Rwanda – Ukraine : du Falcon 50 à Nord Stream 1 et 2, et PsyOps. .... (2/2.2)
Par les temps qui courent, je me dois de sacrifier à la tradition. Je ne suis donc « pas anthropologue, virologue, climatologue, politologue, psychologue, météorologue , etc. ..... De plus, je n’ai aucun conflit d’intérêts ».
Suite à mes deux précédents papiers[1], je ne pouvais rester sans réactions vis à vis du « silence assourdissant » que mon lectorat m’asséna à propos de mes points de vue sur le Génocide des Tutsis du Rwanda (et ses conséquences actuelles), mis en perspectives avec la Guerre d’Ukraine. En effet, je n’ai eu que 1.334 visites et seulement 3 réactions, pour le dernier en date. Qu’à cela ne tienne, j’ai décidé de récidiver, persister et signer.
J’avais donc, dans ces deux « free piges » précédentes, abordé +/-9 sujets dont celui de la propagande. Pour le Rwanda, j’avais parlé de Radio Muhabura (FPR du 01/10/1991 au 30/07/1994 - Ouganda - Burundi[2]) et de Radio des Milles Collines (MNRD du 08/07/1993 au 31/07/1994 - Kigali) [3]. Pour l’Ukraine je regrettais, bien entendu, les « censures », chez nous, des chaines RT et Sputnik - France (et de quelques autres médias « insubordinate streams », plus récemment « retoqués »[4]) et, chez les Ukrainiens, l‘interdiction de la presse et des partis d’« opposition », des syndicats non « alignés », de l’Eglise orthodoxe (patriarcat de Moscou) et des livres en langue russe.
Ces questions de la propagande et de l’information avec toutes leurs facettes m’ont toujours intrigué d’abord sur le plan des définitions elles-mêmes de ces deux « concepts » mais aussi sur celui de tous les autres systèmes qui gravitent dans leurs orbites : « fakes news, intox, false flags, fact-checkings, shadow bannings, manipulation verbale, soft power ». Mais tant dans le cas du Rwanda que dans celui de l’Ukraine, s’agit-il de la propagande de guerre traditionnelle avec son cortège de « florilèges » à La Morelli-Collon[5]
à laquelle Ségolène Royal se faisait, récemment, l’« écho »[6] ?
Pour moi, ce n’est pas de cette propagande-là, ensemble d’outils d’exploitation « communs, directs, bas, vulgaires, basiques », dont il est question. Ce n’est pas cette propagande-là qui s’adresse aux tripes, au cœur qui m’intéresse, mais bien celle qui affecte, immatériellement, le cerveau, l’intellect, la conscience c’est-à-dire les PsyOps sous ses différentes formes. Il s’agit de quelques chose de très pernicieux. La langue (c.à.d. « le parler ») + les sentiments (c.à.d. « le séduire ») + la sidération (c.à.d. l’ « abasourdir) peuvent conduire à des convictions instillées, à de l’impuissance acceptée et à de la résignation entérinée plus ou moins consciemment devant l’inéluctable constat du « too big to fail, too big to jail ».
Je commence par le Rwanda.
1 - Pour ce qui est de la langue, au Rwanda, j’ai déjà abordé la notion de l’UBENGWE[7] dont je parlais dans :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/kagame-wrong-suite-et-pas-fin-233633
Considéré, sous l’angle des PsyOps, le kinyarwanda en tant que langue, m’a remis en mémoire une anecdote, pour moi, très significative. Un de mes collègues[8] à Kigali m’a, un jour de 1990, posé la question suivante (en l’absence de nos autres confrères) : « Monsieur Loubard, savez-vous que lorsque des Rwandais discutent entre eux de quelque chose, les Tutsis comprennent une chose et les Hutus comprennent autre chose ? ». Je découvrais cet aspect de la communication inter-rwandaise et me rendais compte de ce que l’intention d’une telle stratégie aporétique[9] pouvait instiller dans les classes socio-culturellement discriminées en termes d’’inféodation involontaire mais inévitable ; de ce qu’elle devait contenir en germes de réactions de frustration, de revanches des plus disproportionnées
2 - Pour ce qui est des sentiments et de la « perspective Psy0ps » du lobbying, une autre anecdote me revient à l’esprit. A l’occasion d’un séminaire sur les règles d’éthique dans les pratiques journalistiques organisé en 1993 à Kigali par les Section Culturelle de la Coopération Internationale Belge, lors de la séance publique finale de « questions-réponses », un participant rwandais a fait la « recommandation » suivante : « Les coopérations bilatérales et les ONG européennes ne devraient pas envoyer au Rwanda, en tant qu’experts, de trop jeunes hommes célibataires ». Je me suis rappelé qu’il circule, effectivement, dans certains milieux rwandais, une expression qui évoque les « hirondelles », pour parler des « influenceuses ». Car il est connu que, dans un couple mixte, en épousant son conjoint, on épouse sa cause. Ce qui est totalement explicable et admissible sur le plan psychologique et n’aurait donc rien de malsain et répréhensible, sauf dans un contexte d’intentionnalité préprogrammé. Ne pourrait-on pas se poser cette question du contexte à propos d’Alain et Daphrosa Gauthier-Mukarumongi, fondateurs du « Collectif des Parties Civiles en France », ainsi qu’à propos de Landoald Ndasingwa[10] et Hélène Pinsky (assassinés au début du génocide avec leurs enfants), et peut-être aussi à propos d’un ex-homme politique belge, qui a été jusqu‘à adopter la nationalité rwandaise afin de participer à la réélection de Paul Kagamé à la Présidence du Rwanda en 2017 ?. Ne pourrait-on peut-être pas également évoqué le cas de la sympathie que Rose Kabuyé[11] a suscitée chez Bernard Kouchner dont on sait (depuis « La familia grande » de sa fille Camille), qu’il y est décrit « homme sensible à la beauté féminine », aux charmes exotiques du beau sexe, ayant dans chaque port une ....cause à épouser. Pour ce qui est du rôle des influenceuses, en générale, ne se pourrait-il pas qu’il ne s’agisse pas que de propagande usuelle, mais bien aussi d’une forme de prosélytisme psychologique non spontané, pré établi, intentionnel donc d’une manœuvre « banale » dans le sens où la racine « ban » désigne le pouvoir féodal qui induit la « servitude volontaire » du vassal ? Mata Hari et la « banalité » de la séduction .... Princesse Odette Maniéma Krempin et la « banalité » de l’or du Maniéma[12] ?
3 – A - Si on parle de PsyOps sidérantes par l’oralité d’un message, son contenu et la structure de celui-ci en termes d’information, on doit observer la « façon de diffuser une nouvelle et d’agencer sa forme en vue d’« abasourdir[13] ». Par exemple RFI annonçait le matin du 1 octobre 1990 que « les rebelles n’étaient déjà plus qu’à 80 km de la capitale Kigali ». C’était vrai, en mesurant la distance à vol d’oiseau, mais en réalité la situation sur le terrain était que le FPR était bloqué à la Frontière avec l’Ouganda, à Kagitumba, par les gardes présidentielles et les para-commandos rwandais et congolais ! Soit à 194 km de Kigali par route asphaltée dont 70 km entre la réserve de chasse du Mutara et le parc de l’Akagéra, zones inhabitées, et 60 km jusqu’à Kayonza et ensuite encore 64 km pour Kigali, avec Rwamagana comme seule petite bourgade. En dehors de cette route rien que des pistes en latérite impraticables pour une attaque militaire motorisée, en « petite saison des pluies ». Cette annonce n’était pas faite pour les Rwandais qui connaissaient le terrain et la météo, mais bien pour les Ambassades étrangères qui pouvaient ainsi décrire la « situation réelle de terrain » auprès des « politiques métropolitains » qui pouvaient ainsi motiver leurs décisions, sur base de données de premières « mains » !!!! ..... De même le matin du 7 avril 1994, RFI annonçait la mort de « trois casques bleus belges, observateurs de la Minuar, survenue dans une embuscade sur la route de l’aéroport ». Il faut peut-être se demander si le rédacteur de ce communiqué avait véritablement reçu des informations sur « quoi », de « qui » et d’« où » ? Car, curieusement, ces nouvelles, dont l’effet recherché était sans doute indirect mais efficace, seraient manquantes dans les archives de RFI à l’INA !!!![14]. L’effet recherché ne serait-il pas celui de confirmer la rumeur selon laquelle les « Belges » avaient abattu l’avion présidentiel ?
3 – B - Il y a la sidération causée par l’attentat sur le Falcon 50 de la présidence de la république rwandaise qui, dans le genre « Shock Doctrine », est un réel fleuron. En effet il était potentiellement (et tacitement) admis dans les accords d’Arusha (août 1993) que dès la mise en place des institutions de la transition, c.à.d. du nouveau gouvernement à base élargie, le président Habyarimana pouvait être arrêté, jugé, condamné et exécuté (plus rapidement encore que Ceausescu) .... ce qui ne devait pas poser trop de problèmes compte tenu de la garantie de réussite offerte par la présence, à Kigali, de l’Onu, de la Belgique, du départ de la France du Rwanda et l’arrivée des troupes U.S. de l’Africom à Bujumbura (Burundi). .... N’aurait-il pas d’ailleurs été plus facile, en terme d’intendance, de « tirer » la Mercédès blindée du Président ou de la faire sauter sur une mine ?..... Mais cela n’aurait pas eu l’effet sidérant escompté, préparé et obtenu .... Par contre, l’attentat terroriste n’aurait-il pas pu faire partie de l’arsenal des PsyOps à la « Naomi Klein » ..... véritablement géniale .... et parfaitement réussie ?
3 – C - Dans l’actualité plus récente les déclarations sidérantes de Kagamé (qui ne suscitent aucune protestation de la part de la Communauté Internationale véritablement hypnotisée, tétanisée), ne feraient-elles donc pas également partie d’une stratégie qui fait que finalement Paul Kagamé est devenu fréquentable ... par défaut ... Je rappelle que Paul Kagamé a admis implicitement sa responsabilité dans l’assassinat d’Habyarimana en disant dans l’émission Hard Talk de Stephen Sackur[15] « .... j’avais le droit ... Habyarimana étant du côté de ceux que je combattais, il était possible qu’il meure facilement. Supposez que j’y eusse laissé moi-même la vie ; ce juge (Bruguières) serait-il en train de s’intéresser à ma mort et à celui qui m’aurait tué ?.... »
Lors d’un sommet Europe - Afrique à propos du Dr Mukwege[16] : « On donne un Prix Nobel à n’importe qui puis on lui fait dire n’importe quoi.... » et « EU human rights report : Just ridiculous ! »
Et au dernier sommet du Common Wealth (le 26ième) à Kigali [17] : par exemple : « Il n'y a personne au Rwanda qui soit en prison et qui ne devrait pas y être, parce que nous avons un système judiciaire qui est en fait fonctionnel et juste » (à part Victoire Ingabire, Kizito Mihigo, Guy Theunis, Laurent Nkundabatware, Paul Rusesabagina, David Kabuye, Peter Erlinder, Bosco Ntaganda, etc. ) CQFD.
Je continuerai, dès que possible, avec l’Ukraine ....
[1] Respectivement des 5/10 et 18/11/2021 : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rwanda-ukraine-du-falcon-50-a-nord-244178-et-https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rwanda-ukraine-du-falcon-50-a-nord-245040
[4] Blast – Ligne Droite – France Soir – BAM – Kairos – et tutti quanti .... https://www.youtube.com/watch?v=Fh3Cj8Hs8nU
[5] “Les dix principes de la propagande de guerre”
[6] https://www.youtube.com/watch?v=ddYlr8knM08 et https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/segolene-royal-met-en-doute-les-crimes-de-guerre-en-ukraine-evoquant-une-propagande-de-volodymyr-zelensky_5338978.html
[7] Car, à propos du kinyarwanda, il faut se souvenir qu’André Coupez en 1958 précisait déjà : "Les membres des divers groupes sociaux peuvent communiquer entre eux en présence de profanes sans être compris de ceux-ci, grâce à des langages secrets dont la phonologie est celle de la langue commune, mais qui possède un lexique spécial de quelques centaines de mots et un nombre limité de particularités morphologiques".
[8] Balthazar, ingénieur au Minitrape Kigali, Burundais réfugié depuis le génocide des Hutus du Burundi de 1972 (prénom d’emprunt)
[9] Christiane A Taubira déclare : « L’équation semble une aporie. Elle l’est en logique. Elle cesse de l’être en démocratie. C’est l’éthique qui en offre l’issue.
[10] Frère de Louise Mushikiwabo, actuelle Secrétariat général de l'Organisation internationale de la francophonie.
[12] https://www.rtbf.be/article/dossier-kubla-princesse-odette-apparait-sur-la-piste-du-comptable-disparu-8928644
[13] . Provoquer chez quelqu'un un sentiment voisin de la stupeur ; consterner, stupéfier :
consterner - ébahir - hébéter - sidérer - stupéfier
[14] Vanadis Feuille et Pierre-Edouard Deldique ont étudié à l’INA, les communiqués de RFI durant la période du début du génocide. De ces communiqués, il en manquait 5% dont celui de ce jeudi matin 07/04, semble-t-il. Travaillait, à l’époque, à RFI une Française d’origine rwandaise du nom de Madeleine Mukamabano….dont "certains disent" qu’elle était assez proche du FPR.
[15] BBC le 7 décembre 2006
[16] « L’homme qui répare les femmes »-Hôpital de Mpanzi, RDC, Sud Kivu
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