Je suis incapable d’avoir une opinion tranchée sur la corrida.

J’avais 20 ans, paumé dans le centre de l’Espagne avec des espagnols et des français très implantés. Ils m’ont proposé d’aller voir une corrida importante dans la ville voisine.

J’ai longtemps hésité, je détestais l’idée et en bon nordiste étais très anti-corrida.

J’y suis allé, ai assisté à la mise à mort de 6 taureaux dont une ratée et sanglante à quelques mètres de mon gradin et pourtant j’ai apprécié ce moment et en ai gardé un souvenir très vif.

J’ai bénéficié d’un public connaisseur et d’explications précises de la part de mes amis.

Mon souvenir : une sorte de messe, un spectacle ritualisé, beaucoup de respect pour les acteurs ( le taureau est autant apprécié et commenté que le torero) et surtout une conscience extrême du danger. Ceux qui affirment qu’une corrida consiste à mettre des taureaux à l’agonie devant des guerriers d’opérette n’ont jamais assisté à une véritable corrida.

L’animal meurt, c’est vrai. Il y a en fait plusieurs phases. Le picador à cheval le pique derrière le coup pour qu’il saigne un peu et s’affaiblisse. Les bandilleros entrent en scène pour fatiguer un peu le taureau en le faisant courir. Leurs banderilles ne blessent pas l’animal, elles écorchent à peine son cuir.Enfin, le torero entre, utilise une grande cape puis la muleta, c’est la partie la plus impressionnante. Dès que le taureau donne des signes de fatigue, il est tué d’un coup de dague à un endroit précis au niveau de la nuque qui le foudroie. L’ensemble dure environ 20 minutes, c’est rapide et intense.

Je n’ai jamais revu de corrida depuis, je comprends parfaitement que l’on puisse détester ce spectacle mais je sais aussi que la description caricaturale qu’en font ses opposants est fausse. Les aficionados ne sont pas des barbares stupides ni des voyeurs cruels.