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Commentaire de easy

sur Actuellement il n'existe aucune démocratie sur Terre


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easy easy 22 juin 2011 16:16

Passons sur toutes les formes de démocratie qui ont pu exister, qui en portaient le nom en tous les cas.
Passons donc sur le fait que lorsqu’on se trouve dans une des formes politiques (toutes, y compris les non démocratiques) beaucoup ont l’impression d’être au sommet de ce qu’il est possible de faire et seuls quelques trublions et fâcheux disent qu’on n’y est pas voire pas du tout.

Partons d’une feuille blanche et examinons quelle autre forme de démocratie serait plus... juste.


A moins de trouver une astuce inédite pour contourner la loi du plus fort traduite en démocratie par la loi du plus grand nombre (ce qui revient quasiment au même) et étant entendu que ce nombre calculé (dans le calme, sans dégainer d’épées) est le nombre total d’habitants et non le nombre de chefs, une démocratie sur le nombre donc, pose d’emblée un problème puisqu’il suffit d’être 49% pour subir la loi des 51%.


D’office et en regard d’une quête d’idéal ou de justice, le principe de la majorité dégagée par simple comptage pacifique établit un échec.

Il faut donc avaler cette énorme couleuvre de la loi du plus grand nombre pour en venir à s’ennivrer d’une quelconque version de la démocratie par le comptage.

Cette couleuvre, on peut tenter de l’avaler faute d’avoir trouvé solution plus géniale, mais elle forme un noeud gordien constant autour duquel mille et une contestations vont éclore. Dans la vie, c’est tout le temps que nous protestons de vive voix contre un détail et faute de ne savoir hurler contre cette couleuvre qui nous pèse bien plus sur l’estomac.

Toute plainte doit être démagogique pour trouver du soutien et la démagogie, c’est un bidouillage de la vérité. Or comment dénoncer efficacement le principe de la loi du plus fort numérique alors même que pour avoir la moindre chance de passer, cette protestation doit être entendue par ... le plus grand nombre ?

Que ce soit donc sous la forme d’une dictature, d’une monarchie, d’un fascisme, d’une oligarchie ou d’une démocratie, c’est forcément la loi du plus fort qui s’impose sans besoin de démonstration compliquée.



La moins mauvaise des solutions dans ce principe de la loi au plus fort, consiste alors à donner à 100% des individus le moyen d’avoir le sentiment qu’ils sont du côté des 51%.

Ca revient à faire de tous les perdants du Loto, des gens ayant le sentiment qu’ils sont tout de même des gagnants par le fait qu’ils ont eu leur chance de gagner. Il est effectivement très facile de rhétoriser en « Vous voyez que vous avez plus de chance que des éboueurs du Caire puisqu’eux n’ont même pas la possibilité de tenter leur chance ». Nous sommes tous si angoissés et frustrés que nous somlmes prêts à embrasser toute proposition de satisfaction qui ressortirait comme étant la moins médiocre.


Que l’on fasse voter les enfants de 2 ans, les clandestins et les rats n’y changera rien, la couleuvre de la loi du plus fort numérique nous restera toujours en travers de la gorge et nous devrons toujours nous bercer de l’illusion que nous sommes du bon côté et que nous en profitons.


La démocratie directe que propose l’auteur et dont j’ai également parlé en mon heure, ne résoudra évidemment pas cette couleuvre. Ca ne résoudra au mieux que la question de l’engraissement des représentants. Ce qui sera déjà une bonne chose.

D’où vient que certains s’engraissent sur la masse ?
Ca vient de la qualité qu’ont certains de convaincre les plus grand nombre, d’être plussés.
Dès qu’un individu coagule à lui des esprits, il apparaît utile et on le cultive.

En ce moment, pour ce qui est de discourir, nous sommes tous en situation plus favorable qu’autrefois. Je veux dire que nous pouvons tous nous faire entendre et coaguler à notre tour sur telle ou telle question. Malgré cela, force est de constater que la parole est accordée (sans aucun forçage) à dix ou cent rhéteurs, pas plus. Bill Clinton fait une conférence, il y dit quelques conneries amusantes et il encaisse 500 000 $.



Pourrions-nous en venir à dire qu’il faut obligatoirement faire tourner la parole, ne jamais autoriser qui que ce soit, même le plus génial ou rigolo d’entre nous à tribuner plus de 10 h dans sa vie ?

Peut-être. Mais pour l’instant, on ne va pas du tout dans cette direction et le seul moment où ce principe semble un peu valoir c’est lors des campagnes électorales où le temps de parole de chacun est comptabilisé ainsi que dans l’école où le professeur veille à faire tourner la prise de parole des élèves.

.Hormis ces exceptions, chacun se sent des droits inaliénables, voire des devoirs d’aliéner les autres à ses discours et sans aucune limite.



Le vote semble exprimer une pensée individuelle. Or il n’exprime pas du tout une pensée comme c’est par exemple le cas sur un forum. Il n’exprime la coagulation entière ou non à une pensée, à un discours qui est sorti de la bouche de quelques rhéteurs. 

L’accaparement de la parole s’accompagne d’une séquestration des postes décisionnels par ces mêmes rhéteurs. On aurait pu imaginer qu’un ministre soit un bon gestionnaire de l’agriculture ou des finances. Que nenni, cela ne suffit plus. Il faut encore qu’il prenne la parole et la confisque.

On se retrouve avec des gens qui détiennent à la fois le dire, le faire et le savoir.

A Fukushima, le monde entier boit comme du petit lait les moindres paroles émises par quelques chefs et les subalternes sont explicitement interdits de parole.

Idem dans les guerres où tous les subalternes sont tenus de se taire. On fusillera celui qui enfreindra ce principe et le soldat Manning l’apprend à ses dépens.

Si nous ne nous dressons pas comme un seul homme contre la criminalisation par les chefs du geste de Manning, c’est que nous croyons dur comme fer à ce principe qui veut que seuls les chefs peuvent parler, décider et condamner. En notre nom éventuellement. 


La guerre manichéise tout. Il faut forcément estimer que l’autre est un parfait salaud pour trouver logique de lui tirer dessus sans sommations et à grande distance. Puisque nous acceptons les guerres et des jugements aussi outranciers sur des gens qu’on n’a même pas rencontrés ni entendus, c’est que nous sommes encore parfaitement convaincus par le principe de la Parole au chef.

Une bataille exige de la coordination de la part des belligérants. Dans ce combat manichéiste où il faut alors tuer pour ne pas être tué, chacun comprend très vite qu’il faut s’organiser sous la direction d’un seul décideur à qui on offre les clefs de tous les arsenaux et les commandes de toutes les troupes. 

Nous pratiquons encore et toujours la guerre, alors la démocratie participative attendra.



Une guerre démocratique serait une guerre où chacun serait entendu, ce qui aboutirait à une cacophonie et un allongement sans fin des hostilités. Les soldats de Verdun auraient pu s’exprimer et faire en conséquence, il y aurait eu 15 tirs de fusil et 2 morts par jour et ça aurait duré des décennies. Une tellle situation, si elle convient très bien à des tribus Amérindiennes ou à des Zoulous, ne convient pas du tout aux radicaux et manichéistes que nous sommes. Ici, il faut vaincre complètement en ayant tout détruit, ou être vaincu et éliminé en masse.
Cette exigence industrielle ne laisse pas de place aux salamalecs. 


La démocratie, c’est ce qui se passe dans une cour de récréation d’où il ne sort que du bruit. 
L’industrialisation ne veut pas de ce bruit non productif. Elle exige le silence des travailleurs et seules les machines font du bruit utile. Tellement utile que nous en sommes venus à aimer les bruits industriels et pas que celui des Harley.

5 personnes qui se retrouvent à papoter ensemble, dans un espace public, dans un couloir d’entreprise et c’est l’inquiétude du pouvoir (Jusqu’à la fin du XIXème, les femmes étaient interdites de réunion à plus de 5 dans les lieux publics).


Tant qu’il y aura des gens pour faire « Chut, écoutons le chef, le roi, la star, parler » nous n’aurons pas l’esprit démocrate.




Sur les forums, nous sommes relativement proche du bavardage. Mais en fait, il est silencieux, nous n’entendons que le bruit de notre propre clavier. Notre bouche reste fermée et seuls les chefs parlent vraiment. Et dans un super marché, il n’y a plus le bruit de récré qu’il y avait sur les marchés. Chacun ferme sa gueule sous le couvert d’une musique d’ascenseur parfaitement industrielle. 


Il reste les plages. Mais stop Easy, lâche-nous la grappe, on est en vacances. On n’est pas là pour se prendre la tête. Capito ?

Ouif, je comprends.


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