@Orélien Péréol Et
donc toute intervention non exclusivement laudative, comme évoquer
le premier échelon d’un cheminement nécessaire, serait une
critique hors sujet, bien, bien.
Pour
le reste je me suis contenté d’illustrer mon propos dans le
contexte que vous définissiez (A propos de la réforme des
retraites, …). Mais si « On » n’a pas le
droit, je me le tiendrai pour dit, à défaut d’écrire un article,
j’éviterai de réveiller une susceptibilité à fleur de peau !
L’idée
d’introduire les sciences économiques et sociales dès le primaire
pour permettre d’accéder à une citoyenneté responsable est un
projet ambitieux compte tenu de l’état actuel de l’Education
nationale mais ne saurait suffire. C’est une condition nécessaire
mais non suffisante compte tenu des distorsions/manipulations opérées
dans les discours officiels ou médiatiques.
Les
éléments de langage produits par les cabinets conseils saturent
l’espace public, l’opacifient et rendent plus ardu le décryptage
des choix ou décisions politiques et sociales.
Un
exemple, en 2018, pour justifier d’une augmentation de la CSG sur
les pensions de retraite, diverses voix se sont élevées dans la
presse mainstream pour stigmatiser le revenu des retraités qui était
selon un indice statistique composite judicieusement choisi supérieur
à celui des actifs (tandis que la moyenne des pensions représentait
57 % de la moyenne des salaires) : cqfd il importait de
réparer sur le champ cette injustice !
Qu’est-il
advenu : les retraités ont vu leur pension nette baisser sans
que les actifs reçoivent le moindre fifrelin supplémentaire !
Il s’agissait derrière cette manipulation sémantique de compenser
dans le budget de la nation la perte de la suppression de l’ISF,
une opération strictement comptable pilotée par Bercy.
Quant
à la question de la répartition des gains de productivité, elle a
été évoquée à diverses périodes : aux Etats Unis, lors du
New Deal, le Sénat américain avait voté en 1932 une loi sur la
semaine de 30 heures soutenue, puis abandonnée par Roosevelt. Plus
près de nous, en 1965, Jean Fourastié, économiste classé à
droite, militait pour une semaine de 30 heures,
conceptualisait même en 1970 une société de loisirs avant
que de conclure de façon prémonitoire son Essai de moraleprospective par ce jugement sans appel : la classe
sociale à laquelle il appartenait préférerait thésauriser à son
seul profit les gains de productivité plutôt que de les
redistribuer en salaires et congés !
Alors,
bien sûr, il faut bien commencer quelque part, et votre suggestion
est judicieuse, mais il ne faudrait pas occulter le plan politique
fort bien résumé par Warren Buffet (« Il y a une lutte des
classes, bien sûr, mais c’est ma classe, celle des riches, qui fait
la guerre. Et nous gagnons »).
Il
arrive parfois aussi que l’imposture soit trop visible et que les
arguments allégués révèlent la grossièreté de la manipulation :
le rejet constant par l’opinion publique du projet de réforme est
à cet égard réjouissant, reste à trouver une traduction politique
aujourd’hui inexistante pour inverser la tendance et opérer un
changement de paradigme démentant l’affirmation de Warren Buffet
(« Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais
c’est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous
gagnons »).
En
1970, Jean Fourastié, économiste de droite, évoquait une société
de loisirs rendue possible par les gains de productivité (de
même qu’en 1965 il envisageait la possibilité d’une semaine
de 30 h !), mais lucide sur la classe sociale à laquelle il
appartenait, il concluait son essai de morale prospective par ce
jugement prémonitoire : les possédants préféreraient
thésauriser à leur seul profit ces gains de productivité plutôt
qu’en répartir les gains (salaires ou congés).
Ce
projet de réforme n’est qu’un énième avatar de la confiscation
des profits alors même que les aides de l’État aux entreprises
atteint la somme de 175 milliards d’euros !