En raison du rendement de la CADES, relativement
indolore puisque installée de longue date, elle a été prorogée en
2021 jusqu’en 2033 en ré-embarquant 136 milliards de
nouvelles dettes sociales. Puisque les prévisions du COR pointent le
problème principal vers 2030, il serait irrationnel et
incompréhensible de se priver d’un tel instrument ! On nous
mentirait ?
Erratum : le Fonds de réserve pour
les retraites (FRR) fondé en 1999 ne doit pas être confondu avec la
Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) créée au
départ en 1996 pour apurer la dette du régime général de la
sécurité sociale et abondé par la Crds et une partie de la Csg.
Prévue pour s’éteindre en 2024, la CADES collecte environ 18
milliards par an.
Stalinien,
comme vous y allez ! En général on inventorie toutes les
pistes de solutions avant éventuellement de s’attarder sur celles
qui sont les moins évoquées.
Ici,
vous avez choisi de développer presque exclusivement une solution
qualifiée d’équilibre qui rejoint celle prônée par Terra Nova
(qui naguère préconisa l’abandon des classes populaires pourconquérir le pouvoir), soit un jeu à somme nulle
(déshabiller Pierre pour habiller Paul) : on ne va pas demander à
des énarques de sortir du cadre, la déshérence de nombreux
secteurs publics comme
le décrochage de l’économie française sont là pour en
témoigner.
J’ai
effectivement une méfiance viscérale envers les indices composites
qui ont été établis en pondérant certaines de leurs composantes,
et plus encore envers la manière dont ils sont
instrumentalisés.
Rappelez-vous, en 2017, pour justifier
l’augmentation de la csg sur les pensions de retraite, on a déjà
invoqué sentencieusement ce différentiel de niveau de vie entre
retraités et actifs : est-ce que ce prélèvement déjà présenté à
l’époque comme une mesure de « justice sociale » a
servi à augmenter celui des actifs, que nenni !
Quelques
chiffres à mettre en vis à vis : selon la Dress, la pension de
retraite nette moyenne s’établissait à 1.393 euros en 2019 pour
un salaire net moyen des actifs de 2.424 euros (selon l’Insee),
soit un rapport de 57 %. Le seuil de pauvreté s’établissait
à 1.026 euros alors que les Français estimaient qu’une personne
seule devait disposer d’un revenu minimum de 1.760 euros pour vivre
(https://www.lefigaro.fr/conjoncture/les-francais-estiment-qu-il-faut-1760-euros-par-mois-pour-vivre-20190906).
Avant
d’acquiescer implicitement aux préconisations du MEDEF -qui
entend comme Elisabeth Borne maintenir les salaires (et les cotisations) au plus bas- comme
les rats de laboratoire affolés de « Mon oncle d’Amérique »,
il me semble salubre d’essayer de s’extraire des schémas
préconçus et de songer à refonder et à innover plutôt qu’à
rafistoler.
-
Edito sinueux de Serge Raffy qui s’appuie sur Marc Ferracci (député
renaissance des Français de l’étranger/Suisse et Liechtenstein)
grand bourgeois devant l’éternel et (Thierry Pech) Terra Nova pour
instiller la suggestion d’un « juste partage de l’effort
entre les générations » sans
remettre en cause d’un iota le dogme libéral :
-
Bis repetita avec Cecile Prieur qui avec le critère du niveau de vie
« moyen » (quand nous faisons mieux que les autres en
Europe, il convient impérativement de régresser) et en
pointant le pourcentage du vote des retraités aux présidentielles,
entonne la même antienne :
-
l’article de Jérémie Peltier / Fondation Jean Jaurès dans
Marianne qui tente d’interpréter la difficulté des jeunes de se
projeter dans l’avenir en un possible délitement du consentement à
cotiser pour leurs aînés :
Soit
dans un cadre néo ou ultralibéral qu’il ne s’agit pas de
remettre en question, sur le thème d’éviter une fracture
générationnelle en devenir, la continuation d’une triangulation
qui consiste à fracturer, diviser, opposer les uns aux autres pour
mieux protéger une situation qui via les flux financiers voit les
très riches s’enrichir toujours plus tandis que les classes
moyennes s’appauvrissent (le ruissellement version Macron).
J’ai
surtout noté factuellement la disproportion (nombre de lignes) entre
la place accordée à la taxation des revenus du capital (à peine
esquissée) et celle consacrée à l’égoïsme supposé des
retraités, tous mis dans le même sac. On sent bien que votre sujet
sociétal n’était pas de changer de paradigme mais d’aménager
celui-ci pour qu’il se perpétue. C’est un choix.
Selon
Wikipédia : Le niveau de vie
fait référence à la qualité et quantité des biens
et services qu’une personne ou une population
entière peut s’approprier et est en lien avec ses revenus
et son patrimoine.
Je
préfère cette définition à l’agrégat statistique de l’Insee
(forcément arbitraire) qui fait l’impasse sur le patrimoine. Ayant
passé ma vie professionnelle à manier des chiffres, j’ai appris à
connaître l’importance prise par leur mise en valeur (ombre et
lumière). A ce titre, la comparaison avec les autres systèmes
européens, basés sur des équilibres différents, m’apparaît
non significative :
on ne peut à la fois s’enorgueillir d’un système de protection
sociale à nul autre pareil, et déplorer sa spécificité, même si
cela irrite Bruxelles qui n’a de cesse via les Gopé d’exiger que
la France rentre dans le rang.
A
partir des déclarations provocatrices de Denis Kessler, agissant à
la manière d’une prophétie autoréalisatrice, il est aussi permis
de regimber et d’imaginer d’autres modes de financement que celui
institué à l’origine, sachant que la robotisation, le numérique
vont profondément modifier les
conditions du travail de demain et ses équilibres financiers.
Préempter la résolution des questions budgétaires de l’avenir
avec les solutions d’hier apparaît peu imaginatif et
peut-être
prématuré.
Face
aux 600
milliards de dettes de la présidence Sarkozy et à un montant
équivalent pour le « quoi qu’il en coûte » dû
à la gestion du Covid et le bouclier tarifaire énergétique sous
Macron, le déficit prévisionnel du régime des retraites n’appelle
pas une telle urgence à légiférer, moins en tout cas que la
dégradation catastrophique du système de santé ou du système
éducatif, pour ne citer qu’eux.