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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi certains élèves réussissent à l’école et d’autres pas (...)

Pourquoi certains élèves réussissent à l’école et d’autres pas ?

« L’excellence est un art gagné par l’entraînement et l’accoutumance. Nous n’agissons pas correctement parce que nous avons la vertu ou l’excellence, mais nous les avons plutôt parce que nous avons agi correctement. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas un acte, mais une habitude.  »

 Aristote

 

En général, quand on a le sens de la mesure, il n'est pas très difficile d'imaginer, au moins, deux êtres, sains d'esprit, s'accorder pour dire que la réussite à l'école ça n'est rien de moins que la concordance avec les attentes scolaires. Pour réussir à l'école, il suffit donc de répondre positivement à ses exigences.

Si l'on consent à une telle convention, la tentation est alors grande d'envisager de commencer par cerner la nature de ces attentes scolaires, dans la perspective d'une tentative de compréhension des raisons de la réussite ou de l'échec en matière d'apprentissage. On pourrait, en effet, croire qu'il suffit de connaître les exigences de l'école pour savoir pourquoi certains élèves parviennent à y répondre et d'autres pas. Au reste, d'aucuns n'hésitent même pas à lier l'échec à la complexité croissante des savoirs scolaires inhérente à l'exhaussement des différents niveaux de l'école.

Pour autant, savoir que le substrat des sollicitations pédagogiques repose sur l'appréhension de la sphère du logos, c’est-à-dire sur la saisie de l'ordre universel qui régit l'harmonie des choses, bref sur l'intelligibilité de l'organisation rationnelle de la connaissance, ne saurait suffire pour comprendre ce qui se passe dans l'intériorité mentale d'un élève.

Au fait, pourquoi s'intéresser d'abord à l'intériorité mentale ? Pour une raison simple au fond : quand on aime dire les choses avec une certaine franchise, il semblerait que c'est là que tout se passe. Pour s'en apercevoir, considérons alors ce qui suit, après une brève préoccupation minimale pour les principes de la démarche.

 

Considérations méthodologiques

Dans la quête d'une certaine efficacité discursive et dans un souci d'organisation de la réflexion, peut-être ne serait-il pas sans intérêt de placer la compréhension du phénomène de la réussite (ou de l'échec) scolaire dans une double dichotomie. La première, fondée sur l'établissement d'une distinction nette entre ce qui relève de la relation causale et ce qui appartient au domaine de la corrélation, semble permettre d'orienter l'analyse vers une intelligibilité clairvoyante du problème et, de surcroit, paraît susceptible de donner à la besogne un caractère -si ce n'est d'objectivité absolue- du moins d'honnêteté intellectuelle. En tout cas, nous l'espérons. Quant à la seconde dichotomie, elle résulte tout naturellement de la première, dans la mesure où la relation de causalité conduit tout aussi naturellement à distinguer entre les causes endogènes et celles exogènes.

Une fois établis ces schèmes d'approche, il conviendra de ménager, chaque fois que cela est possible, un espace d'ajustement entre le causal et le corrélatif, pour les renvoyer à leurs champs d'action respectifs, d'une part, et afin de tenter de montrer que le premier se distingue essentiellement du second par l'effet déterminant qu'il assigne au devenir scolaire d'un élève, d'autre part. Ce qui a comme corollaire l'idée que, même si le corrélatif est marqué par la fréquence de ses émanations dans ce devenir, son action déterminative n'en demeure pas moins improbable. Car, le lien entre une condition (sociale, économique, institutionnelle, politique ou même pédagogique) et une performance scolaire ne relève pas de la nécessité absolue. N'étant pas inéluctables, les conséquences de telles conditions laissent -qu'on le veuille ou non- une marge non négligeable à la contingence.

Maintenant, il est peut-être venu le temps de commencer par circonscrire les phénomènes corrélatifs à la question de la réussite (ou de l'échec) scolaire.

 

Un constat

Quand on s'intéresse à la sociologie de l'éducation, il est de coutume de se référer à P. Bourdieu. Sans avoir la moindre prétention de dire que l'on a compris toute la production intellectuelle de ce grand nom de la discipline, il est à peu près consensuellement admis de lui attribuer un certain nombre d'idées en matière d'éducation. Au demeurant, même un journaliste grand public, pour peu qu'il se soit frotté aux écrits les plus connus du penseur, ou à ceux de ses vulgarisateurs, est aujourd'hui capable de relever que celui-ci établit des liens forts entre les conditions sociale, économique et -surtout- culturelle d'un élève et sa destinée scolaire.

Ainsi, il suffit de lire que « le système scolaire opère, objectivement, une élimination d'autant plus totale que l'on va vers les classes les plus défavorisées »[1], ou encore que « toute action pédagogique est objectivement une violence symbolique, en tant qu'imposition par un pouvoir arbitraire, d'un arbitraire culturel »[2] pour comprendre qu'aux yeux de Bourdieu et de Passeron le système scolaire légitime la culture de la classe dominante. Et, par cette légitimation, il facilite la réussite des élèves issus de la classe favorisée et exerce, ipso facto, une violence symbolique sur les classes populaires, puisque les élèves appartenant à cette catégorie sociale ne possèdent pas les codes de la culture dominante institutionnalisée par les exigences scolaires. Leur devenir scolaire est alors, culturellement et « objectivement » exposé à l'échec. Comme conséquence de cette vision des choses, il n'apparaît alors plus vraiment comme incongru le fait de défendre l'idée que c'est l'école, elle-même, qui porte la plus grande responsabilité dans l'échec scolaire.

Dès lors, en dehors de quelques analyses comme celle de Raymond Boudon qui, dans son livre L'Inégalité des chances (1973), minimise le rôle de l'école dans la reproduction des inégalités sociales, une tradition sociologique va s'installer consistant à faire de l'échec scolaire un problème de lutte des classes. Il en a résulté l'idée que les élèves qui échouent tirent leur échec de leur non possession des codes culturels de la classe dominante. De là un impensé qu'on n'ose plus interroger : l'échec scolaire est perçu comme l'horizon indépassable des classes populaires.

Sans doute, cela semble-t-il donner des signes de validité à travers une démarche macrosociologique (étude des grandes tendances et des phénomènes globaux au sein des grandes structures sociales), où les statistiques confèrent un caractère de scientificité indiscutable à l'analyse. Mais, une approche microsociologique (étude de cas et analyse de situations concrètes à petite échelle) tend, quant à elle, à nuancer le propos en récusant la radicalité du jugement. C'est ainsi que ce type d'approche révèle, en tout cas de nos jours, des fortunes scolaires heureuses pour nombre d'enfants du peuple. En émergeant à l'observation, de telles situations ne manquent pas d'interpeller les schémas macrosociologiques dans le sens d'une remise en question de l'interprétation traditionnelle de leurs résultats. Dans cette perspective, il convient alors de se demander en quoi l'origine sociale, si l'on refuse de mettre au rancart l'importance de la structure mentale et le potentiel cognitif d'un élève, déterminerait-elle mécaniquement le devenir scolaire de celui-ci. In fine, d'où viendrait cette mécanicité supposée ?

En d'autres termes, il ne s'agit pas de nier le bilan scientifique de ces recherches ; mais il importe d'en faire une lecture nouvelle qui puisse nous rapprocher davantage de la compréhension du phénomène de la réussite (ou de l'échec) scolaire selon un paradigme empirique (i.e., basé sur des situations individuelles). Dès lors, s'interroger sur l'origine de ce phénomène dans un schéma microsociologique revient à relativiser la froide scientificité des statistiques, en raison de leur portée abstraite, et -surtout- à révéler le caractère corrélatif des observations macrosociologiques. À cet égard, ne devient-il pas franchement réducteur de continuer à penser que si un élève échoue à l'école c'est simplement à cause de son appartenance aux classes culturellement défavorisées ? Dans ce cas-là, que dire de ces élèves issus de ces mêmes classes ou -pis encore- de ces élèves allophones qui, malgré leurs conditions de départ handicapantes à maints égards (indigence culturelle, parents analphabètes, ignorance des codes scolaires, voire non maîtrise de la langue française…) parviennent à avoir un parcours scolaire tout ce qu'il y a de plus honorable ? Inutile d'arguer de la faiblesse de leur nombre pour minimiser leur importance ; car, le simple fait que quelques cas existent suffit amplement à justifier l'utilité d'une lecture microsociologique du phénomène de la réussite (ou de l'échec) scolaire. Au reste, est-il besoin de rappeler (comme l'indique le titre du présent exposé) que le fond du propos consiste justement à tenter de comprendre les causes de ce phénomène ?

 

L'hirondelle ne fait pas le printemps

Certes, les partisans d'une lecture macrosociologique nous disent qu'il ne faut pas voir les choses de cette manière et nous invitent plutôt à conclure à l'idée que l'élève socialement défavorisé a plus de chance d'échouer dans son parcours scolaire, eu égard aux données statistiques. Pourquoi pas ? Seulement voilà, il se trouve que cette lecture satisfait parfaitement aux exigences conceptuelles et au raisonnement abstrait ; mais elle ne dit pas grand-chose sur les situations concrètes. Le fameux "plus de chance de…" n'est rien d'autre qu'un indicateur formel, abstrait et donc spéculatif, qui s'avère, de ce fait, inapte à rendre compte des causes réelles qui déterminent de manière effective la réussite (ou l'échec) scolaire chez un individu particulier.

Pour comprendre le propos, il n'est pas sans intérêt de rappeler la qualification de "grand professeur" que faisait Kierkegaard à l'endroit de Hegel. Dans la bouche du philosophe danois, cette qualification était loin d'être un éloge, mais plutôt une critique. Car, si le dialecticien avait conçu, peut-être, le système philosophique le plus achevé, ce système ne disait rien, malgré sa complétude, de l'être-là, de l'homme concret qui est aux prises avec ses angoisses existentielles et ses doutes spirituels. Il fallait donc abandonner les considérations spéculatives pour saisir le réel dans sa concrétude.

De même, la méfiance de Nietzsche à l'égard des systèmes de pensée (ou de la pensée systémique) l'avait conduit à affirmer la supériorité du sensible sur l’idée, du corps sur l'âme, du concret sur l'abstrait, bref de la pensée réaliste sur la métaphysique.

Or, dans le cas qui nous préoccupe, n'est-il pas plus pertinent aussi de s'attacher d'abord aux situations concrètes plutôt qu'aux méthodes purement spéculatives ?

Par conséquent, puisqu'elles ne sauraient éviter la contingence d'un parcours scolaire donné, les conditions sociale, économique et culturelle d'un élève paraissent davantage relever de la corrélation que d'un rapport de causalité. De toute façon, si ces conditions étaient une cause déterminante, les élèves défavorisés qui réalisent un parcours scolaire satisfaisant n'auraient jamais dû connaître une telle réussite. Enfin, voilà qui nous autorise à penser que lorsqu'un élève échoue à l'école ça n'est pas sa condition de défavorisé qui a directement provoqué son échec. Dit autrement, la condition sociale est juste une donnée qui, par la fréquence de ses incarnations dans l'accompagnement des devenirs scolaires, leur devient naturellement liée, comme l'hirondelle accompagne naturellement l'avènement du printemps. Mais, quoiqu'il en soit ainsi, qui ira prétendre que c'est l'hirondelle qui provoque le printemps ?

Au fait, a-t-on déjà essayé d'inverser le raisonnement ? Au lieu de placer la condition sociale en amont d'une destinée scolaire pour comprendre son devenir, s'est-on un jour demandé ce qui se passerait si on la mettait en aval ? S'est-on déjà interrogé sur ce qui peut faire de tel ou tel individu un être socialement et culturellement défavorisé ? A-t-on, ne serait-ce que par fantaisie, songé à l'idée de regarder une condition humaine comme conséquence et non comme principe explicatif ? Au fond, en dehors de la condition sociale, n'y aurait-il pas autre chose derrière la réussite (ou l'échec) scolaire ?

 

De la cognition

Lorsque nous résolvons un problème d'ordre intellectuel, ou parvenons à franchir un obstacle cognitif en saisissant enfin une subtilité qui nous échappait, ou réussissons à comprendre une notion liée à un domaine du savoir, ou simplement mémorisons une connaissance, nous mettons en œuvre un processus cognitif marqué par une série d'opérations mentales. Celles-ci se réalisent par le truchement d'une communication intense avec notre intériorité, sous le contrôle d'un opérateur universel : notre subjectivité (notre moi, notre conscience même quand certaines opérations mentales se font inconsciemment[3]). Comme le disait Kant, la connaissance est tributaire d'un sujet connaissant. Car, c'est en lui et par lui qu'elle peut advenir ; d'où son caractère universel. Pour dire les choses simplement, personne ne peut apprendre (donc connaître) à notre place.

Mais, au fond, en quoi consistent ces opérations mentales ? Sont-elles le résultat d'un apprentissage ou sont-elles ataviques ? Partant, qu'est-ce que la cognition ?

Si l'on considère les choses d'un point de vue lexical, la cognition (du latin "cognoscere" = connaître) peut se résumer à la capacité du sujet à acquérir la connaissance. Il va de soi que la définition scientifique apporte plus de détails et rend davantage compte des différents régimes et modes de cette acquisition. Mais, dès lors que l'on sait que la cognition est une activité mentale, c'est cette activité, en elle-même, qui devient notre sujet de préoccupation, dans la mesure où il est question de vouloir en connaître la généalogie.

Ainsi, les fonctions mentales sollicitées durant un processus cognitif (la perception, l'attention, la mémoire, le raisonnement...) peuvent évidemment être améliorées, augmentées, aiguisées, si elles rencontrent un environnement favorable qui les stimule et les pousse à s'exercer. Il en résulte, si l'on manque de prudence et de perspicacité, que la tentation est grande de chercher à attribuer la capacité de connaître exclusivement aux sollicitations du milieu. Mais, cet entraînement des fonctions cognitives donne-t-il à coup sûr le même résultat chez tous les individus, quand bien même ils évolueraient dans un même environnement ? N'y aurait-il pas une certaine injustice naturelle entre les hommes, dans la mesure où certains vont avoir spontanément plus de facilité à se servir -à bon escient- de leur potentiel cognitif que d'autres, malgré le partage d'un contexte commun ?

Pour ne pas s'exposer à un jugement erroné, il suffit de rappeler que l'environnement scolaire est le lieu, par excellence, où les outils de la cognition sont constamment sollicités et appelés à s'exercer, et ce de manière globalement égalitaire, dans la mesure où un enseignant propose, en principe, son enseignement à tous ses élèves. De surcroit, cet aspect égalitaire se montre aussi à travers le fait que les élèves d'un établissement scolaire viennent du même milieu socio-économique, eu égard aux exigences de la carte scolaire[4]. Or, même s'il en est ainsi, qui prétendrait que cette réalité permet à tous les élèves d'apprendre de manière tout aussi égalitaire ? Le faire c'est nier les inégalités scolaires et c'est considérer l'échec à l'école comme une simple vue de l'esprit.

En d'autres mots, si l'on se refuse à admettre que c'est cette part du naturel dans la cognition qui est, en grande partie, responsable de la dissemblance des performances scolaires entre les apprenants, alors il faudrait, en son âme et conscience, nier l'existence de l'élève naturellement doué et de son corollaire, l'élève en difficulté ou en échec, et conclure -in fine- à l'idée que tous les esprits se valent puisqu'ils sont tous capables d'opérer, uniformément, une organisation rationnelle de la connaissance (i.e. la réussite dans les apprentissages). En revanche, si l'on accorde un minimum de considération au principe de réalité, comment alors éviter de se demander pourquoi certains élèves (au-delà de leur appartenance sociale) réussissent à l'école et d'autres pas ? À cet égard, voici ce qu'il nous semble possible de retenir en résumé.

Malgré la puissance de ses statistiques, l'analyse macrosociologique ne peut fournir que des tendances générales, à partir de structures massives, pour aboutir à l'observation de phénomènes globaux et abstraits qui relèvent plutôt de la corrélation ; elle ne rend pas compte des situations concrètes. En revanche, c'est l'approche microsociologique qui peut nous éclairer le mieux sur la réussite ou (l'échec) scolaire de l'élève lambda. Car, par son empirisme, se révèlent les véritables causes du phénomène. Ainsi, lorsque la faiblesse des performances des élèves est directement liée à l'impéritie de l'enseignant ou à une doctrine pédagogique institutionnalisée par les pouvoirs publics[5], malgré son caractère délétère, on a affaire à des causes exogènes. Mais, quand l'échec s'avère être lié aux aptitudes cognitives de l'élève, il devient évident de parler de causes endogènes. Pour le voir, il suffit simplement d'être animé par une dose d'honnêteté suffisante, d'expurger son jugement de l'insincérité verbale et d'oser reconnaître le réel dans toute sa factualité. En général, en dehors des convenances de circonstance, c'est quelque chose que tout le monde reconnaît en son for intérieur, mais que d'aucuns préfèrent taire derrière les oripeaux du politiquement correct.

Face à un tel constat, on peut toujours alléguer que ces aptitudes cognitives, malgré leur caractère intrinsèque, ne sont rien d'autre que le résultat d'un conditionnement culturel, lui-même engendré par le poids des conditions économiques et sociales. Seulement voilà, quand on sait que des élèves issus de milieux défavorisés parviennent à réaliser des parcours d'excellence (en décrochant les plus hautes certifications du système scolaire), n'est-il pas légitime de se demander en quoi le contexte social a-t-il directement empêché d'autres de connaître une simple réussite ?

 

De l'inné et de l'acquis

Certes, le débat entre l'inné et l'acquis paraît aujourd'hui quelque peu éculé. Et pour cause : on a peut-être fini par se rendre compte qu'il est difficile d'avoir une réponse tranchée entre les deux points de vue, tant l'intelligence humaine (i.e. la capacité d'acquérir le savoir et de l'organiser rationnellement) est une affaire complexe dont les ressorts reposent sur une combinaison de facteurs qui relèvent à la fois de la transmission atavique et des influences de l'environnement. Cela étant dit, il n'en demeure pas moins que les neurosciences ont tendance, de nos jours, à reconnaître tout de même une certaine prépondérance de l'héritage génétique dans les processus cognitifs.

Bien entendu, il ne s'agit nullement de négliger l'impact des déterminations économiques et politiques dans la séparation hiérarchisante entre les classes sociales. C’est même presque une lapalissade que de le rappeler. Mais, n'a-t-on jamais remarqué cette forte propension des individus issus des classes populaires, mais dotés de grands potentiels intellectuels, à quitter leur classe d'origine pour aller s'intégrer dans l'élite ? N'a-t-on jamais vu un roturier réussir à se muer en oligarque ? Et même ceux qui n'y parviennent pas, mais qui se sentent le potentiel pour y parvenir, ne gardent-ils pas -en général- cet objectif parmi leurs plus hautes aspirations ? Car, si leur pouvoir d'achat ne leur permet pas d'accéder à la sphère de la haute société, ils n'en partagent pas moins les valeurs et les idéaux. C'est dire que l'on a donc affaire à des individus défavorisés économiquement, mais socialement et culturellement imprégnés des mêmes valeurs que celles de la classe supérieure, compte tenu de ce hiatus qui existe entre leur condition économique et leur posture socio-culturelle.

D'où la question : qu'est-ce qui fonde réellement le concept de "classe" ? À y voir de plus près, ne réalise-t-on pas qu'en dehors du critère économique, l'aspect social et l'aspect culturel paraissent n'y jouer qu'un rôle flottant ?

Or, ce sont justement ces subtilités que ne voit pas l'analyse macrosociologique avec sa vision globalisante. En outre, l'aspect corrélatif qui caractérise les faits établis par ses conclusions, vis-à-vis de la question de la réussite (ou de l'échec) scolaire, se trouve résolument brouillé par la situation paradoxale de ces défavorisés économiquement mais privilégiés culturellement. In fine, c'est grâce à une approche microsociologique que la condition humaine ne se révèle corrélative d'un devenir scolaire que partiellement. Car, dans cette destinée, si l'impact de la condition économique est incontestable, il n'engendre pas nécessairement des valeurs et des aspirations socio-culturelles figées. Quant à la part du déterminisme génétique, elle est loin d'être négligeable.

Alors, réaffirmons-le sans ambages, pour expliquer le caractère inégalitaire des performances scolaires, le poids des déterminations sociales, économiques et culturelles est indéniable. Mais, quand on voit certains élèves échapper à ce déterminisme, la question devient : qu'est-ce qui fait que des individus résistent mieux aux effets de leur condition humaine ? N'est-ce pas justement cette donnée naturelle, ce potentiel propre à chacun, qui ferait qu'un individu parvienne à transcender les conditions de son existence, pour s'affranchir des influences de son milieu, ou -inversement- constituerait le terreau qui favorise la décadence de ses conditions socio-culturelles ? Dès lors, négliger l'importance de ces dispositions personnelles, notamment mentales, revient à considérer l'esprit comme un vulgaire matériau allègrement façonnable par le milieu et à juger la psyché comme un simple logiciel dont l'algorithme peut être facilement écrit par l'environnement social, économique et culturel ? Ou alors, ce sont peut-être ces dispositions mentales, ce mystérieux patrimoine psychique intime, ces facultés intellectuelles personnelles, qui ne sont -en réalité- le résultat d'aucun apprentissage et qui préexistent même à toute action environnementale, mais qui consistent en de simples données naturelles, qui sont -in fine- à l'origine du modelage d'une condition sociale. Eh oui, qu'est-ce qui empêcherait de comprendre que c'est probablement le patrimoine mental et les facultés intellectuelles des uns et des autres qui façonnent leur devenir économique, social, culturel, et qui déterminent une condition humaine ?

 

Conclusion

Nous voilà devant la problématique de l'œuf et de la poule. Mais, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Cette énigme a au moins l'avantage de mettre toutes les opinions à pied d'égalité. Car, s'il est finalement si difficile de savoir qui du capital intellectuel ou de la condition humaine façonne l'autre, alors il y a une formidable leçon à tirer de cette obscurité : quand l'horizon est embué d'incertitudes, il est plus sage de se garder des affirmations péremptoires.

Pour autant, cela ne doit pas empêcher d'accorder un certain intérêt aux questions qui poussent dans l'antichambre de la vérité. En voici quelques-unes, entre autres.

Lorsqu'on voit Bourdieu fustiger la légitimation par l'école de la culture des classes dominantes, doit-on attendre de celle-ci qu'elle légitime le capital culturel des classes populaires ? Est-on prêt à troquer l'héritage culturel d'un Rabelais, l'humanisme d'un Montaigne, la philosophie des Lumières, l'érudition scientifique de la révolution industrielle, le patrimoine littéraire de Stendal, Balzac, Hugo, Flaubert, Zola, Maupassant et autre Proust et tutti quanti, contre la culture de l'oralité, l'esprit du prosaïsme et la philosophie du café de commerce ? Est-ce bien raisonnable ?

Enfin, si la vertu et l'excellence nous viennent, comme le dit la parole attribuée à Aristote en épigraphe, de l'habitude d' « agir correctement », n'est-ce pas -au fond- cette salubrité de l'appareillage mental, cet outillage cognitif de bon aloi, bref ce raffinement de notre intériorité cérébrale, qui nous permet d'agir correctement ?

Tout compte fait, peut-être aussi devient-il plus acceptable de dire qu'à potentiel cognitif comparable, un enfant des classes favorisées a plus de chance de réussir qu'un enfant du peuple. Mais, tout le monde a-t-il un potentiel cognitif comparable ?

 

Par averoes

son site :

https://antipedagog.wordpress.com/2024/04/08/pourquoi-certains-eleves-reussissent-a-lecole-et-dautres-pas/

 

[1] P. Bourdieu et J.-C. Passeron, les héritiers, p. 11 (version PDF), éd. Minuit (1964).

[2] Bourdieu et Passeron, La reproduction, p. 19 (PDF), éd. Minuit (1970).

[3] S'il peut y avoir quelque processus mental qui s'active de manière inconsciente, c'est toujours par la conscience que s'opère toute activité de métacognition (réflexion sur le processus cognitif lui-même).

[4] Affectation des élèves selon leur domicile.

[5] Tous les observateurs de la chose scolaire savent qu'en plaçant l'apprenant au centre du système éducatif, la loi Jospin de 1989 avait institutionnalisé le pédagogisme (avatar idéologique du mouvement de l'Éducation nouvelle) comme doctrine pédagogique officielle. Ce n'est que sous l'ère Blanquer que celle-ci va commencer à être remise en question. Et pour cause : après avoir été à l'origine de la déliquescence du système éducatif américain dès les années 1950, ces pédagogies dites actives (que l'on rassemble parfois sous la désignation de "constructivisme", tant elles estiment que l'apprenant peut "construire" seul ses apprentissages) vont cristalliser sur elles tous les regards critiques pour les désigner comme responsables des mauvais classements des performances des élèves français dans les tests internationaux.


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54 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 13 avril 10:52

    Seigneur ! Quel gloubi-boulga !


    • Gégène Gégène 13 avril 11:01

      @Clocel

      Hé oui, c’est du brutal,
      tout le monde ne supporte pas  smiley


    • Clocel Clocel 13 avril 11:07

      @Gégène

      T’as connu une polonaise qui en prenait au petit déjeuner !? smiley


    • Sirius Brutus 13 avril 11:10

      @Gégène

      moi, je n’ai avalé que l’entâme et j’ai déjà des nausées
      j’aurais dû la recracher tout de suite
      je ne sais pas s’il vout mieux un vomitif ou du gaviscon
      ce que je crains, c’est que demain j’aie besoin de microlax !


    • Gégène Gégène 13 avril 11:12

      @Clocel

      Les polonais, c’est ceux qui cumulent les tares
      des ruskofs et celles des boches ? ben putain . . .


    • Sirius Brutus 13 avril 11:12

      @Clocel

      moi oui !
      et quand elle a plaqué Chopin, il ne s’en est jamais remis


    • amiaplacidus amiaplacidus 13 avril 14:44

      @Clocel
      On a dû arrêter d’en produire, certains se plaignaient de devenir aveugles.


    • Hector Hector 13 avril 17:29

      @Clocel
      Prés de Saïgon, aux volets rouges, chez Lulu la Nantaise. Toute une époque...
      Eh Coq Joli ! t’as pas connu ça, pas vrai ?


    • amiaplacidus amiaplacidus 13 avril 18:04

      @Hector

      À Biên Hòa pour être plus précis.

      Là où la pêche est interdite dans les rivières étangs à cause des saloperies chimiques que les USA ont laissées après la déculottée qu’ils ont reçue.
      Près de 50 ans après, les eaux sont toujours toxiques.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Bi%C3%AAn_H%C3%B2a


    • Seth 14 avril 13:59

      @Brutus

      J’ai fait comme toi. Et puis j’ai fait défiler et je suis tombé sur « causal et corrélatif », ça a été le coup de grâce.

      As tu essayé le citrate bétaïne ? T’as aussi le maalox...


    • L'apostilleur L’apostilleur 15 avril 10:36

      @Clocel
      Non obstant la démagogie pusillanime des hyperbates antagonistes la chose telle qu’elle nous apparaît devient indubitablement impalpable.




    • ilias 13 avril 16:11

      Contrairement à des avis expéditifs de certains commentateurs me paraissant avoir lu l’article sous les seules ornières idéologiques, le mien est qu’il s’agit ici d’une certaine synthèse ouverte réussie sur le sujet.


      • averoes 13 avril 16:27

        Bonjour et merci pour la finesse de votre propos.

        En effet, vous êtes, pour l’instant, le seul qui a vraiment fait un commentaire sur le sujet et rien que le sujet.


        • Seth 14 avril 14:02

          @averoes

          Les avis laudatifs sont toujours « fins » aux yeux du producteurs.

          Teste le style, il est illisible. smiley


        • averoes 14 avril 17:50

          @Seth

          Je ne sais pas pourquoi le mot « producteur » porte un « s ». Vous n’avez écrit que très peu de mots, et déjà une erreur...

          Mais bon, ce n’est pas bien grave : c’est une coquille qui arrive à tout le monde. N’est-ce pas ?

          Au fait qu’avez-vous à dire sur le sujet ? Car, quand bien même le style rédactionnel vous serait inaccessible, vous n’allez tout de même pas soutenir que le titre est lui aussi abscons ? Ne voyez-vous pas que sa clarté est éclatante ? Alors que pensez-vous de cette problématique ? Il faut bien reconnaître que votre commentaire nous laisse sur notre faim.


          Par ailleurs, s’attendre à des avis élogieux ne fait pas partie des préoccupations de l’auteur. Ce qu’il souhaite c’est un échange intelligent avec des interlocuteurs qui ont un niveau d’instruction au moins du second cycle universitaire ou, à défaut, une culture autodidacte de bon aloi.


        •  C BARRATIER C BARRATIER 13 avril 16:54

          article tres lourd et indigeste du fait qu’il est à côté de la plaque. L’enfant en classe n’ay est pas venu de son propre gré, au départ, il se trouvait bien chez lui. Surtout avec la télé.

          Il peut admirer le maître ou la maitresse en raison de sa gentillesse et de ses effets théâtraux : le maître se met en scène. Dans ce cas l’écolier enregistre le cours, cherche à faire plaisir au maître, s’applique.

          Auxiliaire du maïtre : sa méthode pédagogique. Freinet l’avait compris, et l’ICEM , (Institut coopératif de l’école moderne) fournit outils et méthodes, par exemple les « bibilothèques de travail », de petits fascicules qui permettent d’individualiser l’enseignement. A la maison, les parents qui s’intéressent à ces fascicules donnent envie à leur enfant de chercher, de comprendre.

          Pour les classes maternelles, les outils Montessori partent de la manipulation pour l’apprentissage. Un petit matériel cher qui peut être remplacé par l’enseignant par des objets plus usuels.

          L’essentiel reste l’effet d’entrainement d’un maître, d’une maitresse passionnés parleur métier. les Ecole normales qui les formaient dès la classe de seconde, et faisaient qu’en même temps qu’ils préparaient leurs bachots, ils avaient en charge des apprentissages auprès de classes de l’école dite annexe, par exemple pour l’éducation physique. Les futurs enseignants avaient l’obligation d’encadrer une colonie de vacances, moniteurs ils apprenaient sur le tas la pédagogie par la connaissance des enfants.

          Monsieur Bancel a créé les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres. Catastrophe, les universitaires n’avaient aucun contact avec des élèves, ni les futurs maîtres en formation. Bancel a cassé les Ecoles normales et flanqué l’école en l’air. Une connerie.


          • averoes 13 avril 19:19

            @C BARRATIER

            Je ne sais pas comment qualifier votre propos à part de dire qu’il est complètement décousu. Vous parlez de plusieurs choses à la fois, sans que l’on aperçoive ne serait-ce qu’un semblant de ligne directrice ou le début du commencement d’un lien logique entre les différentes digressions, où l’à-peu-près le dispute à l’inconsistance intellectuelle et à l’indigence culturelle.

            Quant à la médiocrité de votre expression (L’enfant en classe n’ay est pas venu de son propre gré, au départ, il se trouvait bien chez lui. Surtout avec la télé. (Sic)), elle suscite, si ce n’est l’hilarité, à coup sûr condescendance et commisération. Ça vous arrive de vous relire ?

            Et que dire de ce salmigondis « Auxiliaire du maïtre : sa méthode pédagogique. Freinet l’avait compris » (sic) ? Que vient faire ici Freinet et Montessori ? Les connaissez-vous réellement ? Savez-vous ce que c’est le mouvement d’Éducation nouvelle ? Connaissez-vous ses protagonistes ? Et quand bien même vous en auriez quelques approximations épistémiques, qu’est-ce qui justifie leur invocation hic et nunc ?

            Je ne sais pas quel est votre niveau d’instruction, mais -visiblement- vous avez beaucoup de chemin à parcourir. Et d’abord, prenez un peu soin de vous informer avant de débiter inepties et autres calembredaines. Il n’est pas très difficile, par exemple, de savoir que c’est L. Jospin qui a crée les IUFM, par une loi éponyme en 1989, et non M. Daniel Bancel qui n’était qu’un simple recteur. À cet égard, WIKIPEDIA vous aurait été d’un grand secours, au demeurant.

            Par conséquent, qu’avez-vous compris à ce texte ? Êtes-vous bien armé intellectuellement pour saisir sa sémantique et accéder au substrat de son contenu ?


          • ilias 13 avril 18:55

            Cet article me paraissant d’un intérêt certain pour qui veut le lire attentivement, je vais en quelque sorte en faire une initiation au moyen d’une revue synthétique des problématiques d’actualité qu’il soulève.

            Il explore la question complexe et multidimensionnelle de savoir pourquoi certains élèves réussissent à l’école tandis que d’autres éprouvent des difficultés. Il remet en question l’idée que les facteurs socio-économiques et le capital culturel sont les seuls déterminants de la réussite scolaire, affirmant que les capacités cognitives individuelles jouent également un rôle important.

            I. Les limites de l’analyse macrosociologique

            L’article critique la dépendance excessive à l’égard des études macrosociologiques, qui brossent souvent un tableau général de corrélations entre les facteurs socio-économiques déterminants et la performance scolaire. Si ces études apportent des éclairages précieux, elles ne parviennent pas à épuiser ni à saisir les nuances des expériences individuelles et l’interaction complexe des facteurs qui influencent la réussite scolaire.

            II. Le rôle de l’analyse microsociologique

            Pour mieux comprendre pourquoi certains élèves excellent et d’autres accusent du retard, l’article préconise une approche microsociologique. Cette approche se concentre sur l’examen de cas individuels et l’analyse des circonstances spécifiques qui façonnent la trajectoire scolaire d’un élève.

            III. L’importance des capacités cognitives

            L’article souligne l’importance des capacités cognitives innées dans la détermination de la réussite scolaire. Il reconnaît l’influence des facteurs environnementaux, tels que le statut socio-économique et le milieu culturel, mais soutient que ces facteurs ne dictent pas uniquement le potentiel d’un élève.

            IV. Le débat nature-culture

            L’auteur reconnaît la complexité du débat nature-culture, admettant que tant les prédispositions innées que les influences environnementales contribuent au développement intellectuel d’un individu. Il suggère que le poids relatif de chaque facteur peut varier d’un individu à l’autre.

            V. Le rôle de l’école

            L’article s’interroge sur la mesure dans laquelle les écoles peuvent s’attaquer efficacement au fossé des réussites. Il suggère que si les écoles peuvent offrir des opportunités et un soutien, elles peuvent ne pas être en mesure de compenser entièrement les disparités de capacités cognitives et de milieux socio-économiques entre les élèves.

            VI. Invitations à réfléchir sur des questions cruciales toujours pendantes

            L’article remet en question les explications simplistes uni-dimensionnelles de la réussite et de l’échec scolaires, soulignant la nécessité d’une compréhension plus nuancée qui tienne compte à la fois des facteurs individuels et sociétaux. Il encourage une exploration plus approfondie du rôle des capacités cognitives et de l’interaction entre la nature et l’éducation dans la formation des résultats scolaires.

            Il soulève des questions sur le but de l’éducation et la mesure dans laquelle les écoles peuvent, de manière réaliste, égaliser les chances des élèves issus de milieux divers.

            Il incite également à réfléchir au rôle des parents, des communautés et des structures sociétales dans les systèmes de soutien de la réussite scolaire des élèves.

            Il rappelle l’importance des différences individuelles et la nécessité d’approches personnalisées de l’éducation.

            Dans l’ensemble, l’article apporte une contribution intéressante sur les problématiques d’actualité en relation avec l’équité dans les systèmes éducatifs et les facteurs qui influencent la réussite des élèves. Il ouvre la voie à d’autres analyses approfondies de chaque problématique à part, pour éventuel complément.


            • averoes 13 avril 20:08

              @ilias
              Encore une fois, je vous remercie infiniment. Et cette fois c’est pour saluer l’effort de vulgarisation que vous avez fourni. Il a le mérite de redire en très peu de mots l’essentiel d’une réflexion de 10 pages.

              Par ailleurs, je trouve votre remarque concernant ce « pour qui veut le lire attentivement  » (sic) d’un raffinement particulièrement exquis. En effet, beaucoup de gens sont dans cet état d’esprit. En général, brillants par une capacité de lecture excédant rarement une demi-page, ils préfèrent, pour masquer leur inculture et leur indigence intellectuelle, recourir à la critique impertinente, où le hors-sujet le dispute à la médiocrité langagière, et à l’attaque ad hominem. Que voulez-vous ? Ainsi va le monde.

              Amicalement.


            • Eric F Eric F 13 avril 19:49

              L’article constitue une étude approfondie, citant ses sources et argumentant les critiques et analyses.

              La remise en cause du cliché sur l’unique déterminant social est convaincante, je retiens la phrase sur ’’la situation paradoxale de ces défavorisés économiquement mais privilégiés culturellement’’. L’environnement culturel me semble en effet prédominer sur l’aspect social. Pas forcément un entourage imprégné d’une large culture, mais intéressé pour apprendre et avec le sens de l’effort pour le faire (’’sinon instruit, du moins instruisable’’).

              J’ai toutefois achoppé sur la formulation de la toute dernière phrase : ’’un enfant des classes favorisées a plus de chance de réussir qu’un enfant du peuple. Mais, tout le monde a-t-il un potentiel cognitif comparable ?’’  ce potentiel cognitif est-il une capacité innée, ou intègre-t-il l’acquis lors de la petite enfance préscolaire ?


              • averoes 13 avril 20:17

                @Eric F
                Bonsoir et merci pour votre commentaire.
                En réponse à votre apostrophe, il n’est pas si compliqué de deviner cette propension à reconnaître la prééminence de l’inné dans cette affaire de la cognition (capacité de connaître et d’apprendre), comme le fait -au demeurant- la science elle-même. Sinon, comment expliquer la réussite scolaire de certaines élèves issus des classes populaires, malgré l’impact de leur environnement économique, social et culturel ? Enfin, il y a plus de détails dans le texte.
                Bien à vous.


              • Eric F Eric F 14 avril 09:43

                @averoes
                Merci de votre réponse. Se pourrait-il que ces capacités innés soient statistiquement plus favorables dans les milieux aisés du fait d’une forme d’agrégation, avec l’apport de ceux, issus des classes défavorisées, qui par leur capacités rejoignent ces catégories ?


              • averoes 14 avril 11:39

                @Eric F
                En toute honnêteté, je ne dispose d’aucune statistique sur la tendance relative à ces capacités en fonction du milieu socio-culturel. Au demeurant, je ne pense même pas qu’elle existe.
                Mais, si l’on se fie à l’analyse de P. Bourdieu, la classe favorisée véhicule le contenu culturel que le système scolaire rend légitime en l’institutionnalisant. Dès lors, on peut estimer (sans être franchement catégorique)

                qu’il y peut y avoir une forte corrélation entre la culture des milieux aisés et la fréquence d’un potentiel intellectuel au-dessus de la moyenne.
                Enfin, il va de soi que lorsqu’un potentiel cognitif rencontre un environnement stimulant et donc favorable, ce dernier constitue un ferment particulièrement actif et influent quant l’efficience de ces capacités naturelles. Et voilà qui finit par donner l’impression qu’un potentiel cognitif de bon aloi a plus de chance d’apparaître dans un milieu favorisé.


              • titi titi 13 avril 22:08

                @L’auteur

                "Mais, quand on voit certains élèves échapper à ce déterminisme, la question devient : qu’est-ce qui fait que des individus résistent mieux aux effets de leur condition humaine ?

                "

                Vous y êtes presque...

                Encore un petit effort...


                • La Bête du Gévaudan 13 avril 23:30

                  Léo Stauss en son temps s’est battu contre les ravages du relativisme et de la sociologie (lire par ex. « Droit naturel et histoire » qui contient une jouissive descente en flèche de la sociologie). Plus en amont, il faut lire Frédéric Bastiat, par exemple son « baccalauréat et socialisme » sidérant de clairvoyance avec 200 ans d’avance sur les ravages de la pente actuelle. Et dans un style limpide.


                  • Wladimir 14 avril 14:33

                    Il faudrait d’abord remettre en question le mythe de l’école . Au lieu de partir sur une question relativement secondaire . Le plus grand modèle humain de l’humanité a été du moins dans sa jeunesse un illettré .

                    L’école n’a donc pas pu être la préparation de son évolution .

                    D’où l’école ne serait-elle pas destructrice de certaines qualités ? Le modèle annoncé plus haut a été un modèle d’insoumission aux autorités ... L’école ne serait-elle pas avant tout une école de la soumission ? Réussir à l’école ne serait-il pas un signe de faiblesse ... réussir à l’école ne serait-il pas ne pas se soumettre au système ? Parfois , ce que l’on appelle réussite à l’école est le signe de certaines graves lacunes . Et l’individu équilibré y reste très moyen .

                    Certes , l’adulte justifie la loi avec l’école obligatoire , portant atteinte au libre-arbitre de l’individu ... même si c’est un enfant . On parle beaucoup de consentement ... mais le système est plein de contraintes où le consentement est une donnée absente ...

                    Je suis hors-sujet certes ... mais la question de base est toujours oubliée . 

                    Pourquoi certains ont-ils évolué de manière extraordinaire ? L’école ne serait-elkle pas en définitive un obstacle ?


                    • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 avril 14:44

                      @Wladimir

                      Salut, propos qui me semblent très juste...je dirais donc oui soumission et en plus : « rien à foutre des autres autour de MOA et sur la planete pour réussir.. »
                      c’est un choix , conséquences directes, guerres, vols, destructions, tortures , souffrances, terreur, peur, non sens total et bientôt le grand big badaboum, si L’Origine ne s’en mêle pas..
                      c’est du moins ma perception

                      mes salutations


                    • Wladimir 15 avril 13:22

                      @Géronimo howakhan
                      Nous avons des points de concordance sur pas mal de sujets .
                      Bonne continuation .


                    • zygzornifle zygzornifle 15 avril 09:56

                      Par contre les politiques président en tête réussissent a foutre la merde ...


                      • charlyposte charlyposte 15 avril 13:59

                        @zygzornifle
                        L’étron finira dans la seine en flottant parmi les bateaux mouches !!! smiley


                      • L'apostilleur L’apostilleur 15 avril 10:45

                        @ l’auteur 

                        « ..le système scolaire légitime la culture de la classe dominante. Et facilite la réussite des élèves issus de la classe favorisée et exerce, ipso facto, une violence symbolique sur les classes populaires.. »

                        Pas grave, les réussites de nombreuses personnalités le démontrent.

                        On peut détruire aussi le système scolaire qui exploite les classes populaires. 




                        • jymb 15 avril 13:24

                          L’essentiel est que l’accès à la culture soit universel

                          Or il y a partout des CDI et des médiathèques, des scènes locales, des festivals par centaines 

                          Sur internet, l’accès est libre et gratuit à une montagne de textes, de cours, de débats sur une infinité de thèmes, sans oublier les collections des musées 

                          Dans les boîtes à livre, les vides greniers, les sites de vente d’occasion les livres de poches sont accessibles, de rien à quelques centimes d’euro 

                          Un coup d’oeil sur Arte.tv et c’est une pluie de concerts ou d’émissions culturelles ( orientées certes, mais bon, la connaissance développe justement le sens critique )  

                          Notre époque a bien des défauts, mais pas celui de l’exclusion culturelle. Jamais la connaissance n’a été aussi facilement accessible, gratuitement ou pour quelques euros symboliques

                          Que les individus, parents ou enfants, préfèrent rester vautrés devant du foot et TikTok...tant pis pour eux. Ils ont les mêmes chances que les autres


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 13:34

                            @jymb

                            .... Ils ont les mêmes chances que les autres

                             ça dépend de qui tu parles, et de ton point de vue, et puis défini nous le mot chance dans l’histoire,car tu parles des autres que tu ne connais pas, mais pourquoi ne pas penser alors que ,peut être ont-ils la chance de ne pas voir ce que tu veux voir


                          • charlyposte charlyposte 15 avril 13:41

                            @Xenozoid
                            Je confirme smiley


                          • jymb 15 avril 14:01

                            @Xenozoid
                            Et traduit en français intelligible cette phrase sans queue ni tête a une signification ? 


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 14:23

                            @jymb

                            sans queue ni tête, mais c’est toi qui parle de la chance des autres, je te répond que tu ne les connais pas,mais que tu parle de leurs « chance »....de quelles chance tu parles ?
                             le droit a l’information ? le droit a la connaissance ? les 2 ? les 2+2 c’est ça les chances ? le droit à l’acces de quoi ?
                            de quelles chances tu parles ? celles des autres que tu ne connais pas ?.....lol


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 14:38

                            @jymb

                             même sans payer on peut pissez dans un violon


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 16:37

                            @jymb
                            et puis tu as eu beaucoup de chances, pour parler de celle des autres que tu ne connais pas


                          • jymb 15 avril 17:03

                            @Xenozoid

                            pisseR  ? 


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 17:09

                            @jymb
                             non


                          • jymb 15 avril 17:09

                            @Xenozoid
                            Nonobstant ces tirades peu compréhensibles je tente de répondre

                            L’outil « accès à la connaissance plurielle » est actuellement à portée de main de tous, même en situation de revenus très faibles. Nous ne sommes plus à la fin du 19 ème siècle quand, par exemple, seuls les jeunes aristocrates pouvaient découvrir les peintres de la renaissance en faisant le « voyage d’Italie » 

                            La volonté de s’élever, d’utiliser ses neurones, elle, est un élan personnel. Ceux qui végètent avec 200 mots de vocabulaire ont eu, et ont le choix. 


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 17:10

                            @jymb

                            je comprend


                          • xenozoid Xenozoid 15 avril 17:13

                            @yjmb
                             ...La volonté de s’élever, d’utiliser ses neurones, elle, est un élan personnel.

                             contrairement a ce qui vous à été inculqué


                          • Iris Iris 15 avril 17:19

                            @jymb
                            Même si l’outil est « gratuit », un enfant éduqué dans un ghetto de pauvre n’a pas les même chances d’en profiter, l’éducation tout ça ...


                          • charlyposte charlyposte 15 avril 13:34

                            C’est quoi la culture pour tous et toutes ???


                            • zygzornifle zygzornifle 16 avril 09:01

                              En fait un diplôme s’achète, il faut que les parents en aient les moyens, rien qu’a voir les nazes qui ont des postes importants un peu partout et les résultats obtenus ....


                              • zygzornifle zygzornifle 16 avril 09:04

                                Vous mettez un énarque a la tête d’une entreprise, il la coule en peu de temps, il pille sa trésorerie et part en plus avec un parachute doré ....

                                Vous mettez un énarque banquier spécialiste de la finance a la tête d’un pays et en peu de temps sa dette explose surtout qu’il s’entoure de plus mauvais que lui pour pouvoir passer pour bon .... 


                                • tashrin 16 avril 11:41

                                  Ce texte constitue LA réponse à la question posée en titre... Le pédagogisme pédagogique empreint d’ideologie déconnectée du réel...

                                  Tant que ca vous arrachera la bouche de reconnaitre que certains ont plus de facultés que d’autres (sans nier l’impact de l’environnement socio culturel)... Ben vous baisserez le niveau général pour conforter vos theories

                                  On serait 40 ans en arrière, je dis pas

                                  Là on a quand même un petit retour d’expé qui démontre la vacuité du raisonnement. 

                                  Au reste, d’aucuns n’hésitent même pas à lier l’échec à la complexité croissante des savoirs scolaires inhérente à l’exhaussement des différents niveaux de l’école

                                  Outre l’utilisation de termes alambiqués pour dire des choses relativement simples, je ne vois pas ce qui pourrait vous faire dire que le niveau a été « exhaussé »


                                  • averoes 16 avril 12:20

                                    @tashrin

                                    Visiblement, vous n’avez pas compris le sens de la phrase, en raison du fait que des mots comme « d’aucuns », « exhaussement » et « inhérente » ne font pas partie de votre capital lexical.

                                    À cet égard, l’on se demande comment vous faites pour juger ce que vous ne comprenez pas.

                                    Mais, vous avez raison de parler de termes alambiqués et de vous abstenir de consulter un dictionnaire. À quoi bon ? De toute façon, pour satisfaire votre pitance intellectuelle, je vais de ce pas plaider auprès de l’académie française la conjurant de supprimer tous les mots alambiqués de tous les dictionnaires. Ce langage ne sert à rien, in fine, à part importuner le vulgum pecus (pardon, je veux dire l’homme ordinaire) dans sa quiétude mentale et dans le confort de sa simplicité.

                                    La phrase dit que pour certains chercheurs, c’est l’organisation de l’enseignement selon différents niveaux (primaire, secondaire, etc.) qui engendre la difficulté scolaire. Plus on grimpe dans les niveaux de scolarité plus l’apprentissage devient difficile (le programme de la terminale est plus difficile que celui de la dernière année du collège, le collège plus compliqué que l’enseignement élémentaire, etc.).

                                    Ça vous va maintenant comme platitude de l’expression, puisque vous avez l’air de ne pas supporter un langage universitaire ?


                                  • tashrin 16 avril 12:35

                                    @averoes
                                    Belle demonstration par l’exemple
                                    Passer pour un abruti aux yeux d’un con fini est un plaisir de fin gourmet, merci
                                    Contrairement à ce que vous avez l’air de penser, j’ai parfaitement compris votre gloubiboulga et n’ai certainement pas besoin de votre pitié lexicale... A la vacuité du raisonnement sur le fond, vous ajoutez un pédantisme, une condescendance et une pseudo superiorité intellectuelle qui non seulement ne vous honorent pas, mais confirment ce que je disais : vous vous masturbez en vous écoutant parler... de ce que vous ne connaissez pas le moins du monde : le réel. Parce que sur le fond, vous ne dites rien. 

                                    Restez dans votre petit delire universitaire, renoncez à observer autour de vous les résultats fumeux de vos élucubrations autosatisfaites, et continuez à prendre tous les autres pour des demeurés... Vous avez probablement raison
                                    Mdr...


                                  • Brunehaut 16 avril 12:03

                                    Peut-être pourrait-on demander leur avis aux gens de métier, vous savez, ces enseignants qui ont les mains dans le cambouis mais, certainement, ne comprennent rien à rien. D’ailleurs, trop de bonnes femmes ...

                                    Vous savez à quoi me font penser les sociologues de l’éducation et autres spécialistes des sciences éduc ? A ces brillants généraux qui, pendant le premier conflit mondial, sans avoir jamais risqué leur peau, prétendaient expliquer la guerre à ceux qui la faisaient et qui, pour le malheur de tous, en définissaient la stratégie !

                                    Mais je vous laisse entre gens de bonne compagnie...


                                    • averoes 16 avril 12:18

                                      Visiblement, vous n’avez pas compris le sens de la phrase, en raison du fait que des mots comme « d’aucuns », « exhaussement » et « inhérente » ne font pas partie de votre capital lexical.

                                      À cet égard, l’on se demande comment vous faites pour juger ce que vous ne comprenez pas.

                                      Mais, vous avez raison de parler de termes alambiqués et de vous abstenir de consulter un dictionnaire. À quoi bon ? De toute façon, pour satisfaire votre pitance intellectuelle, je vais de ce pas plaider auprès de l’académie française la conjurant de supprimer tous les mots alambiqués de tous les dictionnaires. Ce langage ne sert à rien, in fine, à part importuner le vulgum pecus (pardon, je veux dire l’homme ordinaire) dans sa quiétude mentale et dans le confort de sa simplicité.

                                      La phrase dit que pour certains chercheurs, c’est l’organisation de l’enseignement selon différents niveaux (primaire, secondaire, etc.) qui engendre la difficulté scolaire. Plus on grimpe dans les niveaux de scolarité plus l’apprentissage devient difficile (le programme de la terminale est plus difficile que celui de la dernière année du collège, le collège plus compliqué que l’enseignement élémentaire, etc.).

                                      Ça vous va maintenant comme platitude de l’expression, puisque vous avez l’air de ne pas supporter un langage universitaire ?


                                      • tashrin 16 avril 12:38

                                        @averoes
                                        Comme quoi on peut etre un universitaire teeeeeellement doué qu’on n’est pas foutu de trouver le bouton répondre... La vie est mal faite hein
                                        Mdr


                                      • averoes 16 avril 12:48

                                        @tashrin
                                        Accrochez-vous à ce que vous pouvez trouver pour avoir le dernier mot.
                                        Si c’est cela votre préoccupation intellectuelle, alors soyez rassuré, car je vous laisse non seulement le dernier mot, mais aussi le pénultième et l’antépénultième. Vous êtes royalement comblé là ... !

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