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Commentaire de koanzench

sur Arche de Zoé - Scandale humanitaire ou scandale politique ?


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koanzench koanzench 1er novembre 2007 18:30

Antoine Glaser, directeur de La Lettre du continent, spécialiste de l’Afrique, s’étonne de l’inaction des autorités françaises.

France Soir. En tant que spécialiste du continent africain, que pensez-vous de cette affaire ?

ANTOINE GLASER. Il faut déjà comprendre que l’Afrique n’est pas un continent où l’on peut faire n’importe quoi ! Au-delà de l’intervention « sauvage », illégale - et sûrement riche en « belles âmes » - de l’ONG Children Rescue le matin, transformée en Arche de Zoé l’après-midi, cette affaire relève également d’un dysfonctionnement manifeste franco-français. On peut en effet se demander si les agents secrets de l’Opération Epervier, présents sur le terrain, parlent parfois aux diplomates... Aujourd’hui, les « humanitaires » - dont les effectifs dépasseraient aujourd’hui les 15.000 entre le Tchad et le Soudan - sont majoritaires et travaillent sans filet. Parallèlement, on constate une perte significative des moyens de la diplomatie et de la coopération françaises. Elle entraîne une régression de l’influence de Paris en Afrique.

Les membres de l’Arche de Zoé auraient-ils été manipulés ?

A priori, j’écarte toute idée d’instrumentalisation. Je crois qu’un petit nombre d’associations pratique une certaine forme « d’ingérence humanitaire » prônée par quelques maîtres à penser. Fort de l’appui de la fameuse « société civile » sans visage et de la détresse de quelques familles en mal d’enfants, les membres de l’Arche de Zoé se sont auto-investis en chevaliers blancs. Mais on ne peut pas dire qu’ils avançaient vraiment à visage masqué ni en costume d’espion. Ils sont toujours emprisonnés avec leur chaude tenue de sapeurs pompiers volontaires... L’administration française aurait dû intervenir et a du mal aujourd’hui à avouer ses propres insuffisances.

L’opération de stabilisation au Tchad, baptisée Eufor, est-elle menacée ?

Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy ont démontré avec force qu’ils ne voulaient pas que cette affaire compromette l’opération. Pour eux, il ne pouvait pas arriver pire catastrophe ! Ils ont été obligés d’aligner leur position sur celle du président tchadien Idriss Déby, interlocuteur difficile et d’autant moins malléable aujourd’hui qu’il dispose d’un pactole pétrolier de plus d’un milliard de dollars cette année.

Y a-t-il d’autres enjeux ?

C’est une région géostratégique, une charnière entre monde arabe et africain, anglophones et francophones, où les enjeux pétroliers et la lutte contre le terrorisme sont également importants. La présence militaire de la France lui permet de conserver une influence au niveau international dans ce pays à la rivalité future manifeste entre les Etats-Unis et la Chine.

La France devra-t-elle officieusement « payer » pour régler le sort des ressortissants ?

La facture de cette affaire, s’il y a en a une, se paiera surtout en soutien encore plus politique et militaire au président Idriss Déby qui est lui-même le « parrain » du président centrafricain François Bozizé qu’il a aidé à prendre le pouvoir à Bangui, après un coup d’Etat.

http://www.francesoir.fr/


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