@Pierre
Concernant Protassevitch, difficile de tout comprendre,
même si on commence à avoir pas mal d’éléments d’info, à présent. Si l’on parvenait à savoir vraiment l’origine de la « fausse
alerte » qui a occasionné le « détournement » de l’avion, on en
saurait évidemment bien plus, mais quelle qu’en soit l’origine, il est
improbable que l’on y arrive, vu que cela n’a vraisemblablement pas été
organisé par des débutants… ! Que ce soit d’un côté ou de l’autre… ! Une seule chose semble certaine, Protassevitch était en
voie d’être marginalisé, dans son camp, vu sa réticence à « suivre la
ligne », qui consistait à entretenir à tout prix l’agitation, sans tenir
compte de l’influence déclinante de l’opposition. Le but, donner le change aux « sponsors »
occidentaux en vue de ne pas « tarir » leur générosité… Entretenir la
vie matérielle et sociale des « réfugiés à l’étranger » semble
primer, comme motivation, pour certains, sur une éventuelle prise du pouvoir, surtout
par des voies démocratiques…
Mais c’est aussi dans ces conditions de reflux que l’idée
d’un coup d’État a pu séduire quelques uns des leaders… Et c’est là que l’on a pu voir, effectivement, le
magistral travail d’infiltration réalisé par le KGB biélorusse… Faire « miroiter »
aux yeux de ces personnages imbus d’eux-mêmes l’idée d’un ralliement d’une
partie de l’armée à leur cause était donc le piège idéal… Bon, mais le « général
dissident » chargé de rencontrer quelques « leaders de l’opposition »
dans le cabinet privé d’un restau à Moscou était donc en fait un colonel du KGB… Le résultat… : https://youtu.be/PpV9s6YIflo …Une remarquable « coproduction » KGB-FSB, sauf
que précisément, ce n’est pas du cinéma : tout le complot était
étroitement « surveillé », et en fait, pour l’essentiel, filmé et
enregistré en direct, à l’insu des comploteurs infiltrés… ! Au centre du
complot, Ziancovitch, avocat US possédant la double nationalité, biélorusse d’origine,
donc. Ses principaux complices, Kostusyov, leader d’un parti d’opposition, dit « Front
Populaire », et dont Ziancovitch est également membre, et Feduta, « politologue »,
et ancien membre du gouvernement Loukachenko, passé à l’opposition en 2010. [Les trois « pedigree » en liens intégrés...]
Que des gens bardés de diplômes, donc, ce qui ne rend pas
forcément intelligent, la preuve !!! Les deux arrestations filmées « en direct » à
Moscou sont celles de Feduta et Ziancovitch, Kostuysov ayant été coffré au
Bélarus, de manière à peu près synchrone, mais plus discrètement, pour ne pas
donner l’éveil au deux autres…
Contrairement à Protassevitch, ces trois là, et quelques
uns de leurs complices, sont toujours au frais dans les cellules du KGB… Évidemment, quelques semaines après un coup pareil, il
était tentant d’attribuer le « détournement » de l’avion Ryanair au
KGB, et ce fut bien ma première pensée… Pour autant, rien ne le prouve absolument, en fin de
compte, et l’hypothèse de Christelle Néant, d’un piège tendu, au contraire,
contre la Biélorussie, reste tout à fait solide.
En effet, si le pouvoir biélorusse semble finalement
tirer politiquement un avantage relatif de cette affaire, c’est donc nettement
moins évident sur le plan économique, et il est improbable qu’il ait pu
sous-évaluer de telles conséquences.
Dans cette hypothèse, la « fausse alerte » a
donc bien une origine occidentale et Protassevitch est bien le dindon de la
farce, servant de « déclencheur » au processus du blocus économique.
Dans le cas contraire, celui d’une origine réellement
biélorusse de l’affaire, il est tout de même difficile d’imaginer que le KGB
ait pu anticiper que le « couple » Protassevitch-Sapega devienne « coopératif »
à ce point ! Et donc, à priori, le jeu, d’une manière ou d’une autre, n’en
valait donc pas la chandelle. Et même en allant jusqu’à supposer qu’ils aient été des « agents
infiltrés » du KGB, ce qui ne semble pas du tout être le cas, le mieux
aurait été de les conserver « dormants », afin d’en savoir encore
beaucoup plus. Et donc, dans ce cas, Protassevitch se serait bien gardé de
jouer les « dissidents » au sein de l’opposition elle-même ! En résumé, la seule chose à peu près certaine, et encore,
c’est la corrélation entre la présence de Protassevitch, à bord de l’avion, et
la « fausse alerte » au dessus du Bélarus…
Deux cas, donc :
Si cette « corrélation » provient de l’Est, il
y a une grosse erreur de calcul concernant les conséquences et le rapport « bénéfice-risque »,
pour reprendre un mot à la mode !
Si cette corrélation provient de l’Ouest, il y a une
grosse erreur de calcul concernant la capacité de Protassevitch à se complaire
durablement dans le rôle de « martyr de la cause »…
Une « erreur » qui paraît donc nettement plus
vraisemblable que la première, en fin de compte, ce qui va dans le sens de l’hypothèse
de Christelle Néant, que je partage assez, en fin de compte et pour l’instant,
faute d’autres éléments probants.
Luniterre