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La choucroute apaisée : l’indigeste recette du Concordat alsacien

Le lobby concordataire alsacien continue à défendre son bout de saucisse... Avec la Question Prioritaire de Constitutionnalité en cours d'examen par le Conseil Constitutionnel (décision attendue avant le 19 mars 2013), la raison laïque prévaudra-t-elle enfin ? En attendant, bon appétit !

Oyez oyez bonnes gens, oyez la recette à la mode, ces-jours ci, de l'autre côté des Vosges, et savourez mes amis !

Cuire oignons et lard à la poële puis déposer au fond de la cocotte. Déposer baies, épices, pommes de terre préalablement cuites à la vapeur. Rajouter ensuite saucisses et petit salé, mitonnés séparément. Laisser mijoter, rajouter une lampée de vin blanc, servir.

Vous vous demandez ce que c'est ? Mesdames et messieurs, savourez la recette de la "choucroute apaisée" !

 

Un détail manque, dites-vous ? Euh.... oui. A vrai dire, il manque même le principal. A savoir le choux blanc fermenté et émincé, à la base de la choucroute. Mais qu'à cela ne tienne, vive la choucroute apaisée ! Dans le même genre, vous dégusterez bien aussi le "boeuf bourguignon apaisé" (sans viande de boeuf), ou la "blanquette de veau apaisée" (sans veau) ?

C'est dans ce même esprit que le pasteur protestant Jean-François Collange, président de l'UEPAL (Union des Eglises Protestantes d'Alsace-Lorraine), nous réchauffe ces jours-ci sa fameuse recette de la laïcité à l'alsacienne, nourrie de "dialogue apaisé des religions" et de "neutralité bienveillante" (sic). Une recette "apaisée" opposée à la "laïcité de combat" que serait la "laïcité à la française" (1).

 

Passons sur le fait que l'Alsace fait partie de la France (ce qui rend caduque l'opposition entre "laïcité à la française" et modèle alsacien) et venons en au coeur du sujet : comment peut-on parler de laïcité en Alsace, de "laïcité à l'Alsacienne", en éliminant de la recette l'ingrédient principal, à savoir une stricte séparation des Églises et de l'Etat ?

Dans le meilleur de la tradition laïque française, cette séparation a toujours constitué l'axe à partir duquel s'articulent ensuite neutralité de l'Etat, liberté de conscience et de culte, liberté de penser (favorisée par l'école laïque et républicaine). Enlever la séparation des Eglises et de l'Etat, c'est comme supprimer le choux de la recette de la choucroute !

 

C'est pourtant cette étrange recette que persiste à nous vendre le cartel concordataire alsacien, attaqué ces jours-ci par la Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) déposée le 19 décembre 2012 par l'association APPEL (Association pour la Promotion et l'Expansion de la Laïcité). Cette association pointe à très juste titre l'atteinte portée à la séparation des Eglises et de l'Etat par le financement public des prêtres catholiques, de certains pasteurs et des rabbins par l'Etat, à hauteur de 58 millions d'Euros par an, issus des impôts des citoyens.

 

On a beau retourner le problème dans tous les sens, les dispositions du Concordat d'Alsace-Moselle relatives au financement des cultes (2) constituent, du point de vue des valeurs républicaines et laïques, une discrimination et une anomalie, d'ailleurs dénoncée par une minorité croissante d'Alsaciens (3).

Quid des bouddhistes, des musulmans, des athées, des agnostiques, des évangéliques, des orthodoxes, des vieux catholiques, des marabouts ?

Que l'argent des citoyens finance d'office un cartel concordataire dont sont exclus de nombreuses expressions spirituelles et idéologiques est indéfendable du point de vue des valeurs laïque. Mettre fin à ce financement ne tuera pas le sacro-saint "particularisme alsacien" ! Point n'est besoin de biffer les dispositions du droit local par exemple. En revanche, ce pas en avant offrirait enfin à la laïcité en Alsace et en Moselle sa vraie saveur. Et pourquoi pas financer chaque année, avec les 58 millions économisés par l'Etat, un centre international pour la laïcité construit à Strasbourg ? Histoire de rappeler que l'idéal laïque français n'a rien de rétrograde... Avec tous ses ingrédients, c'est même une recette exportable, et quel plus beau creuset pour cela que la ville où Rouget de Lisle composa la Marseillaise !

 

 

(1) Yolande Baldeweck, "Les cultes reconnus attaqués" (sic), Réforme n°3496, 17 janvier 2013, p.6.

(2) Lire Jean-Pierre Chantin, Le régime concordataire français, Paris, Beauchesne, 2010

(3) Jean-Claude Val, Alfred Wahl, Jean-Pierre Djuric, Yan Bugeaud, Roland Pfefferkorn et Pierre Hartmann, "Pourquoi nous sommes Alsaciens, laïques et contre le Concordat", Le Monde, 17 février 2012. 


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22 réactions à cet article    


  • lulupipistrelle 22 janvier 2013 18:39

    S’il y a des  bouddhistes, des musulmans, des athées, des agnostiques, des évangéliques, des orthodoxes, des vieux catholiques, des marabouts , chez les Alsaciens, pourquoi ne pas les faire bénéficier du concordat ? Chez les Alsaciens, pas chez les transfuges... parce que voyez-vous, les Français de l’intérieur sont quand même conscients que culturellement, linguistiquement et ethniquement les Alsaciens sont des Allemands atypiques mais Allemands. Le concordat et le système social particulier (on pourrait dire à la Bismark) leur ont été offerts pour que le retour dans le giron français ne soit pas trop pénible.

    D’ailleurs leur système d’assurance maladie est plus performant que le système général, non ? Et le concordat, qu’est-ce que ça donne socialement ? 



    • cedricx cedricx 23 janvier 2013 15:26

      Pour régler ce problème il suffit de financer un ou deux Imam, vous verrez le tollé qui entrainera inévitablement le concordat à sa fin.


    • srobyl srobyl 27 janvier 2013 17:01

      « offert » ou plutôt « laissé » puisqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat l’Alsace était allemande, et a donc continué avec ce « cadeau » fait à toute la Fance par Napoléon


    • LibreSF LibreSF 22 janvier 2013 19:14

      Le problème de votre suggestion, cher lulupipistrelle, c’est qu’elle ouvre la boîte de Pandore. 

      Le plus juste est de revenir à une vraie neutralité de l’Etat, à savoir aucun financement d’aucun clergé. Pour le reste, nul besoin de mettre fin à l’ensemble des particularismes alsaciens.

      L’assurance maladie, le droit local.... tout ceci relève d’une autre logique que la suppression du salariat du clergé. L’astuce des clercs est justement de tout mélanger, comme si l’arrêt de cette anomalie qui consiste à financer le clergé entraînait la fin de tous les particularismes. 

      La réalité est toute autre. Supprimons le financement, totalement contraire à la laïcité, sans supprimer tout le reste. Pour l’anecdote, je suis natif de Strasbourg moi-même, et fan de l’Alsace !

      • Richard Schneider Richard Schneider 22 janvier 2013 19:23

        Votre réponse au commentaire de lulupistrelle est parfaitement pertinente ...

        Mais ne rêvons pas : ce n’est pas l’abrogation du Concordat qui se profile en Alsace-Moselle, mais plutôt son extension à l’Islam.

      • njama njama 22 janvier 2013 23:25

        @ l’auteur
        avec les 58 millions économisés

        Pourriez-vous fournir quelques détails sur cette somme.
        Les prêtres sont en voie d’extinction. Le protestantisme (officiel) est très minoritaire en France contrairement à l’Allemagne convertie par les Princes allemands ralliés à Luther. Les rabbins sont peu nombreux (un certain nombre expatriés en Eretz Israël j’imagine), combien de synagogues en Alsace ? ...
        Ce budget devrait logiquement être en très nette diminution depuis plusieurs années par les temps qui courent, les églises se vident de partout, les religions ne font plus recette, l’Alsace ne doit pas faire exception.
        Il conviendrait mieux de le réduire très progressivement, comme on diminue d’autres postes budgétaires, plutôt que de revendiquer de le supprimer ce qui est assez déstabilisant et violent. Restons civilisés, sans malmener un héritage historique, l’essence même de la laïcité est la paix sociale. La suppression pure et simple est illusoire, l’Etat est engagé au moins pour payer les retraites de ce clergé qui sont des assimilés fonctionnaires. Donc ça prendra un certain temps avant un solde de tous comptes, soyez réaliste..

        Histoire de rappeler que l’idéal laïque français n’a rien de rétrograde... Avec tous ses ingrédients, c’est même une recette exportable

        Exportable ? Difficilement en Europe, vu que le traité européen a pris des dispositions totalement à contre-pied, lesquelles nous obligeront à défendre le modèle français sur notre territoire !

        Les Directives européennes « s’imposent » aux États Membres, Europe qui impose « un dialogue ouvert, transparent et régulier ... » avec les acteurs de la société civile.
        La décision vient d’en haut, de Bruxelles.

        « Instauré au début des années 90 par le Président de la Commission européenne M. Jacques Delors, le dialogue avec les Églises et les communautés de conviction offre la possibilité de prendre part au processus d’intégration européenne. Il est l’occasion d’un échange de vues ouvert sur des politiques de l’Union entre les institutions de celle-ci et d’importants acteurs de la société européenne. Le traité de Lisbonne (article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, TFUE) a élevé la bonne pratique que constitue ce dialogue au rang d’obligation juridique, consacrée par le droit primaire. »

        http://ec.europa.eu/bepa/activities/outreach-team/dialogue/index_fr.htm

        Exportable, je n’en suis pas sûr, la laïcité est à géométrie variable selon les États, car liée aux spécificités culturelles et historiques de chaque État.
        Des accords concordataires existent avec différents pays européens. ICI
        L’Etat belge est un État neutre par rapport aux religions, il ne se définit pas Etat laïque (avec une monarchie ! le roi est-il citoyen ?) . Le financement des cultes est organisé par l’Etat belge
        Financement des cultes
        L’article 181 de la Constitution belge dispose que l’État octroie un salaire et des retraites aux ministres du culte et aux délégués des organisations non-confessionnelles reconnues par la loi. Il existe également des cours de religions et de morale laïque organisés dans l’enseignement public, le salaire des enseignants étant à charge de l’État.

        Notre système laïque français est beaucoup plus sain que le belge qui pourrait de prime abord paraître plus équitable (répartitions statistiques). Des remises fiscales sont accordées sur des dons aux associations, cultuelles, culturelles, syndicales, scientifiques, partis politiques ... etc. donc l’État indirectement « rémunère » ... à la différence près, mais importante qu’ici en France nous sommes libres de donner ou pas, et à qui on veut. Donc, la société civile n’est pas mise sous la tutelle de l’État dans ces domaines.


        • Eric Lombard Eric Lombard 23 janvier 2013 08:55

          Un argumentaire détaillé sur le Concordat et des réponses à vos questions sur le financement des cultes en France (y compris Alsace-Moselle) et en Belgique sur hyperdebat : http://hyperdebat.net/un-avenir-pour-le-concordat.html.


        • njama njama 23 janvier 2013 10:47

          Merci Eric Lombard

          Données intéressantes particulièrement le tableau du Coût des cultes en France pour les budgets publics ICI

          En relativisant sur le total de la population française, les 58 millions d’€uros dont parle l’@uteur, c’est très peu, 0,89 € par habitant.

          La question de l’Alsace-Moselle n’est pas unique puisque le financement des cultes est aussi assuré dans les TOM et en Guyane. Ce qui surprend d’ailleurs dans ces deux « parties » du territoire français est la disparité importante du financement :
          Guyane 4 € par hab. / TOM 38 € par hab. ???? (Alsace-Moselle 20 € par hab.)

          Je ne suis pas d’accord avec le point de vue d’hyperdebat ICI
          Une laïcité à redéfinir
          Pourquoi en effet ne pas financer les religions ? ...
          La Belgique considère que cela vaut la peine de soutenir les religions.
          La France s’y refuse par principe, mais le fait quand même (par exemple en accordant une réduction d’impôt d’un montant égal à 2/3 des dons aux organisations religieuses).

          Le fait qu’un pays fasse quelque chose n’est pas en soi un argument sérieux qui pourrait emporter une décision dans un sens ou dans l’autre. Puisque mon pays voisin est communiste, soyons communistes ... je caricature, mais c’est du même accabit ! Comme cheval de Troie, c’est du carton-pâte ! c’en est très risible ...

          Précisément en plus le cas belge, dont la structure politique est différente, puisque c’est une monarchie parlementaire fédérale. Je rappelle qu’officiellement la Belgique n’existe pas le vrai nom est Royaume de Belgique. Nos histoires respectives sont peu comparables, notre culture politique est différente.
          De plus le financement des cultes organisé par l’Etat belge se fait sur une base de représentativité. On peut supposer que des statistiques sont établies au niveau de l’État fédéral pour répartir équitablement ce financement des cultes et associations.

          Dieu soit loué si je puis dire, ce type de statistiques (sur des bases raciales, ethniques, religieuses ...) est interdit en France ou autorisé depuis 2010 sous conditions de données “collectées pour des finalités déterminées, explicites et légitimes”, c’est à dire respectant l’intérêt général. Il faudrait qu’on démontre quel serait l’intérêt général d’avoir des statistiques de répartition des convictions religieuses, philosophiques, laïques ... sachant que la liberté d’opinions et de religions est constitutive de nos droits fondamentaux.

           Ce qui me conduit à me répéter pour défendre la spécificité du cas français par rapport au cas belge :

          Notre système laïque français est beaucoup plus sain que le belge qui pourrait de prime abord paraître plus équitable (répartitions statistiques). Des remises fiscales sont accordées sur des dons aux associations, cultuelles, culturelles, syndicales, scientifiques, partis politiques ... etc. donc l’État indirectement « rémunère » ... à la différence près, mais importante qu’ici en France nous sommes libres de donner ou pas, et à qui on veut. Donc, la société civile n’est pas mise sous la tutelle de l’État dans ces domaines.

          Une « normalisation » du concept de la laïcité en Europe me paraît d’avance simplement vouée à l’échec. Le « village gaulois » résistera contre l’envahisseur européen  smiley


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 janvier 2013 11:47

          Dans les térritoires d’outre-mer ce n’est pas l’état qui décide des subventions aux cultes, mais le gouvernement et l’assemblée térritoriale ,sur son budget .


        • ARMINIUS ARMINIUS 23 janvier 2013 07:53

          D’accord sur l’article, mais je ne suis pas sûr que l’Alsace fasse partie de la France, pour moi elle est culturellement germanique et intrinsèquement d’esprit indépendant d’autant que la femme qui fonda la dynastie des Hohenstauffen était (de mémoire)...Alsacienne


          • brieli67 23 janvier 2013 18:17

            ha ! ha ! ha !

            L’ Alsace plutôt l’ ILL-sace, le Rhein n’étant pas navigable en amont de Strasbourg, sa rivière Ill oui !

            Il y a du Tolbiac du Clovis le Renégat là-dedans. Cette tribu « franque » du delta du Rhin s’est imposée sous la gouverne des « Christs » de Rome. http://de.wikipedia.org/wiki/Schlacht_von_Zülpich http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Tolbiac_(496)

            La religion de Rome était torro-bolique surtout http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_Mithra

            http://fr.wikipedia.org/wiki/Autel_taurobolique_de_Lyon

            au vaillant Emile le Burgonde ne déplaise

            et aryenne par les Lombards http://fr.wikipedia.org/wiki/Lombards

            chez les germains - restés païens sévissaient d’autres divinités http://de.wikipedia.org/wiki/Südgermanische_Gottheiten jusque vers 700 - 800 http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythologie_germanique_continentale

            Clovis et les francs comme culture historique commune.... je complèterai par de s notes de lectures.

            ARMINIUS/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Faux_Mérovingiens http://de.wikipedia.org/wiki/Falsche_Merowinger


          • njama njama 23 janvier 2013 09:28

            A la base le Concordat fut signé en 1801 avec l’Église catholique.
            Les autres « articles concordataires » concernant les protestants datent de 1802, et pour les juifs (judaïsme consistorial uniquement) de 1808.
            Le choix de Napoléon était plus un choix de politique intérieure, qu’une volonté d’établir une ou des religions officielles. Juste après la révolution, l’Église était divisée entre un clergé réfractaire et un clergé constitutionnel.

            La France hérite d’une histoire, comme elle hérite de ses châteaux ... d’un passif et d’un actif.

            Vous semblez réduire cette loi de 1905 à une question purement comptable.
            Puisqu’il existe un droit spécifique local pour des raisons historiques, (comme il existe des droits spécifiques pour la Corse ou les Dom-Tom) on pourrait suggérer à l’État de sortir de la comptabilité nationale ces 58 millions d’€uros et de les décentraliser vers les budgets des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Autant que ce soit l’Alsace-Moselle qui gère le problème, et qui entretienne cette spécificité par sa fiscalité.

            La neutralité de l’Etat, n’est pas qu’une histoire de financement, la neutralité de l’Etat c’est surtout (de mon point de vue) d’éviter le mélange des genres, l’interférence et l’influence du religieux sur le politique, et réciproquement .
            J’ai beau être croyant, je suis très anticlérical d’un point de vue politique au fait que la République ne (re)connaît que des citoyens égaux en droits.
            Donc le clergé n’a pas voix au chapitre en tant que tel, puisqu’il n’est mandaté par personne pour représenter qui que que ce soit. Aussi il me paraît impossible de reconnaître aux membres du clergé (non élus), de quelques grades qu’ils soient, une quelconque représentativité démocratique, et une quelconque autorité politique.

            L’Europe semble vouloir l’inverse en invitant les Etats à un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les Églises, les communautés religieuses ainsi qu’avec les organisations philosophiques et non confessionnelles.
            Elle compte donc privilégier ces membres de clergés comme partenaires et interlocuteurs politiques, alors même que les personnes qu’elles sont « censées » représenter, disposent eux-mêmes de droits de se constituer en associations, en partis politiques et d’être candidats à des mandats politiques  !

            (notons au passage que le choix des partenaires de ce dialogue est à la discrétion de chaque État, gouvernement en fait  !!! Assisterait-on à la renaissance d’une caste religieuse européenne ?)

            L’Europe me semble être une menace bien plus sérieuse d’atteinte à notre principe de laïcité que le cas marginal de l’Alsace-Moselle, et de l’intégration ou non d’autres organisations cultuelles excessivement minoritaires de bouddhistes, de musulmans, d’ athées, d’agnostiques, d’évangéliques, d’orthodoxes, de vieux catholiques, de marabouts .


            • eric 23 janvier 2013 11:13

              Personnellement, je ne suis pas très chaud pour le concordat sur le plan des principes et d’un point de vue protestant parce que partout ou l’État distribue de l’argent, on constate des effets pervers. C’est dans ce sens que je vois un danger, et un danger pour les églises.

              En revanche, d’un point de vue républicain, il me semble qu’il y a deux questions.

              Les alsaciens jusqu’à présent et chaque fois qu’ils ont pu s’exprimer me semble bien avoir marque un fort attachement a tous leurs particularismes. Partout on « aménage » l’unité de la république pour tenir compte de particularismes locaux plus ou moins existant. Je pense notamment aux histoires linguistiques. Malgré leur nombre en chute libre, il y a sans doute encore plus d’alsaciens pratiquant que de réels locuteurs du breton ou de l’occitan. Je ne voit pas que favoriser un differentialisme qui n’existe pas soit moins dangereux pour la république que de supporter une différence qui existe.

              Qu’est ce qu’une religion ? L’espèce de magma idéologique alterecolobiosocialiste est de toute évidence une forme religieuse dans son ensemble. Plus précisément, un gnosticisme manichéen. Du « malthusianisme durable » (sauf pour les homosexuel) a la théorie des genres, en passant par une passion désordonnée pour le solaire et les éoliennes au bilan carbone épouvantable, le tout en justifiant des agression contre la légalité républicaine du type « désobéissance civile civique citoyenne », on est en plein dans ce que Ellul nommait des croyances. Les manuels d’économies de nos écoles sont bourrés de contre-vérités qui ne résistent pas a leur confrontation au réel et avec lesquelles on bourre le crane a nos enfants.
              Et a nos frais.

              Car, ces ’croyances« sont très très largement encouragées et financées par l’État. Soit en direct, soit a travers un dense milieux associatif aux relations incestueuses avec les administrations.

              Qui ne voit que les permanents rémunérés de ces trucs constitue un véritable clergé, souvent dogmatique et intolérant ? Qui ne voit que souvent, il s’oppose, par exemple par la grève ou le refus d’appliquer des reformes au pouvoir démocratique républicain et laïque au nom de ses propres croyances ? Qui nee voit que le citoyen n’a en pratique aucun moyen de contrôle sur ces gens et sur l’argent qu’il leur finance ?
              La déclaration des droits de l’homme se refuse a faire une différence entre les différents types de ’croyances », religieuses traditionnelles ou autres.

              Aujourd’hui, notre laïcité est plus mise en danger par les secondes que par les premières. Leur lutte obsidionale contre les premières en fait foi.

              Alors qu’il n’y a jamais eu aussi peu de pratiquant, se battre prioritairement contre les 58 millions d’euro alsaciens quand 10% de notre PIB se dissipe dans le tissu associatif souvent bien pensant sans que l’on sache vraiment pour qui et pourquoi, ressemble au choix a de l’acharnement thérapeutique ou a un écran de fumée.

              A 57% du PIB dépensé par l’État, il est a peu prêt inévitable que des miettes finissent par se trouver dans des organismes participant des églises. Notamment a travers l’action sociale. Clairement, en période de vaches maigres budgétaires, l’enjeu des attaques actuelles est de récupérer ce fric pour « qui de droit ». On a vu l’administration contraindre l’armée du salut a se couper en deux. Pas demander au DAL de distinguer sa lutte pour le logement de son combat global contre le « libéralisme ultramondialisateur anglosaxon » grâce a ses subventions publiques.

              Aujourd’hui, ce qui manque le plus a la choucroute laïque de l’intérieur, c’est la neutralité de l’État et des ses démembrements. Si cela se trouve, le concordat, en rétablissant un peu le rapport de force entre des hordes de fonctionnaires et associatifs payes pour répandre « une bonne parole » et le reste de la société civile civique citoyenne, est au contraire un atout pour préserver la neutralité de l’État.....


              • njama njama 23 janvier 2013 12:13

                Ce qui m’étonne un peu à chaque fois que la question de la laïcité est invoquée (à propos de l’école, de l’Alsace-Moselle, de la question des signes religieux, ou de l’influence des uns ou des autres dans la société civile - à croire qu’on attendrait de l’État qu’il fasse la police parmi les influences / lutte anti-sectes -) , de la gestion des biens immobiliers, du patrimoine architectural, de la mise à disposition de bâtiments ...) c’est qu’on en oublie presque la raison d’être de la loi de 1905, à savoir qu’il était moins question de particularismes, ou des couleurs des uns ou des autres ... que de mettre fin à l’influence du clergé dans la sphère politique, éducative, ... de mettre fin en quelque sorte à un État dans l’État pour s’en tenir au principe républicain, expression même de la neutralité de l’État, comme énoncée :

                ARTICLE PREMIER. - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

                ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

                De la République ne reconnaît ... aucun culte, avec l’Europe, on passe aujourd’hui à, reconnaît tous les cultes (ou presque, ceux qu’elle voudra bien reconnaître), et on assiste, médusés, à une sorte d’inversion des finalités de la loi ... ce qui conduirait, en ouvrant une représentativité aux cultes ( à certains), et à une sorte d’américanisation ou de libanisation de la vie politique ...
                Il y a comme un changement de paradigme !

                Pour la Fédération nationale de la Libre Pensée, il n’y a pas lieu de distinguer entre les « sectes et les religions ». La laïcité de l’École et de l’État, garantie par la loi de 1905 portant Séparation des Églises et de l’État doit s’appliquer pour tous, sans aucune distinction, ni accommodements
                C’est comme cela que l’égalité républicaine sera garante de la démocratie, en faveur de tous et au détriment de personne.
                http://www.fnlp.fr/spip.php?article836


                • Cisla 23 janvier 2013 15:55

                  Lobby alsacien, cartel concordataire... Dommage que cette tribune soit teinté de haine sous-jacent envers les cultes. 

                  Je suis sûr qu’on pourrait faire encore plus d’économie en réduisant les salaires délirants des députés français qui ne viennent jamais à l’assemblée nationale (Toujours vide, suffit d’allumer la TV) et qui touchent ensuite des retraites folle. Mais pas touche ! C’est la république, la belle république propre...

                  • brieli67 23 janvier 2013 18:37
                    en complément sur la tribu des Alamans

                    Battus par les francs, mais vassaux !

                    C’est le Charles Martell - celui dit duPoitou et ses fils , comme gestionnaire des terres dites de Mérowégée

                    Carloman frère de Pépin le Bref vous connaissez ?
                    il est devenu moine, saint, plutôt fou 

                    après le massacre de Cannstatt

                    Poitiers c’est d’la gnognotte bien mytho à côté !

                    et « nos ancêtres les Gaulois » ... nous cachent tout celà !

                    • brieli67 23 janvier 2013 20:19

                      de la chou- croûte 



                      ça vous va ??

                       Wilhelm BUSCH Max und Moritz, 1865
                      Eben geht mit einem Teller
                      Witwe Bolte in den Keller,
                      Daß sie von dem Sauerkohle
                      Eine Portion sich hole,
                      Wofür sie besonders schwärmt,
                      Wenn er wieder aufgewärmt.


                       Et comme le dit Sébastien F, si ça se trouve c’est comestible ^^
                       au pire on peut se consoler au Riesling, maintenant que la bouteille est ouverte...

                      La choucroute même Royale c’est de la tortore de Brasserie préférons au blanc d’Alsace le bock de bière tirée tradition bien houblonnée, mousseuse, très vivante-pétillante ( pas de Pils tirée en 7 minutes.....)


                        • brieli67 23 janvier 2013 22:00

                          oui mais 

                          il n’y avait pas que des considérations théologiques dans le schisme Angleterre - Rome : les femmes de Henri Tudor VIII

                          En Allemagne, le chef des Protestants, grand ami de Luther Philippe Ier de Hesse, dit le Magnanime revendiquait la polygamie - mariage morganatique réservée aux princes, 
                          Négociations difficiles l’Empereur Charles Quint un de ces suzerains Habsbourg intégriste, débile qui ne parlait pas un traitre mot d’allemand.

                          • srobyl srobyl 27 janvier 2013 17:15

                            Outre le finacement public du clergé, il y a en Alsace un principe assez curieux qui rend, théoriquement, l’enseignement religieux obligatoire. Tout élève, dont les parents n’ont pas fait une demande écrite de dispense se voit automatiquement inscrit dans un cours de religion.
                            L’existence d’un enseignement religieux dans les locaux des collèges-lycées publics existait déjà dans la « France de l’intérieur », mais seuls les élèves qui en avaient fait la demande y allaient. j’ai souvenir d’un prof de philo d’origine asiatique qui s’insurgeait déjà contre le principe d’offrir la possibilité de suivre des cours d’une religion (catholique en l’occurence) alors que d’autres religions n’étaient pas représentées. Qu’aurait-il pensé du droit alsacien ?


                            • L.F. L.F. 28 janvier 2013 00:03

                              Il est grand tant que cette énorme anomalie qu’est le Concordat disparaisse


                              Je fais remarquer au passage que le Marine Le Pen, grande défenseur auto-proclamée de la laïcité, est favorable au maintien du Concordat. 
                              Autrement dit, à ses yeux, le fait qu’on serve de la viande hallal aux enfants musulmans dans les cantines ou qu’on porte la kippa dans la rue est « inacceptable dans un Etat laïc », mais pas que des prêtres soient ( assez grassement qui plus est ) rémunérés par l’Etat.
                              En même temps, l’incohérence, c’est un peu sa marque de fabrique...

                              • LibreSF LibreSF 30 janvier 2013 15:09

                                Absolument d’accord avec vous L.F.

                                Les positions de Marine Le Pen sur la laïcité sont d’une parfaite hypocrisie politicienne, doublées d’une lâcheté intéressée : les Alsaciens votant beaucoup pour elle, il s’agit de ne pas les froisser.... Plus que « minable », comme dirait l’autre. 
                                Et pour conclure, Delenda Est Concordato smiley

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