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Accueil du site > Tribune Libre > Des mesures pour sauver les maths !

Des mesures pour sauver les maths !

Des mesures viennent d'être annoncées pour améliorer le niveau en mathématiques des Français, et attirer plus de jeunes vers des métiers scientifiques ou le professorat de mathématiques. C'est urgent. Mais où sont les bonnes idées ?

Je reprends certains éléments de l’interview de Delphine Bancaud [1] annonçant des mesures pour « sauver les mathématiques » qui n’attirent plus et retrouver quelques enseignants de maths à placer rapidement devant nos enfants, pour y réagir à chaud, en tant qu’enseignant de maths. Sans ambages, je dirai ce que je pense pour éclairer le débat…

 

a) « C’est pour cela que nous avons travaillé sur cette stratégie globale, qui s’appuiera sur de nouveaux programmes de mathématiques à l’école et au collège, une meilleure formation des enseignants dans ce domaine et un travail sur l’image de cette matière. Il faut donner le goût des maths aux élèves. » [1]

= BONNE IDEE.

 

b) « Dans le cadre des nouveaux programmes, nous allons développer des approches nouvelles des maths. L’introduction de l’algorithmique permettra par exemple de mieux former les élèves au raisonnement déductif. Le numérique sera aussi mis à profit pour permettre aux élèves d’effectuer davantage d’exercices avec des niveaux différenciés et d’avancer aussi chacun à leur rythme. » [1]

= FAUSSE ROUTE. L'algorithmique n'a rien à voir avec l'esprit mathématique, ni avec le raisonnement déductif. C'est une technique qui permet d'automatiser des choix et les faire réaliser par une machine. C'est bien, cela sert beaucoup surtout à faire fonctionner des machines. Sans bagage disciplinaire suffisant, cela sera perçu comme franchement inutile et ennuyeux par la majorité des gosses du collège. L'algorithmique, c'est fastidieux, la programmation, c'est la prise de tête avec une syntaxe à rendre fous même les plus sympathiques, donc si on en propose beaucoup aux gosses, on est certain qu'ils auront encore plus horreur des maths !

Peste et commisération, c'est pourtant ce que beaucoup de décideurs veulent tester actuellement, et vu ce qu'on entend comme propagande partout, c'est ce que l'on fera unanimement, et comme un seul homme (puisqu'on étouffera tous ceux qui pensent le contraire). Alea jacta est. C'est la vie !

Pour moi, le test de l'algorithmique au primaire ou en collège, c'est déjà fait ! J'ai animé un club informatique en collège quand je débutais. J'ai vu, j'ai vite compris et l'affaire est réglée. Pas pour d'autres qui découvrent ce qu'est une machine.

Mais demandez quand même à des élèves de lycée s'ils adorent la programmation et l'algorithmique. Faites des statistiques, et dites-moi...

 

c) « Il faut proposer aux élèves des questions qui font sens pour eux dans leur approche des mathématiques, en utilisant des problèmes ancrés dans le réel. Nous allons aussi développer plus d’actions éducatives, en lien avec des associations scientifiques telles que « Les petits débrouillards », mais également dans le cadre de la Semaine des mathématiques. Aujourd’hui, près de 10% des jeunes Français de 17 ans rencontrent des difficultés pour conduire un calcul dans des situations simples. Les outils mathématiques sont indispensables au quotidien. Il faut permettre aux élèves d’en prendre conscience. » [1]

 

= DANS LE MUR. Faire du sens, encore du sens, toujours du sens. On ne sait plus pourquoi, mais ça aura du sens !

Les apprentissages se font déjà toujours à l'aide d'activités colorées, et tellement diverses qu'on ne voit plus de cohérence dans cette discipline. On a évacué les exercices répétitifs et formateurs, et on s'est habitué à proposer sans cesse de nouveaux problèmes originaux sur lesquels perdre son temps. On a ainsi dégoûté beaucoup d'élèves qui ne peuvent s'apercevoir que d'une chose quand on essaie de savoir quel est leur niveau : c'est qu'ils ne savent rien et n'arrivent plus à utiliser de connaissances solides. Ils perdent alors toute confiance en soi !

Alors les « semaines des mathématiques » pour apporter la « bonne parole », les approches qui « font du sens » mais reste au niveau ras de terre, et les jeux pour les « petits débrouillards », cela n'amusera pas grand monde et ne formera pas beaucoup d'élèves au raisonnement ni à la résolution d'une simple équation du premier degré du genre 3x+7=5, équation que très peu d'élèves de seconde savent maintenant résoudre après des tonnes de réformes qui n'en finissent plus d'améliorer le système. On n'apprend plus jamais ce qu'est un nombre, quelles règles régissent les réels, qui sont les rationnels, on ne sait plus bien dans quel espace on travaille. Mais on boulonne comme seul un littéraire sait le faire. Tout cela n'est pas important pour nos « débrouillards » : il suffit qu'ils s'amusent sur un petit problème ouvert, et basta !

S'amuser... Je pense qu'on a perdu la bataille d'avance si l'on s'engage dans cette direction. Il y a des jeux beaucoup plus intéressants sur consoles ou PC, dans lesquels il faut raisonner pour gagner, et savoir utiliser ses manettes. A quand Warcraft en classe de maths pour apprendre à gérer ses approvisionnements et mener une stratégie efficace ? Voilà la vraie réforme des maths !

Et ceux qui auraient seulement envie d'apprendre POUR DE BON comment résoudre une équation du premier degré, pour la beauté, pour comprendre réellement une technique, ou pour simplement « jouer à faire des maths » ? Et ceux qui veulent s’entraîner sur des exercices de géométrie suffisamment répétitifs pour arriver à un certain niveau de connaissance et de prise de distance ? Acquérir des connaissances pour pouvoir réfléchir ? Ben non, ils auront toujours des petits jeux à résoudre, et resteront à ce niveau jusqu'à la sortie du système. C'est le système des « petits jeux ». Ils changeront de méthode en entrant à la fac, s'ils arrivent à tenir jusque-là ! Et si nous choisissions de « jouer pour de vrai une belle partition » ?

 

d) « Toutes les disciplines sont concernées par l’acquisition des compétences et des techniques fondamentales des mathématiques, qu’il s’agisse des grandeurs, des pourcentages, de la lecture de graphiques etc. Par exemple, un professeur d’éducation physique et sportive peut faire mesurer les performances sportives en mettant en relation temps et distance, un professeur de géographie, travailler sur la compréhension des échelles. » [1]

= BLA BLA BLA. Et un petit gargarisme sur l'utilité des maths partout où on ne les étudie pas. Et puis quelles maths ! Pourcentage et graphique, nous voilà armés pour la vie ! On pourra devenir journalistes.

Amusant : on n'a jamais aussi peu fait d'interdisciplinarité au lycée que depuis la dernière réforme de 2010 : maintenant les maths ne servent à rien pour la physique, et réciproquement ! Il fallait arriver à dissocier un couple de disciplines si proches ! Maintenant au lycée, on propose de la physique comme on le ferait au XIXe siècle avant la découverte de l'électricité : c'est très descriptif, et il faut peu d'équations. De toutes façons, les élèves ne savent plus ce qu'est une fonction ni une équation différentielle très simple. C'est trop dur il paraît. Il faut palabrer autrement. C'est le progrès !

Quant à calculer des pourcentages en EPS, voilà de quoi dégoûter encore plus de futurs footballeurs qui penseront toute leur vie que les maths, c'est fait pour ennuyer un max, même en sport.

Et puis tout le monde sait bien qu'en science, l'histoire-géographie, ça ne sert à rien. On en fait pourtant jusqu'en terminale en section scientifique, parce qu'il y a un lobby histoire-géo qui sait y faire. Mais on perd son temps. A quoi ça sert en sciences ? Je pense qu'on fait vraiment tout pour avoir de moins en moins de scientifiques, et qu'après, on s'en étonne béatement...

 

e) « Nous allons actionner trois leviers : le nombre de postes ouverts aux concours de mathématiques (1.897 postes au CAPES et à l’agrégation externes pour 2015), qui sera maintenu à un niveau élevé » [1]

= BONNE IDEE, mais pourrait-on faire autrement, sauf à avoir une marée de parents d'élèves mécontents dans les rues ? Ce qui faut, ce sont des « pions » à placer rapidement devant chaque classe, quel que soit la nature du pion. Il faut gérer la crise, donc il faut recruter tous azimuts. Pas d'autre solution devant l'impasse où l'on s'est placé depuis 20 ans. On récolte toujours ce que l'on sème.

 

f) « la création d’une option informatique au CAPES de mathématiques pour attirer de nouveaux candidats, » [1]

STUPIDE ET DANGEREUX. Une option informatique ne servira à rien pour enseigner les maths, bien au contraire. Idée : pour recruter plus de profs de maths, recrutons des profs moins formés en maths et qui ont une autre spécialité !

Je propose qu'on crée une option anglais au CAPES maths pour enseigner les maths en anglais. Cela ne sert à rien, sera un obstacle de plus pour qui voudra acquérir un certain niveau en maths pour pouvoir enseigner à nos enfants, mais drainera des profs estampillés « profs de maths » sur le terrain, et on y verra que du feu. Ils sauront mieux parler anglais, mais bon…

 

g) « et un appui aux enseignants contractuels pour leur préparation aux concours. » [1]

= VAGUE, VASEUX, GAZEUX, mais gentil : on va les appuyer. On profite bien de vous depuis qu'on a supprimé l’auxiliariat et les avantages liés à ce statut, mais on pense à vous ! On est de tout coeur avec vous : allez hop vous y arriverez ! C'est sympa et ça ne mange pas de pain.

 

h) « Les carrières scientifiques sont encore l’apanage des garçons. Comment attirer davantage de jeunes femmes vers ces filières ? Nous allons nous appuyer sur le nouveau service public régional de l’orientation et sur les associations, pour promouvoir les filières scientifiques et techniques auprès des filles. Un effort particulier sera porté à l’identification des stéréotypes sexués dans l’écriture des exercices et à l’accompagnement des enseignants sur ce sujet.(...) En mathématiques, les filles peuvent réussir aussi bien que les garçons. Les dix mesures de la stratégie mathématiques y contribueront. » [1]

= COMBAT PASSEISTE. Faut-il encore jouer les filles contre les garçons au XXIe siècle ? On se trompe de cible, mais on en a l'habitude. Vous avez vu les classes de terminale scientifiques ? Il y a une grosse majorité de filles non ? Elles sont bonnes en maths et travaillent souvent mieux que les garçons. Et en collège, on n'en parle même pas !

Les garçons se dirigent en priorité dans le mur dès le collège. Ils croient être intelligents à jouer les « forts à bras avec cervelles de moineaux », et ça marche ! Ejectés du système par dégoût prononcé, manque d'intérêt pour les études et par l'appel insidieux de la vie hors bahut, détruits par un intérêt sans borne pour tout ce qui est jeux électronique, beaucoup d'entre eux n'arriveront pas en seconde par incapacité notoire.

Cet échec scolaire masculin précoce n’apparaît jamais dans les statistiques unisexes. Celles-ci évoquent 150 000 jeunes sortants sans qualification, sans préciser qu'il s'agit de plus de 110 000 jeunes garçons qui ont laissé tomber. A la sortie de l'école primaire, on parle de 20% de jeunes élèves qui ne savent ni lire ni écrire, sans dire qu’il s’agit de près d’un garçon sur trois et de moins d’une fille sur 8. La situation est catastrophique en lecture où 32% des garçons, soit près d’un garçon sur trois en 2012, n'arrivent pas à obtenir une compétence minimale en lecture. De quoi être assuré de rater toute sa scolarité, et de gâcher son avenir. Que peut-on apprendre si l'on ne sait pas lire ? (Pour ces chiffres, voir [2]).

Alors pitié : apprenez à LIRE à nos enfant, et ce sera un bon départ dans la vie. Que ceux qui ne savent pas lire en sixième vienne en classe seulement pour apprendre à déchiffrer des textes et à écrire, Il faut arrêter de croire qu'on peut avoir un cursus normal en collège si on ne sait ni lire ni écrire. De qui se moque-t-on ?

Pour le reste, filles ou garçons, c'est pareils : tous ont droit au savoir et à s'épanouir dans le domaine qu'ils auront choisis, en maths comme en lettres, ou dans des domaines professionnels, ou ailleurs.

L'époque est à ne voir que du sexe de partout. On est obnubilé par tout ce qui est sexué, en prétendant le contraire. Doit-on passer ses jours à sans cesse faire la distinction entre garçons et filles ? Ce sont des êtres humains avant tout, mais on ne le répète plus. Offrons le meilleur à tous, c'est ce qui importe.

Ah ! On va dire que je ne propose rien. Allez juste une idée… Si l’on veut une recette efficace qui permettrait de recruter des professeurs de maths d'un bon niveau pour nos enfants, et bien cette mesure a déjà existé en temps de pénurie : c'est un pré-recrutement de type IPES sur concours à la fin de la première année de fac de sciences, comme en 1975, puis un contrat liant les lauréats pour dix ans avec l'éducation nationale, charge à eux de passer le CAPES au moins trois fois et de le réussir. Ces lauréats seraient payés comme fonctionnaires pendant leurs études, et cela permettrait de ne prendre que les meilleurs au-delà de toute ségrégation sociale. La République vaut bien ça, et nos enfants aussi.

________________________

Références :

[1] Il faut donner le goût des maths aux élèves, 20 min info du 03/12/2014, propos recueillis par Delphine Bancaud en http://www.20minutes.fr/societe/1494195-20141203-faut-donner-gout-maths-eleves

[2] Interview de Jean-Louis Auduc sur les Outils pour l’égalité filles-garçons à l’école, sur http://www.enseignants-pour-enfance.org/spip.php?article297

* Pour d'autres nouvelles sur le front de l'enseignement des mathématiques, vous êtes les bienvenus sur https://www.facebook.com/avantimegamaths !


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59 réactions à cet article    


  • lsga lsga 5 décembre 2014 12:40

    Visiblement, l’auteur n’a jamais étudié la philosophie des mathématiques, les fondements des mathématiques, et encore moins l’approche neurologique des mathématiques.

     
    Le mot « démonstration » n’apparaît même pas dans cet article.
     
    Tant qu’à dire que les mathématiques n’ont rien à voir avec les algorithmes... zomg... Hilbert, Church et Turing doivent se retourner dans leur tombe. Jamais entendu parler de la correspondance de Curry Howard ? 

    • tf1Groupie 5 décembre 2014 14:50

      « l’approche neurologique des mathématiques. »

      ça j’adore .................


    • lsga lsga 5 décembre 2014 15:04

      autant pour moi : approche neurologique de l’apprentissage des mathématiques.


    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 16:23

      Je ne parle pas des mathématiques de Hilbert ou de Turing ! Je parle par exemple de l’enseignement des équations du premier degré au collège, ou de la capacité de raisonner sur des figures simples pour apprendre à raisonner justement. 


      Et là, vous pourrez toujours aller présenter une machine de Turing à des élèves de collège, ou discuter de philosophie des mathématiques avec eux, cela n’aura que très peu d’impact, et encore moins sur les apprentissage de base dans cette discipline.

      Il y a un an, je suis allé donner une conférence sur la cryptographie à des terminales S. Intéressant certes, formateur oui, mais on ne peut pas axer le travail de fond véritable que l’on doit mener avec des élèves scientifique avec quelques gadgets.

      Il faut plutôt transmuter le travail : arriver à « faire des mathématiques comme s’il s’agissait d’un jeu ». Mais des « vraies » mathématiques, avec du contenu clairement expliqué, et une approche exemplaire.

    • Redj Redj 5 décembre 2014 18:56

      Bonjour,

      Très bon article.

      Je vous cite : Il faut plutôt transmuter le travail : arriver à « faire des mathématiques comme s’il s’agissait d’un jeu ». Mais des « vraies » mathématiques, avec du contenu clairement expliqué, et une approche exemplaire.

      Je pense que vous pouvez agir par ce biais là, car j’ai eu dans ma scolarité différents type de profs de maths. Tous étaient différents, mais leurs cours avaient tous la même structure. Lors de ma 1ère année d’IUT, nous avons eu l’occasion d’avoir un professeur de math québécois (échange universitaire), et là nous avons vu débarquer un ovni. Ses cours n’avaient absolument rien à voir avec les cours « français ». Il avait une approche très ludique des problèmes qu’il nous soumettaient. On s’amusaient vraiment à faire des maths, et tout le monde étaient heureux d’aller assister à ses cours. Ses amphis étaient toujours pleins etc etc. Pour moi, le meilleur prof de math que j’ai eu (Marcel LEPAGE je ne t’oublierai jamais).

      Donc je pense que oui, vous pouvez peut-être agir dans ce sens (je n’accuse pas vous cours d’être ennuyeux heiiin, je ne juge personne).

      Autre chose, ne pensez-vous pas que le salaire d’un prof soit aussi déterminant, dans la mesure où les plus doués en math vont plutôt se diriger vers la finance ou ingénierie ?


    • Redj Redj 5 décembre 2014 18:59

      Je viens de me relire, et faire autant de fautes devant un professeur me fait rougir de honte.


    • lsga lsga 5 décembre 2014 19:32

      apprendre à raisonner juste ? Le mot démonstration n’apparaît même pas dans votre article....

       
      hey, pour apprendre à raisonner juste ; pour apprendre à faire des mathématiques : le Logos, et l’apprentissage de la programmation sont IDÉAL. Pour rappel, programmer EST STRICTEMENT équivalent à DÉMONTRER (c’est ce que nous dis la correspondance de Curry Howard). En se basant sur cette réalité (qui n’était pourtant pas encore démontrée à l’époque) et sur la psychologie développementale, Papert a démontré en laboratoire, de manière scientifique incontestable, que l’apprentissage des mathématique doit se faire via l’utilisation de l’informatique, via l’apprentissage de la programmation récursive.
       
      Mais bon, c’est sûr qu’un vieux réac dans votre genre, qui prétend résumer les mathématiques au calcul, tout cela doit être incompréhensible.
       
      Ah... Je me souviens de mon prof sur la théorie des groupes à l’université, il était pas foutu de diviser de tête les additions du café du coin où de temps en temps on allait finir le cours tous ensemble. Pourtant, c’était un très grand mathématicien, car à défaut de savoir bien calculer, il savait bien DÉMONTRER. 

    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 21:58

      Mazette ! Vous m’avez démasqué ! Je ne sais ni calculer, ni démontrer... Je suis un usurpateur (chut).


      Que d’ardeur vous mettez à désirer prouver que la meilleur façon d’aborder les mathématiques, c’est en apprenant la programmation ! Combien vous aimez les arguments d’autorité émanant d’études en psychologie « menées de manière scientifique incontestable ». Je pense qu’on ne parle pas des mêmes sciences...

    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 22:10

      On peut avoir une approche ludique de certaines parties des maths. Votre professeur devait bien se débrouiller, et a clairement marqué des points en vous donnant envie de continuer. C’est très bien.


      Moi, je pensais plutôt à aborder les apprentissages eux-mêmes comme un jeu : apprendre à calculer une expression algébrique (relativement simple) comportant des nombres, des signes et des parenthèses, est un savoir faire ludique. On joue en appliquant des règles, et avec un peu d’entraînement, on peut jouer et gagner facilement. Cela ouvre de nouvelles perspectives d’apprentissage, des portes sur l’avenir.

      Travailler dans un espace hilbertien en appliquant des règles idoines pour essayer de résoudre un problème, simple ou pas, constitue un jeu fascinant. De ce point de vue, jouer aux échecs, au go ou au scrabble et faire des mathématiques, c’est sensiblement la même chose. 

      Arriver ensuite à rédiger une démonstration de façon intelligible pour autrui, sans faire d’erreur de raisonnement : c’est ensuite le nirvana !

      Beaucoup d’élèves aiment faire des mathématiques comme ça. mais il faut du temps, de l’entraînement et de la bienveillance. Les progrès rendent alors heureux :)

    • Fiorello 27 avril 2015 20:35

      @lsga
      Programmer c’est génial et tous les profs de maths vous le diront.
      L’algorithme m’a été très utile dans mes études supérieures en mathématiques mais j’ai commencé l’informatique(la programmation) en seconde et nous étions très peu nombreux à trouver cela passionnants alors que j’étais dans la meilleure classe du lycée.
      Le problème est que nos élèves de collège ne seront pas capables de le faire et trouveront cela rébarbatifs. Commençons déjà par leur apprendre à lire, à compter, la géométrie de base, les raisonnements déductifs, la résolution de problèmes concrets et après on verra...
      De plus le nombre d’heures en maths est en chute libre depuis des années(en même temps que le niveau des élèves), l’algorithme et l’informatique vont aggraver les lacunes dans les fondamentaux. Ne vous en déplaise mais à vous lire je sens bien que vous n’êtes pas prof de maths en collège.


    • karderouge karderouge 5 décembre 2014 13:34

      Excellent article. Merci pour ces vérités qu’il fallait avoir le courage d’écrire. Les programmes de physique au lycée sont aussi une catastrophe. Les bases ne sont plus enseignées et les élèves sont noyés dans un bloubiboulga pseudo philosophique. Par exemple, voici le titre d’une section du programme de terminale S : « Agir, les défis du XXIème siècle ». Ce n’est pas de la physique, mais de la politique. Le niveau devient catastrophique et la France va très vite perdre son aura scientifique.


      • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 16:47

        Et oui malheureusement. La France et nos enfants méritent mieux que ça.


        Les sciences physiques ont été quasiment détruites avec la dernière réforme. Comme vous le dites avec raison, c’est maintenant devenu pratiquement des études littéraires avec des choix politiques qui n’ont rien à faire en sciences. Dans quelques années on s’apercevra de cette destruction du tissu scientifique, mais il sera trop tard. Et actuellement on ne peut rien faire contre cela, ou si peu.

        En septembre 2014, la SFP (société française de physique) a eu le courage de divulguer une enquête sur l’impact des programmes 2010 de la réforme Chatel sur le niveau et les représentations des étudiants qui entrent en première année de faculté.


        C’est édifiant. Ce n’est pas un scoop car tout enseignant honnête du lycée savait déjà quelles seraient les conséquences d’une telle réforme pour nos élèves dès que cette réforme a été imposée.

        Dans la conclusion de cette étude, on peut lire cela :

        « Dans une lettre adressée au Ministre de l’Éducation National en date du 6 janvier 2014, la Société Française de Physique a exprimé son inquiétude sur l’impact de ces nouveaux programmes de physique dans l’enseignement supérieur. Les résultats de l’enquête présentée ici ne font que renforcer notre inquiétude. Nous avons récemment constitué un groupe de travail national inter-association (SFP, UPS,UdPPC) pour une révision des programmes de Première S et de Terminale S, et au préalable ceux de seconde, à l’horizon 2016. Nous nous étions fixé comme première étape une évaluation des forces et des faiblesses des nouveaux programmes de physique du Lycée. L’enquête présentée dans ce document en est le résultat. »

        La SFP a le courage de dire clairement qu’il y a de graves problèmes, mais le temps de les étudier, de voir sur le terrain comment deviennent les étudiants soumis à cette réforme, puis le temps de proposer autre chose : le mal est fait. C’est trop tard, on a gâché les études de millions d’élèves. Lourde responsabilité.

        Et l’APMEP dans tout ça ? Aucune réaction à ce jour à ma connaissance ! L’APMEP se contente d’acquiescer à toutes les réformes, et d’essayer de la faire fonctionner, même quand on voit bien qu’il y a de gros problèmes structurels dans le choix des programmes, les objectifs, la sélection de ceux à qui ils s’adressent, et les horaires ridicules affublés aux classes scientifiques.

      • karderouge karderouge 5 décembre 2014 17:09

        Je pense malheureusement comme vous, qu’il est trop tard. Et c’est en partie à cause des « sciences de l’éducation », une pseudo-science qui est maintenant incontournable dans le champ éducatif. Avec avec son bras armé, la « transposition didactique », elle a participé à pervertir une manière intuitive de pratiquer la pédagogie en la remplaçant par de faux principes qui sont en réalité des visions politico-philosophiques subjectives.
        Pour sortir de l’influence d’une secte il faut, parait-il ; autant de temps que celui qu’on a passé en son sein. La branche universitaire des « sciences de l’éducation » ont été crées en 1967...


      • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 17:25

        C’est exactement ce que je pense aussi.


      • mmbbb 6 décembre 2014 13:21

        j’ai survole avec interet votre article mais pourquoi se lamenter J’aimais la science et j’etais tres bon en biologie mathematique justement mais pour des raisons que je n’evoquerais pas ici puisque cela touche ma vie privee j’ai du changer de lycee Et là la rupture complete le prof de math et de francais etaient absents pour raison de sante ’(depression ) le prof de math fut remplace au bout de 2 mois par une charlot mal rase mal habille incapable d’expliquer correctement le programme de 4 eme ( equation parametrique ) Lorsque certains s’insurgent dans ces colonnes contre le fric c’est quand meme facile puisque postulat premier j’en avais pas postulat second si mes parents avaient ete notaire pharmacien ou depute’ j’aurais pu avoir des cours particulier afin de ne pas perdre la dynamique de l’apprentissage CQFD ne crachez sur l argent puisque celui est determinant et permet d’ouvrir les portes Je vous frais remarquer que le brilant mathematicien Villani a eu des parents profs et un cursus scolaire selectionne Si la Chine nous depasse j’en serai ravi puisque la jeunesse en france ne semblait pas une priorite . L’egalite des chances ? Ce ne sont que des mots rien que des mots


      • Karol Karol 5 décembre 2014 14:31

        On a remplacé l’acquisition de connaissances par un activisme débridé autour d’activités qui doivent être ludiques.Il faut éveillé l’attention de l’élève, le faire participer et peu importe si l’essentiel n’est pas acquis.


        • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 16:51

          C’est malheureusement exact :(


        • tf1Groupie 5 décembre 2014 14:49

          @L’auteur,

          Je suis tellement d’accord avec la plupart de vos constats, comme d’autres de mes collègues (je suis enseignant en maths) que je ne comprends pas comment le message ne passe pas.

          Une des causes vient, selon moi, de l’inefficacité des inspecteurs, mais pas que.

          J’ai aussi l’impression que les Maths sont particulièrement pénalisés par un collège unique inadapté : à quoi sert d’apprendre à TOUS les élèves de 3ème les fonctions linéaires et les équations du second degré ?


          • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 16:59

            Oui. Beaucoup de collègues de maths sont d’accord avec ce constat, mais pas tous sinon il y aurait beaucoup plus d’explications qui seraient données en pâture aux médias.


            Bon, il est vrai qu’on impose « d’en haut » une idéologie préfabriquée par des non-scientifiques qui ont la prétention d’expliquer comment enseigner les sciences, et que l’ère actuelle est aux dogmes distillés par les sciences de l’éducation. Ne faisons que du social, du psychologique et de l’humain sans regarder un instant quelles connaissances importent dans les sciences pour créer des esprits scientifiques qui auront un background dès leur entrée à l’université.

            Le collège unique termine de scléroser l’atmosphère. 

          • amiaplacidus amiaplacidus 5 décembre 2014 14:56

            Bon article.

            Une seule remarque concernant l’illustration (mais j’imagine que vous n’etes en rien responsable).

            Le symboles intégrale est suivi de delta time. Il aurait fallu mettre d time.

            En effet, delta time représente une quantité finie (d time une quantité infinitésimale), dans ce cas, il faut utiliser le symbole somme (sigma) et non pas le symbole intégrale.

            Je sais, c’est de la capillotraction, mais on est matheux ou on ne l’est pas.


            • amiaplacidus amiaplacidus 5 décembre 2014 15:03

              Il faut, bien entendu, lire valeur finie et valeur infinitésimale à la place de quantité finie et quantité infinitésimale).

              Comme quoi, le capillotracteur, en prend aussi pour son grade.


            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 17:10

              Tout à fait exact ! Mais je dois dire que je n’ai pas eu le temps de chercher une illustration et me suis contenté de ce que j’ai trouvé.


              Cela ne fait rien : on écrira des intégrales comme en physique où le delta sera un infiniment petit, et on est reparti dans la bataille entre Newton et Leibniz..

              A ce sujet voici une petite anecdote qui montre à quoi s’exposent les littéraires qui tentent de raisonner sans les moyens d’y parvenir :

              « La scène se passe aux Tuileries, dans les années 1800.

              À la cour de l’Empereur, on s’ennuie ferme. Pour mettre un peu d’animation, celui-ci a invité des intellectuels.En particulier, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre.Le philosophe, devenu célèbre grâce à son roman Paul et Virginie publié avant la Révolution, se plaint d’être moqué par les savants de l’Académie des sciences.

              Depuis des mois, il tente, en vain, de les persuader que c’est la fonte des glaciers, et non la Lune, qui provoque les marées.Et il ne comprend vraiment pas cette pluie de quolibets qui s’abat sur lui.

              « Connaissez-vous le calcul différentiel ?, lui demande alors Napoléon, admirateur du romancier, mais dédaigneux de ses prétentions scientifiques.

              - Non, avoue Bernardin de Saint-Pierre.

              - Eh bien, apprenez-le, lui conseille l’Empereur. Et vous vous répondrez vous-même. »

              Pauvre Bernardin de Saint-Pierre ! Le voilà, une fois de plus, ridiculisé. Comment peut-il tout à la fois se revendiquer de l’élite scientifique et ignorer le calcul différentiel et intégral, partie des mathématiques qui traite des variations infiniment petites ? »


            • amiaplacidus amiaplacidus 5 décembre 2014 17:47

              « ...Cela ne fait rien : on écrira des intégrales comme en physique ... »
              Dans ce cas, on peut aussi utiliser le terme « quantité » ! MDR

              Au surplus, je suis totalement d’accord avec votre article. En particulier sur deux points :

              1) Vous dénoncez, avec raison la confusion entre approche algorithmique et approche analytique, confusion que font les gens qui n’ont pas compris grand chose ni à l’algorithmique ni à l’analyse.
              Je prends l’exemple trivial de la somme des n premiers entiers.

              a) Approche analytique
              S = n * (n1+) / 2

              b) Approche algorithmique
              somme <- zéro
              Pour i allant de 1 à n somme <- somme + i

              On voit bien que les deux approches sont, conceptuellement, totalement différentes.
              .
              .
              .
              2) Jouer. Penser que l’on peut apprendre en jouant est une invention des « pédagogistes ». La science (qu’elle soit exacte ou humaine), cela se mérite !
              Pour en revenir aux intégrales, maîtriser les équa-diff ne peut s’acquérir que par un travail assidu, par des séries d’exercices visant à mémoriser un grand nombre de primitives.
              Non seulement ce travail est à faire en phase d’apprentissage, mais il doit être poursuivi, à moindre dose, en permanence. C’est ainsi que, quoique à la retraite, je m’astreins, pratiquement quotidiennement, à faire des exercices de mathématiques. Enfin, lorsque je dis astreins, c’est sans doute faux, puisque j’adore ça.


            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 22:13

              Vous êtes sur la même longueur d’onde que moi. Et clairement vous avez trop pris goût aux mathématiques :) C’est comme la lecture ou les émissions sur la chaîne « Histoire » ou « Encyclopédie », on ne s’en lasse jamais.



            • trevize trevize 6 décembre 2014 00:10

              Votre exemple de la somme des n premiers entiers est très mal choisi.
              Pour un problème donné, en informatique comme en mathématiques, il y a souvent plusieurs chemins possibles pour arriver au résultat.Je ne connais aucun développeur qui emploierait une boucle for ou while pour un calcul qui n’en nécessite pas. Un développeur écrirait simplement (n)*(n+1)/2 pour ça. c’est une opération qui se fait en temps constant alors que dans votre version, le temps de calcul augmente linéairement avec la valeur du nombre n.

              Je trouve juste ça aberrant de vouloir absolument nier le lien qui existe entre programmation et mathématiques. Tout ce que fait un ordinateur, ce sont des calculs !
              C’est comme si vous disiez qu’il n’y a pas de lien entre la poésie et la langue française !


            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 00:31

              Ne vous méprenez pas : bien sûr qu’il existe un lien solide entre mathématiques et programmation. Programmer des opérations et faire exécuter des boucles permet d’atteindre des résultats que l’on ne pourrait jamais atteindre sans l’aide d’une machine. Je ne le nie pas. Je sais que c’est un atout. Mais pour qui ? Pour un chercheur, pas pour monsieur tout le monde.


              Ce n’est pas un apprentissage nécessaire dans les petites classes. Une initiation suffit. Faire des mathématiques de base est beaucoup plus formateur selon moi.

              J’insiste sur l’aberration qu’il y a à vouloir présenter la programmation au primaire ou au collège comme gage de réussite et de progrès. C’est tout.

              Notre ministre, qui s’y connaît particulièrement en mathématiques et en informatique, pense le contraire.

            • trevize trevize 6 décembre 2014 10:47

              Programmer, c’est une question de langage. Et tout le monde sait que c’est plus facile d’apprendre un langage quand on est jeunes.
              Le tout c’est de ne pas donner le C à apprendre à des enfants en CE1, c’est un peu trop austère et rébarbatif. Il y a de nombreux langages simples pour s’initier en douceur.

              "Je sais que c’est un atout. Mais pour qui ? Pour un chercheur, pas pour monsieur tout le monde. « 

              Ce genre de phrases a du être prononcée il y a 5000 ans, lors de l’invention de l’écriture : »Monsieur tout le monde n’a pas besoin de savoir lire pour travailler les champs. Réservons l’écriture à l’élite.« 
               
              L’informatique occupe une place prépondérante dans notre civilisation, place qui va le devenir de plus en plus. Je pense que c’est du suicide social d’affirmer que c’est pour l’élite, et d’attendre les études supérieures pour enseigner ça. On a déjà accumulé beaucoup de retard par rapport à d’autres pays.

              Je cite votre article :
               »Mais demandez quand même à des élèves de lycée s’ils adorent la programmation et l’algorithmique. Faites des statistiques, et dites-moi..."
              Ceci n’est en rien un argument. Demandez aux mêmes élèves si ils adorent l’histoire ou les maths et vous aurez exactement le même résultat. A cet âge, et particulièrement à notre époque, ils sont bien rares ceux qui sont intéressés par autre chose que le sexe, la musique ou les jeux vidéo.

              Quand je vois votre enthousiasme en la matière, je ne m’étonne pas que votre tentative d’enseigner la programmation fut un échec. Il faut tout de même y croire un peu pour donner l’envie d’apprendre aux élèves.

              Bon j’ai d’autres choses à dire, mais je m’arrête là. Ici, c’est agoravox, le royaume des dépressifs réactionnaires et chauvins. On n’est pas là pour échanger des idées, on est là pour invectiver celui qui ne dit pas la même chose que nous.


            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 15:05

              Mais non, on échange des idées, et on ne se comprend chaque fois qu’à moitié même si on essaie. C’est ainsi. On réagit plus vite que l’on pense.


              J’étais pourtant très enthousiaste quand j’ai fait fonctionner un club d’informatique en collège avec l’arrivée des TO7 et des premiers réseaux du « plan informatique pour tous », vers 1986, vous savez. Au début, des élèves ont été intéressés et on s’est bien amusés. Puis c’est vite passé, surtout dès que l’on a compris qu’il y aurait un petit effort intellectuel à faire pour construire un petit organigramme, puis faire attention pour le traduire en BASIC, à l’époque. 

              Quand à l’intérêt d’étudier la programmation, tout est une question de priorité : que veux-t-on vraiment qu’un enfant sache en priorité. Si la lecture, le français et les maths cela ne sert à rien, apprenons-leur autre chose : c’est vrai , n’importe quel savoir est utile. Mais je pense qu’il y a des priorités pour optimiser nos apprentissages tout au long de notre vie.

              Vous avez raison quand vous dites que certains semblent vouloir seulement invectiver ceux qui ne pensent pas comme eux : ce n’est pas constructif mais il y en a qui semble adorer ça. C’est la vie.

            • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 15:06

              5000 ans... Vous y allez fort. Je n’étais pas né à cette époque.


            • _Ulysse_ _Ulysse_ 5 décembre 2014 15:41

              J’ai eu mon BAC en 2001 et fait une prépa scientifique ensuite.

              Je suis encore plus négatif que l’auteur, le problème ne se limite pas aux programmes de l’éducation nationale. C’est un problème général dans la société.

              La vérité, c’est que la société française s’américanise.

              J’ai fait un master recherche au Québec en 2005/2006. Moi et mes camarades français avions été choqués par la réalité suivante :

              Les filières orientées gestion/commerce étaient pleines à craquer de Québecois.
              Les filières techniques et scientifiques à petit niveau étaient remplies de filles.
              Les filières techniques et scientifiques à partir du niveau master étaient pleines d’étrangers. Des étudiants francophones pour la plupart.

              On avaient noté à l’époque c’était il y a 10 ans une désaffection profonde pour les sciences et techniques.

              C’est pour ça qu’en amérique (canada et USA) ils font venir massivement des scientifiques et ingénieurs étrangers. Car chez eux ils ont beaucoup de mal à en former.

              Pour moi, les raisons sont multiples.

              C’est un pb culturel. j’ai reçu une éducation très orientée vers les études, le goût de l’effort et le travail. Pourtant, je n’ai « que » 31 ans.

              Aujourd’hui il suffit de regarder la télé et les médias pour constater que ne sont promus que les choses suivantes :

              1) L’argent

              Et plus généralement l’argent facile, les stars les personnes riches etc.

              2) L’image

              Promotion continuelle des stars et du bling bling, look et relooking sans cesse de stars et de starlettes.

              3) La médiocrité en général.

              Promotion continuelle de gens médiocres ou pire au travers du système du « show business » ou se mêle chanteurs artistes ou acteurs de téléréalité.
              On donne en modèle aux enfants des gens souvent les plus médiocres et les plus incultes.

              Tout cela abouti à apprendre à beaucoup un certain mépris de la culture en général et des études. Il faut se mettre à la place des jeunes, on leur montre constamment des réussites dans le showbusiness de gens médiocres et le monde du travail est ravagé par le chômage.

              Il ne faut s’étonner alors que beaucoup souhaitent devenir acteur, footballeur, chanteur, chanteuse etc .
              Mais surtout pas aller vers le travail, le goût de l’effort et de l’apprentissage.


              • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 17:29

                Merci pour votre éclairage qui met le doigt sur ce phénomène de société. J’ai eu l’occasion de parler à un post BAC parti à Montréal pour faire des études scientifiques, et c’est exactement les mêmes remarques que vous faites ici.


                Je recopie votre intervention sur la page Facebook de MégaMaths en https://www.facebook.com/avantimegamaths car elle est essentielle pour comprendre ce qui est en jeu actuellement.


              • _Ulysse_ _Ulysse_ 5 décembre 2014 23:31

                Merci à vous, j’ajouterais une autre contribution en ce qui concerne la programmation et l’algorithmique.

                Je connais un peu le sujet puisque j’ai intégré une école d’ingénieur en informatique justement et que mon master au Canada était en imagerie.

                Je ne peux que être d’accord avec vous, cette volonté de vouloir à tout prix faire entrer l’apprentissage de la programmation au secondaire n’est pas réaliste.
                On ne pourra jamais former des lycéens correctement. Il faut beaucoup de temps pour apprendre l’informatique et ces heures seront irrémédiablement grappillées sur des matières fondamentales (maths, physique, français, histoire etc).

                On veut faire des jeunes des gens médiocres dans tous les domaines à trop éparpiller les enseignement de la sorte on en fera des gens bons nul part qui ne pourront pas se spécialiser dans le supérieur.

                C’est d’ailleurs ce qu’il se passe aux USAs et au canada, le GAP entre le secondaire et les études supérieures est très important et seuls les étudiants les plus brillants peuvent l’absorber ou ceux qui ont bénéficié d’une mise à niveau via de bonnes écoles privées très chers.

                On peut néanmoins pour la culture consacrer mettons 2 ou 4 heures à une introduction à l’informatique dans le but de donner aux élèves une idée de la chose.
                Mais cela ne doit pas aller plus loin, l’enseignement doit rester concentré sur l’apprentissage avant tout.


              • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 00:18

                Vous avez tout compris ! Et je suis heureux de voir que c’est un ancien étudiant en imagerie qui le dise. C’est évident, tout cela, mais ce n’est pas perçu comme évident par les béotiens. Ni par nos ministres qui aiment avant tout les effets d’annonce et n’ont aucune formation scientifique.


                Bref, on est mal et cela va galérer longtemps... Préparons-nous à ramer tous autant que nous sommes. Les galères, ce n’est pas facile ;)

                Merci pour votre contribution qui me rassure énormément !

              • _Ulysse_ _Ulysse_ 5 décembre 2014 15:43

                On va vers une société à l’américaine ou seul compte l’argent et l’image.

                Le but deviens d’avoir de l’argent et d’être à la mode, d’avoir le meilleur look.
                La culture, la connaissance est sans cesse rabaissée à quelque chose de ringard et de passéiste.

                Tout cela est cohérent avec ces réforme de l’éducation nationale : il faut s’amuser avant tout. Le travail, l’effort est une chose qui n’existe plus.

                A ce rythme on va vers le sous-développement.


                • foufouille foufouille 5 décembre 2014 15:50

                  le but est de créer une société d’ignorants et de consommateurs facile à contrôler.


                • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 17:31

                  On peut dire comme ça, mais personnellement je pense que ce n’est pas un objectif organisé : c’est une ligne de plus grande pente, et celle dont s’accommodent parfaitement tous ceux qui voudront tirer les ficelles, très certainement... 


                • foufouille foufouille 5 décembre 2014 19:07

                  bien sur que c’est organisé. rien que quand on voit une manette de console avec des symboles comme un carré, on voit que la société ira de plus en plus vers un gros tas de débiles et une petite partie intellectuelle.
                  (savoir lire en comprenant sera rare )


                • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 5 décembre 2014 22:17

                  Non, restons confiant en nos camarades de destin. L’humanité en a vu d’autres dans le passé. Et il faut croire en la jeunesse qui créera notre futur commun...

                  Positivons.

                • foufouille foufouille 6 décembre 2014 11:20

                  à ce niveau, positiver ne sert à rien. pourtant, je suis optimiste, mais là on ne va pas dans la bonne direction.


                • Abou Antoun Abou Antoun 5 décembre 2014 20:52

                  Dany-Jack,
                  Votre article est comme toujours bien écrit et pertinent.
                  Mais voilà, faites vous à cette idée, les maths, les sciences aujourd’hui tout le monde s’en fout.
                  Tout le monde c’est à dire :

                  • Le pouvoir politique qui ne voit pas l’intérêt d’un enseignement scientifique de haut niveau. La plupart des élus ne maîtrisent ni la règle de trois ni les % cumulatifs.
                  • Les élèves et les étudiants qui ne souhaitent que la réussite scolaire et universitaire (les bonnes notes, les diplômes bon marché). De toutes façons notre élite intellectuelle se tourne aujourd’hui vers la gestion (le ’management’). Qui veut être chercheur, ingénieur, qui veut décrocher une médaille Fields ?
                  • Les parents sont aussi cons que leurs chiards, ils veulent des 20/20 en maths et ailleurs, des passages automatiques dans la classe supérieure, la réussite au bac,, l’entrée en fac ...
                  • Les profs ne focalisent que sur leurs problèmes de carrière, les moyens (petits programmes, peu d’élèves, gros salaires, grandes vacances, voilà ce qui importe...).
                  Alors qui ici et aujourd’hui s’inquiète du niveau de nos élites scientifiques ???
                  Vous, moi, autant dire personne.
                  Dany-Jack, le problème est politique, défendre l’esprit des maths, défendre les programmes, défendre la science, dans le contexte actuel c’est perdre son temps.
                  Désolé cher collègue, de vous dire qu’une fois de plus vous avez consacré au moins une heure à écrire un très bon article sur un sujet qui n’intéresse plus personne, et que vous auriez sans doute mieux fait pour votre moral et votre santé d’occuper ce temps à vous dorer sur les magnifiques plages antillaises.

                  • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 00:09

                    Bonjour Abou Antoun,


                    Je me suis fait à cette idée, et il vaut mieux. A part quelques-uns qui comprennent certaines choses sur les sciences, et savent aussi faire la différence entre sciences formelles et sciences expérimentales, ou apprentissages des sciences et élucubrations pédagogistes, eh bien il y a tous les autres qui ont des idées très arrêtées tout en sachant bien peu de choses, en fait.

                    C’est la vie. On raisonne à partir de ce que l’on croit savoir.

                    De temps en temps j’écris quelques articles pour envoyer un signal, comme j’estime le devoir à mes concitoyens. Certains comprennent. Vous en faites partie. D’autres seront franchement contre. Ce n’est pas grave. Au moins certains sauront.

                    Vos remarques sont tout à fait vraies. Ce n’est pas grave si je perds un peu de mon temps : ce sera une contribution au débat. Je conserve suffisamment de temps pour continuer à travailler sur mes projets de livre. Le prochain s’intitulera « Géométrie du collège pour les matheux », donc pour ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension de la présentation de la géométrie comme on pourrait le faire au collège, et comme on suppose qu’on le fait sans le dire. Avec beaucoup de démonstrations, parce que les maths, c’est ça : ne rien croire, TOUT démontrer.

                    C’est dans cette « petite production » que je trouve mon entrain et ma motivation.

                    N’ayez pas peur : je profite des plages pour nager régulièrement quelques kilomètres et me revigorer dans le grand bleu. Courir dans la forêt tropicale aide aussi à retrouver la sérénité. C’est une aide de la nature, confortable, généreuse. Et mes quelques étudiants qui se destinent au professorat, et travaillent dur pour y arriver et progresser sur la maîtrise des fondamentaux, me sont aussi une sacrée aide pour continuer. Ils sont méritant, ils feront du bon travail. En avant ! Ceux de l’année dernière qui sont déjà partis enseigner savent comment raisonner et ce que sont les maths, pour de vrai. Pas une édulcoration à bas prix.

                    Agissons sans attendre ni dépendre du fruit de l’action, comme l’enseigne la Bhagavad-Gita.que je lisais quand j’étais étudiant.

                    Je vous souhaite une superbe journée sur Terre, et merci pour votre contribution :) 

                  • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 6 décembre 2014 08:03

                    Merci l’ auteur pour nous mettre au parfum des dernières évolutions en France.J’ enseigne les maths en Espagne où je suis sûr que ces initiatives recevront un écho...je serais à l’ affût.

                    Par ailleurs l’ échec scolaire qui préoccupe tant les décideurs les amènent à faire une utilisation à outrance de l’ informatique en maintenant l’ illusion que ce formidable outil peut remplacer l’ esprit.
                    Or le stylo ne fait pas l’ écrivain, et la caméra ne fait pas le metteur en scène...J’ ai de plus en plus de difficultés à faire comprendre à mes élèves la nature des maths...l’ importance de la démonstration, de la construction et de l’ enchaînement de séquences logiques déductives qui amènent une validation ou une généralisation.
                    L’ emploi d’ algoritmes ne fera qu’ accentuer le comportement pavlovien des étudiants qui croiront comprendre alors qu’ ils ne feront que se comporter comme des singes savants, des chimpanzés bien dressés.L’ exemple typique c’ est l’ élève qui arrive à calculer une dérivée ou une intégrale un peu compliquée mais qui ne sait pas ce qu’ est une dérivée ou une intégrale( qui a oublié ou alors jamais assimilé ce concept basique).


                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 14:48

                      Tout ce que vous indiquez là seront les véritables problèmes des années à venir, exact.


                    • Vipère Vipère 6 décembre 2014 15:29


                      Dan y-Jack

                      Votre équation est intéressante ! 

                      Dans le temps de vie de l’humain, depuis la naissance jusqu’à la mort, nous devons idéalement essayer d’être heureux, mais tout cela relève-t-il bien des mathématiques, il semblerait que la philosophie apporterait davantage de réponses ?





                      • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 16:23

                        Oui ! La philosophie est une aide précieuse, les religions aussi, les combats aussi, en espérant qu’on les choississe bien :). 


                        Après cela dépend à quel niveau on se situe. Il faut sans cesse être conscient des enjeux différents suivant l’échelle où l’on se place :

                        - Echelle humaine : sur une vie, que cherche-t-on ?

                        - Echelle de la Terre : quels droits avons-nous sur tout ce qui existe sur notre planète ? Et les autres espèces ?

                        - Echelle de l’espèce humaine : quel avenir pour notre espèce ? La Terre disparaîtra dans quelques milliards d’années. Et l’espèce humaine ? Avant ? Sera-t-elle assez intelligente pour coloniser d’autres mondes et s’adapter plus longtemps ?

                        - Echelle cosmique : la Terre et l’espèce humaine ne posent aucun problème à cet échelle, leur devenir importe peu. L’univers (ou les univers ?) ne risque rien de nos actions et de nos choix microscopiques. 

                        Donc : agissons, mais restons zen.
                        Keep it easy.

                      • Vipère Vipère 6 décembre 2014 20:24


                        1/ A l’échelle humaine

                         Un petit nombre cherche le sens de la vie, d’autres simplement à remplir le vide existentiel en s’étourdissant d’activités en tout genre, par la recherche de sensations fortes à Travers le jeu, les drogues durs et l’alcool, à s’éprouver à travers les exploits repoussant les limites physiques humaines, à se reproduire pour assurer une descendance, à construire des ouvrages      pour s’inscrire dans l’histoire et laisser une empreinte etc...


                        2/ A l’échelle de la terre
                         

                        Nous nous sommes arrogés tous les droits, celle de polluer, de piller les resources limitées. Ce qui un jour posera de graves problèmes de développement de l’humanité dans l’incapacité de recréer de la matière à partir de rien. 
                           
                         

                         Paradoxalement, nous n’avons inscrit nulle part, nos devoirs vis à vis des générations futures, de cette terre que nous exploitons à outrance. 
                         
                         
                          

                        • Vipère Vipère 6 décembre 2014 21:01


                          3/ A l’échelle de l’espèce humaine

                          Il est difficile pour l’égo humain de concevoir que son existence physique a des limites, dans l’éternité du temps qui n’a ni début, ni fin.
                          Le temps n’est pas seulement une perpeption de notre esprit, mais une dimension. Il n’est pas fait de matière, mais pour autant nous ne pouvons pas dire qu’il n’est pas réel, son impact est visible sur nous, il nous marque physiquement, nous vieillissons à mesure que le temps passe.
                          Il en est ainsi de nombreuses choses que nous ne pouvons pas voir par des representations mentales mais par d’autres moyens de perception. 

                          Nous ne sommes pas adaptés pour vivre ailleurs que sur terre, c’est une autre limite, ce qui répond à la question d’un ailleurs improbable.

                          4/ A l’échelle cosmique

                            Aucun 


                          • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 6 décembre 2014 23:32

                            Oui. Mais :


                            - On pourra peut-être vivre ailleurs en s’adaptant,
                            - Le temps est une dimension qui peut être distordue, on sait peu de choses dessus. Les autres dimensions aussi d’ailleurs : on ne les perçoit que grâce à nos 5 sens et en raisonnant, donc l’univers nous est invisible pour la majeure partie. 
                            - Il semble qu’il faille au moins 11 dimensions pour décrire l’univers actuellement.
                            - L’univers dont on parle n’est que l’univers visible par un humain et accessible à la lumière d’un premier bing bang, il semblerait, donc ne nous donne pas accès à ce qu’il y a plus loin. 

                            Bref on sait pratiquement rien sur où nous sommes. C’est ainsi, c’est un grand mystère. On comprend de très petites choses. C’est mieux que rien, on a fait des progrès, mais les mystères subsistent. Donc je ne ferai aucun pronostic :)

                          • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 7 décembre 2014 22:33

                            Non, vous avez tort, il y a de l’H-G en terminale S..


                            En matière d’éducation, les réformes pleuvent comme des hallebardes : cela change donc tout le temps.

                            A peine disparues une ou deux années de terminale S, une nouvelle réforme impose à nouveau des heures d’histoire-géographie en terminale scientifique dès l’année 2014-15, rajoutant 2h hebdomadaire à une semaine trop chargée (30h environ).


                            Cela augmente encore le volume des enseignements littéraires en série S, pour des élèves qui ont de moins en moins le temps de travailler les sciences. Eparpillement maximum = mauvaise performance dans tous les domaines, et c’est ce que nous vivons actuellement.

                            Le caractère littéraire de l’enseignement de l’histoire-géographie ne fait aucun doute quand on lit le BO suivant :

                            Que l’on ne se méprenne pas sur ce que je dis ! Je n’ai rien contre un domaine particulier, et je suis d’ailleurs un fervent consommateur d’émissions et de livres d’histoire qui ouvrent l’esprit et permettent de prendre du recul. La connaissance du monde et la géopolitique sont très importantes et nous intéressent toute une vie.

                            Mais on ne peut pas impunément rajouter des matières obligatoires aux élève de terminale, sous prétexte que c’est intéressant, sans hypothéquer l’ensemble des enseignements qu’il reçoit. Il FAUT faire des choix cohérents en accord avec la section choisie par l’élève, et le préparer vraiment à travailler dans les domaines qui correspondent à cette section,

                            En terminale littéraire, il n’existe plus aucun enseignement scientifique. Plus de mathématiques, ce que l’on peut comprendre, même si certains domaines des mathématiques permettent de mieux appréhender le monde qui nous entoure, comme l’étude de la perspective (qui existait avant en terminale L) ou l’initiation aux méthodes de compression numérique des images (pour comprendre comment les nombres interviennent dans le domaine de l’image).

                          • Vipère Vipère 7 décembre 2014 12:04



                            Toutes les planètes qui nous entourent sont hostiles et ne peuvent être colonnisées par l’homme qui ne pourrait y survivre, selon des études menées par des scientifiques.





                              • njama njama 7 décembre 2014 18:07

                                On ne peut pas affirmer que le bing bang soit l’origine de la création, tout ce que l’on peut dire c’est que le temps démarre avec le bing bang, ce qu’il se passe « avant » la science ne sait rien en dire ...
                                Entre commencement et origine il y a des nuances
                                De toute façon la théorie du« bing bang » (pourtant expression ironique de son détracteur Fred Hoyle) certains astrophysiciens n’y croient pas, elle n’est qu’une hypothèse parmi d’autres existantes. On dira que la théorie du bing bang est une secte qui a réussi, jusque ce qu’elle soit chassée dehors par une autre


                              • njama njama 7 décembre 2014 17:58

                                J’avais appris des bases de la théorie des ensembles en début collège fin des années 60
                                Quand mes enfants étaient au collège, je me suis aperçu que ce pan des mathématiques avait été complétement escamoté, passé à la trappe. Pourtant c’était passionnant et très parlant ...
                                Auriez-vous quelques explications sur cette disparition ?


                                • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 7 décembre 2014 22:07

                                  Toute initiation sur la théorie des ensembles a disparue du collège et du lycée à partir des années 1980. Il y a eu des excès, comme à chaque réforme, puis cela s’est fait beaucoup sentir, puis il y a eu une contre-réforme à cet endroit. 


                                  L’excès s’est produit dans le primaire, où l’on insistait par exemple bien trop sur les numérations en bases quelconques, et au collège où par exemple l’introduction de la géométrie sur des bases trop axiomatiques, et la définition des vecteurs utilisant des classes d’équivalences, étaient trop difficiles pour les collégiens.

                                  Ce qui est dommage, c’est que cette contre-réforme ait aussi faite disparaître la progression de la série scientifique C d’avant 1980 où l’on faisait de très belles mathématiques qui formaient à la rigueur de pensée et au raisonnement. L’étude des espaces vectoriels et des isométries vectorielles planes faisaient par exemple partie du bagage commun de l’époque, ce qui donnait une vision riche des mathématiques, et enjoignaient beaucoup d’élèves de la section C à continuer en sciences.

                                  Donc, pour moi, la disparition de l’étude des ensembles (et de la logique) est la conséquence d’un coup de balancier contre la « grande réforme » des mathématiques qui avait engendré beaucoup d’excès et de déconvenues, et les grands perdants sont les lycéens en section scientifique.

                                  Il semblerait qu’en matière d’enseignement comme ailleurs la voie du juste milieu soit impossible à suivre :)

                                • njama njama 7 décembre 2014 23:59

                                  Merci pour votre réponse
                                  J’ai connu ça avant 1980 Terminale C 9 heures de math / semaine excellents manuels Aleph 0, rien n’était admis sans démonstration... ce qui est une base en science
                                  physique Chimie 7 heures /semaine
                                  La terminale S a raboté tout cela ...


                                • Pere Plexe Pere Plexe 7 décembre 2014 19:49

                                   « Dans le cadre des nouveaux programmes, nous allons développer des approches nouvelles des maths. L’introduction de l’algorithmique permettra par exemple de mieux former les élèves au raisonnement déductif. Le numérique sera aussi mis à profit pour permettre aux élèves d’effectuer davantage d’exercices avec des niveaux différenciés et d’avancer aussi chacun à leur rythme. »

                                  = FAUSSE ROUTE. L’algorithmique n’a rien à voir avec l’esprit mathématique, ni avec le raisonnement déductif. 

                                  1 ; Votre propos est discutable.En quoi l’algorithmique serait moins math que l’arithmétique par ex ?

                                  2-Et surtout ce n’est pas le sujet ! La programmation apparait clairement comme un moyen pas comme une finalité se substituant à telle ou telle branche des mathématiques.

                                  3 -Vous éludez la deuxième partie de la phrase "Le numérique sera aussi mis à profit pour permettre aux élèves d’effectuer davantage d’exercices avec des niveaux différenciés et d’avancer aussi chacun à leur rythme".

                                  C’est une technique qui permet d’automatiser des choix et les faire réaliser par une machine.

                                  C’est pour le moins une vision simpliste et surannée.Nombre de systèmes complexes sont gérés informatiquement.

                                  Sans bagage disciplinaire suffisant, cela sera perçu comme franchement inutile et ennuyeux par la majorité des gosses du collège. L’algorithmique, c’est fastidieux, la programmation, c’est la prise de tête avec une syntaxe à rendre fous même les plus sympathiques, donc si on en propose beaucoup aux gosses, on est certain qu’ils auront encore plus horreur des maths !

                                  Encore une fois vous êtes dans l’affirmation gratuite plus que dans la démonstration.Nombre d’école ayant expérimenté sont plutôt satisfaites et vous contredisent.


                                  • Fiorello 27 avril 2015 20:37

                                    Article excellent n’en déplaise à quelques fantaisistes(au vu des commentaires ) !
                                    On sent que l’auteur sait de quoi il parle lui !


                                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 27 avril 2015 23:03

                                      @Fiorello
                                      Merci Fiorello ! J’ai effectivement enseigné en collège, au lycée et à la fac, ce qui permet d’avoir un certain recul. Ah oui, il y a beaucoup de fantaisistes qui répondent, comme vous l’avez remarqué :) 


                                    • Wàng 2 février 2016 15:23

                                      L’état de l’enseignement des mathématiques est une catastrophe absolue en France. Très peu de gens en ont conscience, hélas. La tiers-mondisation est en cours dans ce domaine comme dans d’autres.

                                      Le niveau en maths des bacheliers actuels correspond à celui d’enfants en fin de seconde il y a 40 ans. Il ne savent plus du tout calculer, n’ont jamais rien démontré de leur vie, sont incapables d’apprendre une leçon (car leur mémoire n’a jamais été sollicitée), de faire la différence entre un théorème et une définition, leur niveau en algèbre et en géométrie frôle l’ensemble vide ... je ne parle même pas de la façon dont ils rédigent un raisonnement, à 95% c’est un charabia innommable. De toute façon les questions sont faites pour qu’on y réponde par un nombre ou 3 mots à la suite.

                                      Et il semble que c’est encore pire dans les matières littéraires ...

                                      Votre site est super, notamment les pdfs des anciens programmes ! Éloquent ...

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