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Commentaire de marc M

sur Réchauffement climatique : on vous ment, les rejets de gaz carbonique ne sont pas l'essentiel du problème...


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marc M (---.---.114.8) 30 août 2006 12:08

Le débat sur les priorités en matière de lutte contre la pollution est un faux débat. Il n’y a pas d’un coté l’atmosphère et de l’autre coté l’océan ou les sols. La biosphère réagit comme un tout où les boucles de régulations multiples, les unes aténuatrices, les autres amplificatrices constituent un jeu subtil dont il est difficile voire impossible de prévoir l’issue. Attendre des certitudes de scientifiques c’est leur demander plus qu’ils ne peuvent donner, expliquer ce qui s’est produit est déjà bien assez compliqué. C’est aussi s’assurer qu’il sera trop tard en cas de décision différée pour anticiper sur les conséquences les plus néfastes. Les scientifiques n’ont pas à décider à notre place de ce qui est bon pour nous et de ce que chacun d’entre nous entend faire individuellement et collectivement. Dans une démocratie c’est à chaque citoyen de décider de ce qu’il veut et de se déterminer. Le fameux « effet papillon » pouvant conduire de surcroit le comportement général à souffrir de différentes exceptions positives et négatives et à se traduire pour chacun par des conséquences variables et très aléatoires.

Si on ne s’intéresse qu’à la composante humaine du phénomène, qui est loin d’être la seule qui concerne notre responsabilité actuelle et future face aux prochaines générations, on voit qu’il est de plus en plus délicat de se projeter dans l’avenir et que cela ne peut que nuire au perspectives d’épanouissement de l’humanité.

Dans les boucles de régulation positives possibles, je signale un fait rarement évoqué : les terres arables françaises ont perdu près de la moitié de leur matière organique en 25 ans et ont de ce fait libéré dans l’atmosphère près de 1/3 à la moitié de la valeur en CO2 de l’atmosphère présente au dessus du territoire français. Il en découle que nos sols labourés se comportent comme des sources de carbone depuis 25 ans en raison de l’abandon des fumures organiques remplacées par des fumures minérales moins couteuses ( énergie fossile pas chère) et qu’il serait possible, à condition de le vouloir d’inverser cette tendance.

Une des conséquences annexe d’un tel état de fait est l’eutrophisation des eaux superficielles et la contamination des nappes par les pesticides, en raison de la perte progressive de la faculté de s’autoépurer de nos sols. Une action globale sur les sols labourés aurait donc un impact sur leur potentiel de fertilité à l’échelle d’une génération, sur la qualité de nos eaux de surface et sur le climat (piégeage significatif de CO2 possible au lieu de libération). On voit que loin de s’opposer l’action sur une des composantes de la biosphère peut parfaitement recouper d’autres préoccupations sur d’autres composantes.

Un autre exemple : la recherche sur les véhicules hybrides diesels et l’emploi de biocarburants à base de colza au côté de mesures visant à modifier les comportements des automobilistes pourraient réduire la demande en carburants fossiles en France de plus de moitier en 10 ans sans contraintes exeptionnelles pour chacun et avec un impact appréciable sur la demande et sur le prix. L’agriculture, de quelques côtés qu’on se tourne sera donc un des éléments clé des futures politiques comme l’a fort bien analysé Lulla au Brésil notamment.

En résumé, si l’on veut réduire nos émissions de CO2 dans l’atmosphère afin de maintenir sa teneur à un niveau pas trop sensiblement différent de ce qu’il était avant la révolution industrielle par principe de précaution à tout le moins, il faut agir sans attendre et sur toutes les composantes de l’activité humaine sans exclusive. Si on veut de surcroit préserver les populations les plus fragiles, il faut que les démocraties les plus avancées et les peuples les plus éduqués fassent preuve de détermination et montrent la voie à suivre, considérant de surcroît que ce sont bien souvent eux qui sont les plus gros producteurs de gaz à effet de serre donc qu’ils disposent des meilleures possibilités pour agir.

Ce que faisant, loin d’y trouver des raisons de désespérer de notre futur, cela ne fera que conforter notre modèle démocratique, nos valeurs, notre aptitude à trouver des sources d’épanouissement individuelles et collectives, nos facultés à appréhender les potentialités de notre condition humaine.

A l’inverse, la boulimie énergétique, l’obésité énergivore de certains de nos concitoyens conduisent nos sociétés à un comportement pathologique caractérisé. La frustration générée par la publicité, le consumérisme maladif sont autant de déviance de notre démocratie contemporaine qui ne conduisent nulle part où toute personne sensée ne souhaiterait se rendre délibérement.


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