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Tristan Valmour

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Tableau de bord

  • Premier article le 12/04/2006
  • Modérateur depuis le 26/04/2006
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Derniers commentaires



  • Tristan Valmour 6 novembre 2012 00:25


    Bonjour Monsieur de Rosnay

    Je vous remercie pour votre longue réponse – j’ai de la chance -, car je vous imagine occupé, et je l’espère pour très longtemps encore. Je tiens à vous dire que j’apprécie énormément votre travail comme votre personnalité, et ce que vous apportez à l’humanité. J’ai naturellement lu le macroscope, puis je l’ai relu des années plus tard, après avoir lu d’autres livres d’un abord apparemment plus difficile (comme l’excellent Philosophy of Complex system), et c’est alors que votre ouvrage a pris à mes yeux une autre dimension. Je lirai vos deux derniers livres, bien entendu. Je suis particulièrement vos actions dans le domaine de l’éducation, puisque c’est mon domaine de prédilection.

    Le Potentiel d’Action (PA) est la base de la communication neuronale. PA = 0 ou PA =1, ça fonctionne bien en mode binaire. Et ce PA est un phénomène adaptatif, parce que les neurones conduisent mal l’électricité. Et bien sûr que l’amplitude du « tout-ou-rien » est modulable, fonction des TTX, ou K(Ia) par exemple (liste non exhaustive). Mais c’est, quantique ou pas, toujours le « tout ou rien » qui assure une conduction (1) ou l’absence de conduction (0). Au départ, comme à l’arrivée, on est bien en mode binaire…au vu de l’état actuel de nos connaissances (en tout cas des miennes) bien entendu :) Mais je comprends mieux l’emploi que vous faites du mot fluidité. Je crois que c’est ce mot que je n’avais pas bien compris. C’était un problème de niveau de langage (langage spécialisé / courant)

    Les astrocytes (cellules macrogliales -> fibrillaires ou protoplasmiques) ne sont pas une catégorie de neuroglie (=gliales, terme générique), au même titre que les microglies, oligodendrocytes (cellules macrogliales -> satellites ou interfasciculaires), cellules ependymaires, gliales radiales (ou radiaires), pituicytes, et pinéalocytes ? Je n’ai pas étudié cela en français, alors peut être que je traduis mal, et il y a peut-être une différence avec la façon dont on enseigne cela en France, désolé. En revanche, je vous suis parfaitement pour le saut de hub en hub, ce qui peut d’ailleurs participer à l’explication du modèle hologrammique de Pribram, Lashley et Goldsheider, puis conduire à la mémétique, et donc au réseau.

    Je vais m’expliquer sur le crowd-xxx. Le système économique dans lequel nous évoluons est de plus en plus fermé pour de multiples raisons, y compris le fait que ceux qui sont bien en place ne veulent pas de concurrence. Par conséquent, comme il existe malgré tout une pression des nouveaux entrants qui trouvent porte fermée, ces crowd-xxx existent, parce que le réseau des réseaux (internet) permet de mobiliser des capitaux (financiers, intellectuels…) à grande échelle, et qu’aujourd’hui, pour faire quelque chose, on a besoin de plus de capitaux qu’il y a 30 ans, sinon le projet (finalité du système) tombe à l’eau. Mais le crowd-xxx n’est qu’une tontine à grande échelle, il n’y a strictement rien de nouveau dans ce mécanisme. Les Chinois, les Mormons, les Libanais, certaines communautés africaines ou autres communautés religieuses connaissent cela depuis des siècles. Maintenant, ce qui sera intéressant à analyser, c’est : les personnes qui auront réussi grâce au crowd-xxx vont-ils participer à la perpétuation de ce système ou vont-ils rejoindre le système pyramidal classique, se disant que malgré tout, ils doivent leur réussite à eux-seuls ? Vous voyez ce que je veux dire ? Toujours ce problème d’égo. Et ça c’est profondément enraciné. Voilà pourquoi j’ai cité la first person perspective. Après, je n’affirme rien, je peux complètement me planter, et je l’espère d’ailleurs. Il y a peut-être effectivement une prise de conscience du besoin de partage et de coopération, parce que la Terre n’est pas extensible à l’infini, et parce que la démocratisation et massification des informations et connaissances nous oblige à penser en systèmes englobants…entre autres grâces à vous !

    Sur l’intelligence collective, je suis complètement d’accord avec vous, et j’en fais suffisamment l’apologie sur Agoravox. De toutes les façons, pour des raisons physiologiques, on arrive aux limites de l’intelligence individuelle (à moins d’étudier en détail les synesthètes, parce qu’il faut quand même dire que le langage verbal, donc linéaire, est assez pauvre par rapport au potentiel de conceptualisation du cerveau humain. Même les neurones de la lecture verbale ne sont qu’un recyclage de la lecture d’images). Par conséquent il faut en passer par l’intelligence collective. Mais ce qu’il manque, ce sont deux choses importantes : un langage commun et l’abstraction de l’égo. Et ça, c’est très difficile. Vous avez cité Pierre Lévy, il est évidemment excellent. Mais connaissez-vous Jean-Michel Cornu ? J’adore ce mec.

    Je vais m’expliquer sur la notion de « suivez le guide. », et je vais vulgariser, non pas pour vous mais pour l’ensemble des lecteurs. Notre cerveau est un détecteur de patterns, et il va toujours rechercher à simplifier et automatiser les processus cognitifs, parce qu’ainsi il économisera de l’énergie (penser, c’est dépenser de l’énergie, et c’est pour cette raison que l’intelligence individuelle humaine est très limitée. Penser plus, c’est consommer plus d’oxygène, etc.), et il pourra survivre. J’espère que je suis assez clair, parce que je dois traduire mes pensées en mots français courants, et ça ne m’est pas toujours aisé, ma mémoire de travail verbale peut saturer, toutes mes lectures et expériences arrivent trop rapidement sous des modalités différentes, et il faut les organiser sériellement pour les transmettre ici. Le guide est donc ce qui épargne de l’énergie (temps, argent, etc.). A la complexification des échanges au sein des systèmes répond corollairement un processus de simplification : le guide.

    Je vais préciser sur la théorie de la prise de la décision : je faisais référence à l’inférence bayesienne (voir les travaux de Dehaene, David Barber, Pourret, Naïm, Marcot, Lauwereyns, etc.) et à la théorie de l’expertise. Un groupe d’experts (on peut considérer qu’être informé, c’est être expert) prendra des décisions sur la base intuitive de leur expertise (un expert est un intuitif, et d’ailleurs quand vous le soumettez à ses propres règles, il se plante). L’expert fonctionne en système cognitif essentiellement parallèle (à ce propos, Einstein avait 70% de cellules gliales de plus qu’un homme normal, donc des hubs en plus). Le candide (ou novice) prend des décisions selon un arbre parfaitement organisé. Il fonctionne en système cognitif essentiellement sériel. Mais c’est de la réunion des deux groupes (donc constitution d’un groupe hétérogène) que naîtront les meilleures décisions, une sorte de « sagesse » (comme l’appelle Dehaene). D’autre part, c’est le candide qui permet à l’expert de réellement progresser, et ainsi parvenir au dernier niveau d’expertise qui est la créativité.

    La vision élitiste que je vous prêtais est sûrement le fruit d’une mauvaise interprétation, veuillez m’en excuser ; c’est moi qui vous ai mal compris. Quand j’ai lu « co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés », j’ai compris que vous triiez ceux qui sont informés de ceux qui ne le sont pas, et laissiez ces derniers de côté. J’aurais mieux compris co-régulation citoyenne par les internautes ou pronétaires (puisqu’il s’agissait d’internet).



  • Tristan Valmour 4 novembre 2012 21:42

    Bonjour Monsieur de Rosnay. Votre article est intéressant, et on peut abonder dans votre sens à priori. A posteriori, c’est autre chose.

    1.  « Donald Hebb et le biologiste et philosophe français d’origine chilienne Francisco Varela, notamment, ont démontré que le cerveau ne correspondait pas au modèle traditionnel proposé par les neurobiologistes et qu’il n’était pas non plus comparable à un ordinateur numérique fonctionnant en langage binaire (avec des bits de zéro et de un). » En effet, un neurone décharge (1) ou ne décharge pas (0). Non ?

    2.  Le corps humain est certes fluide, mais on peut dire cela de la pierre qui s’adapte à l’érosion, donc en fonction de facteurs « épigénétiques ». Je vous trouve trop imprécis ici.

    3.  La communication de neurone à neurone se fait par voie électrique au niveau des synapses électriques (gap-junction) et par voie chimique au niveau des synapses chimiques (neurotransmetteurs). Seulement, on n’a pas identifié tous les neurotransmetteurs. De là à parler d’isométrie, il me semble que c’est un raccourci. En plus, on connaît très mal les cellules gliales. On refait le spike grid de Stanford ?

    4.  « On pourrait donc, de l’intérieur, modifier ou faire modifier des règles et des lois. » C’est possible, mais vous omettez de préciser que ce qui définit notre comportement, c’est notre éducation, fruit de multiples interactions avec notre environnement, ce qu’on appelle aussi expérience. Cette expérience est gravée dans des clusters qui ont tissé des réseaux de communication préférentiels en raison de la myélinisation des axones sollicités par lesdites expériences, et nous incite à utiliser des solutions déjà éprouvées par l’expérience pour pallier des situations inédites elles-mêmes transformables en expérience. Par conséquent, à mon avis, seuls des sujets jeunes peuvent modifier des règles et des lois, à condition qu’en dehors d’Internet, ils ne subissent pas plus l’éducation à la situation pyramidale. C’est ainsi que rien ne permet d’affirmer que les Crowd_ ne soient pas des phénomènes temporaires qui viennent remplir un vide.

    5.  Les réseaux sociaux pèsent de tout leur poids ? Ah bon ? Les printemps arabes sont des échecs, ils ont accouché de régimes islamistes. Non, non, dès que le système en place se trouvera réellement menacé, il ripostera. Pour le moment, il ne dit trop rien, il recueille des informations, puis il appliquera tout simplement le théorème de Bayes. Quant aux Pussy Riots, excusez-moi, mais c’est un groupe minable qui n’aurait pas fait parler de lui sans l’aide du système qui voit le moyen de faire un pied de nez à un autre système.

    6.  « La question demeure : ces mouvements conduisent-ils à modifier de manière épigénétique l’ADN d’Internet ? La réponse est vraisemblablement oui, car des millions d’internautes vont modifier leurs actions, leurs créations, leurs liens, leurs enregistrements, leurs contacts, leurs amis ou leur blog… selon leur appréciation personnelle de ces différents mouvements. » Vous croyez ? Ne vont-ils pas faire comme les touristes, consulter le routard , sans plus se laisser aller à découvrir le pays visité. Par conséquent, y aura-t-il réellement une modification des pratiques, ou juste un habillage ? Suivez-le guide non ? Il y a 24h par jour (apparemment) pour tout le monde, et on sait que tout traitement cognitif de l’information vise à la simplification dudit traitement afin d’éliminer le bruit (au sens neuroscientifique du terme) et la consommation d’énergie (liste non exhaustive). Si Agoravox existe, c’est bien parce que ce site répond à un besoin d’avoir un guide pour simplifier la recherche d’informations alternatives non ? Donc la prise de décision. Combien d’autres sites, peut-être plus intéressants, mais perdus dans les confins d’Internet ? Suivez le guide, c’est ce qui guide les hommes !

    7.  « Pour ma part, je crois davantage à une co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés, qui agiraient par feed-back citoyen en renvoyant l’information vers des centres décisionnels exerçant une forme de pouvoir transversal. » Absolument pas d’accord avec vous ; il s’agit d’une vision très élitiste et utilitariste qui priverait l’humanité d’autres possibles. Ces femmes et ces hommes seraient informés par qui et comment ? Comment vérifier leur aptitude à comprendre l’information ? Comment mesurer leur aptitude à décider ? Comment éviter les conflits d’intérêts ? Le mot « citoyen » et « informé » sont contradictoires. Bref, vous semblez vouloir éliminer les « inutiles », les « malades » de toute décision. Mais sans malade, point de médecin ; sans élève « sous doué », point de super enseignant, et pas plus de méthodes révolutionnaires modélisables pour augmenter le potentiel des « doués ». Vraiment, cette vision élitiste, je n’en veux absolument pas. D’autre part, cette vision est en contradiction totale avec toutes les théories sur la prise de décision, qui au contraire ont prouvé qu’un groupe hétérogène prend de meilleures décisions qu’un groupe homogène. Quand vous êtes informé, vous prenez des décisions sur la base de vos informations. Il faut des personnes complètement candides pour faire naître des questions intéressantes et innovantes. Sans malade, point de médecin. Donc, un homme, une voix, peu importe sa qualité. Démocratie directe en toute chose, et sans filtre. Enfin, comment réglez-vous le problème de la first person perspective (cf travaux d’Engel, Gallagher, Vogeley, Fink, Revonsuo, etc.) ?



  • Tristan Valmour 25 octobre 2012 14:25

    Salut Jean-Paul, et transmets mon bon souvenir à tes collègues

    Encore un excellent article, je suis addict.

    Voici quelques éléments pour alimenter la discussion.

    Nos organes sensoriels ne peuvent traiter directement que les stimuli sur la même longueur d’onde, ce qui n’empêche pas les stimuli non captables d’exister. D’ailleurs, la technologie pallie nos déficiences sensorielles, et à mesure qu’elle progresse, nous pouvons capter davantage d’ondes.

    Ces ondes captées, de simples bits, sont additionnés dans les cortex associatifs après avoir été parallèlement traités par d’autres structures. Et là, je simplifie à fond.

    Ensuite, à partir d’un stock de bits, c’est l’inférence bayesienne qui est appliquée, une notion revisitée par les neurosciences et qui promet d’expliquer notre personnalité ainsi que nos performances cognitives. L’inférence bayesienne serait notre algorithme originel, l’ADN de la cognition, et il serait modélisable. NELL de Carnegie-Mellon en est un exemple. Si tu ne l’as pas fait, ce qui m’étonnerait, intéresse-toi en profondeur à ce sujet, des découvertes à venir dans les prochaines années.

    L’inférence bayesienne est notamment à l’origine d’erreurs dans le traitement des stimuli externes, d’où par exemple les illusions d’optiques qui ne sont pas des illusions mais une erreur statistique. Le reste est à l’avenant, on change alors de paradigme.

    La performance cognitive s’appuie sur des représentations mentales, émises par le système nerveux central. Ces représentations mentales contiennent de nombreuses erreurs. Elles conduisent aussi aux mental models.

    La performance cognitive s’appuie également sur une working memory dont on sait qu’elle constitue la base de notre intelligence, conjointement avec notre long term memory qui stocke de manière plus ou moins permanente ce que l’on peut appeler « souvenir ».

    La performance cognitive s’appuie aussi sur des espaces de connaissance (voir les Belges Falmagne et Doignon dont les travaux sont extrêmement intéressants) qui sont créés par notre SNC.

    Enfin (ce mot n’a pas de sens, parce qu’il n’y a pas de fin, mais je dois me remettre au travail), comme je l’ai déjà écrit sur Avox il y a quelques années, il faut s’intéresser à la synesthésie parce que certains synesthètes font preuve d’une performance cognitive absolument hors du commun. Fort heureusement, mon petit Ramashandran s’est emparé de cette question, et les choses vont pouvoir évoluer. On est loin de la modélisation, parce qu’il faut d’abord reconnaître, évaluer et comprendre la synesthésie. Du boulot en perspective.

    Au fait, pour Pribram et Bohm, notre système nerveux central est un hologramme, et l’univers – également un hologramme - n’existe pas selon les lois de la physique que nous connaissons, c’est une construction intellectuelle. Ce qui expliquerait les notions d’inconscient collectif, les mèmes, etc. Je suis ton hologramme, tu es mon hologramme…

    Tu te demandes s’il existe des programmes civils. Oui, ils existent. Tous ceux qui s’intéressent à l’apprentissage.

    Réponse à tes 3 questions :

    Question 1 : Oui, ça existe : le SNC
    Question 2 : Oui, ça existe : les algorithmes qui créent de la musique par exemple
    Question 3 : la démocratie n’existe pas

    A +



  • Tristan Valmour 13 octobre 2012 17:52

    Salut Radix

    Ce que vous racontez est vécu dans mille entreprises et a été théorisé, entre autres, par des universitaires de l’UCLA (ce sont deux frères, un mathématicien et un philosophe, je ne me souviens plus de leur nom sur le moment) qui se sont intéressés au phénomène de l’acquisition des compétences. Information, connaissance, performance, savoir, savoir-faire (etc.) ne sont absolument pas synonymes.

    @ Christian

    Je crois que des sciences de l’éducation vous ne connaissez que ce qu’en disent la presse, quelques collègues, ou quelques pédagos illuminés qui ont fait sciences de l’éducation mais qui ne représentent pas toute la branche, comme à la lecture de Balzac on ne peut conclure que tous les écrivains fassent des descriptions interminables. Allez voir ce que fait l’ENS de Lyon par exemple.

    Et puis, vous écrivez vous-même : « C’était le politique qui décidait à leur place », le problème est donc politique plus qu’éducatif. Et comme je l’ai écrit dans l’un de mes articles, les profs sont maîtres de leur pédagogie.

    « Je me souviens de tel collègue paniqué juste avant d’aller voir ses élèves, parce qu’il hésitait sur le nom qu’il fallait donner dans le texte qu’il allait expliquer, à telle figure de style un peu compliquée » -> Encore une fois, ce que vous soulevez ne relève pas des sciences de l’éducation mais des grammairiens. Le nom des figures de styles, des types de texte, des fonctions du langage, etc. relève de la grammaire de texte, pas des sciences de l’éducation. Et d’une manière générale, sous l’influence de la recherche, les disciplines se réforment. On classe différemment les concepts, on les nomme différemment : c’est le résultat de la division du savoir.

    Quant au jargon abscons, allez voir du côté du droit, des sociologues, et de bien d’autres professions. Cela relève de l’herméneutique, de l’esbrouffe, pour se sentir supérieur et écarter la masse du savoir, mais aussi parce qu’il faut disposer de noms appropriés pour nommer de nouveaux concepts (idée défendue par Bourdieu notamment).

    Quant à la notation, elle ne rend pas compte du processus cognitif. Elle sanctionne uniquement une performance, et au premier rang, la capacité à lire un énoncé Combien d’énoncés sont imprécis ? Quelle interprétation en faire ? C’est après qu’on résout le problème. Avez-vous remarqué que l’enseignement est le seul domaine (je crois) où l’expert interroge le novice ? Et avez-vous mesuré les implications de ce rapport ? Combien d’élèves répondent faux parce qu’ils croient que c’est la réponse qu’attend le professeur ?

    Encore une fois, plutôt que de rester sur des on-dit et des impressions, allez à la source, lisez des livres sur la pédagogie ou la psychologie. Votre opinion changera, j’en suis certain. Je ne suis pas un idéologue.

    @ Abou

    Maintenant qu’on a sorti les missiles Tomahawk, on peut enterrer la hache de guerre ? Je vous ai répondu tout à l’heure sur un ton identique au vôtre. Ceci dit, il m’arrive d’asticoter le premier, au gré de mon humeur.

    Pour finir sur les enfants précoces. Statistiquement, il n’y a aucune surreprésentation des enfants précoces parmi les « agités ». C’est l’un des nombreux mythes qui sont véhiculés, et comme ils sont populaires, on y fait davantage attention, sans plus remarquer les autres enfants précoces qui ont une attitude tout à fait « normale ». La capacité à traiter plusieurs stimuli à la fois s’appelle le multitasking. Il est scientifiquement prouvé qu’il y a un déficit important dans la rétention et le traitement des informations, y compris chez les enfants précoces (voir par exemple les travaux de Michael Posner). Les enfants précoces ont certes une capacité plus importante que les autres à traiter les informations, en raison d’une WM (Working Memory) plus importante, mais ils doivent eux aussi se concentrer sur une seule tâche pour la réaliser correctement. Cela dépend bien entendu de la nature de la tâche.

    Il est tout à fait possible aujourd’hui de développer ce qu’on nomme intelligence et qui n’est grosso-modo que de la WM. Torkel Klingberg le fait très bien avec Cogmed.

    Et enfant précoce, ça ne veut rien dire, l’enfant que vous citez n’est pas plus doué qu’un autre.

     On a étudié les grands joueurs d’échecs, pensant qu’ils avaient des capacités supérieures aux autres parce qu’ils pouvaient jouer en aveugle, etc. En fait, hors de leur domaine, ils sont normaux. Si on est excellent au sudoku, on n’est pas forcément excellent au jeu de dame. Il faut apprendre et devenir un expert. On a aussi étudié les calculateurs prodigieux et on les a comparés à de simples caissières expérimentées. Ces dernières se sont révélées meilleures dans la plupart des tests qui impliquaient leur propre métier. Là encore, le phénomène d’expertise prime.

    Il n’y a qu’en musique qu’on peut véritablement qualifier de précoce.

    Dans tous les domaines, c’est la même chose : il faut pratiquer et encore pratiquer, et toujours pratiquer. Et apprendre, encore apprendre, toujours apprendre. Parce que le savoir nous englouti tout entier, et qu’on n’est, individuellement en tout cas, rien. Juste une poussière.

    Au fait, on ne parle plus d’intelligence mais de performance cognitive. Et ce n’est pas une lubie de psychoneuneus. Cela correspond tout à fait à la réalité.

    BONNE NUIT A TOUS.

     



  • Tristan Valmour 13 octobre 2012 11:06

    @ Christian Labrune

    Je me fiche pas mal des sciences de l’éducation, qui ne sont pas plus des sciences que les sciences politiques ou économiques, ou les maths. Ceci dit, il y a quelques bonnes choses dans les sciences de l’éducation. Après, avez-vous des preuves formelles que les sciences de l’éducation soient la cause du naufrage de l’école ? Vous avez réussi à identifier, isoler et hiérarchiser les facteurs ou bien c’est juste un sentiment personnel, une intuition ?

    Demain, presque tout le monde aura des emplois subalternes. Aujourd’hui, dans les grosses boîtes, les cadres sup sont des fusibles qui appliquent ce qu’on leur dit, sans disposer de véritable pouvoir de décision, d’où leur blues. Ils suivent, eux aussi, l’arbre de décision qu’on leur impose.

    « Les sciences de l’éducation, au contraire, ont toujours applaudi les pires inconséquences. » -> Vous voyez ce que vous voulez bien voir. Dans les sciences de l’éducation, il y a aussi plusieurs écoles. Mais sciences de l’éducation et politiques sont proches. On entend une école au détriment d’une autre, en fonction du parti au pouvoir, du leader qui gueule le plus ou qui séduit le plus. Vous devriez lire plusieurs dizaines d’ouvrages sur les sciences de l’éducation avant de les critiquer. Et encore une fois, je ne défends pas cette discipline.

    « Ainsi, en français, quand j’ai pris ma retraite, on n’en était plus à demander à l’élève de rendre compte de ce qui faisait la spécificité d’un texte, mais simplement de savoir le classer dans une typologie. » -> Ca n’a à voir avec les sciences de l’éducation que de loin. Ca concerne surtout les profs de français qui définissent cette matière et la façon de l’enseigner. D’autre part, je crois que le commentaire composé et la dissert sont toujours au programme, et que ces exercices sont loin de nécessiter uniquement de connaître la typologie textuelle.

    « Ce que vous écrivez à propos des systèmes de notation me paraît consternant. » Dites-moi alors ce qu’est noter ?

    « Contrairement à ce que vous écrivez, les élèves intelligents… » -> Je n’ai jamais écrit le contraire, relisez.

    « Je me souviens… » -> Vous ne pouvez pas généraliser à partir de votre expérience personnelle. Votre expérience est naturellement à prendre en compte, mais à relativiser.

    « L’école publique, aujourd’hui, ressemble aux unités de soins palliatifs des hôpitaux. On ne peut plus grand chose, ni pour les plus faibles ni pour les plus doués. » -> Complètement d’accord avec vous. Mais cela s’applique aussi à la majorité des écoles privées. La société n’a pas besoin de gens qui savent, il faut juste des gens qui exécutent. L’école produit donc des gens qui exécutent.

    @ Abou mon chou

    Alors là, on va s’amuser à « qui a la plus grosse » puisque c’est votre trip, et hausser un peu le niveau. Ready ?

    « Ils ont souvent des comportements voisins » -> Ca sent la précision du mathématicien ! Exactement comme avec votre démarche essai-erreur. Les mathématiciens « athéniens » voulaient déjà, à l’époque, s’abstraire de cette démarche. Vous ne connaissez rien aux surdoués et rien aux hyperactifs. Enoncez-moi les critères qui définissent un hyperactif, et expliquez-les moi alors. Je ramasse la copie et je la note sans utiliser de couleurs. I swear.

    Je reviens un peu sur la nature des maths et sur la demarche essai-erreur. Voici un petit extrait d’un livre écrit par un nul en maths, John Tabak.

    « The Mesopotamians were interested in geometry primarily as a set of techniques to assist them in their measurements and computations. Like that of the Egyptians, theirs was primarily a geometry of mensuration. […] Egyptian and Mesopotamian mathematicians were primarily
    concerned with developing a practical geometry. They sought to find and use mathematical formulas to compute areas and volumes of specific common geometrical forms given certain linear measurements. […] From the outset the Greek approach to mathematics was different. It was more abstract and less computational. Greek mathematicians investigated the properties of classes of geometric objects. They were concerned not only with what they knew, but with how they knew it. Mesopotamian and Egyptian mathematicians never questioned this fact. Almost certainly Thales did not question it, either, and yet he felt the need to deduce the result, that is, to prove the truth of the statement. This was a new way of thinking about mathematics : an approach that deemphasizes intuition and instead emphasizes the importance of deductive reasoning. Deductive reasoning, the process of reasoning from general principles to specific instances, is the characteristic that makes mathematics special. Mathematics is a deductive discipline. All mathematicians today work by beginning with known principles and then deriving new facts as logical consequences of those principles, but Thales was the first to apply this method rigorously.”

    « Si j’en ai rencontré » -> Alors, quels critères définissent un surdoué ? Aviez-vous la qualité à définir un surdoué ? Pourquoi ne dit-on plus surdoué mais précoce ?

    « Et ce n’est pas parce que vous parlez d’une discipline hypothético-déductive que vous savez ce que c’est. » -> D’abord, merci de valider par votre immense autorité qu’on peut définir quelque chose sans la connaître, et corollairement répondre correctement à une question sans comprendre sa propre réponse. Baddeley et Cowan ont démontré cela à plusieurs reprises en étudiant les relations entre la short term memory, working memory et long term memory. Ensuite, ben si, je sais ce qu’est une discipline hypothético-déductive. J’ai fait de la philo analytique avant de m’engager dans les sciences cognitives et étudier d’autres petits trucs sympas hors de votre portée. Et promis que je me lancerai dans les maths à haut niveau. De toutes les façons, j’y suis obligé.

    « Si ! » -> Ben non. On ne va pas établir un débat fictif entre Gauss et Popper. C’est vrai que pour certains les maths sont une science, et pas pour d’autres. Mais pouvez-vous prouver l’infini ? Quel est le dernier chiffre de Pi ? Bon allez, un petit moment de détente, une histoire qu’un prof de maths de Berkeley m’a racontée :

    Un étudiant en maths demande à des universitaires de toutes disciplines si tous les chiffres impairs supérieurs à 1 sont des nombres premiers.

    Le sociologue défend l’idée qu’on ne peut parler d’impair parce que certains chiffres pourraient s’en trouver offensés et on ne peut pas plus parler de premier parce que ce ne serait pas équitable pour le second.

    Le théologien dit que tous les nombres doivent être égaux devant Dieu.

    Le physicien fait une expérience : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier mais 9 ne semble pas être un nombre premier, mais c’est peut-être une erreur expérimentale, 11 est premier, comme 13…Ce physicien conclut que selon l’expérience, on peut émettre l’hypothèse que tous les nombres impairs sont des nombres premiers.

    L’économiste constate que 3,5 et 7 sont des nombres premiers mais 9 n’en fait pas partie. Il s’inquiète alors que le cours du nombre premier est en chute.

    L’informaticien écrit alors un programme pour énoncer tous les nombres premiers. Son ordinateur se bloque à 3… 3 est premier, 3 est premier, 3 est premier…

    Le chimiste se réfère à sa table périodique : 3 est du lithium, 5 du bore, 7 de l’azote, 9 du fluor, 11 du sodium… Comme ces éléments sont indivisibles en l’absence de fission nucléaire, ce sont des nombres premiers.

    L’ingénieur qui ne veut pas se laisser doubler par le physicien en matière d’expérimentation, refait l’expérience du physicien et conclut – à tort bien sûr – que tous les nombres impairs doivent être des nombres premiers.

    Le statisticien étudie un échantillon aléatoire de nombres premiers : 41, 269 (etc.) sont des nombres premiers, et conclut qu’il est probable que tous les nombres impairs soient des nombres premiers.

    Le physicien revient à la charge et conclut que les expériences menées par les autres universitaires confirment ses conclusions.

    Mais le mathématicien affiche un sourire méprisant envers ses collègues (parce que le mathématicien est supérieur à tout le monde) dont il dénonce la démarche et déclare que 3 est un nombre premier, et qu’il est donc facile de déduire que tous les nombres impairs supérieurs à 1 sont des nombres premiers.

    Redevenons sérieux maintenant, et continuons à jouer à « qui a la plus grosse ». Le chiffre 5 n’existe pas dans la nature ; c’est une abstraction. On a bien 5 doigts, mais ils existent indépendamment du fait de les dénombrer. Compris, ou on passe au niveau 2 ?

    « En effet, on a vu des lionnes faire des cours de stratégie au tableau noir pour apprendre à chasser au lionceaux. » -> Ah, parce que vous résumez la conceptualisation à un cours de stratégie au tableau noir ? On sent le scientifique ou le logicien doué là. Je suis impressionné.

    « Je connais sans doute le système américain aussi bien que vous un de mes fils a accompli sa scolarité dans ce système » -> J’aime votre expérience par procuration. Justement, comme disait Colombo, ma femme…. Plus sérieusement, on peut intégrer une bonne université si deux des membres de sa famille ont déjà fréquenté cette université et y ont réussi. Vous ne le saviez pas n’est-ce pas ? Vous connaissez ce système aussi bien que moi ? Qui a la plus grosse ? Play again ?

    Sur le calcul mental : « Il y a longtemps que c’est déjà fait, tenez vous au courant . » Ben non, on étudie toujours le calcul mental en primaire et on en fait au collège. Renseignez-vous. J’ai beau ne plus vivre en France, je reçois toujours des données sur ce pays.

    « Ca c’est le gobbledigook habituel des psychopédagogues qui ont contribué à foutre en l’air notre École Publique, du bla bla bla, du vent . » Si vous qualifiez de vent tout ce que vous ne connaissez ni ne comprenez, c’est tempête tous les jours dans votre petite tête !

    « si vous voulez dire devenir chercheur » : Qu’avez-vous cherché ? Très honnêtement, pour me coincer (puisqu’on joue à qui a la plus grosse), vous auriez pu dire que le travail, la WM et l’attention ne sont pas des compétences, et définir une compétence, une connaissance, un savoir, une performance, etc.

    Bon, j’ai assez joué avec vous, n’hésitez pas à moinsser, ça passera votre temps. J’ai fini ma pause et je retourne travailler…avec mon associé mathématicien, un vrai lui, avec 2 Phd et tout et tout. Un qui cherche et qui trouve.

    Dites-moi que vous êtes bien énervé mon ami. Au fait, je ne joue pas à qui à la plus grosse. Vous savez pourquoi ? Parce que je ne suis que poussière. Une parmi des milliards d’autres.

     

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