Il
est vrai que le titre générique « bassine » prête à
confusion, et je soupçonne une malice de l’auteur pour moquer la
trompeuse communication des instances gouvernementales.
Il
convient en effet de distinguer « bassines » (en
général de surface réduite et que l’on peut installer presque
partout en profitant du dénivelé pour bénéficier aussi du
ruissellement) et
« mégabassines »
(photo de l’article : à
noter au coin à droite la maison qui donne l’échelle dubouzin)
dont les berges s’élèvent à plus de quinze mètres au dessus du
niveau du sol, et pour lesquelles -vous en conviendrez aisément si
vous êtes de bonne foi- le ruissellement est exclu, seul le pompage
peut être utilisé.
Ceci
posé, je n’ai jamais utilisé que le terme « mégabassine »
dans mes commentaires précédents.
La
question des bassines est tout autre, selon qu’elles sont des
retenues collinaires comme par exemple dans le Tarn et Garonne
exclusivement alimentées par le ruissellement ou barrages provoquant
la disparition d’une zone humide et privant d’un débit suffisant
les exploitations situées en aval, comme le lac de Caussade (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_de_Caussade
)
Plus
que la période du pompage, c’est en fait le niveau des nappes
phréatiques qu’il faut
prendre en compte : si la recharge ne s’est pas effectuée
correctement, la période importe finalement peu. Ce
qui est indiqué dans l’article de Greenpeace (Ces
pompages ont beau avoir lieu en hiver, ils accentuent la pression sur
les ressources en eau, alors que les nappes phréatiques peinent à
se reconstituer).
Les
pertes liées à l’évaporation, sujettes à discussion, sont moins
pénalisantes que le processus d’accaparement d’une ressource
naturelle qui va se faire de plus en plus rare au profit de quelques
uns en introduisant également un déséquilibre environnemental :
(Par
ailleurs, les
méga-bassines ont un impact sur le milieu naturel et la
biodiversité.
En stockant une eau qui se serait infiltrée dans les sols ou aurait
ruisselé dans les cours d’eau, elles
privent les écosystèmesenvironnants
d’une ressource vitale,
qui permet notamment aux zones humides et aux sols de se reconstituer
pendant la période hivernale) : autreextrait
de l’article de Greenpeace.
Les
scientifiques dont
je ne suis pas
parlent de mal adaptation, j’aurais plutôt tendance à parler de
solution en trompe l’œil. L’été français, faute de
précipitations suffisantes, ne convient pas à l’évidence à la
culture de plantes tropicales : on poursuit dans l’erreur ou
on change de culture, la solution devrait s’imposer d’elle-même,
en dehors de tout parti-pris sur l’écologie.
Je
ne connaissais pas (hormis par le biais du film « Ridicule »)
la Dombes. Cet exemple est intéressant car les étangs ont été
creusés dans une région préalablement marécageuse en se
servant de l’argile (morainique) pour étancher (comme pour la
plupart des mares). Ingénieux. C’est une mise en valeur de la
ressource locale où l’on reconnaît tout le savoir-faire des
moines.
A
l’inverse, les mégabassines sont bâties en surélévation
artificielle, rendues étanches par une bâche EPDM et non
approvisionnées par une ressource de surface préexistante, mais en
pompant comme des Shadocks dans la nappe phréatique. L’exact
opposé.
Il
n’y a donc pas lieu d’être surpris si l’adaptation coup de
pouce à une situation naturelle se révèle non perturbatrice des
équilibres préexistants, à l’inverse des délires
techno-productivistes qui ne s’adressent qu’à une partie de plus
en plus restreinte de la population en monopolisant de surcroît
l’argent public.
Tout
est aussi question de vocabulaire et de localisation : les
mégabassines (situées en plaine) n’ont strictement rien de commun
avec votre exemple de retenues (en haute montagne). Par ailleurs
ruissellement et infiltration sont antinomiques : je viens de
Normandie où l’on avait trouvé malin à une certaine époque de
planter dans le sens de la pente et de poser des drains qui
provoquaient invariablement des inondations en aval !
Votre
phobie anti-écologie vous fait passer dans l’article sur le Chili
à côté des conclusions des chercheurs : Tout d’abord,
en accumulant l’eau dans des zones spécifiques, « on modifie
sa distribution dans l’espace et on déconnecte l’eau de son
cycle naturel ». Ensuite, « on diminue la quantité d’eau
disponible à cause de l’évaporation » et enfin, « on
interfère sur le temps nécessaire pour que l’eau se régénère ».
Si « on puise l’eau dans les nappes phréatiques, on capte
une eau fossile accumulée depuis des décennies et on affecte, là
aussi, le cycle de l’eau ».
Enfin,
il faut se méfier des généralisations hâtives : les petites
exploitations représentent encore un tiers des exploitations
agricoles avec une nette progression du bio et du maraîchage :
petit paysan pas encore mort !
Sauf
erreur de ma part, l’alimentation en eau des mégabassines (telles
que sur la photo de présentation de l’article) se fait
exclusivement par pompage dans les nappes phréatiques, il est nulle
question de ruissellement.
Or
du fait des hivers plus secs et des été toujours plus chauds, la
recharge de ces nappes s’effectue plus difficilement, provoquant
l’asséchement de nombreux cours d’eau. On est tout bêtement
dans une logique de vases communicants : ce qui va être soutiré
pour soutenir coûte que coûte une agriculture productiviste
hors-sol va manquer pour toutes les autres utilisation de l’eau, ce
bien commun qui risque de se faire de plus en plus rare (cf. conflits
d’intérêt sur les pompages des eaux minérales Volvic/Danone ou
Vittel) alors que l’exemple du Chili (
https://reporterre.net/Au-Chili-les-megabassines-nefastes-depuis-35-ans
) devrait retenir notre attention.
Le
rôle de ces mégabassines étant de soutenir majoritairement les
productions de maïs, il est permis de se demander si vouloir à tout
prix cultiver en France cette plante d’origine tropicale demandant
beaucoup d’eau pendant la période estivale où celle-ci est
particulièrement rare n’est pas un aveuglement coupable alors que
de nombreuses alternatives existent (sorgho, soja, lupin...) ?
@alinea Le Lot sans hésiter : 170.000 habitants (on
ne se marche pas sur les pieds), une foultitude de chemins et
d’itinéraires de randonnée équestre et encore (pour combien de
temps) une tradition d’entraide paysanne !