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Accueil du site > Tribune Libre > Du principe de précaution au principe d’attrition, ou du risque subi (...)

Du principe de précaution au principe d’attrition, ou du risque subi au risque choisi

L’application du principe d’attrition permettrait de rééquilibrer le principe de précaution, dévoyé de ses objectifs premiers, en proposant un principe de liberté contrôlée et raisonnée.
 
« L’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économiquement acceptable. ». Tout le monde a entendu parler du principe de précaution[1] au nom duquel décideurs et hommes politiques ont, ces dernières années, pris des décisions graves à la hâte, au motif qu’un danger extrême, mais supposé, allait peut-être causer des dommages irréversibles à la société. On a vu ainsi les grands de ce monde faire preuve d’une prudence exagérée en imposant des mesures, normes, ou lois internationales, solutions urgentes,… pour contrer des menaces potentielles[2] qui se sont finalement révélées non fondées ou exagérées. Céder à la panique sous prétexte que le pire peut advenir est devenu un réflexe de plus en plus naturel... mais le pire n’est jamais sûr !
 
Quelques cas d’école illustrent parfaitement cette tendance inquiétante, pour ne pas dire cette dérive, qui consiste à entretenir dans la population un sentiment d’insécurité, voire d’anxiété ou de peur.
 
Dans son remarquable article[3] « La religion de la catastrophe », le biologiste et philosophe Henri Atlan reconnaît que « l’expertise scientifique en situation d’incertitude est difficile. Peu d’experts ont le courage d’annoncer qu’ils ne peuvent pas répondre à la demande même en probabilité. (…) Aujourd’hui, les experts préfèrent de loin être prophètes de malheur ; comme l’avait bien compris le prophète Jérémie, on risque moins à annoncer une catastrophe qu’une bonne chose car en cas d’erreur on pourra toujours arguer de ce que la catastrophe a été évitée grâce à ceux qui l’avaient annoncée. Le principe de précaution étant passé par là, émettre des doutes sur la catastrophe annoncée est déjà dangereux pour les experts de qui on attend certitudes et recommandations fermes. ». En effet, comment peut-on raisonnablement et dans le souci de préserver l’humanité « prévenir des risques globaux incertains par des mesures globales à l’efficacité tout aussi incertaine », pour citer à nouveau Henri Atlan ?
 
Ces dernières années, les décisions prises dans le cadre de l’affaire du sang contaminé, de la maladie de la « vache folle », des présumées pandémies mondiales de grippe aviaire ou, plus proches de nous, de la grippe A(H1N1), des mesures de prudence prises lors du l’éruption du volcan Eyjafjöll, ou les propositions radicales anti-réchauffement climatique,… ont démontré à quel point le recours systématique au principe de précaution pouvait conduire à des voies sans issue, voire à des situations absurdes. Quand le principe de précaution est appliqué à tort et à travers, il est un frein au progrès parce qu’il n’y a pas de progrès possible sans prise de risque. Toute la difficulté consiste alors à évaluer au mieux ce risque, c’est-à-dire de manière rationnelle et raisonnable de façon à ce qu’il ne nuise ni à l’esprit d’initiative, ni à l’innovation, garants du progrès technologique et du développement économique.
 
Le risque zéro[4] n’existe pas. Simplement parce que vivre exige de prendre des responsabilités, de faire des choix face à des dangers potentiels connus ou inconnus, prévisibles ou imprévisibles. Cela implique l’acceptation préalable de la perte irréversible de choses ou de personnes. C’est ce que l’on appelle « le taux d’attrition ». L’attrition, c’est le taux acceptable de pertes, qu’il s’agisse de pertes matérielles (objets, équipements, meubles, animaux, immeubles, ressources naturelles, revenus, etc), immatérielles, (liberté, clients, relations, pouvoir, langue, croyances, nation, convictions, illusions, etc) et humaines (individus). En langage militaire, on parle de stratégie d’attrition. La bataille de Verdun[5] reste l’exemple le plus connu de sa mise en œuvre. Le sacrifice de soldats expérimentés a été considéré et accepté en fonction d’enjeux supérieurs, et de la nécessité de victoire. Cette stratégie s’applique aussi au monde de l’entreprise. On parle d’attrition des effectifs du personnel (démission, retraite, décès,…) ou du pourcentage de clients perdus (l’informatique décisionnelle permet aux entreprises d’analyser les facteurs déterminants susceptibles de déclencher « l’infidélité » de leurs clients. Dans le domaine théologique [6], l’attrition traduit le regret d’avoir offensé Dieu par crainte de son châtiment et des tourments de l’enfer. A ne pas confondre avec la contrition qui est le regret d’avoir offensé Dieu en ayant commis un péché.
 
Nous appliquons tous des stratégies d’attrition. Par exemple, quand on décide de fumer, de s’enivrer, de manger mal ou trop, d’avoir des relations sexuelles non protégées avec des inconnus, de conduire trop vite, de pratiquer un sport extrême… Bref, de jouer avec le feu quand notre plaisir ou la sensation de liberté sont si forts qu’ils peuvent exposer notre vie ou, pire, celles des autres.
 
Principe de précaution et stratégie d’attrition se fondent chacun sur la prudence, la prévention, la précaution. Dans le principe de précaution, la prudence vise les risques avérés, ceux dont l’existence est démontrée ou suffisamment connue empiriquement pour que l’on puisse en estimer la fréquence d’occurrence (conséquences de l’amiante, roulette russe…). La prévention également, mais sans pouvoir estimer la fréquence d’occurrence (le risque nucléaire, par exemple) : l’incertitude ne porte pas sur le risque, mais sur sa réalisation. Enfin, la précaution vise les risques probables non encore confirmés scientifiquement, mais dont la possibilité peut être identifiée à partir de connaissances empiriques et scientifiques (OGM, ondes électromagnétiques, biologie de synthèse,…).
 
A la différence du principe de précaution, la stratégie d’attrition concerne des choix individuels qui, coordonnés et synchronisés, peuvent devenir collectifs. La décision de tout arrêter ne vient pas du haut de la hiérarchie. Dans la mesure où prendre des risques individuels peut mettre en péril la sécurité des autres, on pourrait penser que c’est la fonction régalienne de l’Etat de décourager les « risque-tout » et de protéger les citoyens parfois « malgré » eux. Pourtant, l’accès à l’information et le développement des sociétés de la connaissance devraient contribuer à rendre les gens plus responsables en leur permettant de prendre leur vie en mains. On sait que le risque zéro n’existe pas et qu’on peut « y rester ». On fait donc un choix en connaissance de cause, en fonction de sa propre connaissance des moyens d’évitement du danger. Et si on ne réussit pas à l’éviter, tant pis ! Mektoub ! (C’est ton destin !).
 
De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les dérives de l’application du principe de précaution. Un principe qui a conduit à la fermeture du ciel européen en avril dernier à cause des panaches de fumée volcanique de l’Eyjafjöll. S’il est toujours facile, après coup, de dénoncer cet excès de précaution, combien de voyageurs ou de compagnies aériennes auraient accepté, en connaissance de cause (le risque est toujours possible) de braver les conseils de prudence au détriment de leur sécurité ou de leurs intérêts ? Selon le principe d’attrition, les compagnies ou les personnes qui estiment leur travail ou leurs vacances prioritaires devraient donc être prêtes à accepter un certain risque.
 
Les pouvoirs publics français et européens ont-ils adopté des « mesures proportionnées » contre le danger supposé ? Sans doute, dans un premier temps. La réponse est moins évidente ensuite. Dans le cas de la grippe A(H1N1), comme dans celui du nuage volcanique, on a tout simplement oublié de tenir compte ou même de mesurer la réalité effective du danger et de responsabiliser les gens et les industriels.
 
Les drames sanitaires ou environnementaux qui ont éclaté depuis une vingtaine d’années (Tchernobyl, le sang contaminé, l’amiante, la vache folle, la canicule de 2003,...) ont amplement démontré que les obligations de protection des citoyens ne résistent pas toujours à la logique du profit. Le principe de précaution ne doit pas, pour autant, être précédé ou dominé par un principe de suspicion et d’anxiété sauf à admettre une société craintive, affolée par la moindre innovation scientifique, minée par le sentiment de vulnérabilité, obsédée par le risque zéro, bref, une société en régression.
 
Le principe de précaution va trop loin : les politiques craignent la sanction populaire s’ils ne prennent pas les mesures adéquates et pèchent par excès de prudence, de prévention. Certains politiques choisiraient-ils aussi de « créer » ou d’utiliser les peurs pour se faire élire, sous la promesse : « Je vous protègerai ! » face à tous les grandes menaces du siècle (insécurité, terrorisme, CO2, violence à l’école, chômage, santé, automobile, sida, etc.) ? L’application systématique du principe de précaution par les décideurs politiques conduit à une société de peur, de méfiance, de non-solidarité, d’égoïsme. Face aux dangers permanents qui nous guettent, il ne reste donc que la religion (…et que Dieu nous protège !), les multiples assurances (sécurité sociale, assurance maladie, chômage, assurances « tous risques », assurance « père de famille », assurance du vol de portable ou de bris de machine, etc.). Assuré « tous risques » (santé, maison, chômage, auto,...) pourquoi me préoccuperais-je des autres ?
 
Selon le philosophe Dominique Lecourt, deux conceptions de l’Homme s’opposent, d’où la passion toujours prête à ressurgir. D’un côté, la conception moderne de l’explorateur de l’inconnu qui voit dans l’audace et le goût du risque, dans l’attrition, le trait le plus précieux de la condition humaine, par définition aventureuse. De l’autre, la conception de l’homme précautionneux, être de désillusion qui ne pense la responsabilité qu’en termes de culpabilité et qui cherche non à imaginer notre avenir mais à le maîtriser, comme s’il devait être un simple prolongement du présent.
 
Appliquer le principe d’attrition, c’est pouvoir accepter le risque que des avions puissent voler et donc que le risque d’en perdre n’est pas inacceptable. Un choix qui se justifie par l’acceptation de la réalité naturelle de l’imperfection des choses et/ou de la convenance de l’impossibilité naturelle de maîtriser le hasard. La vie, quoi… Cette prise de conscience, cette acceptation de l’imprévisible (ou de l’imprédictible) libérerait la société d’une anxiété aussi prégnante qu’irrationnelle. Cela permettrait aussi d’évoluer vers une société plus ouverte, moins égoïste, plus altruiste (au sens de l’« altruisme réciproque » défini par Robert Axelrod[7]), plus empathique, plus solidaire, puisqu’on se préoccuperait aussi des risques pris par les autres.
 
Nombreux sont ceux qui cherchent à trouver le moyen d’atténuer l’effet du principe de précaution. Un débat public sur ce sujet serait bienvenu parce que, si le principe de précaution est appliqué sans retenue, il nous mène tout droit vers une société impossible à vivre et certainement régressive.
 
Attrition et précaution ne sont pas opposés, mais complémentaires. C’est pourquoi il me semble que créer les conditions de cette complémentarité entre « précaution » et « attrition » serait fondamental pour aider à réorganiser la société autour de la responsabilisation devant le danger, à promouvoir l’empathie, l’altruisme et la solidarité. Il faut remettre « la vie » dans tout çà... et accepter la nature telle qu’elle est et non telle qu’on voudrait qu’elle soit. L’application du principe d’attrition permettrait de rééquilibrer le principe de précaution en proposant un principe de liberté contrôlée et raisonnée qui permettrait de décider comment gérer ses risques sans mettre en danger la vie d’autrui.
 


[1] Définition du principe de précaution, loi Barnier de 1995.

[2] La santé et l’environnement sont particulièrement visés par l’application de ce principe.

[4] Le risque zéro est une notion décrite par le philosophe allemand disciple de Heidegger, Hans Jonas,dans son livre Le principe Responsabilité (édition originale 1979, traduction française en 1990). Hans Jonas est la « référence majeure des courants écologistes et plus généralement de tous ceux qui appellent à la méfiance systématique et au combat contre les tendances de la société moderne qu’ils voient soumise à la toute puissance de la technique. ». Source : http://pagesperso-orange.fr/denis.collin/jonas.htm

[5] Atteindre la cote 750 (un fort à conquérir) coûtera 1285 morts…

[6] L’Église catholique établit deux degrés dans le remords : l’un, qu’elle appelle la contrition, (d’où l’acte de contrition) est le regret d’avoir péché, fondé sur la douleur d’avoir offensé Dieu. L’autre qu’elle appelle attrition, est le regret d’avoir péché, fondé sur la crainte des peines de l’enfer. Mais on peut éviter l’enfer grâce au principe de précaution : comme on ne peut pas prouver que Dieu n’existe pas et, selon le pari de Pascal, par précaution il faut donc en déduire qu’il existe !
 
[7] Cf. « L’altruisme peut-il survivre dans un monde dominé par l’égoïsme ?  » (Les Di@logues Stratégiques, juin 2009).

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32 réactions à cet article    


  • bretagne 6 juillet 2010 10:54

    autre exemple de principe de precaution aboutissant à des extrrémes et des injustices flagrantes ( typiquement : riverains expropriés ou à qui l’on impose des travaux lourds à leurs frais , en raison d’un risque généré par quelqu’un d’autre - un industriel- et qui a été jugé insuffisant pour prendre des précautions particuliéres lors de la construction des maisons - les permis de construire ont été sollicités auprés de l’administration et accordés par celle-ci ) . Et quand je dis riverains ... pour certains d’entre eux , l’industrie en question est à plus d’un kilométre , non visible de chez eux ( forét ) , voire abritée derriére un obstacle naturel ( colline , massif rocheux ) . Il s’agit de la loi sur les Plans de Prévention de Risques Technologiques ( PPRT ) , qui portera d’ici 2012 sur 600 sites en France .
    J’oubliais : c’est une loi venant de Roselyne Bachelot ( encore elle ). 


    • cmoy patou 6 juillet 2010 11:27

      Bonjour a l’auteur, merci pour cet article qui m’interpelle sur ces sujets.

      Risques subis :

       Au cas ou nous l’aurions oublié, gardons que l’argent est ici le seul but de la « recherche », à égalité avec l’attrait du Pouvoir s’agissant des recherches nucléaires passées, longtemps maintenues sous le sceau du Secret Défense. De la téléréalité à la réalité sur le Passé, l’être humain demeure le cobaye permanent de la grande et de la petite Histoire.
      http://life-in-the-dead.over-blog.com/article-en-preparation-45670649.html

      Ce début d’année voit donc la France marquée par un scandale d’Etat, celui des cobayes humains du nucléaire dans les années soixante. Il s’agissait d’étudier les effets physiologiques et psychologiques induits par une exposition aux irradiations atomiques.

      http://life-in-the-dead.over-blog.com/article-reggane-52585907.html

      Comment ne pas avoir de la rancoeur et le mot est faible quand en plus de çà on vous tue un enfant en nommant cet acte « hommicide involontaire » ? et que l’on fait croire au bon peuple que les auteurs seront jugés et punis ! Utopie !


      • paul mohad dhib 6 juillet 2010 11:34

        les morts a Verdun vont être content de savoir qu’ils ont été victimes du principe d’attrition,impliquant un taux de pertes acceptables....ceux morts au travail également..
        je regarde en ce moment mon dernier fils , il a 6 ans ,va t’il être victime du « principe d’attrition »
        en recherchant d’autres articles de Joël de rosnay, j’y ai trouve un article a la gloire de jacques attali,livre a la gloire du marche libre et non fausse...
        ces gens sans compassion,sans empathie, voient le monde au travers de leur maladie mentale de domination absolue, tout ca pour une grande maison ,des voitures etc ca fait ouf non ?, je lisais hier sur le site 7duquebec, un article sur la pathologie lourde des gens de pouvoir, environ 6 % des humains, a ce jours je pense que beaucoup sont dans les hautes sphères du pouvoir
        les auteurs ici avancent caches, de vrais sous marin, des moralisateurs du capitalisme ,qu’ils veulent accentuer...
        pourquoi avance caché ? la réponse est dans la question...
        pourquoi se cacher derrière des mots et des concepts qui ont l’air compliques, mais qui sont aussi simples et vieux que l’humain sapiens, ? moi vouloir toi travailler comme je veux et moi vouloir tout.................


        • Walden Walden 6 juillet 2010 14:07

          J’abonde dans votre sens.
          Défini ainsi : « L’attrition, c’est le taux acceptable de pertes, qu’il s’agisse de pertes matérielles (...), immatérielles (...) et humaines (individus). En langage militaire, on parle de stratégie d’attrition [...] Cette stratégie s’applique aussi au monde de l’entreprise. On parle d’attrition des effectifs du personnel (...) », cela semble relever du pur concept technocratique considérant l’humain comme un matériau quantifiable, voire subsidiaire au regard d’objectifs censément plus élevés. Tel est le langage fleuri des décideurs cyniques qui considèrent comme mineur le risque humain au regard des enjeux financiers.

          Ce qu’il faut déplorer du principe de précaution, c’est qu’on l’invoque dans certains cas comme parapluie bureaucratique (sous la pression de certains lobbies intéressés, cf. les laboratoires Vs H1N1), mais que (sous la pression d’autres lobbies intéressés), on ne l’applique guère lorsqu’il faudrait, à savoir pour s’assurer que toute entreprise privée soit soumise à garantir préalablement la relative innocuité de ses interventions mettant en jeu l’intérêt général : ainsi de la diffusion des OGM comme des nanotechnologies, du développement des industries nucléaire et pétrolière...


        • paul mohad dhib 6 juillet 2010 15:40

          Salut Walden,
          merci de votre mot...
          salutations amicales....par les temps qui courrent c’est encore gratuit et donc bon a prendre..


        • ZEN ZEN 6 juillet 2010 11:39

          Ce papier intéressant mériterait un long débat en profondeur
          Quelques modestes remarques :
          Certes, le principe de précaution, issu en droite ligne de la pensée de H.Jonas (Le principe responsabilité), doit être appliqué avec raison, mais la raison a rarement toutes les cartes en main, faute de connaissances suffisantes (souvent provisoires toujours partielles).
          Quelles recherches publiques et indépendantes fait -on autour des risques potentiels de l’usage généralisé des futures technologies nanotechnologiques ? du stockage des résidus nucléaires ?, etc...
          On mesure mieux aujourd’hui les dégâts d’une agriculture ultra-productiviste vouée à l’agrobusiness, qui paraissait naguère le sommet de la gestion rationnelle de la terre.
          La peur, alimentée par un recherche plus poussée,dans certains cas, peut être le début de la sagesse
          Il ne faudait pas jeter ce principe avec l’eau du bain, car on sait au nom de quels intérêts cela peut être fait . Voir l’ opposition des pétroliers autour de Reagan et Busch à toute raison écologique et leur recherche d’intérêts à court terme (Drill baby !, encourageait Sarah Palin...)
          Que constate-t-on au golfe du Mexique :Une pollution longtemps sous-estimée(sans doute l’équivalent d’un Exxon Valdez par semaine), des dégâts  minimisés par la Compagnie _ :"L’impact environnemental de la marée noire sera « très modeste » selon le patron de BP_,


          • marie 6 juillet 2010 12:30

            Mais oui ! soyons précautionneux avec la « précaution » et ayons plus de je ne sais quoi d’autre la tristion ? (Victor Hugo, au secours) : Patience dans 50 à 100 ans si on continue ainsi on aura éradiqué pas mal de créatures !
            Mais pas grave ! MAGIE ! dans le secret des labos, nos scientifiques nous concoctent l’homme parfait de demain (transhumains), des graines en plastiques, des champs stériles ogmisés, des piossons ogmisés itou..et des zanimos en poil de cul synthétique !
            wouah Magie ! n’ayez pas peur ! vous étes sur l’autoroute bétonnée du progrés et si vous avez la nausée : prenez des cachets concotés par les labos : lexomils, etc..

            Dans ce long texte : pas UN MOT UNE ALLUSION aux autres créatures qui peuplent la terre en notre compagnie et qui sont la proie de notre brutalité. ; ah, mais attention : c’est que c’est pour la science.

            Alors oui , soyons décomplexés, c’est à la mode et prenons exemple sur les tecnoscientifios de BP : le principe de précaution ils ont pissé dessus ! eh oui ! EH oui ! ON est MODERNES ou on ne l’est pas ! résultat : des milliers de créatures suffoquent au moment même ou j’écris ce texte..ouais : elles et leurs progénitures...dans le golfe du MEXIQUE
            et çà c’est beau, c’est libre, c’est grand, c’est cela aller vers le futur ! on va quand meme pas ’s’embarrasser d’ELLES (les bêtes)...et d’abord combien çà coute ? c’est syndiqué ?

            les associations d’écolos ont fait un recours en justice pour que les types de BP ne foutent pas le feu sur les rivages ,histoire d’éviter aux tortues le doux sort de bruler vives en plus !

            il a fallu un recours en justice pour çà ! Cons d’écolos !

            cette zone sera bientôt morte ! Heil ! HEIL ! HEIL ! A bas le principe de précaution .

            (ya aussi le big Claude Joyeux..qui plaide pour çà en ce moment)



            • Julien Julien 6 juillet 2010 13:01

              Tout à fait d’accord, Marie.


              Dans l’article, j’ai été marqué par la phrase suivante :

              « L’attrition, c’est le taux acceptable de pertes, qu’il s’agisse de pertes matérielles (objets, équipements, meubles, animaux, immeubles, ressources naturelles, revenus, etc), immatérielles, (liberté, clients, relations, pouvoir, langue, croyances, nation, convictions, illusions, etc) et humaines (individus). »

              Moi j’aurais plutôt écrit :

              « L’attrition, c’est le taux acceptable de pertes, qu’il s’agisse de pertes matérielles (objets, équipements, meubles, immeubles, ressources naturelles, revenus, etc), immatérielles, (liberté, clients, relations, pouvoir, langue, croyances, nation, convictions, illusions, etc) et animales (individus humains, animaux). »

              Il faut arrêter de croire que nous sommes seuls sur la Terre. Nous sommes des animaux évolués (plus de principes que les autres animaux), mais extrêmement dangereux, puisque nous avons déjà exterminé nombre d’espèces avec nos technologies.

              Les personnes qui ont écrit cet article ne pensent qu’au fric (combien ça coûte ?), alors que dans un futur pas si lointain, celui-ci perdra tout son sens.

              Quelques pistes de réflexion captivantes :

              mms ://a988.v101995.c10199.e.vm.akamaistream.net/7/988/10199/3f97c7e6/ftvig rp.download.akamai.com/10199/cappuccino/production/publication/France_ 3/Autre/2010/S26/139632_pac_20100628.wmv
              (à ouvrir par exemple avec VLC, sinon l’adresse HTML est : http://programmes.france3.fr/pieces-a-conviction/ )


              Il faut élargir notre conscience, et arrêter de croire que nous sommes au centre de l’univers.

            • ZEN ZEN 6 juillet 2010 13:24

              Marie, bonjour
              Je constate aussi que ce fameux principe de précaution est « allégrement » (sans jeu de mot) critiqué de nos jours, car il constitue pour certains intérêts qui nous gouvernent un frein à leur expansion sans limite et leurs profits à court-terme , sans considération des conséquences à long terme.
              Un principe bafoué ou instrumentalisé, qui ne doit pas être interprété comme un dogme, mais comme une norme de sagesse collective, qui ne doit pas être réservée (seulement) aux experts, dont on connaît leur implication fréquente, directe ou indirecte, dans des intérêts qui souvent les dépassent, quand ils n’en sont pas les fidèles serviteurs)
              Il me semble que l’article, assez ambigü en ce sens
              Pour avoir lu quelques livres de J.de Rosnay, je pense qu’il est un zêlateur d’un « progrès » assez naïvement envisagé, un admirateur sans réserve des nouvelles technologies quelles qu’elles soient,bien avant d’être responsable de la Cité des sciences
              A lui de répondre...


            • colza 11 juillet 2010 08:08

              Au moins en France, tant que le recours collectif n’est pas légalisé, la discussion sur le principe d’attrition est sans objet.


            • Julien Julien 6 juillet 2010 12:51

              Le principe d’attrition, OK, si le risque encouru n’affecte que la personne ou le groupe qui décide d’accepter ce risque, et personne d’autre.


              Par exemple, si je décide de faire une cyclosportive sans payer l’assurance, cela signifie qu’en cas de chute, je ne pourrai m’en prendre qu’à moi, et je devrai payer de ma poche les dommages sur le vélo ou mon corps. Cela pose au passage le problème de la prise en charge par le système de santé publique : dans ce cas, est-ce que c’est à moi de payer l’intégralité de la prise en charge ? A priori oui. Et si je n’ai pas l’argent nécessaire, on fait comment ? Difficile question. Par ailleurs, puisque c’est le système de santé publique qui soigne, et pas les assurances privées, pourquoi a-t-on besoin d’assurances privées pour faire fonctionner ce système ? L’argent de l’assurance en question devrait tomber directement dans les finances du système de santé publique. Cela éviterait d’ailleurs qu’un tas d’individus s’engraissent honteusement au passage.
              En réalité, mon exemple pose encore plus de questions : si je dois payer une assurance pour prendre en charge mon hospitalisation en cas de chute, alors il va falloir payer à chaque fois qu’on fait quelque chose de risqué : une assurance pour mes allées et venues au jardin (je risque la crise cardiaque dans la montée, sûrement plus que devant la TV), une assurance quand je vais faire les courses, etc. Et est-ce que l’effort physique pour descendre le jardin ne sera pas bénéfique par ailleurs, diminuant mes risques de problème cardiovasculaire ? On peut en débattre à l’infini, c’est indécidable. Je suis alors tenté d’évoquer un principe de SIMPLICITE, qui amène à une prise en charge gratuite par le système de santé, pour tout le monde, quelle que soit la circonstance. Lorsque l’argent aura perdu son sens (dans une réelle société de l’abondance, due à des découvertes scientifiques qui restent à faire), l’apparente inégalité entre cotisations et traitement perdra de sa signification, et alors le système sera parfait.

              Autre exemple, les éleveurs qui bourrent les bêtes d’antibiotiques, voire d’hormones de croissance (aux USA) pour gagner plus d’argent, mettent en péril la vie d’autrui, mais seulement a priori, car il est parfois difficile de le prouver quantitativement (bien que je n’en doute pas un seul instant). On arrive donc au fait qu’il est difficile de départager l’attrition mettant en péril soi-même ou les autres. On arrive alors au principe de BON SENS, ou SENS COMMUN, visant à l’intérêt général : la plupart des gens préfèrent manger du boeuf sans antibiotiques et sans hormones de croissance (n’importe quel sondage le montrerait). Les éleveurs doivent donc arrêter tout de suite cette pratique scandaleuse.

              Julien

              • finael finael 6 juillet 2010 14:24

                Le mot « attrition » est principalement du domaine militaire. Il désigne l’usure du matériel comme du matériel humain (pertes au combat, pannes, blessure, ...) mais en aucun cas l’usure « acceptable » !

                Comme Paul Mohad Dhib l’a fait remarquer la « guerre d’attrition » qui s’est menée à Verdun comme dans bien d’autres batailles est synonyme de « sanglante ».

                La réaction a été, après la « der des der », « plus jamais ça » !

                Donc le mot est très mal choisi.

                Par contre s’interroger sur l’emploi irrationnel du principe de précaution me paraît salutaire.

                Prenons un exemple : le D.D.T, employé massivement dans les années 50 - 60 pour éradiquer les maladies transmises par les insectes qui décimaient la population. Ils furent l’une des premières préoccupation écologique : leur emploi massif a eu nombre d’effets indésirables sur la faune, et même sur les gens. Il fut donc interdit.

                Mais on a oublié au passage les centaines de millions de vies sauvées (y compris chez les animaux) grâce à son emploi et aujourd’hui on voit réapparaître des maladies qu’on croyait plus ou moins éradiquées : paludisme, fièvres diverses.

                Croire qu’on fait tout parfaitement « du premier coup » et qu’au contact du réel on en arrive à « ne faisons rien », de même que « déifier » la nature, très capable de détruire flore, faune, ... ne me paraît pas raisonnable.

                Ma position est : « il faut de la mesure en toutes choses ». L’expérience ne doit pas nous faire jeter le bébé avec l’eau du bain et abandonner toute recherche, tout progrès. Elle nous conduit à apprendre, à perfectionner.


                • Lisa SION 2 Lisa SION 2 6 juillet 2010 14:26

                  bonjour à vous,

                  qu’elle est impressionnante cette illustration de l’homme franchissant les xx mètres qui séparaient le sommet des deux tours aujourd’hui disparues...c’est émouvant.

                  « Principe de précaution et stratégie d’attrition se fondent chacun sur la prudence, la prévention » La façon dont sont abordés les réformes dont particulièrement celle de la retraite est nettement factrice de paranoïa généralisée. Seule la lecture des médias libres laissent entrevoir les solutions à la crise, et le fait de les entendre sur les médias subventionnés rassure ceux qui les lisent, et déclare d’abord qu’elles existent et qu’elles sont d’obédience populaire, ce qui est nouveau. Pour critiquer un critique, des solutions, la critique sur la personne, le nihilisme pur et sans arguments, et la métaphore suivie de proposition. C’est ainsi que se distinguent ceux qui ferment les portes et ceux qui les ouvrent. Ce qui les différencient est la position que chacun occupe par rapport à cette porte, le nombre de verrous et de poignées, et son sens d’ouverture. La solution pourrait être une porte coulissante. Un peu comme le manche d’une guitare qui autorise 4800 accords, bien sûr, en ajoutant une corde avec une note, l’on multiplie le nombre de possibilités par sept, mais il est néanmoins nécessaire que tous soient accordés. Mais pour tous ceux qui ne manipulent que vingt accords, que leur importe l’apport de nouveaux puisqu’ils n’utilisent même pas les anciens ? Personnellement, je suis capable de jouer et d’accompagner n’importe quel répertoire classique dans le bas du manche sans jamais remonter jusqu’à plus de la quinte. En n’utilisant que la partie basse, je me présente comme celui qui exploite au plus serré l’éventail des possibilités de choix. L’intérêt est d’élargir le champs du savoir et des paroles consacrées, enrichir le débat d’idées nouvelles et de solutions utiles, ce que vous faites avec la définition d’un nouveau mot, l’attrition. Étymologiquement, cela ne constituerait il pas l’acte de rejeter ou projeter sa propre addiction sur l’autre ou autrui ? 
                   


                  • Surya Surya 6 juillet 2010 14:52

                    Le titre (DU principe... AU principe....) donne un peu l’impression que le progrès passe par l’évolution vers une diminution du principe de précaution au profit d’une augmentation de l’autre principe, alors que votre article précise que ces deux principes sont complémentaires.

                    Appliquer le principe d’attrition, c’est pouvoir accepter le risque que des avions puissent voler et donc que le risque d’en perdre n’est pas inacceptable. Un choix qui se justifie par l’acceptation de la réalité naturelle de l’imperfection des choses et/ou de la convenance de l’impossibilité naturelle de maîtriser le hasard.
                    Que le risque zéro n’existe pas, qu’un taux minimal de pertes soit inévitable, « l’acceptation préalable de la perte irréversible de choses ou de personnes. », est je crois quelque chose de mieux (bien ?) accepté dans les sociétés moins technologiques à outrance que les nôtres, où chez nous la technologie de plus en plus poussée et omniprésente dans nos vie quotidiennes nous fait justement croire à tord que l’on trouvera forcément une réponse à tous les problèmes humains, qu’ils soient liés à la médecine, la communication... (mais où est le progrès, à part un progrès de nature technologique en effet, quand désormais on demande son chemin à un gps au lieu de le faire à une personne qui passe, je ne pense pas dans ce cas que la technologie renforce l’altruisme, la communication et donc la solidarité). On veut maintenant dans nos sociétés technologiques modernes que tout aille vite, que tout soit parfait, et donc que le risque zéro n’existe pas, d’où la tendance de plus en plus marquée, et qui me semble logique, en tout cas inévitable, d’avoir systématiquement recours au principe de précaution.
                    Le progrès et l’innovation technologiques, oui, bien que si on décidait de les stopper (je ne parle pas des recherches médicales bien sûr) on ne vivrait pas moins bien pour autant, mais j’ai l’impression que le « tout technologique » nous mènera vers le fait d’accepter de moins en moins le risque zéro. Je vois donc aussi ce recours systématique au principe de précaution comme une conséquence néfaste du progrès, s’il est uniquement technologique. On devient intolérant face à l’erreur, et donc peut être aussi anxieux et craintif, on ne se fait plus confiance à soi même, mais on compte seulement sur la technologie, pour résoudre les difficultés, donc on n’ose plus prendre de risques, puisqu’ils impliquent de se mettre en avant pour faire un choix. C’est peut être aussi pour ça que les experts n’ont plus cette possibilité de dire qu’ils ne savent pas et ne peuvent pas répondre à toutes les questions.
                     
                    Pour parler du cas des avions, personnellement je ne trouve pas qu’ils aient eu vraiment tord. Si on m’avait avertie que l’avion dans lequel je devais monter risquait plus d’avoir un accident du fait de mauvaises conditions météo, même si on n’en est pas vraiment certain, tant pis si je passe pour une poule mouillée, mais je ne monte pas. C’est aussi l’absence de principe de précaution qui a eu pour conséquence le crash du Concorde. J’ai aussi vu un jour un court reportage à la télé où des gens au Congo (Brazzaville ou Kinshasa je ne sais plus) montaient dans un avion « un peu » déglingué, car c’est tout ce qu’on leur proposait, faute de moyens pour avoir des appareils en meilleur état bien sûr, aucun n’a refusé de monter mais ça se voyait qu’ils étaient tous terrorisés. Je ne sais pas si on peut parler de « principe » d’attrition quand finalement on accepte le risque car on n’a pas le choix, (hiérarchiser ses priorités entre travail ou vacances, ou ne pas risquer sa vie, relève déjà d’un choix), quand ses moyens financiers ne permettent pas de voyager sur des compagnies nationales où finalement, on peut se permettre de penser qu’un avion peut toujours se crasher, parce que vu le principe de précaution qui fait qu’il est hyper entretenu du point de vue mécanique, il y a finalement très peu de risques que ça arrive. Si l’on a l’occaion de voyager sur la Singa*** Airline (pas de pub, ici smiley) on peut en effet se dire que, certes, un avion peut toujours se crasher, et qu’on accepte par conséquent un certain risque, mais franchement, dans la réalité, on peut plutôt rester zen. C’était un exemple de ce auquel je suis en désaccord, bien que ce soit sur un exemple, pas un problème de fond.
                    J’avoue n’avoir pas compris du tout ce que signifie le principe d’attrition dans le monde de l’entreprise : attrition des effectifs du personnel... ?
                    Alors article super intéressant, oui, donc je voudrais plusser, et d’accord avec l’article, ben non, pas sur tout, mais je ne vais évidemment pas moinsser parce que je suis en désaccord avec certains points... C’est ça le problème... Ce serait bien qu’il y ait plus de possibilités d’évaluation...


                    • marie 6 juillet 2010 15:39

                      A propos de la fondation du gros monsieur qui me fait très très peur ; le joyeux Clode : et je vous assure que c’est vrai sa surdité m’effraie.


                      Voici donc une nouvelle opération pompe à blé, montée par des gens pour lesquels les écosystèmes et la biodiversité ne représentent qu’une inépuisable banque. Dans ce ralliement, vous ne trouverez aucun chercheur de terrain, aucun écologue expérimenté, le club n’étant formé que de VRP d’économie verte atteints du déni de réalité, fidèles serviteurs des transnationales, rompus aux combines les plus sournoises, dont la niche écologique n’est pas le sanctuaire de la Nature mais les corridors des ministères et les grandes tables des mégapoles.

                      De quel droit ces gens vont-ils continuer à casser, casser casser, quelque chose qui M’ Nous appartient la nature ! Terra Madre disent certains !


                      • marie 6 juillet 2010 15:40

                        je précise que cet extrait est de Michel Tarrier


                        • rocla (haddock) rocla (haddock) 6 juillet 2010 16:16

                          Que de souvenirs , 

                          Mon père avait une Attrition Avant 15 cv .

                          On partait dimanche matin papa et maman devant , le restant de la famille à l’ arrière .

                          Que de souvenirs ....


                          • Clojea CLOJEA 6 juillet 2010 17:36

                            Titre compliqué, j’ai failli pas lire l’article. Et puis, bon, je me suis dis, quand même je jette un oeil. Pratique ce phénomène d’attrition. C’est vrai, cela excuse presque la grande boucherie de 14/18. Ils auraient du dire ça aux braves poilus avant de monter a l’assaut : « Vous allez faire partie du % d’attrition.... » Sur, ça les auraient réconfortés de savoir que leurs morts allaient rentrer dans une statistique....
                            Pour le reste, le risque zéro n’existe pas. Et puis la bêtise existe aussi. On aura toujours des glandus qui vont vouloir faire un sentier de montagne en tongues, ou une autre qui va attaquer un sentier au fond d’une gorge en talon aiguille (je l’ai vu) etc... On peut toujours sur-protéger les gens, mais il y a un moment ou leur propre stupidité entre en jeu et accroit le facteur risque.
                            Pour les machines, cela reste du domaine des ingénieurs qui construisent, mais surtout, des gens qui entretiennent les machines. Trop souvent les défaillances proviennent d’un mauvais entretien, (faute humaine impardonable) et cela a des conséquences désatreuses.
                            C’est « attristion.... »


                            • paul 6 juillet 2010 19:41

                              Cet article revient à dire, en résumé, que le principe de précaution est un frein à l’esprit d’entreprise et même à la recherche. Je parie qu’un certain Claude Allègre n’est pas loin de penser ça aussi ....

                              Réalisez bien que le client, le consommateur, le patient, le citoyen, est devenu très méfiant avec
                              les erreurs passées liées au « tout marché », au consumérisme sans frein : il s’ informe de mieux
                              en mieux et par exemple, on a beau nous vanter les avantages des OGM, ça ne passe pas ...

                              Pour définir des seuils de risques, il faut du temps, de l’argent ,des gens compétents travaillant
                              pour l’intéret général ,donc détaché des lobbys. Des principes contradictoires avec la rentabilité
                              à court terme .


                              • Atlantis Atlantis 6 juillet 2010 20:09

                                Rien que le titre, en comparant le « subi » et le « choisi » est un énorme troll.
                                Merci en tout cas de m’avoir fait autant rire. Même les pitreries de nos politiques de ce matin n’avaient pas réussi à ce point. J’espère que vous allez demander à la sécu une subvention.

                                A au fait, la précaution c’est de faire attention où on mets les pieds, à chaque pas et quitte à ne plus avancer devant le précipice. L’attrition c’est avancer les yeux bandés en disant « advienne que pourra ». On a vu où ça nous a mené, merci.


                                • paul mohad dhib 7 juillet 2010 12:02

                                  excellent raccourci,merci bcp
                                  salutations


                                • clostra 6 juillet 2010 21:15

                                  Ne pourrait-on reformuler le principe de précaution en principe de « prendre soin » qui va bien avec la définition militaire citée ci dessus.

                                  En celà, Tchernobyl est l’exemple par excellence : probablement une superbe réalisation de qualité médiocre dans le temps. ça a fonctionné et bien fonctionné mais l’attrition n’a pas été prise en compte et malheureusement dans ce cas, les pertes de matériel sont doublés de pertes humaines. Ainsi, tout feu tout flamme, on enfile le progrès comme un gant qu’on laissera choir dans une poubelle quand il sera troué.

                                  Prendre soin, c’est envisager l’usure et/ou, dans le cas de H1N1, envisager que la grippe du siècle puisse se révéler dans les semaines (mais il n’a pas fallu longtemps) la grippette du siècle. Small is beautifull, on s’en souviendra !

                                  Que se passe-t-il sur ces équipement qui ont terrorisés à leurs début : réseau SNCF, centrales nucléaires etc...On a oublié qu’ils deviendraient moins performants en vieillissant, donc de les rénover et si on ne sait pas faire, de faire des recherches pour savoir/apprendre comment le faire. Si on compte les pertes en heures de travail, sans doute nos petits vieux auront de l’air et de l’eau fraîche jusqu’après leur mort (d’attrition)

                                  Mais une découverte en chasse une autre plus palpitante encore. Et la roue - la roulette ? - se remet à tourner avec d’autres précautions à prendre ou ne pas prendre, et d’autres (mortelles) attritions futures.


                                  • Remarque-Claire 6 juillet 2010 21:32

                                    Sur le plan formel, je trouve aussi le mot assez mal choisi. « Précaution » a le mérite de mettre en valeur la réflexion sur les conséquences. Il souligne que la science ne peut pas tout, et qu’il faut y penser à l’avance.
                                    Atriition ressemble à contrition et aux notions culpabilisatrices de la religion d’ancien régime.

                                    Quand aux buts de l’auteur et de la formation d’un nouveau concept pour infléchir celui de « précaution », je n’ai pas bien compris ce qu’il défend. S’il s’agit d’autoriser plus d’avions à voler et limiter les mesures anti-réchauffement climatique, je n’en vois pas l’intérêt public. Lorsque moins d’avions volent, c’est toujours un peu moins de pollution. Dans le cas du volcan islandais, il s’agissait de protéger la vie des pilotes et des passagers... Dans le cas du réchauffement climatique, c’est bien le manque de précaution qui risque d’emporter à jamais la planète que nous aimons dans des tourments finaux.

                                    C’est un principe de meilleure information dont nous avons besoin. Si le principe de précaution vise à rappeler à l’humanité nouvellement dotée de super-pouvoirs qu’elle n’a pas tous les pouvoirs, on aimerait qu’il soit correctement appliqué,

                                    Comme l’a montré la pollution du Golfe du Mexique, il reste encore du travail pour que le principe de précaution soit correctement mis en oeuvre ; espérons qu’il n’en sera plus jamais de même, et notamment au sujet du risque de réchauffement climatique grave.


                                    • ThierryCH 6 juillet 2010 23:57

                                      Pour André Comte-Sponville, le principe de précaution, c’est : « Dans le doute, agit ! ».
                                      Or notre interprétation courante, c’est plutôt « Dans le doute abstiens-toi », c’est à dire un principe d’inhibition. Une interprétation démobilisatrice et mortifère.
                                      http://www.challenges.fr/magazine/analyse/0195-028261/le-principe-de-precaution-a-l-epreuve-de-h1n1.html


                                      • Remarque-Claire 7 juillet 2010 00:29

                                        Il est toujours possible d’embobiner n’importe qui avec n’importe quoi. Le principe de précaution invite à penser aux conséquences, et à les budgéter si nécessaire. Ne pas les prendre en compte serait mortifère (Golfe du Mexique), les prendre exagérement en compte serait bloquant : tout est basé sur la qualité de l’information sur les conséquences possibles : comme en question dans l’affaire H1n1, question de la qualité de la recherche scientifique, de son indépendance et de celle de l’industrie pharmaceutique.

                                        J’ai jeté un oeil sur l’article d’André Comte-Sponville, et sa démonstration tortueuse sur le sujet, je retiens cette phrase qu’il a écrite, avec laquelle je ne suis évidemment pas d’accord :

                                        « Cela confirme, je ne me lasse pas d’y revenir, que morale et politique sont deux choses différentes. »

                                        Ca c’est un principe qui manque de précaution.


                                        • ThierryCH 7 juillet 2010 00:44

                                          Remarque-Claire,

                                          Vous avez parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec André Comte-Sponville.

                                          Mais pour comprendre sa pensée, et en particulier le sens de la phrase que vous citez, vous devriez lire son essai « Le capitalisme est-il moral ? ».
                                          En bref, sa réponse, c’est que le capitalisme est a-moral (ni moral, ni immoral).
                                          Pour lui, « politique » et « morale » appartiennent à deux ordres différents (« ordre » dans le sens pascalien du terme), comme d’ailleurs « morale » et « amour ».
                                          Chaque ordre à sa propre logique, ses propres règles. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils n’interagissent pas les uns avec les autres, à travers notamment chacun d’entre nous, qui faisons des choix, selon les circonstances, en notre âme, conscience et responsabilité.


                                          • ThierryCH 7 juillet 2010 00:46

                                            Cela dit votre interprétation du principe de précaution me paraît en ligne avec ce que Comte-Sponville en pense.


                                            • Remarque-Claire 7 juillet 2010 11:40

                                              Monsieur,

                                              Par bonheur, nous sommes en démocratie et vous avez le droit d’apprécier les philosophes qui vous plaisent. Pour ma part, je ne suis pas du tout en ligne avec ce monsieur Comte-Sponville, et je maintiens que, décréter, comme il le fait, la séparation de la morale et de la politique, est un principe qui manque de précaution, et que je ne valide absolument pas. 


                                            • ThierryCH 7 juillet 2010 23:39

                                              Cher Monsieur ou Madame remarque-clair

                                              Je suis désolé de vous avoir énervé(e) car telle n’était pas mon intention. Et je m’empresse de vous rassurer : loin de moi l’idée de vous imposer la pensée d’un quelconque philosophe. Mais comme vous avez réagi sur une citation de Comte-Sponville, sans manifestement le connaître plus que ça, je me suis permis de vous inviter à lire l’un des ses essais.
                                              Vous avez bien entendu tout à fait le droit de ne pas être d’accord avec lui, mais admettez qu’avant de ne pas être d’accord avec quelqu’un, il est préférable de connaître sa pensée. Une formule en conclusion d’un article de presse n’y suffit pas, à mon humble avis.
                                              En lisant « La capitalisme est-il moral ? » (ce titre est aussi une formule, il ne faut donc pas s’y arrêter) vous pourrez comprendre la distinction des ordres selon Comte-Sponville.
                                              Voilà, c’est tout, faites de cette invitation ce que vous voulez.


                                              Cela dit, je maintiens, votre interprétation du principe de précaution me paraît tout à fait en ligne avec celle de Comte-Sponville. Relisez l’article (un peu moins en diagonale), et vous verrez. Et je suis d’accord aussi.


                                            • stephanemot stephanemot 7 juillet 2010 03:06

                                              C’est une facon comme une autre de vendre du cynisme.

                                              J’imagine jusqu’ou la logique peut nous mener dans des regimes peu scrupuleux. En fait, c’est une logique similaire qui a conduit aux abus de Guantanamo ou Abu Ghraib.

                                              Des principes plus eleves me pousseraient donc a « rejeter comme faux » celui-ci.


                                              Sur le fond maintenant : le principe de precaution ne doit pas devenir un alibi ultraconservateur. L’experimentation et la recherche doivent donc conserver un espace, mais parfaitement encadre, et surtout pas laisse a la libre interpretation de chacun.

                                              Je dirais donc plutot ceci : le principe de precaution doit prendre en compte le principe d’evolution.


                                              • JJ il muratore JJ il muratore 7 juillet 2010 10:01

                                                aux auteurs : la vertu de votre article est d’ouvrir une réflexion entre deux termes contradictoires : précaution et/ou risque, et d’attirer l’attention sur le rapport que chacun entretien avec l’un et l’autre. Ce rapport que nous entretenons doit être mis en perspective avec notre histoire et notre culture. Je m’explique : depuis sa ’sortie de l’Eden’ l’espèce humaine a toujours recherché à contrôler l’incertitude. Depuis la nuit des temps Rites magiques, Sacrifices aux Dieux, questions aux Devins, à la Pyhtie, Chamanisme... soutenaient l’homme face aux aléas de l’existence.
                                                Peu à peu l’expérience fondée sur l’observation a constitué un corpus de savoirs de type empirique, puis de type critique (Galiléo). Enfin la Raison prit le pas sur le Religieux et ce fut le début d’une aventure, en Occident, dont le Scientifique a été le héros.
                                                Avec la Science et ses extraordinaires succés (Pasteur) le contröle de l’incertitude devint une composante dominante de notre civilisation : notre rapport à la précaution est telle que le moindre risque est devenu insupportable.
                                                Cette volonté de contröler et de supprimer l’incertitude dans tous les domaines de l’existence a conduit notre civilisation à produire toujours plus de technologies, de dispositifs sociaux-politiques (Assurances, Etat Providence...) pour maîtriser la vie avec succés.
                                                Le paradoxe de ce succés est qu’à vouloir être tout puissant l’homme occidental est en train de devenir impuissant !
                                                Faible psychiquement face aux difficultés de la vie. Alors même que nos conditions de vie et de travail n’ont jamais été aussi bonnes comparées à celles qu’ont connu nos ancêtres ou que connaissent aujourd’hui, hors d’Europe, cinq milliards d’hommes et de femmes, nous sommes subjectivement convaincus que notre vie est dure, que nos conditions d’existences sont injustes, que rien ne va comme ça devrait aller...(bien évidemment ce ’devrait’ n’est rien d’autre qu’une projection de l’idéologie du Contrôle de l’Incertitude.
                                                Mais ce vécu est le symptome d’une perte de sens.
                                                Faible également face aux conséquences sur la Nature que notre développement - fondé et motivé par cette volonté de contrôler l’incertitude- produit d’une façon catastrophique et qui nous dépasse : le retour de bâton c’est que nous risquons de ne plus rien contrôler (Exxon Valdez, Tchernobyl, BP, dérèglements climatiques, endettements souverains, folies mythomaniaques de la Finance...)
                                                Ainsi un énorme progrès historique : l’avènement de la Raison, dont personne ne peut nier les extraordinaires succès scientifiques et technologiques, ni les prodigieuses avancées politiques et sociales qu’il a permis, nous amène à constater qu’en deux siècles à peine il a trouvé ses limites. Celles-ci résident dans sa dominance, dans son aspect systématique dont la production non seulement pollue la nature mais pollue également les esprits. Une « Critique de la Raison Pure » devient nécéssaire. 

                                                 


                                                • easy easy 11 juillet 2010 09:33

                                                  Je trouve ce sujet intéressant puisqu’il interpelle notre audace.

                                                  Mais je trouve que les auteurs se sont arrêtés au niveau de l’introduction du sujet.

                                                  La question à poser, comme sur bien d’autres sujets, c’est « M’enfin, puisque tout le monde sait cela (sans forcément savoir le dire de cette manière) pourquoi y a-t-il des résistances, pourquoi les avions ont-ils été cloués au sol à cause du volcan ?

                                                  Et là, les auteurs auraient été obligés d’analyser ce qui se passe dans nos petites têtes.

                                                  Le principe d’attrition, nous l’intégrons tous et il fait même partie des moteurs essentiels qui déterminent notre audace fondamentale, celle de la paramécie ou du ver de terre quand il ose explorer. Explorer, même le lichen le fait. Même lui fait preuve d’audace et prend des risques.

                                                  Là où ça devient compliqué et où l’audace se perd un peu c’est quand l’individu qui porte en lui cette libido explorator n’est plus seul à la jeter dans la balance. Je veux dire que c’est une chose d’oser quand on n’a de comptes à rendre qu’à soi-même et c’est tout autre chose quand on pense avoir des comptes à rendre à autrui.

                                                  Pour faire court tout en me faisant comprendre, le bidule fonctionne de la manière suivante : Un père doit prendre l’avion. Il sait que si son avion passe dans le nuage de cendres, ça peut se passer mal mais il décide de jouer sa chance et il prend le risque d’embarquer. Patatras, voilà que sur les ondes, on ne cesse de répéter que bla bli bla blo, c’est dangereux et que des gens raisonnables (qui ont des stratégies ou des intérêts bien différents) proposent d’ajourner les voyages. Ce père devient coincé. Avant cette diffusion publique, il pouvait prendre le risque et en cas de pépin, personne ne l’aurait traité d’inconscient puisque personne n’aurait pu prouver qu’il connaissait les risques (au point qu’en cas de pépin, ce père aurait même pu jouer le candide et porter plainte en réparation). Après cette diffusion, ce père ne peut plus jouer le candide, il ne peut plus, en cas de pépin, jouer les innocents. Alors il renonce à cette audace et joue la partition qui devient le lieu commun du moment : il vaut mieux être prudent.

                                                  C’est de cette manière que joue l’avertissement de danger mortel qu’il y a sur les paquets de cigarettes. Tel qu’il est posé, le fumeur ne peut pas prétendre, ni à ses enfants, ni à son médecin, ni à la sécu, ni à Dieu, qu’il ne savait pas.

                                                  Il y a un nombre incalculable de risques que in petto nous acceptons de prendre tous les jours (un trader est carrément payé pour prendre ces risques). Le truc spécial c’est que nous n’en parlons surtout pas. La mise en danger de soi se fait en apnée, en silence. Le motard qui roule à 350 est silencieux, il est en plein requiem.

                                                  L’attrition, son acceptation, est donc par essence un non-dit, un tabou. Dès que l’attrition est dite, elle devient impossible à accepter. C’est pour cette raison que dans tous les domaines cités par les auteurs, ce taux, son principe, est tabou (surtout à l’armée mais aussi dans les hypers au sujet de la marchandise ou de la clientèle)

                                                  Qu’un magasin intègre -silencieusement- une perte de clientèle (et son remplacement) c’est une chose ordinaire que chaque client suppute.
                                                  Mais ce magasin ne peut pas afficher ce principe sur ses murs sous peine de provoquer de très vives réactions de la part des clients.
                                                   »Nous intégrons le fait que quelques uns d’entre vous irons ailleurs et nous n’en faisons pas une maladie«  
                                                  Il ne peut pas afficher ça parce que ça dit tout le contraire des slogans du genre  »Parce que vous le valez bien«  »Vous êtes unique«  » Le client est roi«  »Chez nous chaque client est important« 

                                                  Dans le domaine des rencontres amoureuses par internet, chaque internaute dragueur intégre un taux d’attrition ; mais en parler, l’avouer ferait de lui le pire des goujats.
                                                   »Une de perdue, dix de retrouvées" peut être une insulte. Alors ce n’est quasiment jamais dit mais hélas, chacun constate vite que l’autre continue d’explorer, ce qui est extrêmement blessant.

                                                  Dans le domaine de l’emploi, un employeur qui ose dire le taux d’attrition qu’il accepte, passe inévitablement pour un salaud (France télécom inside)

                                                  Alors bien sûr on pourrait parler d’hypocrisie. Mais à mon sens, il convient de ne pas abuser de ce qualificatif infamant. Si la vie nous semble parfois charmante, c’est grâce au fait que plein de non-dits jouent leur rôle tampon et qu’on n’entend pas à tout bout de champ qu’on n’est pas irremplaçable.

                                                  C’est donc une chose de parler de l’attrition de manière universitaire, c’est autre chose de le traiter au quotidien avec humanité.

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