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Accueil du site > Tribune Libre > Habitants d’Autun, de la Bourgogne et de la Gaule, on vous ment (...)

Habitants d’Autun, de la Bourgogne et de la Gaule, on vous ment !

Vos historiens vous disent qu’Augustodunum a été fondé par l’empereur Auguste. C’EST FAUX ! Il n’y a aucune preuve qui puisse justifier une telle affirmation. De même que le sénat romain a accordé à Octave le qualificatif réservé à la Divinité en l’appelant Auguste, de même les Eduens ont consacré leur cité à la divinité auguste du ciel.

On vous dit que les remparts de votre Ville ont été élevés par le dit empereur au Ier siècle de notre ère. C’EST FAUX ! ils ne sont pas antérieurs au IIIème siècle, de l’avis même des archéologues.

En s’appuyant sur une charte mal traduite, on vous dit que votre cathédrale Saint-Lazare daterait du XIIème siècle. C’EST FAUX ! La charte dont il s’agit ne parle que de la remise en état du porche. Votre cathédrale est bien plus ancienne (2).

On vous dit que votre théâtre a été construit pour des Romains, par des Romains. C’EST FAUX ! Il n’y a, là encore, aucune preuve. Votre théâtre est le vestige normal d’une cité éduenne rayonnante dans lequel se rassemblaient les citoyens pour débattre des affaires publiques.

On vous dit que votre Ville a été fondée par ces colonisateurs pour vous faire oublier le souvenir de Bibracte. C’EST FAUX ! Ce sont les Eduens qui en sont à l’origine ; ils ont fait d’Autun une autre Rome.

On vous dit que Bibracte se trouve au mont Beuvray. C’EST FAUX ! Les trois cents millions de centimes dépensés, chaque année, aux frais du contribuable, pour des fouilles on ne peut plus décevantes, n’ont pas apporté aux archéologues la preuve qu’ils espéraient. En réalité, le mont Beuvray n’est que le site de Gorgobina où Jules César installa les Boïens après la victoire qu’il remporta sur eux et sur les Helvètes. Les Commentaires du général romain, les vestiges boïens découverts par Déchelette au début de ce siècle, la logique militaire le prouvent.

Jacques-Gabriel Bulliot justifiait jadis sa thèse de Bibracte au mont Beuvray en situant le lieu de la bataille de César contre les Helvètes à Montmort. C’EST FAUX ! Les fouilles menées par les archéologues suisses se sont révélées négatives. Après l’écroulement de cette hypothèse - et c’est là le scandale - les archéologues qui gravitent autour du mont Beuvray n’en proposent pas d’autres.

Ces historiens-archéologues s’appuient toujours sur la traduction des Commentaires par Constans - et c’est là un autre scandale - car cet universitaire a manifestement falsifié sa traduction, en 1926, pour la faire coller aux thèses erronées du Second Empire.

Et pourtant, les textes ne pouvaient pas être plus clairs et plus détaillés. La bataille entre les Romains et les Helvètes s’est déroulée au pied de la colline de Sanvignes. César et les Helvètes avaient fait demi-tour - itinere converso - et se dirigeaient vers le Mont-Saint-Vincent... Bibracte... qui ne se trouvait - écrit César - qu’à 27 km de son camp.

On vous dit (parce que cela dérange) que les écrits du Grec Strabon comportent des erreurs. C’EST FAUX ! Strabon dit textuellement que la forteresse de Bibracte se dressait entre le Dubis (Dubos > Dubina > Düenne > la Dheune : cf. Norbert Guinot, linguiste, La bataille de Bibracte, page 93) et l’Arar (la Saône), et il précise même que le territoire arverne touchait à celui des Mandubiens d’Alésia, ce qui plaçait donc - avant l’arrivée de César - le mont Beuvray en territoire arverne.

Les inconditionnels du mont Beuvray se retranchent sur le fait qu’aucun vestige archéologique n’aurait été trouvé sur le Mont-Saint-Vincent. C’EST FAUX ! La région - jusqu’à la Saône - est beaucoup plus riche en vestiges intéressants que celle du mont Beuvray. Et l’historien-archéologue Henri Parriat va même jusqu’à reconnaître dans sa notice de 1976 que jamais fouille n’y a jamais été entreprise (au Mont-Saint-Vincent)... que les prodigieuses murailles cyclopéennes ne sont pas sans rappeler les grandes enceintes fortifiées des âges du Bronze et du Fer... qu’il n’est pas croyable que l’homme de ces époques lointaines n’ait pas songé à utiliser les admirables possibilités défensives du site.

Lorsque le Ministre de la Culture n’a toujours pas répondu franchement à la question qui lui a posée par écrit, le 13/01/97, M. le député Beaumont, concernant - je cite - "le bilan des fouilles menées au mont Beuvray et les conclusions dégagées par les experts" - question plusieurs fois reposée - n’est-ce pas là l’illustration flagrante de la démission de l’homme politique - au plus haut niveau - face à une technostructure dont un des principaux soucis est de demander des crédits et de défendre une profession ?

Si M. Christian Goudineau, professeur au collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales se réfère aux travaux du Second empire de Bulliot et de la Société éduenne, cette société, aujourd’hui, s’efface devant la compétence de ce professeur au Collège de France, ainsi que le ministre (1). Quant aux archéologues, ils se retranchent derrière le pouvoir politique national et local qui a officialisé le site, mais les élus, quant à eux, s’esquivent derrière ces spécialistes. Tout le monde se défile, LE DIABLE SE MORD LA QUEUE !

HABITANTS D’AUTUN, DE LA BOURGOGNE ET DE LA GAULE, ON VOUS DOIT LA VÉRITÉ !

Lorsque, reprenant la thèse des archéologues, la revue Bourgogne magazine vous dit que le mont Beuvray et les montagnes environnantes, contrairement à ce qu’ils sont à l’époque actuelle, devaient être entièrement cultivés, la forêt étant alors complètement absente, n’y aurait-il personne pour répondre que c’est absurde et que vos ancêtres n’étaient pas idiots au point de chauler des rochers et des pentes infertiles.

Idem, lorsqu’on veut vous faire croire que les gisements d’amphores et de débris d’amphores témoignent de l’importance des agglomérations gauloises alors que, dans le cas du mont Beuvray, ce ne sont que la trace de populations provisoirement regroupées ou de troupes militaires qu’il a fallu ravitailler.
 
Idem, lorsqu’on veut vous faire croire que l’importance des monnaies retrouvées témoigne de l’existence d’une capitale, alors que cela évoque plutôt une ville prise d’assaut ou un site religieux recevant des offrandes.

Idem, lorsqu’on vous affirme que le mont Beuvray était la plaque tournante de la Gaule alors que toute l’histoire prouve que c’était Chalon-sur-Saône qui tenait ce rôle.

Monsieur Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture,

OÙ EST BIBRACTE ?  
 
 
Renvoi 1 : Texte du JO du 2/07/2001, page 3835

Patrimoine culturel (archéologie - fouilles - Bibracte). 59165. - 19 mars 2001. - M. Marc-Philippe Daubresse attire l’attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur le problème de la localisation de nos deux anciennes capitales gauloises qui n’a pas encore été résolu à ce jour. Afin de progresser dans cette recherche légitime, il souhaiterait savoir quels sont les résultats des fouilles archéologiques menées sur le mont Beuvray et quelle a été la conclusion des experts concernant la localisation du site de Bibracte.

Réponse. - Il convient de rappeler que la reprise, à partir de 1984, des recherches archéologiques sur le mont Beuvray et le développement de ces travaux dans le cadre du centre archéologique européen du mont Beuvray, avec le concours d’équipes françaises et étrangères, ont été opérés à partir de questionnements d’ordre historique, notamment sur les origines et les formes de l’urbanisation dans cette partie de la Gaule, d’où la question de la localisation de Bibracte était absente. Aussi bien, les publications, telles la synthèse parue dans le tome 55 (1998) de la revue Gallia (CNRS) sur « l’oppidoum de Bibracte, un bilan de onze années de recherche (1984 - 1995) », ou les ouvrages de la collection Bibracte du Centre archéologique européen du mont Beuvray ne s’occupent-ils pas de la localisation mais plutôt de l’environnement des remparts de Bibracte, du processus d’urbanisation, etc. On peut noter que M. Christian Goudineau, professeur au Collège de France (chaire des antiquités nationales) coauteur, avec M. Christian Peyre, notamment de l’ouvrage intitulé « Bibracte et les Eduens, à la découverte d’un peuple gaulois » juge certaine la localisation de Bibracte au Mont Beuvray.
 
Renvoi 2 : Faillon, opus cité, pp 715 - 724 : « ... vestibulum, quod vestire et delucidare ecclesiam debet, nondum confirmatum esse, pavimenta ut decebat in tam nominata domo, juxta ingenium artificis, nec sculta, nec ad unguem aptata fore ; adhuc innumera restare quae dignum erat in ingressu Domini domus integre consummari. »
 
Ma traduction : L’entrée qui aurait dû être l’ornement et la lumière de l’église, non seulement n’était pas consolidée, mais l’appareillage de pierres qu’on avait placé à côté du génie de l’artiste, n’était ni sculpté ni ajusté avec soin, comme cela aurait dû être dans une maison d’une telle renommée. Et il y avait encore une foule de choses qu’il aurait été digne d’ajouter dans la maison du Seigneur.
 
Cette entrée, c’est le porche. L’appareillage de pierres, c’est l’ensemble architectural du porche. Le génie de l’artiste, c’est la cathédrale "gauloise" devant laquelle les hommes du XII ème siècle restaient béats d’admiration. Allez voir sur place ! Il y a une telle différence entre les deux architectures que même un néophyte ne peut pas se tromper.
 

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70 réactions à cet article    


  • Pendragon 11 août 2009 13:26

    Le seul commentaire vient d’être censuré, et celui-ci le sera aussi. Il est des vérités qu’il ne faut pas dire sur Agoravox.


    • Emile Mourey Emile Mourey 11 août 2009 13:37

      @ Pendragon

      Pourquoi voudriez-vous que je n’existe pas ?


    • Loan 11 août 2009 14:06

      J’ai bien peur que vous n’ayez pas de sitôt la réponse de Monsieur Mitterrand : Ben V’là aut’ chose : Frédéric Mitterrand, ministre de la France est tunisien…


      • Pendragon 11 août 2009 14:42

        @ Mourey,

        Je doute de votre existence, car vous publiez dans un journal vos véhémentes critiques contre ceux qui vous censureraient, quand on est systématiquement censuré dans Agoravox où vous publiez vos remarques non-historiennes. Ces pratiques désinformatrices et de la censure sur Agoravox sont assimilables à des pratiques qu’on constate dans les sectes.

        Donc vous n’existez pas, puisque vous niez votre propre propos dans vos actes.


        • Pendragon 11 août 2009 14:43

          Vous affirmez des choses complètement ésotériques et la réponse critique n’est pas autorisée : c’est donc sectaire.


          • Massaliote 11 août 2009 16:46

            « trois cents millions de centimes dépensés, chaque année, aux frais du contribuable, pour des fouilles » au mont Beuvray et on ne trouve pas 800 000euros pour la cité enfouie en Lorraine. A vous lire, je réalise chaque fois un peu plus les aberrations du système. 


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 août 2009 16:55

              Je pense que ce sont des centimes de francs.


            • Τυφῶν בעל Perkele Ahriman 12 août 2009 12:10

              Anciens ou nouveaux, les francs ?

              Typhon


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 août 2009 13:13

              @ Ahriman

              Je suis confus de ne pas pouvoir vous répondre d’une façon précise. Comme beaucoup de personnes de mon âge, je ne m’y retrouve toujours pas dans les euros et dans les francs. Voici ce que j’ai indiqué dans les notes de mon ouvrage sur Bibracte : 

              Octobre 89. Mont-Beuvray. Le coût de l’éternité. Site national, chantier-école international, drainant chaque année la fine fleur de l’archéologie nationale et européenne, le Beuvray reçoit chaque année un budget de 3 millions à 3, 5 millions de francs. Le chantier engloutit chaque année l’équivalent du budget d’une direction archéologique telle que celle du Centre.

              1.12.89. Emile Biasini, secrétaire d’Etat aux grands travaux sur le site du Mont- Beuvray. Le budget est estimé à 200 millions dont 80% pris en charge par l’Etat.


            • norbert gabriel norbert gabriel 11 août 2009 16:56

              il est assez étonnant que l’archéologie continue à garder des zones d’ombre suspectes alors qu’il serait assez aisé de faire avancer le débat, je pense à l’affaire Glozel, pendant 50 ans, on a traité Emile Fradin de faussaire, jusqu’en 1972, où les techniques de thermoluminescence ont démontré qu’il n’était pas un escroc, ni un faussaire ; Et le champ où les découvertes à polémiques ont été faites, avait été laissé à moitié fouillé dans les années 20-40, pour que les archéologues puissent revenir.... Ce qui a été fait dans les années 95, et « l’innocence » de Fradin a été reconnue
              Pour mémoire, l’abbé Breuil qui considérait cette découverte comme importante avait demandé à signer l’article sur Glozel, mais quand le docteur Morlet, auteur, a refusé, l’abbé Breuil est devenu un adversaire acharné. Drôle d’attitude.


              • Emile Mourey Emile Mourey 11 août 2009 18:56

                @ norbert gabrie

                C’est en effet une affaire incroyable. Je l’ai évoquée dans un de mes ouvrages et avais échangé à ce moment-là une correspondance avec Emile Fradin pour lui dire que j’y voyais l’écriture de Gergovie, la capitale du peuple arverne que je situe, avec Gasty, au Crest.


                • Pie 3,14 11 août 2009 19:53

                  Voir dans la cathédrale d’Autun un monument gaulois est un non sens absolu.

                  Il s’agit d’une cathédrale typiquement romane proche du modèle de Paray le Monial, bâtie sur un édifice antérieur (du Vème ap JC) et remaniée plus tard (fin du Moyen-Age et XVIème).
                  Ces faits sont avérés, prouvés, sourcés et vos théories fumeuses sur les « gaulois bâtisseurs de cathédrales » relèvent du délire.
                  Vous sombrez dans l’anachronisme et la seule chose « incroyable dans cette histoire » , c’est qu’il existe encore quelques naïfs pour vous croire.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 11 août 2009 20:47

                    @ Pie 3, 14

                    Grave erreur de votre part et de ceux qui vous inspirent ! S’il est une basilique dont on a à peu près l’acte de naissance, c’est bien celle de Paray-le-Monial. Nous avons des textes. Nous avons aussi une logique de situation : la puissance des comtes de Chalon et celle des abbés de Cluny, lesquels étaient d’ailleurs liés par des liens familiaux. Mais pour la cathédrale d’Autun, nous n’avons rien de tout cela au XIIème siècle. Une consécration en 1130 par le pape Innocent III suivie en 1146 de l’arrivée des reliques de Saint Lazare, comme dirait Cyrano de Bergerac, c’est un peu court, jeune homme ! Bien sûr, il y a ce fameux paragraphe que j’ai cité dans mon article et dont on a fait un juge de paix. Manque de pot ! Ma traduction au plus près du texte - que vous ne contestez d’ailleurs pas - dit le contraire de ce qu’on a voulu lui faire dire.

                    Ouvrez les yeux ! Entre le bestiaire des chapiteaux d’Autun et ceux de Paray-le-Monial, il y a des siècles d’appauvrissement. Tout est devenu figé, voire maladroit, malgré quelques timides réminiscences. Là où vous avez raison, c’est que Paray-le-Monial est bien une église chrétienne dans l’influence de Cluny.


                    • Pie 3,14 11 août 2009 21:02

                      Monsieur Mourey, datez la cathédrale d’Autun s’il- vous- plait.


                    • Emile Mourey Emile Mourey 11 août 2009 21:43

                      @ Pie 3, 14

                      Pas de problème ni hésitation. Début du IVème siècle. Nous avons une logique de situation : un César, Constance-Chlore, des ressources en impôts, des prisonniers barbares en nombre que Constance-Chlore a ramenés de ses campagnes. Nous avons des textes, ceux du rhéteur Eumène, dans lesquels est évoquée la refondation d’Autun, notre Flavie. Des textes où Eumène demande aux empereurs de reconstruire la cité à l’image de Trèves (superbes temples... ) et des textes où il les remercie. Que voulez-vous de plus ?

                      Vous allez me dire que ce n’est pas possible, que Constance-Chlore, César des Gaules à Autun, n’était qu’un minable, et pourtant, vous admettez très bien que son fils Constantin a élevé à Constantinople la basilique Sainte Sophie. Où est votre logique ?

                      Je ne suis pas hostile à l’institution catholique, loin de là, mais il faudrait avoir l’honnêteté de reconnaître qu’elle s’est appropriée nombre d’édifices religieux qui existaient en Gaule bien avant sa religion d’Etat.


                      • Antenor Antenor 11 août 2009 22:11

                        Un naïf apporte sa pierre :

                        D’après wikipédia, il est admis que le centre de la chapelle de la cathédrale de Trève a été construit sous la direction d’Hélène, l’épouse de Constance-Chlore.

                        La basilique construite par Constantin à Trêve n’a pas grand chose à envier à la cathédrale d’Autun du point de vue de ses dimensions. 33 mètres de haut !


                      • Emile Mourey Emile Mourey 12 août 2009 00:27

                        @ Antenor

                        Votre commentaire est excellent.


                      • Pie 3,14 12 août 2009 09:24

                        Sauf que la basilique de trèves est un monument romain , identifié comme tel même si sa datation pose problème parce que le bâtiment a été construit en grande partie avec des matériaux venus d’autres monuments et que le monument d’Autun est une cathédrale médiévale romane. La dater de la fin de l’antiquité n’a pas de sens.



                      • Emile Mourey Emile Mourey 12 août 2009 09:33

                        @ Pie 3, 14

                        Écoutez ceci, peuple insensé, et qui n’a point de coeur ! Ils ont des yeux et ne voient point. Ils ont des oreilles et n’entendent point (Jérémie, 5, 21).


                      • Pie 3,14 12 août 2009 10:07

                        Justement j’ai des yeux et sais faire la différence entre un monument romain ou gallo-romain et un bâtiment roman ou gothique.

                        Comme d’habitude vous extrapolez à partir de quelques traductions et jouez les jules Verne .


                        • Τυφῶν בעל Perkele Ahriman 12 août 2009 12:13

                          ...et comme disait l’autre, personne ne sait ou est Alesia...

                          Typhon


                          • ffi ffi 14 août 2009 21:08

                            Et si bibracte était tout simplement Autin (aedui-dunum ?).


                            • ffi ffi 14 août 2009 21:10

                              Autun ... voulais-je écrire


                            • Emile Mourey Emile Mourey 14 août 2009 21:37

                              @ ffi

                              Vous êtes à moitié dans le vrai. La cité d’Augustodunum était une cité double : la forteresse originelle à Mont-Saint-Vincent, la nouvelle ville à Autun.


                              • Antenor Antenor 14 août 2009 22:42

                                En tous cas, le Mont Beuvray paraît beaucoup trop loin de la Saône.

                                J’ai fait quelques recherches sur le net sur le contexte archéologique des abords du Mont Hermon vers -4000 et c’est plutôt bon.

                                http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=11894114

                                http://collectif12singes.over-blog.com/article-27029890.html

                                http://www.musees.org/louvre/collections-proche-orient-02.htm

                                http://www.atthalin.fr/louvre/histoire_art/proche_orient/proche_orient1.htm l (paragraphe 1.2.3.)

                                Ils se seraient même installés en Egypte (créant la cité de Rê ?!)

                                http://www.grepal.org/tell_el_ginn.php

                                Mots clés : chalcolithique palestinien, ghassoulien, culture de Beersheba


                              • Emile Mourey Emile Mourey 15 août 2009 09:24

                                @ Antenor

                                Tous ces liens sont particulièrement intéressants. Il faut croire que la-bas, les archéologues font du bon travail. J’ai proposé hier soir un nouvel article sur Glozel. J’y cite des philologues qui s’activent à déchiffrer les tablettes de Glozel. Très intéressant.


                              • Antenor Antenor 15 août 2009 11:29

                                Je n’ai pas lu de livres sur Glozel mais j’ai visité le musée. Si cela avait été une machination, vu la diversité et le réalisme des objets, la moitié des savants d’Auvergne aurait été dans le coup ! Au sujet de l’Auvergne justement, le site de Buron qui domine l’étranglement de l’Allier entre la plaine de Clermont et celle d’Issoire à l’air particulièrement important.

                                Pour ce qui est de l’époque des débuts des Sémites et des Sumériens, je continue de penser que Gilgamesh est beaucoup plus ancien que le 26ème siècle où il est généralement situé. L’actuel datation se base sur un fragment de vase du 27ème siècle où est mentionné le nom de En-Men-Barrage-Si qui fut un souverain de la première dynstie de Kish d’après la liste royale sumérienne. Cela reviendrait à situer la guerre de Troie au 6ème siècle avant Jésus Christ puisque c’est à cette époque que les nom des héros apparaissent sur les vases grecs.

                                Dans la liste royale sumérienne, il y a cinquante roi qui ont régnè entre Gilgamesh et Sargon. En-Men-Barrage-Si est encore plus plus ancien. Si on attribue à chacun une durée moyenne de règne d’environ 20 ans ( durée moyenne des capétiens), cela fait 1000 ans d’écart. Gilgamesh aurait donc règné vers -3400. Cela est confirmé par différents élements.


                                D’après la légende, c’est Enmerkar, le bisaïeul de Gilgamesh qui a inventé l’écriture et l’écriture apparait bien vers -3400. Dans la Bible, Hénok nait de Yered vers -3400. Quelques siècle auparavant, Henok/Enosh avait été la première colonie fondé par Kaïn puis par Seth, ce qui doit la situer non loin de Canaan. Si on identifie Yered avec Eridu, la naissance de ce nouvel Hénok vers -3400 signifie que les descendants d’Adam qui s’étaient installés en Mésopotamie ont été contraints de se replier vers Canaan.

                                L’évènement qui a entrainé ce retrait ne peut être à mon avis que la défaite de la première dynastie de Kish face à la première dynastie d’Uruk (En-Men-Barage-Si vaincu par Dumuzid et Agga vaincu par Gilgamesh).

                                Du point de vue archéologique, la première dynastie de Kish correspondrait à peu près à la période de l’Uruk Ancien (-3700 -3400) et la première dynastie d’Uruk à la période de l’Uruk Moyen (-3400 -3100).


                              • Emile Mourey Emile Mourey 15 août 2009 11:59

                                @ Antenor

                                Je ne connais pas toutes les sources que vous évoquez. Pour ma part, je m’en tiens toujours à mon article sur Gilgamesh et à la correspondance de temps entre l’époque de Noé et celle de Sargon. Mais je ne suis pas du tout spécialiste de ces époques.


                              • ffi ffi 15 août 2009 00:53

                                En fait, je ne sais pas ce qui est vrai, j’imaginais simplement.

                                J’ai vu un texte du XIXème qui soutenait cette thèse.
                                Et un autre du XVIIIème qui la défend face à celle de Montcenis.

                                Ce qui est sûr c’est qu’Autun est parfaitement placée entre les bassins versants de la Loire, de la Saône et de la Seine. Si j’avais été Eduens, j’aurais voulu surveiller le seuil de Longpendu (par où passe le canal du centre). J’y aurais placé plusieurs citadelles et la ville pas loin.

                                Du point de vue de la rivière nommée Dubis, l’identification donnée par le site de l’arbre celtique est plutôt celle du Doubs (http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/dubis-doubs-6074.htm). Mais je dois admettre qu’il n’y a pas de cohérence entre les différents textes cités de Strabon et de César.
                                En particulier, un texte de Strabon qui affirme que pour aller de la méditerrannée à l’Angleterre, il faut remonter par le Rhône, puis l’arar, puis le dubis, ensuite joindre le Sequanas par voie terrestre.

                                Strabon, Géographie, IV, 1, 14 : "Ainsi, le Rhône, qui peut déjà lui-même être remonté très haut, et l’être par des embarcations pesamment chargées, donne, en outre, indirectement accès dans beaucoup de cantons, par la raison que ses affluents sont également navigables et peuvent aussi transporter les plus lourds fardeaux : les marchandises reçues d’abord par l’Arar passent ensuite dans le Dubis, affluent de l’Arar ; puis on les transporte par terre jusqu’au Sequanas, dont elles descendent le cours, et ce fleuve les amène au pays des Lexoviens et des Calètes, sur les côtes mêmes de l’Océan, d’où elles gagnent enfin la Bretagne en moins d’une journée.« 

                                C’est totalement incompréhensible avec la géographie actuelle. Les noms des cours d’eau sont-ils bien identifiés ? A noter également que les cours d’eau peuvent subir des modifications de parcours importante (par exemple, la Meurthe a été captée par la Moselle près de Toul, alors qu’elle se jetait auparavant dans la Meuse). C’est particulièrement vrai dans les zones calcaires comme la lorraine, le Jura et la Bourgogne.

                                Dans la géographie actuelle, il semble mieux de passer par la Dheune (qu’a asséché le canal du centre) pour arriver au seuil de Longpendu. Cela correspond à votre interprétation. (mais pas à la Dubis de César, qui décrit visiblement bien Besançon).

                                Citation (issue de la référence 3 du premier lien) : » — J’ai peu de confiance, dit M. l’inspecteur général Artaud, l’élégant traducteur du théâtre grec, en Strabon, pour tout ce qu’il a dit de la Gaule qu’il n’avait jamais visitée. Ainsi, il confond le Doubs avec La Loire. — On sait en effet que le pays Eduen avait pour limites : d’un côté la Saône, de l’autre la Loire et non pas le Doubs. (Voir Dictionnaire de la conversation, art. STRABON.)"

                                S’il y a donc bien un lieu ou rechercher Bibracte, c’est entre Saône et Loire et en particulier aux alentours du point de passage obligé, par où passe le canal du centre, entre Digoin et Chagny. Il est vrai que le Mont-Saint-Vincent n’est qu’à une quinzaine de km de cet endroit stratégique, Autun à une 30aine de km.

                                J’ai passé une partie de l’après-midi à regarder la colline impressionnante au Sud d’Autun, où se situe le chateau de Montjeu, au nord de Broye. J’imaginais l’oppidum sur les hauteurs et la ville en contrebas. Mais cela reste de l’ordre de l’imagination personnelle.

                                Ceci dit, pour tenir un tel passage, comme le seuil de Longpendu, il me semble important d’en tenir les au moins les deux cotés. Il est donc fort possible que Mont-saint-vincent soit la forteresse à l’est. J’imagine qu’il fallait aussi le tenir au nord et au sud, j’ai vu qu’à Chassey-le-Camp des fouilles avaient été entreprises il y a quelques décénies (http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1926_num_7_4_9203)

                                Il ne reste plus à la république pratiquer des fouilles correctes dans toute cette région et d’arrêter d’aller se perdre dans les terres froides du Morvan.


                                • Emile Mourey Emile Mourey 15 août 2009 09:13

                                  @ ffi

                                  Vous vous posez les mêmes questions que je me suis posées et auxquelles j’ai proposé des explications dans mes ouvrages et dans mes articles, et cela sans corriger les textes anciens et sans les nier en quoi que ce soit.

                                  Pour résumer, disons qu’il s’agit de bien traduire le texte de César et d’identifier correctement les lieux : oppida, villes, champs de bataille et itinéraires suivis.

                                  Il s’agit ensuite de bien interprêter. Oui, le mot « Dubis » désigne bien le Doubs dans le texte de César. Oui, le mot Dubis désigne bien la Dheune chez Strabon. Oui, le mot dubis désigne bien la voie dubis par laquelle les Séquanes allaient chercher de l’étain en Grande Bretagne. Oui, la voie dubis était aussi la voie Sequanas, vallée de l’Armançon en partie d’où la Seine a tiré son nom.

                                  Oui, Chassey-le-Camp gardait la « porte » d’entrée au pays éduen qui se trouvait, comme le dit Strabon, entre la Dheune/dubis et la Saône, au Mont-Saint-Vincent. Tout cela constitue le point de départ, la pierre de base et l’ossature de mes sept ouvrages publiés que je ne peux donc pas vous résumer en un seul commentaire. Voyez mon site internet http://www.bibracte.com.


                                  • ffi ffi 19 août 2009 03:07

                                    Excusez-moi, je n’avais pas vu que vous aviez exposé dans un précédent article les fouilles de Chassey-Le-Camp. J’ai beaucoup parcouru votre site, mais, je n’ai pas tout en mémoire (normal, c’est vous qui avez développé les idées). Vous m’avez inspiré la logique. Et c’est grâce à celle-ci, que j’ai eu l’idée de rechercher s’il y avait eu des fouilles à l’entrée du couloir de Longpendu (à Chassey-Le-Camp)
                                    Puisque, effectivement, ce fut le cas, et que ces fouilles se sont avérées une réussite en révélant une occupation pré-romaine, j’en déduis que votre logique est correcte.
                                    C’est donc bien votre idée de suivre la logique de stratégie « militaire » d’occupation du lieu qui peut guider les recherches.
                                    En effet, puisque les édueens tenaient bien le lieu, cela signifie qu’ils ont utilisés une stratégie sans faute. Donc, pour guider efficacement les recherches, il est logique, comme vous le faites, de rechercher la stratégie optimale d’occupation de ces lieux.

                                    Or, si j’ai bien saisi (je ne suis pas en Saône-et-Loire), le Mont-Saint-Vincent est l’observatoire idéal sur à la fois le seuil de Longpendu et aussi la vallée de la Saône. Le Mont-Saint-Vincent est donc la première position à prendre dans la région pour y prendre pied durablement.

                                    Une fois cette observatoire conquis, il faut les maitriser les différentes entrées de la zone :
                                    - Chassey-Le-Camp au Nord-Est
                                    - le Mont-Saint-Vincent tenant déjà le Sud-Est
                                    - Le Morvant fait blocage à l’Ouest

                                    - Il y a plusieurs portes à tenir au Sud-Ouest :
                                    Paray-le-Monial pour la vallée de la Bourbince,
                                    Digoin pour la vallée de l’Arroux.
                                    Decize (fouilles), Cergy-La-Tour (fouilles), vallée de l’Aron
                                    Luzy (vestiges attestés), vallée de l’Alene
                                    Bourbon-Lancy (fouilles), rivière la somme, accès plateau

                                    Au nord : 4 portes sur 4 rivières pour tenir les accès au bassin Parisien
                                    le Serein : Mont-Saint-Jean (historique)
                                    l’Armançon : Eguilly (cf)
                                    L’oze, la Brenne : Alize Sainte-Reine.

                                    Saulieu (origines gallo-« romaine ») pour contrôler le bord est du Morvan

                                    Bien, nos éduens contrôle maintenant la zone frontière entre les 3 bassins versants de la Saône, la Loire, La Seine.

                                    En passant, je remarque que le mont Beuvray est l’observatoire parfait pour contrôler le Sud-Ouest, analogue au Mont-Saint-Vincent qui contrôle l’entrée Est. Les éduens étant intelligents, il y ont créé un observatoire.

                                    Ou vont-donc-t-ils créer leur capitale ?

                                    Dans un lieu ou il est possible de produire de la nourriture.
                                    Dans un lieu ou il y a accès à l’eau.

                                    Logiquement, c’est dans la cuvette d’Autun !

                                    Maintenant l’explication du terme mont Beuvray : il vient bien de Bibracte, cependant, la ville de Bibracte n’est pas sur le mont Beuvray.

                                    Par exemple, en Alsace, le mont culminant est le ballon de Guebwiller. Cependant la ville de Guebwiller n’est pas au sommet du ballon de Guebwiller. Elle est à son pied, à 10 km à vol d’oiseau (soit au moins 20 par la route). Mais pour tout voyageur voulant aller à la ville de Guebwiller, il lui suffit de repérer le ballon de Guebwiller pour en connaître la direction, d’où le nom ballon de Guebwiller.

                                    Ainsi le mont « bibracte » (Beuvray), porte bien le nom de la ville de bibracte, non pas parce qu’il porte la ville mais parce qu’il en indique la direction, ceci que l’on vienne de Decize, de Chagny, mais aussi de Mont-saint-Vincent (car on tombe alors sur la vallée de l’Arroux qu’il suffit de remonter) ou encore de Bligny-sur-Ouche, au nord.

                                    Conclusion : dans cette interprétation, la première ville stratégique est le Mont-Saint-Vincent, car elle a permis de prendre pied dans la région en venant de la Saône, en s’implantant sur le meilleur observatoire de la zone. Une fois l’ensemble conquis, la capitale fut fondée à Autun.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 19 août 2009 10:42

                                      @ ffi

                                      Tout à fait d’accord. Un réserve toutefois sur le mont Beuvray dont les Eduens n’ont certainement jamais pensé en faire une capitale mais seulement une sorte d’olympe religieux, lieu mystique et demeure des dieux. La capitale éduenne est attestée à Mont-Saint-Vincent par Strabon et César à condition de bien les traduire.


                                    • Antenor Antenor 19 août 2009 11:22

                                      @ ffi & Emile

                                      J’ai l’impression que les chapiteaux extérieurs et le tympan sont plus récents que le reste du temple de Mont-Sain-Vincent. Leur couleur n’est pas du tout la même que celle du reste de l’édifice.

                                      http://www.romanes.com/Mont-Saint-Vincent/Saint_Vincent_de_Mont_Saint_Vincent_0010.html

                                      Depuis le début, le personnage du tympan m’embête. Autant le reste du temple peut très bien, à mon sens, dater de la première moitié du premier millénnaire avant notre ère, autant ce personnage ne passe pas. Je pense qu’il a dû être rajouté à la toute fin de l’indépendance gauloise voire à l’époque romaine. Parallèlement à la construction d’Autun par Constantin au début du 4ème siècle de notre ère, Mont-Saint- Vincent a pu être rénové. Si ce personnage datait du 10ème siècle avant Jésus-Christ, il aurait dû avoir une apparence plus osirienne, là on dirait plutôt un Bouddha. L’auréole est un autre problème, on ne la retrouve nulle part dans l’iconographie celtique. La « sainteté » des personnages gaulois est figurée par des feuilles de gui entourant leur tête ou par des cornes. Ce tympan doit dater au plus tôt de l’époque où ont été dessinées les fresques de Gourdon. C’est peut-être à l’occasion de l’installation du tympan que le linteau qui le supporte a été ébréché.


                                    • ffi ffi 19 août 2009 20:20

                                      Oui, pour sûr, le mont Beuvray n’est certainement pas la capitale. Qui aurait l’idée d’aller mettre une capitale dans un lieu aussi inhospitalier ? Même pas une ville, plutôt une caserne.

                                      Autour d’une capitale prospère, ne faut-il pas une campagne prospère, c’est-à-dire bien irriguée et cultivable, ne serait-ce que pour nourrir la population ?

                                      N’avez-vous pas lu mon explication ?

                                      Le mont Beuvray, en tant que promontoire permettant d’observer toute l’entrée Sud-Ouest de la zone Eduenne, est un lieu idéal pour y placer des guetteurs. Il est donc tout-à-fait logique d’y placer une caserne contenant, pourquoi pas quelques édifices religieux pour occuper les soldats et autres activités artisanales pour entretenir la troupe. Cependant, ces activités sont internes à la caserne, elles sont entièrement prises en charge par la civilisation éduenne, donc le mont Beuvray, n’est ni un lieu de commerce, ni un lieu d’habitation permanent, simplement une caserne.

                                      Pour l’explication du nom de « Beuvray » (bibracte) donné au mont, ma proposition n’est-elle pas cohérente ?

                                      En prenant l’analogie du Ballon de Guebwiller et de la ville de Guebwiller en Alsace. Il évident que la ville n’est pas sur le sommet de la montagne, pour des raisons de vie pratique, mais la montagne est nommée du qualificatif de la ville parce qu’il en indique la direction au voyageur. Et la ville peut-être assez loin de la montagne ... Et dans le cas de Guebwiller, la ville est dans la plaine d’Alsace - la zone fertile, donc loin de la montagne (plus de 20km par la route). J’aurais pu prendre d’autres exemples comme le pic d’Aulon dans les Pyrénées culminant à 2700m et le village d’Aulon, situé à l’entrée de la vallée, à au moins 20 km cheminement. Le village n’est pas à 2700 mètre de hauteur, simplement le pic est nommé du nom du village car sa forme, identifiable dans le paysage, indique la vallée à prendre pour le joindre.

                                      C’est la logique de la langue. La forme surélevée dans le paysage indique au voyageur la direction à prendre pour joindre la ville. Mais la logique de la vie pratique implique de ne pas faire les villes sur les montagnes, mais dans les zones fertiles.

                                      Imaginons maintenant que la ville de Guebwiller soit une ville Gauloise prestigieuse dont on ait perdu la trace. Les archéologues de Napoléon 3 auraient donc fait le rapprochement entre le nom de la montagne et le nom de cette ville antique. La logique qu’ils ont utilisée leur aurait fait dire que vraisemblablement la ville était en haut du ballon de Guebwiller, ils y auraient donc commencé des fouilles. Par chance, comme en haut du ballon de Guebwiller une caserne avait été fondé pour guetter sur les alentours, ces fouilles ont donné quelques résultats (ceux que donnerait la fouille d’une caserne : ravitaillement, ateliers, dortoirs...etc) et ils crurent à la confirmation de leur hypothèse.

                                      Or c’est faux : La ville de Guebwiller est à plus de 20 km du ballon de Guebwiller, dans la plaine fertile d’Alsace. Donc, puisque la logique archéologues de Napoléon 3 n’aurait pu leur permettre de localiser correctement Guebwiller, comment auraient-ils pu localiser correctement Bibracte ?

                                      Le promontoire a pris le nom de mont (qui donne la direction de) « Bibracte », car prendre la direction du mont « Bibracte » permet d’arriver à Bibracte. Or, du nord au sud, prendre la direction du mont « Bibracte » permet d’arriver à ... Autun. D’où Bibracte est Autun !

                                      Cela ne remet pas en cause votre hypothèse. Car, Mont-Saint-Vincent, est logiquement la première ville, suffisamment élevee pour guetter sur la région, mais suffisamment hospitalière pour qu’il y ait une implantation humaine durable (d’où que le village existe encore). Mont-Saint-Vincent est donc la première Bibracte, la première capitale, celle qui permet de prendre pied dans la région et d’en prendre le contrôle, en venant de la Saône.

                                      Une fois ceci fait, les éduens auront fondé leur nouvelle capitale, au centre du plateau fertile : à Autun.

                                      Selon cette hypothèse, au temps de César, Bibracte est déjà à Autun.

                                      Mais, puisque Mont-Saint-Vincent est la première ville éduenne, pour connaître leurs origines, il est absolument indispensable d’y faire des fouilles approfondies.

                                      Ca me semble logique. A moins que vous y voyez une erreur ?


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 19 août 2009 22:12

                                      @ ffi

                                      il est absolument indispensable d’y faire des
                                      fouilles approfondies.

                                      C’est le problème du ministre de la Culture.

                                      Au temps de César, Bibracte ne pouvait être aussi à Autun car la région était aux Arvernes.


                                    • Antenor Antenor 19 août 2009 23:23

                                      @ ffi

                                      Petit correctif à votre analyse. Le Mont-Saint-Vincent n’est pas vraiment une ville (urbs), mais plutôt une énorme citadelle (oppidum). Je veux dire par là que sa fonction est essentiellement militaire. La fonction principale d’une ville, c’est le commerce. Autun c’est très bien pour le commerce mais pour la défense, je préfère aller me réfugier à Mont-Saint-Vincent. Comme le Mont-Beuvray, le Mont-Saint-Vincent est également au sommet d’une hauteur élevée. C’est pas terrible pour y faire venir les lourds chariots des commerçants, mais très appréciable pour ralentir l’assaut ennemi. Plus que son altitude, le principal problème du Mont-Beuvray est à mon avis son emplacement complètement excentré au nord-ouest du pays éduen. Quand vous êtes au Mont-Saint-Vincent, vous tendez le bras droit et vous touchez la Saône, vous tendez le bras gauche et vous touchez la Loire. Et la voie qui relie les deux fleuves passe à vos pieds.

                                      @ Sobriquet

                                      Ayant lu tous les livres qu’Emile Mourey a publié, je ne peux qu’encourager les hésitants à lire au moins Le Bouclier Eduen qui est de loin le plus aisé à aborder. Le livre traite de la guerre des Gaules et toutes ces notions de logique militaire et commerciale y sont développées. Personnellement, ce sont ces réflexions sur l’organisation et le contrôle du territoire qui m’intéressent le plus dans les travaux d’Emile Mourey. Pourquoi telle forteresse est là et pas un kilomètre plus loin sur la butte d’en face...

                                      @ Emile

                                      A votre avis, l’oppidum de Cabillodunum/Taizey qui avait sous son autorité les petits oppidums aux alentours de la ville de Chalon était-il lui même chapeauté par Chassey-le-Camp ou était-il placé directement sous le contrôle de Bibracte/Mont-Saint-Vincent ?


                                    • ffi ffi 20 août 2009 07:58

                                      @ Emile Mourey,

                                      Pourtant, selon l’arbre celtique, les éduens avaient au moins une ville sur la Loire.
                                      (http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/massacre-des-romains-de-noviodunum-52-3069.htm)
                                      Jules César, La guerre des gaules, VII, 55 : "Noviodunum était une ville des Héduens située sur les bords de la Loire, dans une position avantageuse. César y avait rassemblé tous les otages de la Gaule, du blé, de l’argent des caisses publiques, une grande partie de ses bagages et de ceux de l’armée, il y avait envoyé un grand nombre de chevaux achetés en Italie et en Espagne en vue de la présente guerre. Eporédorix et Viridomaros, en arrivant dans cette ville, apprirent quelle était la situation chez les Héduens : ceux-ci avaient accueilli Litaviccos à Bibracte, ville qui jouit chez eux d’une très grosse influence

                                      Mais, évidemment, je n’ai pas le texte original. Cela m’a fait croire que les éduens possédaient toute la zone entre la Loire, la Saône, et la Seine et donc qu’il contrôlait ce point de passage essentiel pour commercer en Gaule, d’où leur puissance.

                                      D’autre part, j’ai également vu dans le texte soutenant la thèse d’Autun au XIXème que j’ai donné il y a quelques jours (http://www.mediterranee-antique.info/Gaule/Divers/Bibracte.htm - si vous êtes bloqués, rassurez-vous, le site ne m’a pas semblé dangereux mon ordinateur fonctionne toujours, il suffit d’ignorer l’avertissement) :

                                      "nous tenons à signaler le bon marché qu’on y fait d’un monument d’une grande importance, c’est-à-dire de l’ins­cription Deœ Bibracti, conservée à la Bibliothèque impériale, inscription trouvée à Autun en 1679, sur l’emplacement du sémi­naire, dans un puits comblé depuis un temps immémorial. « 

                                      Et @ Antenor également, de même, on y lit, au sujet de la »faiblesse« défensive d’Autun :

                                       »De plus, si l’on s’était donné la peine d’étudier avec l’attention qu’y avait mise M. le colonel Lafouge, la position de Bibracte-Augustodunum, on aurait reconnu que cette colline, à laquelle Auguste donna son nom, escarpée de tous côtés, détachée des hautes montagnes qui l’entourent, au levant et au midi, en est séparée par d’énormes ravins que l’on pourrait appeler des vallons, d’une largeur variable, ainsi que l’a constaté un géomètre, de deux cent cinquante, trois cent quarante et cinq cents mètres. C’étaient autrefois des marais ; aujourd’hui ce sont des prairies, traversées par des cours d’eau, grâce aux travaux exécutés successivement, durant plusieurs siècles, par les seigneurs-évêques d’Autun, par le chancelier Rolin et le président Jeannin. Au nord de la ville, s’étendent la prairie l’Évêque, les prairies Saint-André et Saint-­Martin, anciens marécages, assainis par les moines de cette antique abbaye, fondée sous la première race de nos rois. Au cou­chant, le pied de la colline est baigné par la rivière d’Arroux. Ainsi Bibracte-Augustodunum réunit, comme position militaire, les con­ditions du programme posé par la note : situation dominante, puis marais."

                                      Il ne faut pas négliger les travaux qui ont été effectués pour assainir la région au travers des deux millénaires. Autun semble bâtie sur un bon côteau, plus fort que Poitiers par exemple, qui est attestée à l’époque Gauloise (où les marais aussi ont été assainis, d’ailleurs)..


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 20 août 2009 09:21

                                      @ Antenor

                                      Excellents commentaires.

                                      Bien sûr, si le ministère de la Culture était intelligent, c’est sur le site de Chalon/Cabillo qu’il faudrait commencer par faire des fouilles (plusieurs objets y sont déjà signalés au lieu dit plateau des Alouettes, lingot de plomb d’une légion romaine, chemin de Vercingétorix menant à Chatenoy). J’ai déjà tendu la perche à la DRAC en leur indiquant l’emplacement de l’antique Cabillo qui jouxte le lieu dit (moins d’un hectare dans le parc de l’ancien château de Taisey au sommet de la colline) et en leur expliquant tous les indices que je sais par la rumeur (anciens petits souterrains/aqueducs (?) pièce en or de Vercingétorix, arbalètes (?) ; facile à fouiller puisque j’en suis le propriétaire, avec invitation à venir sur le site... No réponse !!!. Mais il ne faut pas qu’on me demande, en plus, de payer les fouilles !!!

                                      En ce qui concerne le lien qui pouvait exister entre Chassey-le-Camp et l’antique Cabillo, en raisonnant en terme de stratégie militaire, il me semble évident que les effectifs de garde nécessaires pour tenir la « porte » de Chassey le Camp, avec les relèves, renforcement en cas de besoin, ne pouvaient venir que de la cité chalonnaise. Le texte de Strabon est clair : il qualifie Cabillo de cité (civitas) et Mont-Saint-Vincent de citadelle (arx).

                                      En ce qui concerne le nimbe des personnages du tympan de Bibracte, j’ai vu sur le web, je crois à Palmyre, des divinités représentées avec le soleil en nimbe derrière la tête et j’ai lu aussi que cela pouvait remonter aux Egyptiens mais je n’ai pas encore retrouvé le même nimbe crucifère qu’à Mont-Saint-Vincent.

                                      Pour les petits oppidum chalonnais que j’ai mentionnés dans mon ouvrage, les trouvailles archéologiques au pied de la petite colline de Lux (château et parc), au gué le plus fréquenté de la Saône, plaident également pour mon antique Cabillo qui se trouve plus haut. A Vessey, je me suis fait mettre proprement dehors quand j’ai voulu voir s’il existait encore la trace d’une tour qui figurait encore sur l’ancien cadastre. A Chatenoy-le-Royal, c’est une église qui se dresse sur l’éminence et quelques centaines de mètres plus loin, on a prévu de construire un grand supermarché qui a mis au jour des tombes dites mérovingiennes et j’ai fait un scandale lors d’une conférence à ma société d’histoire, et même plus haut jusqu’à Dijon, ce qui n’a pas plu du tout et qui a marqué mon départ de cette société.


                                    • Antenor Antenor 20 août 2009 16:00

                                      J’ai vu les nimbes de Palmyre, on est toujours dans le registre solaire.

                                      http://arethuse1.free.fr/detail.php?nom=00189

                                      Le nimbe cruciforme est apparemment une invention du christianisme (pléonasme ?). C’est étonnant dans l’église de Perrecy-les-Forges car le personnage du tympan a un nimbe cruciforme et cependant si votre interprètation est juste, le sacrifice humain qu’on voit sur la frise est pratiqué avec un couteau. Le sens originel de la croix chrétienne ne se référerait donc pas à la croix sur laquelle meurt le Christ des évangiles. Dans l’iconographie celtique, les croix dites« latines » semblent cantonner à un simple rôle de décoration subalterne. L’objet qui se rapproche le plus du nimbe cruciforme est la roue dite de Taranis. On a aussi des triskèles et des croix tournoyantes mais elles n’ornent jamais à ma connaissance la tête des personnages.

                                      Par contre, il y a un étrange personnage à grand chapeau qui revient assez fréquemment et qui rappelle beaucoup le dieu Nanna/Sin des Mésopotamiens.

                                      Situle découverte à Kuffarn en Autriche datée du Vème siècle av. J.C.

                                      http://www.1a-pr.com/asparn/2006/sonderausstellung/pic/gr-aufl/asparn-02_situla-detail_300dpi.jpg

                                      Relief d’Ur, XXVème siècle av. J.C.

                                      http://www.britishmuseum.org/research/search_the_collection_database/search _object_image.aspx?objectId=368377&partId=1&searchText=nanna+god&fromADBC=ad&toADBC=ad&orig=%2fresearch%2fsearch_the_collection_database.aspx&images=on&numPages=10&currentPage=1&asset_id=579455

                                      Le relief rappelle aussi un peu une plaque du chaudron de Gundestrup :

                                      http://freepages.history.rootsweb.ancestry.com/ catshaman/s21edda1/gundestrup.JPG


                                    • Antenor Antenor 20 août 2009 16:16

                                      @ ffi

                                      La colline mentionnée dans l’extrait est bien celle de la cathédrale ? Comme à Bourges, la principale citadelle protégeant les quartiers commerciaux et artisanaux devait effectivement se trouver là. Cependant, il me semble qu’entre cette hauteur et celle du Mont-Saint-Vincent, il n’y a pas photo. Du point de vue strictment défensif, on pourrait peut-être placer Bibracte sur les hauteurs dominant le Sud d’Autun ou au Mont-Beuvray. Il ne faut pas regarder uniquement les qualités propres à chaque site mais également réfléchir à la façon dont ils s’articulent entre eux. La montagne de Mont-Saint-Vincent se trouve au beau milieu de la vaste zone intensément cultivée et sillonnée d’axes commerciaux qui s’étend entre les Monts du Mâconnais/Beaujolais, la Côte d’Or et le Morvan. Autun me paraît trop au Nord. Il faut bien différencier capitale commerciale et capitale militaire.


                                    • ffi ffi 20 août 2009 21:41

                                      @Antenor,

                                      Oui, il s’agit de la colline de la cathédrale. Les points de vues photographiques sur celle-ci montrent bien qu’elle est en position dominante.

                                      Il me semble que vous suivez la même logique que les archéologues de Napoléon 3 : vous souhaitez absolument que Bibracte soit très haut. Peut-être est-ce le cas, dans ce cas, effectivement, le Mont-Saint-Vincent est nettement mieux placée que le mont Beuvray.

                                      Vous faites peu de cas de ma remarque (en analogie avec le Ballon de Guebwiller), qui suppose que le mont Bibracte (Beuvray) indique la direction à suivre pour joindre la ville de Bibracte, ce qui dans ce cas place Bibracte vers Autun. A moins que vous ne considériez que le mot Beuvray et le mot Bibracte n’aient aucun rapport entre eux, et que leur ressemblance soit fortuite, ce qui est tout-à-fait possible, mais que je peine à croire.

                                      Personnellement, je suis assez prudent en ce qui concerne la transposition des paysages contemporains jusqu’à une si lointaine époque, car le travail millénaire l’a certainement transformé, et ceci d’autant plus depuis la mécanisation de l’agriculture. Par exemple le canal du centre a nettement asséchée la Dheune, et on devine encore son ancien lit par les photos aériennes. Cependant j’ignore si elle était navigable. Pourtant c’est ce que semble dire Strabon. (en assimilant le dubis à la Dheune). J’étais même disposé à imaginer une modification du réseau hydrographique car c’est une zone calcaire (relief karstique) comme l’indique les nombreuses résurgences de rivière et grottes connues en Bourgogne. Dans ce cas il est envisageable qu’un changement dans le réseau hydrographique souterrain cause la diminution brutale du débit d’un cours d’eau ou bien encore son augmentation. Mais là, je manque trop d’information pour aller plus loin dans cette voie.

                                      Mais Autun n’est pas trop à l’Ouest : Elle est à équidistance entre la Loire et la Saône, dans une position légèrement retirée du point de passage de Longpendu ce qui lui permet de toucher au nord le bassin versant de la Seine, en passant par l’Arroux. C’est donc un emplacement idéal pour contrôle le commerce en Gaule entre la méditerranée, l’Atlantique et la Mer du Nord.

                                      Si je prends l’exemple du Poitou, il fait seuil entre la Loire et l’Aquitaine. Les Pictons contrôlaient ce passage. Ils avaient une flotte importante, réquisitionnée par César. Ce qu’il faut savoir, c’est que le marais poitevin actuel n’en était pas un. A l’époque c’était un golfe, le golfe du Poitou et la mer venait jusqu’à la ville de Niort comme l’atteste l’ancien port. Il a été transformé en Marais entre les XIIIème et XIXème siècle (carte : http://herage.org/histoire_poitou_carte_0.htm). Avec leur flotte, les pictons pouvaient commercer sur toute la côte Atlantique, jusqu’en Angleterre (http://svowebmaster.free.fr/Histoire_Poitou.htm).
                                      Cependant il y a une distance conséquente de 70 km entre Niort et Poitiers. Pourquoi Poitiers était-elle si retirée de la mer ? Pour tenir en même temps le seuil du Poitou ? Automobilistes que nous sommes, toujours si pressés, n’avons pas la notion des temps de parcours : les itinéraires de Google indique qu’il faut 15 heures à pied pour faire Poitiers Niort. Niort est donc à une journée de cheval de Poitiers, ce qui est tout-à-fait acceptable pour fonder la nation Pictone autours de ces deux pôles (Océan / seuil du Poitou). Je pense que la mesure de l’étendue d’une nation à cette époque se compte en journée de Cheval sur terre ferme, et journée de Navigation pour la mer et les fleuves. Celle-ci dépend bien-sur de la configuration du terrain. De plus Poitiers est à 30km de la Vienne, rivière par laquelle pouvait s’effectuer la navigation vers la Loire (soit 5 heures à pied) laquelle passe à Chauvigny (http://www.francebalade.com/poitou/chauvigny.htm) sur la route Poitiers-Bourges.

                                      Lemonum (Poitiers) est qualifiée d’oppidum. Pourtant, connaissant bien la région, il n’y a pas vraiment de hauteur à Poitiers. Si la ville contemporaine culmine à 116 mètre, les plateaux alentours sont au moins aussi élevés (120, 115 mètres). Elle est simplement entourée de part et d’autre de « canyons », dont certains anciennement marécageux, assez étroits, d’une profondeur variant entre 20 et 30 mètres et d’une largeur de 200 mètres ou s’écoule des rivières. La partie Septentrionale de la ville descend en pente assez raide vers ces rivières (5-10%). C’est suffisant pour faire de la ville de Poitiers une place forte. Pour un assaillant, 30 mètres à descendre, suivit d’une rivière, puis 20 mètres à remonter, ce n’est pas rien, surtout face à des remparts. N’oublions pas qu’à l’époque, il n’y a ni char, ni canon, à la limite des tours en bois poussées par les hommes. Le moindre obstacle aquatique, la moindre déclivité donne une supériorité importante pour ceux qui tiennent la place.

                                      L’autre place forte des Pictons semble être Rezé (près de Nantes).
                                      Entre Poitiers et Rezé, Google itinéraire indique un temps de parcours de 1 jour et 11 heures à pied (35 heures), cela doit faire deux bonnes journées de cheval, s’il existe quelques relais.

                                      Reprenons cette mesure et voyons ce que cela donne pour la nation Eduenne (en temps de parcours à pied selon google) :

                                      1) hypothèse Autun
                                      Autun-Châlon-sur-Saône : 10 heures 36 minutes.
                                      Autun-Digoin :
                                      13 heures 20 minutes.
                                      Autun-Nevers :
                                      21 heures 11 minutes.
                                      Autun-Decize : 15 heures 39 minutes.
                                      Autun-Avallon : 16 heures 6 minutes
                                      Autun-Semur-en-Auxois : 14 heures 55 minutes
                                      Autun-Mâcon : 20 heures 48 minutes
                                      Autun-Dijon :
                                      17 heures 20 minutes

                                      2) hypothèse Mont-Saint-Vincent.
                                      Mont-Saint-Vincent / Châlon-sur-Saône : 7 heures 54 minutes.
                                      Mont-Saint-Vincent / Digoin : 9 heures 51 minutes.
                                      Mont-Saint-Vincent / Nevers : 1 jour 2 heures.
                                      Mont-Saint-Vincent / Decize : 19 heures 25 minutes.
                                      Mont-Saint-Vincent / Avallon : 1 jour 2 heures.
                                      Mont-Saint-Vincent / Semur-en-Auxois : 23 heures 49 minutes.
                                      Mont-Saint-Vincent / Mâcon : 10 heures 50 minutes.
                                      Mont-Saint-Vincent / Dijon : 20 heures 1 minute.

                                      Autun / Mont-Saint-Vincent : 9 heures 57 minutes

                                      Il n’y a là aucun argument décisif, en analogie des mesures de la nation pictone, les deux hypothèses sont compatibles.
                                      Mais, on ne peut dire qu’Autun est trop à l’ouest, car Autun est au centre des différents bassins versants et des voies commerciales. Si l’on veux dire qu’Autun est trop à l’ouest, il faut reconnaître qu’on peut dire tout autant que Mont-Saint-Vincent est trop au Sud par rapport à l’Armançon

                                      Enfin, tout ceci reste de l’ordre des arguments. Ce qui peut trancher, ce sont des fouilles. Je soutiens l’idée que la localisation sur le mont Beuvray soit très douteuse et qu’il serait vraiment affligeant que les choses en reste-là.

                                      Les hypothèses d’Emile Mourey ont du sens, et je pense qu’elles devraient être testées : il n’y a, au-delà de nos croyance, que peu d’assurance quant-à la vérité et c’est seulement si des hypothèses mènent à des déductions conformes à la vérité des faits telles que montrée par les découvertes archéologiques que l’on peut les considérer comme validées.

                                      Or je suis bien d’accord pour dire que les « découvertes » du mont Beuvray, visiblement, (voir sur bibracte.fr) sont absolument dérisoires, ne serait-ce que comparé à Alise-Sainte-Reine. Pour ainsi dire, il n’y a rien au mont Beuvray qui n’indique une magnifique place forte en ces lieux.

                                      Je suis donc outré par l’attitude des différents gouvernements et des sociétés d’archéologie. Aller jusqu’à inventer de faux vestiges (comme la reconstitution du Rebout) et les poser dans un parc à touristes ne peut que donner des idées fausses. En y collaborant, les archéologues détruisent eux-même leur métier dans le futur. En cherchant où il n’y a visiblement rien, fatalement, la prochaine étape, devant l’échec de l’hypothèse et l’incapacité de la remettre en question, sera de dire : « Puisque rien n’est trouvé sur le site de la prestigieuse Bibracte, alors c’est qu’il n’y a rien à trouver, donc l’archéologie préventive est inutile, donc, on peut construire des supermarchés partout sans avoir à fouiller ».

                                      Personnellement, je suis pour tester toutes les hypothèses. Et je suis pour que ceux qui soutienne une hypothèse aient le droit de la soutenir jusqu’au bout et de l’assistance pour les aider dans la vérification.

                                      Donc, continuez bien vos recherches.

                                      Cela dit, l’assistance de toute la population d’une ville comme Autun serait précieuse pour faire bouger les choses, car ce dossier montre une certaine intention politique, et déjà au temps de Napoléon 3, et aujourd’hui encore, car être prêt à dépenser des millions pour faire un parc là où il n’y rien et négliger en même temps les endroits où il y a beaucoup, c’est comme qui dirait, pas très cohérent en terme de recherche effective de la vérité historique.


                                    • Antenor Antenor 20 août 2009 23:40

                                      @ ffi

                                      J’ai écrit qu’Autun était non pas trop à l’Ouest mais trop au Nord. Bien sûr, la cité idéale n’existe pas et Mont-Saint-Vincent est effectivement un peu trop au Sud. L’accès aux affluents de la Seine est peu loin. Cela a d’ailleurs posé quelques problèmes aux Eduens à l’époque d’Arioviste. Cependant en cas d’invasion, je place sans hésiter mon état-major à Mont-Saint-Vincent qui domine son pagus de la tête et des épaules alors que l’oppidum d’Autun ne domine que la plaine environnante. Autun est même sous la menace d’un coup de main venu du Mont-Beuvray.

                                      Je ne connais pas bien la région de Poitiers. Quand le terrain est plat, on est obligé de faire avec et de se débrouiller pour placer son oppidum sur la moins mauvaise position possible. L’oppidum de l’ile de la Cité à Paris en est le meilleur exemple. Il a résisté notamment à Labiénus et aux Vikings.

                                      Par contre quand le terrain est escarpé, pourquoi se priver des possibilités offertes par Dame Nature ? A condition bien sûr que le site choisi ait un intérêt stratégique. L’oppidum du Mont-Beuvray est très bien pour contrôler le pagus nord-ouest de la cité éduenne mais pour contrôler l’ensemble du territoire éduen, c’est déjà moins évident. L’oppidum d’Autun devait servir à protéger la population de la ville et commandait probablement les petits oppidums de la plaine mais pour diriger l’ensemble de la défense éduenne, rien ne vaut à mon sens le Mont-Saint-Vincent.

                                      En ce qui concerne le lien étymologique entre Beuvray et Bibracte, je ne sais pas trop quoi penser. J’ignore à quand remonte l’appellation « Mont-Beuvray ». Il est possible qu’à l’époque gauloise, le Morvan tout entier portait le nom de « Monts de Bibracte ».

                                      Concernant le paysage agricole, il n’a pas beaucoup évolué depuis le second âge du fer où sont apparus les outils en fer jusqu’à la révolution industrielle. Avec l’exode rural, la forêt a même regagné du terrain depuis un siècle, en particulier dans les zones de moyenne montagne.

                                      Les estimations de temps données par Google me paraissent bien optimistes mais ça donne quand même une idée en valeur relative.

                                      En procédant par élimination des hypothèses et en pesant les avantages et inconvénients de chaque site, le Mont-Saint-Vincent m’apparaît comme le moins mauvais emplacement.
                                      On peut essayer de se mettre à la place du Rix éduen. Qu’est ce qui serait pour nous le plus catastrophique : la perte du Mont-Beuvray, d’Autun ou du Mont-Saint-Vincent ?


                                    • ffi ffi 21 août 2009 01:45

                                      Il suffit de faire du Vélo à Poitiers pour constater que Poitiers est une véritable place forte. Gagner une bataille à Poitiers fut souvent gagner une guerre. Le lieu est difficilement prenable. Au point, par exemple, qu’au XVème siècle, le Dauphin CHARLES fuit Paris occupé par les Bourguignons de JEAN SANS PEUR, et se réfugie à Poitiers.

                                      Des falaises de 20 / 30 mètres, et des pentes de 5/10%, ça n’a l’air de rien aux temps des véhicules motorisés, mais pendant une bataille de fantassin et de cavalier, cela est décisif.

                                      Concernant les changements de paysage, j’ai montré qu’un Golfe - plus grand que celui du Morbihan a été asséché (le marais poitevin), que les marais autour d’Autun ont été drainés, et je pense que la Dheune a été considérablement asséchée par le canal du centre. C’est pour ce que l’on connait. On ne peut pas avoir l’idée du nombre de remblaiements et de drainage fait près des villes. Sur un millénaire, cela peut être considérable. Même le lit des rivière à tendance à bouger.

                                      En recherche scientifique, on n’élimine pas les hypothèses : on les vérifie par les preuves. Sinon c’est la méthode Napoléon 3 : on élimine les hypothèses par décret.

                                      La démarche hypothético-déductive, la plus puissante des démarches de découverte, consiste comme suit (en Archéologie) :

                                      1) Hypothèse : Selon ce que je pense, les évènements se sont passé ainsi.
                                      2) Déduction : Puisque cela s’est passé ainsi, à tel endroit je devrais y trouver ceci.
                                      3) Vérification, Fouilles.
                                      Si les fouilles donnent le résultat escompté, alors l’hypothèse est validée, sinon elle est invalidée.
                                      ... etc...

                                      Mais éliminer les hypothèses par l’imagination, cela n’a pas de sens - c’est la technique du désidérata de l’empereur (imperator - qui règne sans partage (sur la vérité)).

                                      Au passage je note, la défaite totale de la recherche archéologique Française. Dans l’incapacité d’émettre de nouvelles hypothèses, elle en est réduite à une espèce de méthode empiriste, les fouilles préventives, ce qui est la négation de toute recherche scientifique.

                                      Et c’est bien à cela que s’affronte Mr Mourey. La vérité a été choisie par décret, et c’est comme si rien ne devait la remettre en cause, ce qui signifie en fait l’abandon de toute volonté de recherche en ces matière par les instances du gouvernement.

                                      Alors, que faire ? Et bien oubliez le gouvernement. Si vous êtes en Bourgogne, Antenor, aidez Mr Mourey à vérifier son hypothèse, essayez de fédérer des gens qui ont envie de faire de la recherche pour faire ce que le gouvernement refuse. Faites fuser les propositions - même les plus folle et créez les condition pour pouvoir les vérifier. Et, ce quelques soient leur hypothèses. On est pas des gamins à toujours vouloir avoir raison tout le temps.

                                      Si l’hypothèse de Mr Mourey, ne se vérifie pas et bien c’est qu’il y a une erreur quelque part, mais ce n’est pas grave, vous aurez avancé, il suffit d’en faire une autre derrière jusqu’à trouver ce qui est conforme aux faits.

                                      De toute façon, je suis absolument sûr qu’il y a des choses à trouver au Mont-Saint-Vincent, tant le lieu semble stratégique. Je suis à 100% pour qu’il y soit organisé des fouilles. Cela pourrait permettre de trouver de précieux indices et d’éclaircir toute cette histoire.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 04:00

                                      @ Antenor

                                      En effet, le nimbe crucifère apparait également à Perrecy-les-Forges. Ce nimbe crucifère n’a rien à voir avec le christianisme, c’est une représentation tout ce qu’il y a de plus logique du soleil, comme à Palmyre, auréolant la tête de la divinité mais avec seulement la représentation de quatre rayons. Si on ne retrouve pas un exemple aussi ancien de nimbe crucifère au Proche-orient, il faudra en déduire que c’est à Mont-Saint-Vincent que l’innovation a eu lieu. Je ne vois que cette explication.

                                      Concernant Perrecy-les-Forges, le porche est manifestement inspiré, en plus somptueux, de celui de Mont-Saint-Vincent avec en plus des chapiteaux et, fait nouveau, des anges manifestement judaïques. Je n’y suis jamais retourné. Le souvenir que j’en ai gardé est une différence criante entre la richesse sculpturale du porche et la pauvreté d’une nef qui ne veut rien dire, ce qui m’a fait penser à une reconstruction récente mais je peux me tromper, mais où seraient passés les chapiteaux sculptés d’origine ?


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 04:17

                                      Il y a aussi de très belles photos de la frise sur le site des églises romanes. Maintenant que la pierre a été nettoyée, on voit bien mieux les détails. En particulier sous le corps courbé du sacrificateur, j’ai l’impression qu’il devait y avoir le sacrifié en taille réduite ; le martelage pourrait le laisser supposer. http://www.romanes.com/Perrecy-les-Forges/Saint_Pierre_et_Saint_Benoit_de_Perrecy-les-Forges_0087.html


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 04:27

                                      Dans mon Histoire de Gergovie, j’ai présenté à la page 176 une vierge romane dont l’enfant est coiffé apparemment d’une roue. Quant à la Vierge de Jouy-en-Josas dont j’ai pu revoir une photo plus détaillée, je me demande si je n’ai pas fait une erreur d’interprétation.


                                    • Antenor Antenor 21 août 2009 10:39

                                      @ Emile

                                      « Si on ne retrouve pas un exemple aussi ancien de nimbe crucifère au Proche-orient, il faudra en déduire que c’est à Mont-Saint-Vincent que l’innovation a eu lieu. »

                                      C’est bien ce que je pense. Maintenant, le problème est que ce nimbe n’apparaît pas dans l’iconographie celtique pré-romaine. Cela induit que son apparition doit être relativement tardive. Je prends pour repère chronologique le temple/cathédrale d’Autun. La ville ayant connue son apogée au début du 4ème siècle après Jésus-Christ, il n’est pas illogique de placer à cette époque la construction de son monument le plus important. Dans ce temple, le personnage du tympan porte un nimbe crucifère. Cet ornement aurait donc été utilisé dès l’époque de Constantin. Voilà une bonne base de départ. 

                                      Le personnage nimbé de Mont-Saint-Vincent a l’air plus ancien qu’à Autun et celui de Perrecy-les-Forges semble s’intercaller entre les deux.

                                      Quelques décennies avant Constantin,Victorinus, Empereur des Gaules avait anéanti Augustodunum/Mont-Saint-Vincent. La pose de ce personnage nimbé qui a l’air plus récent que le reste du temple de Mont-Saint-Vincent a pu se faire lors de la remise en état de la citadelle. Ensuite Marius succède à Victorinus à la tête de l’Empire Gaulois. Il était auparavant forgeron. Ce qui nous ramène à Perrecy-les-Forges qu’il aura voulu honorer par la construction d’un nouveau temple.


                                    • Antenor Antenor 21 août 2009 10:50

                                      On aurait ainsi une évolution de plus en plus monumentale de la représentation de ce « Christ » éduen. D’abord une discrète apparition sur un chapiteau de Chalon à l’époque de Posthumus, un petit tympan rajouté au vieux temple de Bibracte sous Victorinus, un tympan plus important sous Marius à Perrecy-les-Forges éventuellement achevé par Tétricus et enfin le grandiose spectacle d’Autun sous Constantin.


                                    • Antenor Antenor 21 août 2009 14:58

                                      Le « Christ » de Saint-Julien de Jonzy a un certain de famille avec Victorinus.

                                      http://www.romanes.com/Saint-Julien-de-Jonzy/Saint_Julien_de_Saint-Julien-de-Jonzy_0017.html

                                      http://www.romanes.com/Saint-Julien-de-Jonzy/Saint_Julien_de_Saint-Julien-de-Jonzy_0036.html

                                      http://www.histoire-fr.com/rome_haut_ou_bas_empire_5.htm

                                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:AV_Antoninian_Victorinus.JPG

                                      En tout cas le style de la barbe est bien celui de cette époque sans parler des édifices à colonnes. Par contre, le « Christ » de Mont-Saint-Vincent ne lui ressemble pas du tout. Vu sa carrure, il est peut-être inspiré de Marius.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 17:08

                                      @ Antenor

                                      Je ne peux imaginer qu’en Gaule, on ait pu édifier un temple à Perrecy-les-Forges avec une scène représentant un sacrifice druidique après César et Auguste qui avait interdit qu’on accorde la citoyenneté romaine à ceux qui prônait ce type de sacrifice. Il faut donc revenir à l’antiquité que j’ai proposée dans mes ouvrages jusqu’à Constance-Chlore qui a fait édifier la cathédrale d’Autun (toiture refaite y compris clocher par le cardinal Rolin).

                                      A Saint-Julien de Joncy, nous sommes toujours dans le rayonnement culturel de Bibracte/Mont-Saint-Vincent. Il y a beaucoup à réfléchir sur cette église. La scène du tympan du repas communautaire est semblable à celle de l’église du Saint-sépulcre de Jérusalem. Quel est le somptueux monument à colonnes représenté ? Probablement une évocation symbolique de la Jérusalem céleste inspirée de la fresque de Gourdon mais plus architecturale... mais aussi, probablement, une évocation de l’église Saint-Sophie de Constantinople dont la base de la coupole est circulaire. Nous serions donc au temps de Constantin ou, à défaut, d’un de ses fils ? Seul Constantin avait alors les moyens de financer cette église de Joncy (en plus dans une région un peu déserte sur le plan des revenus fiscaux). Quant au personnage central du tympan, il faudrait le comparer, voire l’identifier, avec l’important personnage des fresques de Sainte-Sophie, lequel porte le nimbe crucifère caractéristique de la culture éduenne née à Mont-Saint-Vincent.

                                      Concernant le règne des empereurs gaulois usurpateurs, il faut également revenir à mes interprétations. J’ai passé beaucoup de temps à retraduire les textes concernant cette période et je puis vous affirmer qu’il y a beaucoup d’erreurs et de fausses interprétations. Victorinus n’a jamais détruit Autun, c’est absurde.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 18:48

                                      Je daterais le tympan de Joncy, comme je l’ai pensé, tout de suite après la cathédrale d’Autun. Nous y retrouvons un rappel du lavement de pied évoqué à Autun dans un chapiteau et chose étonnante, le signe de bénédiction comme dans le tympan de Mont-Saint-Vincent, la main retournée. Le personnage martelé qui apporte le pain au Christ de Jérusalem est Bibracte pour qu’il le distribue aux convives qui n’ont dans leurs écuelles que les poissons du lac de Galilée. Le personnage figurant le Christ peut être comparé avec celui des fresques de Sainte Sophie. La coupe de la barbe étant dans la tradition iconographique du Cléopas des fresques de Gourdon.

                                      Cette église serait donc le pendant de Sainte Sophie dans le sens où que si Constantin a élevé la-bas sa basilique, avec l’aide des Eduens et des ressources du pays éduen, il ne pouvait pas faire moins que d’élever une église dans le pays qui l’a soutenu.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 21:07

                                      Ces sculptures de Joncy sont manifestement très intéressantes mais nous ne sommes plus dans la puissance antique de Bibracte/Mont-Saint-Vincent mais dans le cadre du grand empire romain de Constantin où la pensée éduenne l’a emporté sur la pensée romaine.

                                      Au temps des empereurs gaulois, Victoria règne encore à Mont-Saint-Vincent mais c’est Posthumus, l’homme fort qui avec ses prisonniers et les ressources fiscales (qui ne sont plus envoyées à Rome) peut encore lancer la construction de la cathédrale de Chalon qu’achèvera Julien. Victoria vit une période difficile, concurrencée par les Gaulois de Trèves. Victorinus et Marius n’ont qu’une existence éphémère et n’ont plus les moyens d’élever un monument comme auparavant. Et puis la figure du Cléopas de Gourdon s’affirme de plus en plus pour représenter le visage du Christ (ironie de l’Histoire vu que Cléopas était un concurrent). L’image devient une règle iconographique. Il ne faut donc pas se laisser abuser si des artistes de Sainte-Sophie l’ont parfois identifié à Constantin, réincarnation du Christ.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 21:35

                                      Le nimbe du tympan de Mont-Saint-Vincent pose en effet un problème.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 août 2009 21:54

                                      ainsi que la mandorle, ainsi que les personnages. Nous sommes plus près de la fresque de Gourdon. Nous ne sommes plus dans le style des autres sculptures.


                                    • Antenor Antenor 21 août 2009 22:55

                                      Parmi les successeurs de Constantin, Constant ressemble un peu au Christ de Saint-Julien de Jonzy mais pas autant que Victorinus. De plus le fils de Constantin a été tué par les Eduens, difficile de croire qu’ils lui ont élevé un temple. Je trouve que le second empereur des Gaules et ce personnage ont vraiment la même « gueule ». Les mêmes grands yeux sombres, le même visage maigre aux pommettes saillantes, les mêmes arcades proéminentes.

                                      http://www.livius.org/a/1/emperors/coin_victorinus_bm.jpg

                                      Cette barbe semblable à celle de la fresque de Cléopas est typique des Empereurs des Gaules. Sur les pièces de monnaie, ils la portent tous. Ce qui n’est plus le cas à partir de Constantin. Le règne en solo de Victorinus a été court mais la construction de son temple a pu commencer dès qu’il est devenu le second de Posthumus.

                                      Victorinus aurait assiègé Augustodunum (Mont-Saint-Vincent) car elle se serait ralliée à Claude le Gothique.

                                      http://www.roman-emperors.org/victorin.htm
                                       

                                      Pour Perrecy-les-Forges, difficile de se faire une opinion. Votre argument sur l’interdiction des sacrifices humains est difficilement contournable. Peut-être que cette frise est une provocation délibérée. La période de l’Empire des Gaules a pu servir d’exutoire à une culture gauloise maintenue sous le couvercle pendant un sacré bout de temps.
                                      L’indice pour le dater, c’est ce monstre à trois têtes qu’affronte le guerrier. Il peut désigner les triumvirat romains de la fin de la République mais les Eduens étaient plutôt leurs alliés à cette époque. C’est peut-être l’alliance arverno-séquano-germanique ou bien les trois fils de Constantin pas vraiment à la hauteur de leur tâche.

                                      http://www.romanes.com/Perrecy-les-Forges/Saint_Pierre_et_Saint_Benoit_de_Perrecy-les-Forges_0052.html


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 22 août 2009 08:52

                                      @ Antenor

                                      Concernant Victorinus, bien que je pense toujours qu’il ait régné à Mont-Saint-Vincent, l’hypothèse qu’il en aurait été chassé et qu’il ait voulu récupérer sa capitale par les armes depuis Trèves ou Cologne est en effet envisageable. Il faudrait que je consulte les sources que vous m’indiquez. Bien sûr, j’ai toujours pensé que Victorinus était beaucoup plus lié au monde juif qu’au monde romain (et aux richesses de sa diaspora) mais de là à le voir représenté à Joncy, je doute... bien que le personnage représenté au centre de la cène soit peut-être à l’image du fondateur et le dit fondateur à l’image de Dieu qui trône dans sa mandorle au-dessus. Or, on a plutôt l’impression d’un personnage au nez retroussé (ou même coupé) et au visage large alors que celui de Victorinus semble plutôt anguleux, type roi de l’Ancien testament. Et puis, nous n’avons toujours pas l’explication du projet de la nouvelle Jérusalem circulaire. Et ce serait Joncy qui aurait inspiré à Autun la scène du lavement de pieds ???, je doute mais tout est possible.

                                      Concernant Perrecy-les-Forges, je reconnais que mon interprétation de l’aigle tricéphale, symbole des trois polaires, est tirée par les cheveux alors qu’à Autun, j’y vois un empire romain à trois têtes. Toutefois, je ne pense pas qu’après la conquête des Gaules, une autorité gauloise, même dissidente, soit revenue à un sacrifice druidique aussi crue, d’autant plus que les textes de l’époque correspondent.

                                      Concernant les vestiges de l’art celtique, bien sûr, il y a les tombes à char, le vase de Vix, le collier de la dame. Cela m’a conduit à Gergovie mais pas à Mont-Saint-Vincent. Mis à part le trésor de Gourdon d’après la conquête, je ne vois pas dans les découvertes de la région les merveilleux objets en or ouvragés de l’art celtique, ni d’ailleurs au mont Beuvray, pourtant site religieux et à offrandes, et même à Corent seulement quelques objets de parure qui ne sont d’ailleurs pas qualifiés de celtiques. A Mont-Saint-Vincent toutefois les plaques-boucles à décor à l’attribution mérovingienne discutable et dans la Saône de Chalon, des épées décorées « celtiquement ». Il existe encore des mystères à élucider ou à essayer de mieux comprendre.

                                      Pourquoi le dieu du tympan de Bibracte n’est-il pas évoqué dans les objets celtiques, avec son nimbe et dans sa mandorle ? Il y a peut-être une explication logique : que la colonie juive installée à Gourdon vers le I er siècle avant J.C., auteure des fresques de Gourdon, ait jugé hérétique le décor du tympan existant et l’ait resculpté ou changé comme vous en avez fait l’hypothèse. Dans ma feuille de choux, l’auteur d’un article sur une église ancienne de la région avance « prudemment » que la sculpture de son tympan qui montre un coq pourrait être d’origine celte.


                                    • Antenor Antenor 22 août 2009 10:17

                                      Je viens de relire le chapitre que vous consacrez à l’Empire Gaulois dans l’Epée Flamboyante. Que cela soit l’oeuvre de Victorinus ou de ses adversaires, Mont-Saint-Vincent a en tous cas subi un siège à cette époque. Mon hypothèse est que le temple a pu être endommagé par les engins de siège et que Marius, dont les sculpteurs du Christ du tympan auraient pu s’inspirer, l’aurait ensuite restauré.

                                      Le monument qui me fait le plus penser que votre hypothèse d’une présence juive en Gaule dans les premiers siècles avant et après Jésus-Christ est bonne, c’est l’Esus Emondant du pilier des Nautes de Paris. Ces auteurs étaient manifestement dans un système de croyance assez proche de celui de Jean-Baptiste.

                                      Je ne sais pas de quel siècle avant Jésus-Christ, il faut précisément dater la construction du Temple de Bibracte. 10ème ? 6ème ? 3ème ? Faut-il attribuer le tympan aux Juifs ? J’ai du mal à le croire. Aux yeux d’un juif, c’est une idole. Ce personnage à auréole paraît être l’évolution des Cernunnos. L’Esus du pilier des Nautes ne porte pas d’auréole et sur une autre face, il y a un Cernunos. Le personnage du tympan de Bibracte doit leur être postérieur.

                                      Dans ce judéo-druidisme aux contours bien difficiles à déterminer, vous sous-estimez peut-être un peu la part de la pensée gauloise. Si c’est bien Victorinus à Jonzy, il faut voir dans cette sculpture le Rix éduen beaucoup plus que le César romain ou le roi de l’Ancien Testament.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 19 août 2009 13:54

                                      @ Antenor

                                      Et pourtant, les deux « Atlas » soutenant la voute du ciel témoignent bien d’une antique origine.

                                      Les photos du lien sont absolument magnifiques.


                                      • Emile Mourey Emile Mourey 22 août 2009 20:23

                                        @ Antenor

                                        D’abord merci d’avoir attiré mon attention sur Saint-Julien-de-Joncy. Le lavement de pied comme à Autun, le rapprochement avec la cène sculptée en façade de la basilique du Saint Sépulcre, tout cela plaide pour l’époque d’Hélène et de Constantin. En toute logique à cette époque, la nouvelle Jérusalem évoquée ne pouvait être que la basilique Sainte Sophie et le Christ qui trône sur elle ne pouvait être que Constantin (Constantin était en effet considéré comme un nouveau Christ d’espérance). Vous dites que la tête sculptée de ce christ a « de la gueule » et vous avez raison car c’est bien ce que le sculpteur a voulu exprimer en autorité dans ce visage taillé à la hache. Il s’agit bien, à mon sens, de Constantin le Grand, tel qu’il était et non pas tel que d’autres sculpteurs ont voulu l’idéaliser en Apollon www.ordre-de-constantin-le-grand.be/Constanti...

                                        Pour en revenir au temple de Bibracte, je ne peux que maintenir son élévation au temps du roi Salomon, le rapprochement que j’ai fait avec la description que donne la Bible du temple de ce roi est particulièrement convaincant. Et puis il y a les textes, et quelques rares objets archéologiques certes mais très significatifs. En revanche, je reconnais que votre interrogation sur le tympan sculpté pose problème. En effet, pourquoi cette iconographie du tympan ne se retrouve-elle pas dans l’art des Celtes ? Je vous en ai donné une explication possible non pas à partir du judaïsme pur de Jérusalem mais à partir du judaïsme « druidisé » éduen Dans la cathédrale de Chalon dont j’ai dit qu’elle était un temple judaïque, tout est dit en sculptures et dans toutes ces sculptures, il n’y a que du judaïsme. En outre, je constate qu’à Gourdon, le tympan n’était pas sculpté ce qui pourrait aller dans le sens d’un tympan qui, à Mont-Saint-Vincent, n’était pas sculpté à l’origine ???

                                        Quant à Victorinus et Marius, je pense toujours que ce ne sont que des personnages secondaires et éphémères. Marius, dit un texte, n’aurait même régné qu’un jour.


                                        • Antenor Antenor 23 août 2009 23:21

                                          Un aspect important du problème est la date à laquelle le culte du Jésus-Emmanuel de Nazareth a supplanté celui de l’Esus-Cleopas de Bibracte chez les Eduens. On sait que les chrétiens nazaréens sont présents à Lyon dès le 2ème siècle et Cleopas est mentionné par Luc et Jean. Les prêtres de Bibracte ont donc forcément entendu parler des évangiles bien avant le règne de Constantin.

                                          Vous vous focalisez peut-être un peu trop sur Divitiac pour comprendre Cleopas. D’après Jean, ce dernier est l’époux de Marie, soeur de Marie de Nazareth. Marie de Nazareth étant la première fille d’Anne, cette autre Marie, née en même temps ou quelques temps plus tard, n’a pas pu arriver en Gaule avant -20. Les prêtres « Cleopas » de Bibracte étaient donc toujours en activité 30 ans après la disparition de Divitiac. Ils attendaient toujours l’arrivée de leur Esus à l’époque de Tibère comme en témoigne le pilier des Nautes.

                                          Quand cet espoir est-il mort ? Avec Sacrovir ? Vindex ?

                                          Les Saintes-Maries-de-la-Mer se sont-elles réfugiées chez Marie-Cleopas ?

                                          Les empereurs gaulois étaient-ils encore dans le culte d’Esus-Cleopas ou déjà dans celui de Jésus-Christ ?

                                          Il me semble qu’il n’y a pas non plus de tympan à Chalon ?


                                        • Emile Mourey Emile Mourey 24 août 2009 09:28

                                          @ Antenor

                                          Cela m’étonnerait beaucoup qu’on puisse assimiler Esus à Cléopas, même si on rajoute un J ou Y au mot. Esus en Bourgogne ? Je ne vois pas ? A l’époque de Tibère et de Sacrovir ? Je ne vois rien de cela dans le pays éduen mais chez les nautes de Paris, pourquoi pas.

                                          Les évangiles de Jean et de Luc ont été écrits vers l’an 30 après J.C. soit quelques 80 après la disparition de Divitiac. Cleopas apparait avant ces rédactions. C’est un nom comme Marie est aussi un nom, des noms qui franchissent allègrement la durée de vie d’une génération. En fait, il faut comprendre que l’espérance messianique localisée à l’origine dans le pays éduen s’est aussitôt reportée sur la Palestine après la conquête de César. Esus, quant à lui, a disparu sans rien enfanter d’important.

                                          La cathédrale de Chalon, le plus beau temple de l’univers, temple d’Apollon, selon Eumène, était doté d’un tympan figurant un soleil, d’après une médaille. Il n’y a dans les chapiteaux que du judaïque avec toutefois une espéranse messianique de type essénien avec un personnage nimbé pouvant être un Cléopas. Dans un chapiteau, la représentation d’un empereur gaulois et encastré dans un mur voisin, l’empereur Julien.


                                          • Antenor Antenor 25 août 2009 09:52

                                            @ Emile

                                            L’espérance messianique en l’arrivée d’un nouveau Josué n’est-elle pas née en Palestine ? En particulier avec la fondation du mouvement assidéen/essénien par le grand prêtre Simon au début du 2ème siècle avant notre ère ? Cette espérance a dû se diffuser dans la diaspora. Arrivée fort à propos dans une Gaule affaiblie, elle a abouti à l’image bâtarde d’Esus.

                                            Vous avez raison de dire que le sanglant Esus a disparu sans rien enfanter. L’espérance en Esus est probablement morte avec Vindex et Civilis. Si le conseil de prêtres Emmanuel de Nazareth, surprenant son entourage, a choisi une voix pacifique plutôt que guerrière pour inciter Dieu à se manifester, n’est-ce pas parce qu’il était au courant des sanglants échecs guerriers de Sacrovir et de ses prédécessseurs ? Et cette voie pacifique semble avoir convaincu beaucoup de monde qu’elle était la bonne.

                                            Le chapiteau de Chalon peut aussi bien représenter Jésus de Nazareth. On peut penser qu’il a tout d’abord fait une apparition discrète dans les temples (comme à Lavaudieu)avant de s’imposer sur les tympans.

                                            Il s’écoule deux siècles entre Vindex et l’Empire Gaulois. Vu les liens importants entre la Gaule et la Judée, on peut penser que l’évangélisation des élites gauloises, dépitées par les échecs répétés des tentatives guerrières de faire apparaître Esus, s’est faite dans cet intervalle. La construction de la cathédrale d’Autun par Constantin n’a de sens que dans un pays déjà fortement évangélisé.


                                          • Antenor Antenor 25 août 2009 15:05

                                            Avez-vous vu le lustre pêché à Arles ? La ressemblance avec le tympan de Saint-Julien de Jonzy est frappante. Les trous dans les habits des anges et autour des auréoles servaient peut-être à fixer des bougies.


                                          • Emile Mourey Emile Mourey 25 août 2009 19:47

                                            @ Antenor

                                            Oui, j’ai vu ce lustre. C’est une pièce intéressante parce que c’est rare contrairement aux simples lampes à huile qu’on trouve en assez grande quantité.


                                          • Emile Mourey Emile Mourey 24 août 2009 09:47

                                            @ Antenor

                                            Dans mon commentaire précédent, j’ai écrit : En toute logique à cette époque, la nouvelle Jérusalem évoquée ne pouvait être que la basilique Sainte Sophie

                                            Ce n’est pas certain. Il est bien possible que cela soit le colisée de Rome (cf un chapiteau d’Autun où j’ai identifié le colisée). Dans la scène du repas de Donzy, dans le linteau en bas du tympan, l’empereur Constantin n’est pas représenté en christ mais au milieu des apôtres, à droite de Pierre, lequel est à la droite du Christ.

                                            On retrouve la même cène à Charlieu mais là, cela s’inscrit plutôt dans le rappel des noces de Cana. Le personnage (Bibracte ?) qui est en avant de la table et qui à Donzy et au Saint-Sépulcre apportait le pain a, ici, les pieds tournés à droite et semble jouer d’un instrument. Mais le personnage qui trône en haut est toujours l’empereur Constantin. J’en déduis que c’est pendant son règne que Bibracte, ou tout au moins le pays éduen, a connu une grande période d’expansion vers la Loire et le Charolais, période d’expansion qui s’est accompagnée dans ces régions de la construction des grands édifices religieux que nous attribuons à tort à des époques plus récentes.

                                            Partant de là, on peut faire l’hypothèse que c’est à cette époque que le tympan de Mont-Saint-Vincent a été changé ainsi que la pierre des deux atlantes des colonnes d’entrée. La pierre est différente du reste de la construction et apparemment plus tendre ce qui explique que sous la crasse d’origine, j’ai eu l’impression qu’elle était très ancienne alors que c’est sa plus grande friabilité qui en donnait l’impression. Il faudrait voir si cette pierre ne viendrait pas de l’atelier de Charlieu. Il me semble retrouver dans cette cathédrale une tête sculptée semblable à celle du christ (donc) de Mont-Saint-Vincent.


                                            • Antenor Antenor 1er septembre 2009 00:08

                                              @ Emile

                                              Au sujet de Gergovie.

                                              Votre explication de la bataille autour du Crest me convainc pleinement, cependant je suis très intrigué par un autre lieu : le Puy-Saint-Romain qui lui fait face de l’autre côté de l’Allier. Il me semble que c’est le lieu à tenir en priorité si on veut contrôler la Limagne et l’Auvergne en général. Ne faudrait-il pas situer sur cette hauteur la « citadelle ultime » de la cité arverne ? Il rappelle le Monte-Cavo où vous situez la citadelle de Rome. Le Crest serait lui l’équivalent du Capitole. Si Vercingétorix a choisi de se réfugier au Crest et non sur cette hauteur quasi-imprenable, c’est probablement pour gonfler le moral de ses troupes et montrer à ses hommes qu’il ne craint pas César. Le Sénat arverne se trouvait probablement au Crest. En y plaçant son armée, le chef arverne lui rappelle qu’elle se bat avant tout pour ses lois et non pour les nobles cavaliers résidant sur le nid d’aigle du Puy-Saint-Romain.


                                              Au sujet de Bibracte.

                                              Avez-vous jamais envisager de localiser cette place forte que César qualifie de « plus grand des oppidums éduens » sur les Monts de Rome et Rème ? Là encore, il me semble que c’est l’endroit à tenir en priorité si on veut contrôler la circulation sur les routes éduennes. Le Mont-Saint-Vincent n’est il pas trop loin de la voie Seine-Saône ?
                                              A vue de nez, les qualités défensives de ces sites semblent équivalentes à celles du Mont-Saint-Vincent et ils peuvent s’appuyer sur le Mont de Sène et Chassey. Le préfixe « Bi » ne
                                               signifie peut-être pas « deuxième » mais « double » forteresse : Mont de Rome et Mont de Rème. Dans le cercle défensif rapproché, le site se trouve à peu près à équidistance entre Autun, Chalon, Beaune et le Creusot. Et dans le cercle défensif éloigné, à peu près à équidistance entre Macon, Digoin, Dijon et Saulieu.

                                              Entre ces noms : Puy de Saint-Romain, Monts de Rome et Rème, il y a comme un air de famille. Ces toponymes pourraient signifier que c’est à ces endroits que siégeait le chef local des troupes impériales durant l’Empire.


                                              • Emile Mourey Emile Mourey 1er septembre 2009 21:31

                                                @ Antenor

                                                Je ne connais pas bien le Puy-Saint-Romain. C’est peut-être une bonne position, quoique aux flancs un peu trop arrondis à mon gout, mais certainement pas aussi intéressante que Le Crest qui présente toutes les qualités qu’on peut espérer pour le site d’une capitale gauloise.

                                                Au sujet de Monte Cavo, j’ai un problème. Vous avez pu constater que dans mon dernier article, j’ai fait se terminer le triomphe de César sur les marches du temple de la ville de Rome et non sur les marches du temple de Monte Cavo comme je l’ai écrit dans mon ouvrage. Il faut que je revoie la question. Logiquement, César aurait dû se rendre à Monte Cavo, la ville fondatrice des fils d’Enée puisqu’il s’en dit descendant, mais d’après Tite Live, il semble que le capitole de Monte Cavo ait été supplanté par le nouveau capitole de la ville de Rome.

                                                Concernant Bibracte, César ne dit pas que c’est le plus grand mais le plus important des oppidum éduens. Quant aux monts de Rome et de Rème et autres, ce sont des régions de rochers et de cailloux dont les sommets peuvent être certes des bons points d’observation pour des postes de guet mais totalement inaptes à recevoir une capitale gauloise. Voyez le Mont-Saint-Vincent avec ses jardins fertiles et sa source en contre-bas que les puits du plateau ont probablement un peu tari. Voyez le Crest et l’agrément d’y vivre que décrit si bien Sidoïne Apollinaire. Nous ne sommes pas encore au Moyen-âge avec ses forteresses imprenables bâties sur des rochers escarpés.


                                              • Antenor Antenor 3 septembre 2009 00:02

                                                @ Emile & ffi

                                                Ce débat sur la localisation des capitales gauloises est vraiment passionnant, à travers cette question on touche au coeur de l’organisation des Etats de cette époque. C’est incompréhensible de la part de ceux dont c’est le métier de refuser de s’interroger sur ces problèmes fondamentaux.

                                                Que cherche-t-on au juste ?

                                                Le noyau à partir duquel se sont déployés les empires éduens et arvernes. Nous avons la chance de connaître relativement bien le développement plus récent d’un autre empire, celui de Paris : la France.

                                                Qu’y a-t-il à son origine ?

                                                Une citadelle bénie par les dieux : l’Ile de la Cité quasi-imprenable, Romains et Vikings s’y sont cassés les dents, située au coeur d’un des noeuds commerciaux les plus importants d’Europe. Son histoire ne pouvait être que grandiose. A l’époque de César, le commerce international est encore concentré essentiellement sur la Méditerranée et les villes du Nord de la Gaule demeurent plus petites que leurs homologues méridionales mais quatre siècles plus tard, Lutèce a déjà accouché d’un empereur : Julien.

                                                Cela pour dire que pour détenir le pouvoir politico-militaire, il faut avoir le pouvoir économique. C’est valable à tous les échelons, de la petite vallée à l’Empire. Rome n’aurait jamais pu mettre sur pied une armée aussi puissante sans sa puissance économique auquelle s’ajoutera celle des villes soumises. Le pouvoir est dans les villes.

                                                Le cas de l’Eduie est plus compliqué que celui de Paris car il n’y a pas de ville qui écrase nettement les autres. Les vallées ne convergent pas vers un seul point mais vont et viennent un peu dans tous les sens. D’où est parti l’empire éduen ? Depuis longtemps la ville la plus puissante de Bourgogne, c’est Dijon. Cependant, on ignore sa puissance à l’époque gauloise et elle paraît trop excentrée au Nord. Les deux candidates les plus sérieuses tant par leur situation géographique que par leur puissance économique sont Chalon et Autun. Le Mont-Saint-Vincent ne semble pas assez bien placé du point de vue économique pour avoir mené une telle conquête et ne parlons pas de l’oppidum du Mont-Beuvray qui comptait plus sûrement ses perceptions d’impôts en quintaux de seigle et en bétail qu’en or ou en argent. Seule une grande ville peut réunir assez d’argent pour assembler une armée. La ville va commencer par conquérir les alentours, on en a l’excellent exemple avec la conquête du Latium par Rome. Une fois les villes voisines conquises et soumises à tribut, on peut s’attaquer aux empires voisins.

                                                La conquête éduenne est-elle partie de Bibracte ? Bibracte est-elle l’oppidum/citadelle de Chalon ou d’Autun ou est-elle seulement l’oppidum le plus important en dehors des villes ?

                                                Si on applique cette logique urbaine aux Arvernes, il faudrait placer la ville et l’oppidum de Gergovie au coeur du Vieux-Clermont, là où se dresse la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. Et après tout, pourquoi pas ? Les abords sont très pentus et l’ensemble assez vaste expliquerait pourquoi les troupes de Vercingétorix n’ont pu en occuper toute la superficie. La basilique Notre-Dame-du-Port dont Emile attribue la construction à l’Empereur Avitus à la fin du 5ème siècle, est bâtie un peu en contrebas. Cela signifie qu’à cette époque, il se trouvait sur la hauteur quelquechose de si important que même l’Empereur n’a pas pu y faire exécuter les travaux qu’il souhaitait et à du se résigner à placer sa basilique toute neuve en contrebas. Au sommet, sous l’emplacement de la cathédrale gothique se cache peut-être les fondations du premier temple arverne, plus ancien peut-être que celui du Crest...

                                                Pour le Crest, même remarque que pour Mont-Saint-Vincent. Le site ne paraît pas assez bien placer pour accumuler les richesses économiques qui lui auraient permis de prendre le contrôle d’abord de la Limagne, ensuite de l’Auvergne et finalement des trois quarts de la Gaule.

                                                Etre sur une hauteur c’est bien. Avoir de quoi payer les soldats qui la protège, c’est mieux.
                                                Mieux vaut une citadelle basse mais bien gardée qu’une citadelle haute mais dégarnie ?


                                                • Future Custer Girl Future Custer Girl 3 septembre 2009 00:04

                                                  Tin’ moi qui croyais que ffi était spécialisé 11/9

                                                  « everytime you go away you take a piece of me with you... »


                                                • Emile Mourey Emile Mourey 3 septembre 2009 11:04

                                                  @ Antenor

                                                  Oui, c’est bien ainsi qu’il faut faire avancer le débat, dans la logique. Logique économique mais aussi militaire. Et c’est bien ainsi qu’on peut comprendre l’évolution de notre histoire et pas seulement qu’en Gaule.

                                                  Prenez le cas de la Galilée et le gros problème que rapporte Flavius Josèphe : le sénat devait-il toujours siéger à Sephoris, l’ancienne capitale historique et fortifiée ou descendre à Tibériade, la nouvelle et récente ville en plein essor économique ?

                                                  Dans le cas éduen, Bibracte à Mont-Saint-Vincent, c’est mettons 10% de logique économique car contrôlant la voie qui fait passer de la voie de la Saône à celle de la Loire, mais c’est surtout la logique militaire car au centre du réduit éduen. Pour compenser, Bibracte a sa ville, Cabillo/Chalon qui est, mettons 90% de sa logique économique, en particulier ressources en blé et en hommes (10 000 fantassins envoyés à Gergovie au secours de Vercingétorix). Mais le sénat éduen siège à Bibracte (cf César) et non à Chalon ou aucun vestige de théâtre n’a été mis au jour. Avec la paix romaine, la situation évolue. L’autorité romaine pense développer l’activité économique sur Autun et y déplace le siège du sénat éduen. Echec prévisible ! Encore au Moyen-âge, la population n’avait pas encore peuplé tout l’espace prévu à l’intérieur des remparts. C’est Chalon qui l’a emporté avant d’être supplantée par Lyon soutenue par Rome.

                                                  Dans le cas arverne, Le Crest, c’est, au temps de l’indépendance gauloise, logique militaire pour 100% ainsi qu’activité économique principalement grâce aux localités que l’oppidum surveille et peut secourir très rapidement (mieux que depuis Clermont). Qu’il y ait eu quelque chose à l’emplacement de la cathédrale gothique, un temple plus ancien, ce n’est pas impossible. Il faudrait revoir les anciens rapports de fouilles. Mais la logique de l’évolution, on la retrouve à partir du Crest ; la nouvelle ville qui profite de la paix romaine et qui prend son essor, c’est Clermont.

                                                  Pour en revenir à Chalon, au point origine, on peut toutefois se poser la question : la cité éduenne est-elle née d’abord à Chalon ou d’abord à Mont-Saint-Vincent. Je pencherai plutôt pour la première hypothèse.

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