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Christian Labrune Christian Labrune 25 mars 2017 12:26

@Gilles Mérivac,
Votre article est très plaisant à lire. On peut bien évidemment, comme le fait Abou Antoun, contester la causalité de certains phénomènes, et je serais d’accord aussi pour dire que c’est le rationalisme qui a tué les religions. Le « fides quaerens intellectum » d’Anselme de Cantorbery, dès le XIe siècle, et bien avant Descartes qui reprendra la preuve ontologique, c’est déjà le ver (aussi estimable pour moi que le serpent de la Génèse !) dans le fruit de la croyance naïve. Anselme peut bien écrire « l’insensé dit : Dieu n’existe pas’, l’insensé ne tardera plus à ne pas être celui qu’on pense.

Mais enfin, quand on essaie de faire tenir en quelques pages toute l’histoire de l’humanité, cela a le charme de la rêverie et de la fable. On peut n’être pas d’accord avec Rousseau dans la première partie de son »Discours sur l’inégalité« , quand il essaie de décrire les premiers temps de l’humanité, on est quand même sensible à une certaine poésie qui donne un sens à l’expérience humaine.

Cela dit, et bien qu’il soit difficile de prévoir, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir, comme le disait je ne sais plus quel humoriste, on peut quand même assez facilement concevoir qu’on arrive au terme de l’expérience »humaine« . Dans une vingtaine d’années tout au plus, l’ordinateur quantique permettra un traitement des données qui sera sans rapport avec celui que permettent les machines contemporaines qui, malgré leurs performances assez remarquables, n’égalent pas les capacités de synthèse du cerveau humain. L’intelligence artificielle va donc exploser, et les nouvelles méthodes de résolution des problèmes de perception et de reconnaissance du monde réel, qui font appel aux »big data", donnent à penser que le moment n’est plus très loin où la parité entre l’intelligence humaine et celle de la machine pourra être atteinte. A partir de là, l’intelligence biologique continuera à stagner (nous ne sommes guère plus intelligents que l’homme du néolithique), et l’autre pourra travailler indéfiniment à se complexifier, selon sa propre logique et ses propres nécessités.

Bref, la théorie de l’évolution conduit nécessairement à considérer que le support d’une intelligence qui a fait la spécificité de l’espèce humaine ne devrait plus trop tarder à passer du corps biologique à un support tout à fait artificiel. L’avenir de l’homme, c’est donc la machine.

En ce sens, lorsque j’entends même des scientifiques, dans des émissions de vulgarisation, se demander si la VIE existe ailleurs dans l’univers, j’ai envie de rire. Il aura fallu seulement une dizaine de milliers d’années pour que l’intelligence artificielle finisse par supplanter la nôtre (probablement à la fin de ce siècle). Par rapport aux milliards d’années qui nous séparent de l’origine de l’univers, c’est un moment presque insignifiant, et je parierais que cette évolution est partout la même. Il y a donc très peu de chance qu’on trouve jamais ailleurs dans l’univers une intelligence biologique soumise à un déterminisme lent. L’intelligence tend nécessairement à s’affranchir des limitations qui la conditionnent, et en particulier de la mort.

Ces thèses, dira-t-on, sont aussi celles des post-humanistes. On peut bien m’en faire le reproche, mais je n’en aurai cure : elles sont des plus rationnelles. 


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