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gouaille 10 mai 2007 12:53

Sur la question de « un autre » : je te conseille d’abord d’aller sur le site de l’Agence France Trésor (un lien tout à la fin de mon article), où tu trouveras de nombreuses réponses à ta question. Pour répondre rapidement, on peut d’abord distinguer la dette détenue par des résidents (40 %) et celle détenue par des non-résidents (60 %) : cette dernière progresse extrêmement vite depuis quinze ans (depuis 1990, elle est passée de 40 à 60 %). Concernant la dette des résidents, ce n’est pas un scoop si je te dis qu’elle est possédée par les classes aisées de la nation. Mais il faut faire attention : peu de ménages possèdent directement des obligations ; en général, ils passent par des institutions spécialisées qui se chargent de placer leur épargne : ainsi, sur les 40 % de dette des résidents, 28 % est achetée par les compagnies d’assurances, 7 % par des banques, 8 % par des fonds de placement collectif en bourse. Ainsi de nbx rentiers de l’Etat sont des Mr Jourdain de la dette publique : des rentiers sans le savoir ! C’est le cas par ex lorsqu’on place son épargne en assurances-vie auprès de compagnies d’assurances : ces dernières font fructifier cette épargne en achetant des titres (obligations et actions) sur les marchés financiers. Concernant la dette des non-résidents, on retrouve les mêmes acteurs (étrangers, cette fois), avec quelques différences : ce sont tjs grosso modo les ménages les plus aisés qui possèdent cette dette avec les mêmes intermédiaires (assurances, fonds de placement en bourse, banques), mais avec une spécificité pour les quelques pays avancés sur la voie du paradis capitaliste : les fonds de pension (c’est-à-dire la privatisation de l’épargne des retraites aux USA ou en Angleterre par ex) : les ménages US financent leurs retraites en achetant (entre autres) des obligations d’Etat. Outre ces institutions privées, il faut ajouter dans cette dette non résidente, les institutions publiques, telles que les banques centrales (notamment asiatiques) qui accumulent des créances sur l’extérieur grâce à leurs excédents commerciaux : en ce sens, la dette publique des Etats ocidentaux traduit un nouveau partage géo-économique de la croissance mondiale au profit des économies émergentes. De manière générale, tous ces acteurs prêtent aux Etats car ils ont dans la position de capter une épargne, c’est-à-dire de l’argent accumulé, que l’on a ni dépensé, ni investi dans l’économie réelle. En ce sens, la concentration de l’épargne dans quelques secteurs territoriaux ou sociaux de l’économie mondiale traduit un ensemble de déséquilibres croissants dans l’allocation des ressources et la distribution des revenus.


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