiels gâchés.

    Encore une fois, vous (et la majorité des profs) n’endossez pas la responsabilité de ce gâchis, vous ne faites qu’appliquer les directives des Saintes Hauteurs, et je suis persuadé que vous faites de votre mieux, je n’ai aucun doute.

    A aucun moment je n’accuse les profs parce que je sais toutes les difficultés qu’ils doivent affronter. Vous êtes des soldats et vous battez avec les armes qu’on vous donne ; de mauvaises armes.

    Ce qu’il vous faut savoir cependant, c’est qu’il existe de par le monde quelques établissements où l’on enseigne à penser et à connaître plutôt que transmettre des informations que l’on trouve aujourd’hui dans bien des sources. Ainsi peut-on disposer de bases fonctionnelles d’une langue étrangère en 7 jours, sans prendre de notes ni mémoriser, ni faire de devoirs, etc. Et dans les autres matières, c’est la même chose. Et les élèves comme les profs ne pensent pas aux vacances.



  • Tristan Valmour 27 février 2013 15:33

    Bonsoir

    J’estime pour ma part que 4 semaines de congés en été sont largement suffisantes, et on peut même les réduire à 3.

    Ce n’est pas le temps de travail qui fatigue les élèves et enseignants, mais les conditions d’exercice du métier, et corollairement les conditions d’apprentissage.

    Quant aux rythmes scolaires, les pseudo experts pantouflards des gouvernements et des différentes commissions me font doucement rire pour les raisons scientifiques suivantes :
    -  s’il existe effectivement des rythmes circadiens, ultradiens et infradiens qui posent des généralités, il existe également des différences interindividuelles et interculturelles importantes ;
    -  les rythmes sont le reflet d’une adaptation à l’environnement. On change d’environnement, on change de rythme. Vous séjournez pendant quelques jours dans une grotte, vos rythmes changeront. Idem quand vous changez de pays, de culture. Idem quand vous viviez en couple et vous retrouvez seuls ou l’inverse (sommeil, repas, etc.). Et idem pour tout ce qui touche la cognition. Quand vous vieillissez, vous changez de rythme.

    Ce qu’il faut changer, c’est l’environnement de l’école qui n’est pas adapté à l’apprentissage. L’école est une prison, le mobilier est inconfortable et pas du tout ergonomique. Les lumières sont agressives, l’acoustique nulle, les toilettes dirty. Les élèves, de jeunes organismes pleins de vie, sont obligés de demeurer assis pendant des heures, ce qu’un adulte n’est pas prêt de faire. Tout cela fatigue, irrite. Socrate enseignait en marchant, ses élèves ne prenaient pas de notes. Les notes, cette mémoire externe, tue la mémoire interne. Mes étudiants (j’enseigne toujours quelques heures dans une université d’influence anglo-saxonne en plus de mes activités privées) ont interdiction de prendre des notes.

    Chez eux, les enfants consomment de l’écran en moyenne 7h30 par jour (pour les 8-18 ans), ne prennent pas le petit-déjeuner, sautent des repas, ne dorment pas, prennent les difficultés de leur parents en pleine pear. Ils évoluent dans un environnement fortement anxiogène. Tout cela fatigue, irrite, et ils arrivent à l’école exhausted et irrités.

    Les élèves vivent dans un environnement de compétition où il faut être le plus fort pour survivre, où on demande d’apprendre pour obtenir quelque chose, pas pour le plaisir d’apprendre, pour le simple fait de comprendre. La compétition – dont les notes sont le reflet – fatigue, irrite et démotive.

    Les élèves savent parfaitement que les meilleurs d’entre eux peuvent passer tout leur temps à étudier, cela ne leur garantira nullement une place au soleil. A quoi bon apprendre dans un monde où il faut être bien né pour être quelqu’un, surtout dans un monde où être quelqu’un est considéré comme le summum de l’accomplissement individuel.

    On ne demande pas aux élèves d’apprendre, on leur demande de prendre des notes. On ne demande pas aux élèves de réfléchir, on leur demande d’imiter. On ne demande pas aux élèves de savoir, on leur demande de recracher leurs cours comme de gentils singes savants. Pas étonnant qu’ils ne savent pas réinvestir ce qu’ils ont prétendument appris et qu’en fait, ils ne savent rien. Vous leur proposez un devoir, puis le même 1 mois plus tard, ils n’auront pas une meilleure note. Parce qu’ils apprennent pour la note. Et si vous leur proposez un devoir qui sort de l’ordinaire (qui ne vérifie pas qu’ils ont bien recopié la leçon du prof), où il faut seulement utiliser ce qu’ils ont prétendument appris, c’est la cata.

    Que de temps, d’énergie, de moyens financiers et de potentiels perdus, tout ça parce qu’il n’y a aucune volonté politique de construire une école de qualité. Pensez-vous : de bons élèves se mettraient à réfléchir, donc à remettre en cause le pouvoir pyramidal. Comment justifier les écarts de rémunération après ça. La réflexion engendre la frustration, et la frustration la colère, et la colère la révolution. Alors, il vaut mieux une génération de beubeus et des profs qui ne sont pas des profs mais des répétiteurs.

    Par conséquent, si l’environnement (organisation des cours, programme, pédagogie, formation du personnel, etc.) n’est pas modifié, vous pouvez passer les vacances de 8 semaines à 6 ou à 12, ça ne changera rien du tout.

    Quels lieux vous attirent ? Les lieux accueillants ! Quelles personnes vous attirent ? Les personnes accueillantes !

    Qu’est-ce qui motive un être humain ? Le sexe et l’apprentissage. Le sexe parce que cela permet à l’espèce de se perpétuer, et l’apprentissage parce que cela permet à l’individu de se perpétuer au sein de son espèce, c’est-à-dire d’être adapté.

    L’école tue toute envie d’apprendre. 



  • Tristan Valmour 11 février 2013 13:53

    Cher Rakotsky

    La société humaine est technologique. Les automates remplacent l’être humain. Par conséquent, l’être humain est de moins en moins nécessaire, et il est même perçu comme parasite, au moins les plus faibles d’entre eux.

    La société humaine est gagnée par la culture anglo-saxonne tournée vers la performance directement exploitable sur le plan économique et éducatif ; vers l’aristocratie sur le plan politique. Sur le plan de l’éducation, la culture latine est traditionnellement tournée vers la connaissance, pas la compétence. L’école académique avait, dans ce cadre, pour mission l’élévation personnelle, non une performance exploitable par un tiers. Vision humaniste latine contre vision utilitariste anglo-saxonne.

    Eduquer a un coût que les véritables dirigeants ne veulent pas assumer. A quoi bon offrir une éducation de qualité à une majorité d’individus qui n’aura pour fonction que d’appliquer dans leurs professions respectives un arbre de décision ? On ne leur demande pas de réfléchir.

    Pire, l’accès à la connaissance qui entraîne la réflexion peut provoquer chez l’individu une frustration nuisible au fonctionnement des systèmes complexes (Etats et grands organismes). Si on réfléchit au sens (connaissance) d’appuyer sur un bouton (compétence), on peut peut-être ne plus appuyer sur le bouton.

    Ce qui se passe, c’est une destruction de l’école humaniste au profit de l’école utilitariste dans l’objectif de former des personnes compétentes à assister les automates qui deviennent des extensions de l’individu.

    Pour détruire l’école humaniste, rien de mieux que les évaluations internationales (PISA, PIRLS, etc.) dont les items mesurent la performance des compétences (comme savoir lire un e-mail et non plus Victor Hugo), et non la connaissance. Ces évaluations internationales, biaisées par nature (comment comparer les systèmes asiatiques où la quasi-totalité des élèves de 15 ans suit des cours supplémentaires jusque tard le soir, avec les systèmes latins ; comment comparer des pays où à 15 ans on est dans un établissement de campagne avec les pays où à 15 ans, on est dans un établissement urbain, etc.), permettent aux politiques de faire passer leurs réformes qui ont pour objet final l’uniformisation des systèmes éducatifs, accompagnée d’une privation de certains services d’éducation.

    Pour détruire l’école humaniste, rien de mieux que de supprimer des heures d’enseignement dans les matières fondamentales dont découlent toutes les autres, au profit de matières où l’on exige davantage de compétence (savoir utiliser excel) que de connaissance (comment on est venu à fabriquer excel).

    A côté de ce secteur public d’éducation dédié à la plèbe dont certains services sont privatisés, on trouve des établissements pour l’élite, où on continuera à assurer une mission de sensibilisation à la connaissance. C’est ainsi que dans les écoles Waldorf aux Etats-Unis, fréquentée par l’élite de la Silicon Valley (pour la Waldorf de Californie bien sûr) l’usage de la calculatrice est interdit.

    Maintenant, que pouvez-vous faire ?
    -  rassembler les vieux livres et faire l’école à vos enfants
    -  se taire et accepter ce futur
    -  la révolution



  • Tristan Valmour 11 février 2013 13:52

    Cher Luc-Laurent, très cher ami,

    Je n’ai pas de smiley, mais imagine qu’il y en a un certain nombre dans ce texte. J’aime te taquiner.

    Il m’apparaît évident que l’homme est d’abord une machine à simplifier, et que de ce fait découle la machine à imiter. Et nous trouvons en principe supérieur la machine à s’adapter : adaptation – rationalisation – imitation. Et encore au-dessus, il y a… Sarkozy (non, là je déconne). Imiter et simplifier ne sont naturellement pas contradictoires, je n’ai jamais prétendu le contraire.

    Un exemple précis de l’imitation comme conséquence de la simplification : je l’ai donné avec le parcours des bébés. Mais tu peux aussi aller voir du côté du recyclage neuronal (sur la lecture) et toutes les expériences sur l’inférence bayesienne, dont découlent les illusions d’optique parce que ces dernières ne sont en réalité pas des illusions, puisque le percept est physiologiquement perçu, mais pas statistiquement compris (on voit, mais on ne comprend pas ce qu’on voit, d’où l’illusion : un peu comme un enfant aveugle qui recouvre la vue à l’âge adulte ne peut pas comprendre ce qu’il voit). Bref, ta théorie est naturellement intéressante et fondée…jusqu’à un certain point.

    Tu écris : « Je vois une voile et je reconnais un bateau. » En fait, c’est la détection du pattern, qui fait gagner du temps, donc économise des ressources, et favorise l’adaptation de l’espèce.

    Tu écris : « Si tu ne vois pas qu’il reproduit le comportement de l’autre, c’est que tu es de mauvaise foi et que tu veux échapper à la fatalité de l’imitation ». De mauvaise foi, non, mais j’aime bien contredire, on apprend beaucoup de cette façon. Oui, l’un reproduit le comportement de l’autre, et il y a donc imitation, mais l’imitation est une conséquence, c’est ce que je voulais dire.

    Sur les entraînements sportifs : oui, il y a naturellement assimilation dans un premier temps, mais à haut niveau, il y a personnalisation par la destructuration de l’assimilation pour trouver un style personnel, non plus simplement imiter. Les séquences gestuelles sont mémorisées sous forme de chunks, et il y a parallèlement un travail de développement de la visuo-spatial working memory ainsi que de l’inhibition (d’où le fait de taper sur la main gauche du coach puis de le contourner vers la droite).

    Autant je suis sceptique sur ton côté giradien, autant je te suis à fond sur Piaget, même si je préfère Vygotsky et Lozanov.

    Tchao mon ami 



  • Tristan Valmour 8 février 2013 13:35

    Mon cher Luc-Laurent

    Je ne crois pas que l’Homme soit une machine à imiter, mais une machine à rationaliser, c’est-à-dire à simplifier. Or, la simplification conduit à l’imitation, puisque les ressources dépensées par l’imitation, la standardisation, sont plus faibles. L’imitation est donc une conséquence, non une cause. Tu observes cela du niveau moléculaire au niveau social, et même au-delà.

    C’est avec l’apparition des neurones miroirs (voir notamment Ramachandran) que l’humanité a connu un grand bond sur tous les plans, puisque nos ancêtres ont pu rationaliser la transmission des informations. Conséquence : évolution lamarquienne, non plus darwinienne.

    Inhiber demande plus d’énergie qu’imiter. Or, c’est entre 16 et 35 ans (en comptant les grands écarts individuels, et les différentes théories cognitives), donc là où tes ressources physiques et cognitives sont les plus fortes, que la working memory permet le mieux d’inhiber les stimuli externes. Avant et après cet âge (environ), tes facultés attentionnelles sont plus faibles.

    Au sujet de ton groupe de bébés : qu’adviendrait-il d’eux si on ajoutait une télévision ou une radio dans la pièce ? Le cri serait-il contagieux ? Dans ton exemple, tu t’es placé dans le cadre d’un seul stimulus. D’ailleurs, dans les nurseries où on diffuse de la musique il n’y a que peu de cris (et plusieurs bébés peuvent crier en même temps pour des raisons différentes qui ne relèvent pas forcément de l’imitation).

    Supposons un bébé d’1 an qui joue dans son parc avec la télévision qui diffuse une émission où le mot « canard » revient plusieurs fois. A chaque fois qu’il saisit son éléphant en peluche, le mot « canard » sort du poste. L’enfant en viendra à appeler son éléphant canard. Imitation ? Non : bayesian learning.

    Quand tu perçois une information, tu ne la perçois pas. Tu ne perçois que des bits. Ces bits, au départ sans aucun sens, prennent sens dans le cortex associatif (c’est plus complexe, je simplifie par manque de temps), s’appuyant sur ce qu’on appelle l’expérience. Tu reconstruits donc l’information. Si la séquence de bits est déjà en stock parce que tu y as été déjà confronté un certain nombre de fois auparavant, tu te dis que ladite séquence est similaire ou très proche de ton expérience…. et tu agis en fonction de ton expérience. Ce n’est pas de l’imitation, simplement de la rationalisation. Quand tu es confronté à une séquence de stimuli (donc à une expérience) inédite, tu mettras pour de temps pour la traiter, et plus de temps pour réagir (cortex moteur). Et c’est pour cela qu’on a une sécurité, le fight or flee et le stress. Ton expérience se matérialise au niveau du cortex associatif par des axones myélinisés qui sont par définition plus rationnelles (en ressources) grâce, par exemple, à la conduction saltatoire. L’information aura tendance à prendre le chemin le plus rapide, celui qui est tracé par ton expérience enregistrée dans ton cerveau.

    Par conséquent, si tu mets en présence le bébé d’1 an pour qui l’éléphant est un canard, avec un bébé d’1 an pour qui l’éléphant est un éléphant, et que tu les laisses discuter du sexe des anges, qui va imiter l’autre ? Il y a fort à parier que c’est celui qui s’exprime le moins qui en viendra à appeler son jouet du nom accordé par son copain. Aussi, si c’est le bébé éléphant-éléphant qui s’exprime le plus, le bébé éléphant-canard appellera son éléphant « éléphant ». Parce qu’il imite ? oui, bien entendu, mais il s’agit d’une conséquence. En fait, il n’imite pas. En effet, les clusters qui contiennent l’expérience « éléphant-canard » ne seront plus sollicités, elle sera « oubliée » au profit de l’expérience « éléphant-éléphant » qui est continuellement employée et donc qui fait travailler les neurones.  

    Si je te lis à voix haute des phrases qui parlent d’éléphants, et que je te demande de les substituer par des canards, tes ressources en working memory seront davantage sollicitées pour effectuer cette traduction que si tu n’avais pas à le faire. Par conséquent, en fonction de la difficulté de la phrase, tu pourrais ne pas la comprendre parce que tu ne disposerais pas d’assez de ressources pour effectuer cette tâche (phénomène de l’overflowing). Tu pourrais y arriver en splitant, ce qui consommerait plus de temps. Donc, mieux vaut employer un langage commun, pas parce qu’il y a imitation, mais parce que cela économise des ressources. Donc, comme la plupart des gens nomme « éléphant » un éléphant, l’appeler « canard » dépenserait trop de ressources.

    Après, tu peux aller voir du côté d’Houdé (ton copain) qui a travaillé sur les nombres (le bébé s’étonne de voir 3 billes lorsqu’on ouvre le rideau, alors qu’il a été habitué – bayesian learning – à en voir 20 : il sait compter, distinguer peu et beaucoup).

    Dans les entraînements sportifs où il faut être confronté à l’inédit (donc squizzer le processus d’imitation), on agit sur la working memory. Par exemple, si tu dois aller à droite de ton coach, tu tapes dans la main gauche, etc.

    Sans transition, la dernière fois, tu m’avais demandé des sources sur les différentes expériences scolaires (je t’avais parlé d’écoles turques, allemandes, etc.). Tu trouveras de nombreuses informations en éducation comparée dans la revue INTERNATIONAL REVIEW OF EDUCATION.

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