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easy easy 8 décembre 2011 17:32

Dans les sociétés où il n’y a ni argent ni fortune, où il n’y a donc pas de bagarre ou de compétition pour l’obtenir, personne n’y fait de fantasmes à la Picsou.

Dans les sociétés où il n’y a ni silicone ni prothèses, où il n’y a donc pas de bagarre ou de compétition pour en obtenir, personne n’y fait de fantasmes à la Lara Croft

Dans les sociétés où il n’y a ni caviar ni champagne, où il n’y a donc pas de bagarre ou compétition pour en obtenir ; personne n’y fait le fantasme de nager dedans.

Il naît donc des cultes ou idéaux (sociétaux, ethniques, familiaux, clubistes) des fantasmes et des désirs qui sans ces implants intellectuels, n’existeraient pas ou seraient très faibles.


Et bien entendu, les cultes et idéaux -de toutes échelles- varient au fil des expériences de l’Histoire et des modes.

Le désir sexuel peut sembler très physiologique, basique, presque aussi fatal que celui de manger, de boire ou de pisser.
Mais vu la marge qu’il y a entre le fait de copuler et le fait d’enfanter, il est largement possible d’inventer des idéaux autour de cette base.

Alors que manger deux fois par jour semble fatal et suffisant, il a été possible à certains (assez rares sur la Planète) d’inventer un idéal autour du manger et ils en sont venus à pratiquer le vomissement pour pouvoir manger continuellement. Ceux qui ne pratiquent pas cet idéal peinent à imaginer tout ce qu’un tel culte peut avoir comme implications dans le mode de vie à la fois de l’individu et du groupe qui y croit. Surmanger, soit en vomissant soit en engraissant, a des tas de corollaires. Sursexer aussi.

Alors que copuler trois ou cinq fois dans sa vie semble fatal et suffisant, il a été possible à certains (très nombreux sur la Planète) d’inventer un idéal autour de la copulation. Il y a eu une très grande variété de cultes autour de la copulation à travers le Monde.
Certains versant plutôt dans la cosmologie, d’autres dans l’endroit où copuler, d’autres dans les catégories sociales avec qui copuler, d’autres dans les cadences, d’autres dans les poses, d’autres dans l’attachement, d’autres dans le turn-over, d’autres dans le détachement...
Mais tous ceux qui baignent dans ces divers chaudrons cultivant quelque sursexualisme ne peuvent plus saisir à quel point leur désir en a été conditionné tant en termes d’objet, que d’éthique, que de puissance, que de durée. Ils croient tous éprouver un désir sexuel naturellement paramétré alors qu’il est aussi culturel que le désir de voyager ou d’avoir une belle maison.

En France comme dans beaucoup de pays, un énorme package de cultes et donc de fantasmes divers ont été inventés à partir de la copulation de base. Ces cultes et fantasmes provoquent un surdésir qui va bien au-delà du désir basique. Ces cultes et fantasmes rendent le désir si obligatoire qu’il devient alors indispensable de le réveiller, de l’amplifier ou de le soutenir de béquilles, de mantras et de comprimés. 

En France, en son énorme partie cultuelle et fantasmatique, l’activité copulatoire ressort comme seul culte relationnel largement pratiqué (sous mille versions mais le plus souvent intimes) qui serait non vénal et qui serait, surtout ces derniers temps, très partageur-égalitariste de plaisir sensuel hors temps, hors contexte, hors racisme, hors castes et codes barres...
Quiconque ne serait ni sursexuel ni amplificateur du désir, (en tant qu’émetteur, récepteur ou marabout-sexologue) du désir, serait has been.
Et comme il se veut gratuit, il est également militant contre le tout fric, dans la lignée du mouvement hippie.
Tous acteurs-victimes du tout argent, nous profitons du sursexualisme actuel pour y réaliser notre part de geste gratuit et généreux.



Les sursexeurs-égalitaristes-gratuistes, fidèles ou infidèles, exclusifs ou partouzards, qui utilisent toutes sortes de médecines générant ainsi tout un commerce, deviennent de plus en plus nombreux et il est logique qu’ils agressent les adeptes de la prostitution qui chantent l’aria inverse.

Les sursexeurs de l’échange payant se défendent de ces attaques en brandisant le bouclier de la liberté et affirment qu’ils ont le droit de choisir. Les gratuistes martèlent que ces travailleurs du sexe ont le droit mais pas le choix et qu’il faut alors leur supprimer le droit. Ces derniers leur répondent que les caissières ont le droit mais pas le choix et que les épouses sont intéressées, yaka les voir lors des divorces.

C’est de toutes manières une bagarre entre sursexeurs.

Sans culte sursexeur, pas de surdésirs. Sans guerre des désirs, pas de prostitution.

Je pense que les sursexeurs de l’échange payant devront s’enfoncer dans la clandestinité et que deux avatars surgiront de cette bataille (même les vainqueurs des guerres en ressortent transformés).
L’un proposera la voie de la jouissance sexuelle anonyme et sans contact direct (elle sera très voire entièrement cybernétique).
L’autre proposera de sortir de la sursexualisation.

Fidélistes et infidélistes sauront, comme d’habitude, tirer partie de ces deux avatars






Petite remarque annexe

Il paraît donc que les Romains pratiquaient la partouze. Or, dans une partouze, chacun se retrouve à s’exciter non plus à la vue de l’autre sexe mais à la vue des deux sexes en affaire.
Après Constantin Ier, ces spectacles n’ont plus été proposés qu’à de rares regards. Mais à partir de 1900, le cinéma a pprogressivement invité tout le monde, même le plus gueux des gueux, à s’exciter à la vue de deux sexes s’affairant. Je vois mal comment les esprits ainsi formés à l’excitation bi sexuelle voyeuriste ne deviendraient pas à la fois bisexuels et partouzards.

Il y a 30 ans, même en Allemagne, il n’y avait jamais que des femmes nues dans les peep show. Puis, avec les Boys Band, sont apparus des spectacles de strip masculins face à des salles exclusives de femmes. Tout ça formant l’esprit à l’excitation devant le sexe opposé et par une seule personne à la fois.
Alors que ça n’apporte rien de plus au scénario, le cinéma a offert de regarder des gens faire l’amour.et parfois que ça.

Au point que depuis 5 ans, fleurisent des spectacles de strip mixtes. Il n’y a certes pas de copulation sur scène mais les esprits des spectateurs se forment à une excitation vers un sexe autant que vers l’autre. Pourvu que le corps soit buildé, il excite.
Et du coup, l’air de rien, le focus n’est plus ni sur le genre ni sur le sexe. La focalisation va de plus en plus à la plastique du corps entier. Et ce ne sont pas les jeux vidéos, les piercings et les tatouages qui entament cette tendance plasticiste unisexiste où homme femme peu importe.

Tendance très distincte de celle des Précieux, eux aussi égalitaristes, mais qui ne s’excitaient que d’une manière de faire danser le verbe. 
Tendance qui pose d’énormes problèmes à l’énorme masse de ceux dont le corps s’affaisse et qui pousse donc aussi au jeunisme.
Le discours à la mode, que tiennent même les vieux singes, verse en ce moment dans le reproche fait aux anciens d’avoir conduit le Monde là où il est. Plus rien de ce qu’ont fait les vieux n’a de valeur -mais on ne crache pas sur les héritages pécuniaires pour autant.
Cf Severn Suzuki.
C’est un phénomène inédit dans l’Histoire

Au-delà donc de la guerre entre les sursexeurs gratuits et les payants ou après elle, je crois que nous finirons divisés entre le pôle des bisexuels-plasticistes et le pôle des allergiques à la sexualité qui n’accepteront peut-être même plus le concept de mariage avec Dieu.


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