Basile

@chat maigre
un pays qui réduit les budgets de l’éducation et les budgets consacrés à l’Hopital est un pays qui va mal et qui n’investit plus dans son avenir !!

Bien vrai. La France ne va pas bien.

Elle manque d’argent pour investir, sauf à emprunter massivement. Cette paupérisation est la conséquence de choix politiques/idéologiques des 40 dernières années (disparition de l’industrie ...). Est-il possible de redresser la barre ? Vaste question ...

Elle a perdu le sens de l’efficacité des services publics. Le budget de l’Etat n’est pas en déclin, du fait en particulier des emprunts à taux bas qui payent les salaires et les retraites de la fonction publique. L’EN ne manque pas tant d’argent que de rigueur et de morale : tout semble se déglinguer, malgré les moyens mis en place. Les cadres s’en tiennent au « pas de vagues », c.à.d. à la lâcheté. C’est un peu la même chose dans la Santé : un professeur de médecine expliquait qu’il y a un affaissement moral à l’hôpital par rapport aux années 80/90, que le personnel soignant n’y croit plus, ne s’investit plus, un syndrome type soviétique : « ils font semblant de nous payer, on fait semblant de travailler ».

Mon avis : l’élite française a choisi la voie américaine, celle d’une économie financiarisée (mais nous n’avons pas l’arme du dollar, juste l’euro qui nous protège un peu tant que la BCE peut soutenir notre dette). Les Allemands n’ont pas fait ce choix malheureux (cf. un livre de J.L.Beffa à ce sujet, ancien patron du CAC40).

Le peuple français n’a rien à voir avec l’économie financière (mais il était impliqué dans l’industrie), du coup nos élites financiarisées n’ont plus grand chose à voir avec le peuple : crise de confiance générale, les soignants et les profs. n’y croient plus, l’élite n’est plus sur le terrain, elle est « ailleurs », ses intérêts sont « ailleurs ».

Le pays vit une crise morale, une crise de structure de la société et de ses élites, une crise de confiance. D’où l’inefficacité de services publics onéreux. D’où des grèves à chaque tentative de réforme. D’où la consommaton élevée de psychotropes et des sondages comparables à ceux d’un pays du tiers monde en termes de pessimisme.

Une situation pré-révolutionnaire ?

@pipiou2
Parce que corriger des copies dans l’établissement ou chez soi ça change quelque chose ? 

Aujourd’hui, je n’ai pas assez d’éléments pour répondre.

On pourra répondre dans quelques années quand de nombreuses entreprises auront eu l’expérience du travail à la maison (trois jours à la maison, deux jours dans l’entreprise).

J’anticipe en disant que cela fait une différence, que l’esprit d’entreprise en est modifié, que les salariés vivent leur travail autrement.

Différence positive, négative ? On verra. J’en ai fait personnellement l’expérience : durant mes études, en math spé, j’en ai eu marre des cours magistraux et j’ai quitté la prépa pour travailler chez moi, seul, pensant apprendre plus vite et mieux. Le résultat ne fut pas à la hauteur de mes attentes : dans un contexte compétitif, rien ne remplace le contact humain. Ma conviction est que rien ne remplace la présence sur le terrain, en relation étroite et en compétition (amicale) avec d’autres.

@chat maigre
il y a une proximité qui se met en place entre les élèves et le prof,

Contestable.

Comme tout le monde, j’ai été fortement impressionné par des profs. dont je garde le vif souvenir en mémoire après 50 ans.

Que 20, 30 ou 45 élèves se trouvent autour de moi dans la classe n’avait je pense aucune incidence sur ma relation avec le prof., liée à 100% à sa personnalité, à son charisme. Ce qui se passait entre le prof. et moi, dans mon imaginaire, n’avait rien à voir avec mon environnement.

Je ne peux donc réciter avec vous le cathéchisme en vigueur : des moyens ! des moyens !! plus de moyens !!!

Moi, ce que j’aurais aimé, c’est avoir encore plus de personnalités fortes parmi mes profs. : du qualitatiif, pas du quantitatif.

@rosemar
Le ministère peine à recruter : pourquoi, à votre avis ?

Bonne remarque, bonne question.

Il y a en France 10 millions d’inactifs (en plus des retraités) et des centaines de milliers, peut-être des millions d’emplois à pourvoir. Les gens ne se précipitent pas au boulot. On a un système social très protecteur qui n’incite pas à se bouger. L’EN impose de changer de région, d’être mobile, mais ce n’est pas nouveau, ça n’explique pas la désaffection.

L’image de l’EN s’est terriblement dégradée. On a retiré l’autorité aux profs. pour raisons idéologiques. On leur impose des pédagogies qui mettent l’enfant et non pas le savoir (et donc l’autorité du sachant) au centre, encore pour raisons idéologiques. Les parents sont devenus trop intrusifs. L’administration ne défend pas les profs. : pas de vague. L’ambiance dans les salles de profs. n’est pas bonne, les enseignants se regardent de travers. Qui aurait envie d’embarquer sur ce navire qui prend l’eau ?

Le métier est devenu très, trop difficile avec des classes manquant d’homogénéité, avec des élèves dont les parents ne parlent pas Français, avec des enfants ayant du mal à se concentrer. L’élite se moque pas mal des enfants du peuple, elle a ses écoles privées, ses GE, ses MBA, ses stages à l’étranger pour ses enfants. L’économie marchande, qui commande tout, a-t-elle besoin de gens cultivés en nombre ? Sans doute pas, elle a juste besoin de consommateurs, de livreurs et de nounous, c’est du moins ce que pense l’élite (elle se trompe). 

Tout cela traduit le naufrage de l’idéologie gauchisto/capitaliste-marchande/petit-bourgeois qui ne parvient pas à définir un projet de société qui donnerait envie d’y investir toute son énergie. Reste un peuple désenchanté, dépressif.

@rosemar
Les profs retraités ne touchent pas des fortunes... vous savez ?

Ce que je sais, c’est qu’ils partent avec une retraite type fonctionnaire, très avantageuse comparée au privé (ma femme fonctionnaire, moi privé : je suis bien au courant). Le coût de l’EN à l’Etat français n’est pas très différent de ce qu’il est dans les autres pays européens (affirmation qui mériterait d’être analysée en détail), mais la façon de distribuer ce budget est différente.

Quant aux horaires, il me semble avoir lu que les profs. d’autres pays, en Allemagne par exemple puisque les profs. français aiment bien se comparer aux Allemands, passent beaucoup plus d’heures dans leur établissement que nos profs., en plus de leurs heures en face des élèves, et c’est obligatoire.