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easy easy 31 juillet 2012 13:55


Le titre « Fukushima n’est pas qu’un simple accident (ou incident) de parcours » propose, sans même qu’on ait à lire un quelconque développé, de reconsidérer la relation entre les accidents du nucléaire et leur parcours.



Tous les systèmes que nous avons inventés ont produit et produisent encore des incidents et accidents.

Il y a deux sortes de systèmes inventés.
Ceux qui se résument surtout à une machinerie matérielle tel un alambic fait de cuivre et de verre.
Ceux qui se résument surtout à une organisation sociétale telle l’organisation des républiques grecques.

Les catastrophes résultant des systèmes sociétaux résultent surtout de leur confrontation avec d’autres systèmes sociétaux et sont parfois de très grande ampleur en termes de morts ou violences infligées. Mais dès que les gens en ont marre de les subir, ils changent de système et le malheur s’arrête.

Les catastrophes résultant des athanors provoquent des morts en nombre souvent plus limités et on modifie sans remords ni grande honte les mécanismes afin qu’elles ne se reproduisent plus (de la même manière en tous cas)

On modifie bien plus volontiers et sans blessure d’amour propre une recette de champignons qui a empoisonné une famille ou un pneu qui glisse trop qu’une recette politique.



Or le nucléaire accumule bien des aspects super négatifs.

Il est d’impact si important sur tant de plans qu’il est très fortement lié à une vision politique. C’est donc déjà un athanor politisé qu’on n’améliorera que de très mauvais gré.
Par bien des aspects, le nucléaire aliène sur de très longues périodes. Une politique, outre qu’elle ne change déjà pas facilement sans grandes vexations, change encore plus difficilement dans le cas où elle est nucléaire car il s’agirait pour leur promoteur de reconnaître des erreurs transgénérationnelles à conséquences lourdissimes.

Concernant ses accidents, incidents et productions anales, d’une part ils produisent des morbidités à mille degrés et originalités (alors que dans un accident de Titanic, il n’y a que des morts classiques et des indemnes), d’autre part ils ne sont circonscrits ni géographiquement ni temporellement.

Dans tout athanor, il est possible d’effectuer un crahs test. On peut même remplir un avion de 100 passagers et le foutre en vrille pour voir. On n’aurait au pire que 100 morts.
Le nucléaire est le seul athanor pour lequel on ne peut effectuer de crash test mais uniquement des stress tests (dont le public ne peut mesurer les résultats)


Comme il l’avait promis le nucléaire offre des allures d’infinis en tous genres, mais accidents, incidents et productions anales comprises.


La réalité du nucléaire dépasse nos entendements habituels et nos grammaires tant technologiques que sanitaires que véhiculaires.

Sans prétendre qu’il existe de monstre absolu (tant je crois que toutes nos condidérations ne sont qu’anthropocentriques) , les trois accidents notoires du nucléaire mondial sont bien des accidents-incidents de parcours, mais d’un parcours monstrueux au regard de nos moyens habituels de gérer nos inventions.
Lors du naufrage du Titanic, une fois le décompte définitif fait et le constat des limites finies de sa catastrophe, les pensées et mots des gens enveloppaient la chose en tous ses aspects, tant numériques, que qualitatifs, que scientifiques, qu’émotionnels, etc (en dépit de son nom de Titan)

En revanche, après Hiroshima et Nagasaki, les victimes mais aussi leurs bombardeurs, ont été très largement dépassés par les ampleurs des conséquences, toutes hors champ des larmes et pleurs habituels.
Il en est donc né le Butô. La plus originale des formes de danse. Qui ne joue plus du tout le jeu des contrastes entre joie et douleur, mais le seul jeu de l’indicible malheur.

C’est dire le paradoxe apparent que des gens qui ont vécu de si près ce dépassement d’entendement aient ensuite couru vers l’atome, en tous cas civil.

C’est sans doute que si certains admettaient l’homme vaincu par des dépassements, d’autres, profitant de ce baisser-de-bras formalisé, théâtralisé, en auront profité pour prétendre, sans concurrence idéologique alors, qu’il était au contraire possible d’enchaîner le monstre.


Quel que soit le monstre (chose nous dépassant), il se trouvera toujours quelque Thésée ou Prométhée profitant du désarroi pour promettre de le maîtriser et il aura alors le pouvoir.




Les catastrophes classiques pouvaient être contenues dans la vie de celui qui en avait créé le système (tous les drames napoléoniens étaient inclus dans la vie de Napoléon). Un ambitieux qui lançait son peuple dans une entreprise risquée, savait donc mettre sa vie à disposition pour en répondre. 
Avec le monstre nucléaire, dont les accidents incidents et étrons ont des dimensions qui dépassent mille générations, seuls les risques courts termes peuvent à la rigueur freiner celui qui prétend l’enchaîner. Il n’a rien à cirer des risques à long terme, qui sont précisément les plus conséquents.

Même avec sa meilleure volonté, un décideur du nucléaire ne peut plus répondre ni juridiquement ni moralement de toutes les conséquences de son choix.


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