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Accueil du site > Culture & Loisirs > La quête du palais de Théodoric conduit à la chapelle palatine de (...)

La quête du palais de Théodoric conduit à la chapelle palatine de Charlemagne d’Aix-la-Chapelle

 Quand on a goûté aux splendeurs des nombreuses cités nées avant l’Italie sur son territoire, et que la curiosité nous amène à en découvrir une nouvelle parmi les plus anciennes, il ne faut pas s’étonner de s’y réveiller un matin.

La découverte racontée ici des nombreux sites remarqués par l’UNESCO à Ravenne, avait commencé à une heure de chrétien en quittant notre hôtel de la via di Roma à deux pas de la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf. Sa visite s’imposait.

Juste avant, une imposante façade ancienne restée en bon état, s’avance jusqu’au bord du trottoir, le reste de la construction a disparu. Un panneau municipal et notre guide touristique mentionnent que c’est celle du « Palais de Théodoric ».

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Palais dit « de Théodoric » (1)

 

Sauf à imaginer que l’architecte se serait inspiré de la majestueuse porte d’or du palais de Dioclétien (IIIe s.) à Split en Croatie, on peut bien se demander qu’elle avait été son intention en disposant si haut cette importante alcôve avec ces colonnades suspendues.

Porte d’Or du palais de Dioclétien

 Entre 1802 et 1814 pendant les campagnes napoléoniennes en Italie on s’était intéressé au « Palais de Théodoric » en lui attribuant aussi la façade qui nous intéresse. Des dessins rapportés alors et conservés aujourd’hui au musée du Louvre en témoignent, dont celui-ci. Preuve supplémentaire s’il en fallait de la curiosité historique de ces français conquérants, aguerris à la discipline déjà en Egypte.

 

Partant de là on ne pouvait pas deviner que chemin faisant notre curiosité nous conduirait jusqu'à Charlemagne.

La suite de notre visite de la ville nous amènera à nous questionner à propos de ce bâtiment, avec deux informations qui semblent contredire son attribution largement partagée au palais de Théodoric.

La première nous surprend quelques dizaines de pas plus loin dans la basilique Saint-Apollinaire-le-neuf, voulue par Théodoric au début du VIe s.

Saint-Apollinaire-le-neuf

Ses remarquables mosaïques ont conservé les traces des mouvements religieux avec une parenthèse hérétique d’à peine cinquante ans sous Théodoric qui laissera une empreinte architecturale arienne à Ravenne. Elles ont été modifiées au gré des dogmes dominants en en conservant l’essentiel, dont celle qui alimente le sujet qui nous intéresse. Il s’agit dans la nef, d’une mosaïque qui reproduit la façade d’un palais avec sur le fronton la mention « PALATIUM », qu’historiens et guides touristiques (b) attribuent généralement à Théodoric.

Il n’est pas nécessaire d’être féru d’architecture pour ne pas reconnaître ici la façade restante du « Palais de Théodoric » vue un peu plus tôt depuis le trottoir de la via di Roma (1) .

La deuxième source d’interrogation provient du musée de Ravenne attenant à la basilique Saint-Vital.

 

Dans une vitrine plutôt discrète posée dans un de ses couloirs, on peut voir une « Carte antique hors les murailles de Ravenne » sur plaque émaillée qui reproduit des monuments anciens et disparus de la ville avec leurs noms et quelques informations. Elle semble avoir été réalisée en avril 1855 à partir de sources non mentionnées.

 

Celui qui nous intéresse ici est désigné « Palazzo di Valentiniano III in Laureto », du nom de cet empereur romain d’Occident né à Ravenne quelques décennies avant la prise de pouvoir par Théodoric.

 

On remarquera une similitude étonnante avec le « PALATIUM (2) » attribué à Théodoric dans la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, ci-après. 

 

Alors de qui est ce palais ?

Des historiens rapportent les témoignages de contemporains de Théodoric qui relatent sa propension à construire des monuments et des palais nombreux, quand d’autres soulignent le peu d’intérêt de l’empereur Valentinien III un peu plus tôt. Pour en savoir davantage sur cette paternité il faut consulter encore pour savoir pourquoi ces deux façades si différentes seraient celles du « Palais de Théodoric » pour les uns, quand cette carte antique de Ravenne nous montre le « Pallazzio de Valentiniano III in Laureto » .

 

Que nous dit-on à propos de son attribution à Valentiniano III ?

 

 

Pour suivre le fil de ce qui suit on se rappellera l’enchainement rapide des événements. Le règne de Valentiniano III fut suivi de celui bref de Romulus Auguste déposé par Odoacre lui-même tué par Théodoric.

 

Louis-Gabriel du Buat-Nançay présente l’hypothèse d’une attribution du palais à Valentinien III, dans son « Histoire des peuples de l'Europe » écrite en 1772 à propos de l’assassinat d’Odoacre par Théodoric qui « … fut tué in laureto … on se tromperait si l’on entendait par là un lieu différent de Ravenne… le même endroit du palais de Ravenne… ». In Laureto désignerait donc un lieu précis de Ravenne voire une partie du palais ou le palais.

 

Yan Zurbach (Université du Québec à Montréal) apporte un complément d’explication il fait état (a) de « … la présence de l'église de S. Giovanni construite par Galla Placidia (mère de Valentinien III) et du palais Laureto attribuable à Valentinien III. C'est aussi à cet endroit qu'Odoacre aurait hypothétiquement fait construire un autre palais ».

Ces informations conduisent à penser que le palais de Valentinien III aurait été transformé par Odoacre en conservant la façade représentée par la mosaïque de la basilique Saint-Apollinaire-le-neuf construite par Théodoric. 

Les historiens rappellent aussi que « Les fouilles ont révélé des constructions de Théodoric dans la partie de la ville qui correspond aux quartiers impériaux donc de Valentinien III. L'Anonyme de Valois mentionne que Théodoric a achevé des édifices … avec transformations jusqu’au début du VIe s. … »

Poursuivant cette enquête, on observera les informations de la « Carte antique hors les murailles de Ravenne » avec sa désignation « Palazzio Valentinino III in Laureto » .

S’agit-il bien du même site ?

Les indices suivants semblent bien le confirmer. A côté du dessin du « Palazzio de Valentiniano III in Laureto » un peu en retrait, est représentée la « basilique San Pullione » dont l’adresse actuelle est rappelée dans "Ravenne et les traditions de l'artisanat antique tardif et byzantin" qui situe le mausolée de Libère Ier (Archevêque de Ravenne en 185) à San Pullione via Alberoni/via Pallavicini, à proximité immédiate de Saint-Apollinaire-le-Neuf et donc du palais.

Ailleurs, dans le 19e tome de leur « Bibliothèque sacrée ou dictionnaire universel historique, dogmatique, canonique, géographique, et chronologique des sciences écclésiastiques », les pères dominicains Richard et Giraud situent également « Le Liberius mausoleum (St Pullione, via Alberoni/via Pallavicini  » au même endroit.

 

Plan actuel avec la basilique Saint-Appolinaire-le-Neuf et le « Palais de Théodoric (1) »

Il est donc raisonnable de penser que le Palais de Valentinien III in Laureto de la carte antique, à côté du mausolée de Saint Ibère lui-même à côté ou dans la Basilique San Pullione, tous placés entre les rues qui nous intéressent est bien le palais représenté sur les mosaïques de Saint-Apollinaire-le-Neuf.

Reste à savoir pourquoi Théodoric aurait fait représenter dans la basilique qu’il a voulue, le palais de Valentiniano III ?

Noël Duval de l’Ecole française de Rome a cherché à « …se faire une idée précise du palais de Ravenne dont rien ne subsiste aujourd’hui ». Dans son ouvrage " Que savons-nous du Palais de Théodoric à Ravenne ? ", il assure avec d’autres experts que ce qui reste du palais (1) de la via di Roma est plus tardif (VIIIe et le XIe s.). A propos de la datation de cette façade (1), Noël Duval développe un argumentaire qui conclut que « … personne ne parle plus du Ve ou VI e s. … depuis la fin du XIXe s. on a abandonné l’appellation traditionnelle de « Palais de Théodoric  », et que « malgré les textes qui parlent d’une construction ex nihilo, le roi goth se soit contenté d’aménager un édifice qui existait déjà  ». Il présente dans son ouvrage une photo de la façade (1) qu’il intitule « Le soit - disant Palazzo di Téodorico  ».

Concernant la mosaïque et sa façade « PALATIUM » attribuée au Palais de Théodoric (2) dans la basilique, il lui « …semble vain de chercher à préciser l’emplacement de cette façade sur le terrain ».

Bien que les traces archéologiques manquent pour suivre l’évolution certaine des aménagements et agrandissements de ce palais par ses augustes occupants successifs, une information confortera ceux qui pensent que cette façade de la via di Roma n’est pas celle du « Palais de Théodoric ». On sait (a) qu’ « À la fin du VIIIe siècle, alors que le palais impérial de Théodoric à Ravenne était en ruine, Charlemagne demanda et reçut l'accord par lettre du pape Hadrien (772-795) d'en prélever des marbres et des mosaïques… ». Charlemagne utilisera ces prélèvements pour sa chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle, ci-après.

 

 En conclusion, avec ces observations archéologiques et historiques, il est probable que la mosaïque représentant la façade d’un palais (2) dans la basilique voulue par Théodoric soit celle du palais de Valentiniano III réaménagé et occupé par Odoacre puis Théodoric, et que la façade de la via di Roma ne soit que le reste d’un ensemble palatial ancien aujourd’hui disparu.

 

On retiendra des efforts des historiens même parsemés d’inexactitudes, qu’ils contribuent avec leurs connaissances du moment à la nôtre.

Qu’ils en soient tous remerciés pareillement.

 

(a) « Le projet politique de Théodoric le Grand à travers les mutations du pouvoir romain du Ve au Vie s. » YAN ZURBACH

(b) Commentaire à propos des sources historiques qui se reproduisent.

Une anecdote d’Edhem Elden (Collège de France ) nous instruit avec l’histoire du cheval blanc du Général d’Espérey qui entrait dans Istambul lors de l’effondrement de l’empire Ottoman après la première guerre mondiale.

Soixante-dix historiens et écrivains dont il a présenté la liste ont assuré que le cheval du Général était blanc. Ce détail avait son importance puisqu’il devait faire écho au cheval blanc de Mehmet II lors de la prise de Constantinople.

Toutes ces sources se recopiaient sur ce point jusqu’à ce qu’une photo retrouvée du général à la tête du cortège qui entrait dans la ville ce jour-là prouve que le cheval avait une robe foncée.


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24 réactions à cet article    


  • JPCiron JPCiron 16 août 2022 09:01

    Merci pour cette enquête passionnante.

    Rechercher le pourquoi des choses donne via à la pierre et aux lieux.


    • L'apostilleur L’apostilleur 16 août 2022 13:57

      @JPCiron
      « ...Rechercher le pourquoi des choses donne vie à la pierre et aux lieux.. »

      Avis partagé. 

      Quand on y a pris goût, un univers infini s’ouvre à la portée de tous. 


    • Joséphine Joséphine 16 août 2022 10:37

      Pendant que tout le monde se rue à Parme, Bologne ou Rimini, Ravenna est un très bon choix pour trouver son petit coin de paradis au bord de la mer. Ravenna, c’est un peu Venise mais sans les touristes. On y trouve une gastronomie exquise, anguilles marinées , charcuteries, fromages, en plus c’est pas trop loin de Modena donc on peut y goûter à des vinaigres balsamiques exceptionnels et vieux de plusieurs décennies. 

       Beaucoup de ces façades avec alcôves font penser à des éléments architecturaux « arabisants » que l’on rencontre dans les rues étroites de Grenada en Espagne également. Et à propos d’Al Andalus, vous faites bien auteur de finir votre texte sur le cheval de Mehmet II et la prise de Constantinople....Pendant que les Byzantins s’adonnaient à des querelles sans fin et parlaient du sexe des anges, l’Islam et ses soldats d’élite organisaient la conquête des terres chrétiennes avec une facilité déconcertante. Notre parlement parle en ce moment même d’organiser des sanctions contre l’extrême droite qui critique le LGTBQ et l’autorisation du changement de sexe chez les enfants. Nous voilà donc de retour à Byzance et de ses mêmes débats vains sur le sexe des anges....L’islam a de beaux jours devant lui en Europe ! 


      L’Histoire se répète, mais en pire. 


      • L'apostilleur L’apostilleur 16 août 2022 14:53

        @Joséphine
        « ...ces façades avec alcôves font penser à des éléments architecturaux « arabisants » que l’on rencontre dans les rues étroites de Grenada ... »

        Les souvenirs de Grenade s’accrochent à l’Alhambra, son Généralife, le quartier de l’Albaycine sur sa colline blanchie par les façades...

        N’ayant pas en mémoire ces alcôves dans les ruelles vous donnez là un bon prétexte pour y retourner.


      • L'apostilleur L’apostilleur 16 août 2022 14:59

        @Joséphine
        « ...Pendant que les Byzantins s’adonnaient à des querelles sans fin et parlaient du sexe des anges, l’Islam et ses soldats d’élite organisaient la conquête des terres chrétiennes avec une facilité déconcertante... »

        Avant les Ottomans les plus grands ennemis des chrétiens de Constantinople étaient les chrétiens d’Occident, 1204 les avait traumatisés. 
        Les grecs orthodoxes s’en souviennent encore.


      • Joséphine Joséphine 18 août 2022 00:19

        @L’apostilleur
        Merci pour toutes ces précisions sur les chrétiens d’Occident. Quant aux alcôves de Grenade, vous me faites hésiter avec Cordoue. Je ne sais laquelle de ces deux villes je préfère, j’ai toujours visité ces deux lieux en un seul périple et il m’arrive de confondre leur splendeur. Il faut fouiller, arpenter sans cesse les rues labyrinthiques et tomber au hasard dans des impasses ombragées et (un peu) secrètes... C"est en levant les yeux vers le ciel qu’on voit parfois des détails étonnants et inconnus de tous . Je suis si heureuse de partir là bas. Pas en Andalousie, mais en Catalogne. J’en ai eu, et j’en aurai aurai des émotions architecturales ! 


      • Pierre-Marie Baty 18 août 2022 00:41

        @L’apostilleur
        Je peux confirmer par une expérience personnelle.
        En visite à Chios. Île magnifique, grecque jusqu’au bout des capillaires. A tiré sa richesse du lentisque pistachier, qu’ils savaient scarifier pour en extraire le mastic, au point que les Génois du moyen-âge les ont réduits en quasi esclavage, enfermés dans leurs villages gardés la nuit et le jour surveillés dans les champs de lentisque, avec fouille à l’aller comme au retour, et gare à la femme qui en aurait conservé une précieuse goutte dans son fichu.
        Nous arrivons à Mesta. Bourgade renfermée sur elle-même, écrasée par le soleil, aux ruelles labyrinthiques au milieu de laquelle, bordant une placette minuscule, s’ouvrait la fraîcheur de l’église orthodoxe. Nous rentrons. Deux petits vieux y prient. Ils nous entendent commenter à voix basse les icônes. Je parle d’histoire, de Constantinople, de la différence entre l’art byzantin et l’art russe, de ce que j’en savais. Soudain le vieux me saute littéralement dessus. M’attrappe par la manche, et me traîne (« Venez ! ») devant l’immense fresque de Saint Michel qui se dressait de toute sa hauteur sur la partie gauche de l’iconostase. Il me pousse ; je suis le nez contre la vénérable peinture, il s’attendait à ce que je l’embrasse par dévotion ; je n’ose pas polluer une telle splendeur. « Regardez ! » me dit-il. « Regardez-le ! Priez ! Afin qu’il ne vous laisse jamais tomber ! »  Et de regarder intensément avec lui les yeux enflammés de ce soldat ailé, vêtu à la romaine, tenant en respect sous sa lance la créature qui nous dévore tous.
        Revenus à une conversation plus sage, nous entamons alors avec le vieil homme une discussion en forme de récapitulatif historique de l’île de Chios, de l’époque d’Homère dont cette île fut le berceau, à la splendeur byzantine (il disait : romaine), puis au joug des sultans ottomans jusqu’à la révolte du début du XXe siècle qui les en libéra et où ils faillirent y passer tous. « Vous nous avez trahis ! » disait-il. « Vous nous avez laissé tomber ! Nous étions vos frères ! » Il mélangeait dans sa vindicte le Filioque, l’excommunication de 1084 où Humbert de Moyenmoutier déposa la bulle infâmante du Pape sur l’autel de Sainte Sophie en y interrompant la messe, la trahison inimaginable de 1204 et toutes celles qui lui suivirent et dont nous sommes collectivement coupables.

        Le vieillard ne savait pas (comment l’aurait-il pu ?) quel était mon troisième prénom, à quelle école primaire j’étais allé, où avais-je habité, et quel fut l’ange gardien silencieux de toute mon enfance.

        Merci de m’avoir donné l’occasion de raconter ce souvenir.


      • Joséphine Joséphine 18 août 2022 01:09

        @Pierre-Marie Baty

        Merci pour ce beau texte et merci de partager ces émotions et ce souvenir ! 

        12 Avril 1204, une journée fatale qui signe la véritable rupture entre les catholiques et les orthodoxes, et pourtant nous vénérons le même Dieu. J’ai toujours eu du mal à rester en place religieusement parlant. Bien qu’éternelle catholique par respect pour mes anciens et par amour de ma civilisation, je me suis pas mal promenée dans les différentes religions chrétiennes (et autres). J’ai même fait un tour chez les anglicans (j’en ris encore) ! C’est à ce moment là que j’ai compris que nous n’avions que peu de points communs avec le protestantisme anglosaxon qui ne reconnait pas Marie, ni Jesus (comme la Synagogue de Satan) . Pourquoi donc avons nous suivi ces anglo-saxons protestants sur les chemins boueux de l’Histoire alors qu’ils sont si différents de nous ? Les catholiques sont sensuels, le vin de la messe catholique nous rappelle à cette sensualité terrestre. Les protestants ne boivent pas le vin. Ils s’assèchent. Se pétrifient. Se déshydratent ! Ils sont secs....

        La messe orthodoxe est aussi sensuelle , ils boivent des jus de pomme et mangent des gâteaux à la fin du service, pendant que nous buvons le vin . Cette relation aux nourritures terrestres lors de la prière est si profondément ancrée chez les orthodoxes et les catholiques. Nous aurions du être ensemble, orthodoxes, catholiques, main dans la main, les orthodoxes sont nos alliés naturels. 

        Il est possible que cette guerre menée par les protestants américains dans l’arène ukrainienne nous sépare à jamais . Quel splendide désastre ! Il y’a forcément un processus religieux là dedans , comme dans toute guerre. De même que la dette et l’usure sont un processus bien connu dans une certaine religion que je ne citerai pas ici ....Tout est religieux dans le fond, nos contemporains ne mesurent pas à quel point ! 


      • Pierre-Marie Baty 18 août 2022 01:26

        @Joséphine
        Votre dernier paragraphe est inspiré. Ce à quoi nous assistons en Ukraine trouve ses racines dans les ravages historiques causés dans ces régions par les chevaliers Teutoniques et les chevaliers Porte-Glaive, où refluèrent les Templiers échappés de Philippe le Bel, et qui ont converti la Pologne et les Pays Baltes, derniers Etats païens d’Europe, au catholicisme par le fer et le sang, y fondant leur Ordenstadt d’oppression totalitaire tout en y dressant la population contre leur voisin orthodoxe ; dans la sournoiserie assumée de l’église Uniate, catholique dite « de rite grec », caricature de rite byzantin taillée sur mesure par Rome pour subvertir les paroisses orthodoxes et les « convertir » à l’autorité du Pape. Il n’y a pourtant aucune volonté des orthodoxes de convertir les catholiques : ils nous considèrent comme leurs frères et notre baptême nous authentifie comme chrétiens à leurs yeux. La volonté de subversion est exclusivement occidentale. Plus le christianisme a divergé d’avec le tronc commun, plus il s’est radicalisé et a considéré le voisin, le parent, comme une cible à convertir de gré ou de force  l’aboutissement de ce processus étant le protestant évangélique millénariste anglo-saxon. L’Occident est étymologiquement le lieu, non où se meurt la lumière, mais où on la tue.
        Je ne suis pas toujours d’accord avec votre lyrisme enflammé, mais vous écrivez parfois de remarquables aphorismes et sur ce point-là, je crois que vous avez raison.
        En vous souhaitant une bonne nuit


      • L'apostilleur L’apostilleur 18 août 2022 11:04

        @Pierre-Marie Baty
        « ...« Vous nous avez trahis ! » disait-il. « Vous nous avez laissé tomber ! Nous étions vos frères !  » ... »

        Il avait raison., mais l’histoire est toujours compliquée.

        D’aucuns auraient pu lui rappeler que le même sentiment pouvait exister quelques siècles plus tôt chez les chrétiens romains d’Occident que Constantinople abandonnait aux barbares. 


      • L'apostilleur L’apostilleur 18 août 2022 11:16

        @Pierre-Marie Baty
        « ...En visite à Chios. Île magnifique, grecque... »
        Peut-être avez-vous prolongé votre périple un peu plus au sud dans les îles du Dodécanèse jusqu’à la splendide Patmos et son monastère forteresse qui abrite la grotte où Jean écrivit l’Apocalypse. 
        Pas besoin d’être croyant pour être sensible à l’endroit. 


      • L'apostilleur L’apostilleur 18 août 2022 11:23

        @baliste

        « ...Normal les protestants ne sont qu’une secte sans plus rien d’essentiel dans leur doctrine . 
        Il n’ont rien de chrétien dans le fond
        ... »

        Qui aujourd’hui n’aurait pas suivi Luther qui dénonçait le trafic des indulgences pour financer Saint-Pierre de Rome ?
        Il n’a jamais voulu le chisme qui s’en suivi.


      • Lonzine 18 août 2022 11:30

        @baliste
        "Normal les protestants ne sont qu’une secte sans plus rien d’essentiel dans leur doctrine . 
        Il n’ont rien de chrétien dans le fond , un peu sur la forme histoire de faire illusion !
        Ils sont avides de control et de richesse : l’USA dans toute sa splendeur , décadent et sans plus aucunes traces de spirituelle ."
        Vous voulez parler sans doutes des evangélistes.
        La communauté protestante comme l’église réformée de France n’est pas du tout une secte



      • Clark Kent Philippulus 16 août 2022 11:11

        « Ses remarquables mosaïques ont conservé les traces des mouvements religieux avec une parenthèse hérétique d’à peine cinquante ans sous Théodoric qui laissera une empreinte architecturale arienne à Ravenne. »

        Pas hérétique pour tout le monde, et plus durable que les cinquante ans que vous attribuez à la théologie « arianiste » (terme inventé par les ennemis des adeptes de cette variante chrétienne que les intéressés n’ont jamais acceptée).

        Si le concile de Nicée (325) a rejeté l’arianisme qualifié depuis d’ »hérésie » par les chrétiens trinitaires, les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se sont prolongées pendant plus d’un demi-siècle entre les chrétiens ariens et les chrétiens nicéens.

        De plus, les empereurs qui ont succédé à Constantin sont revenus à l’arianisme et la plupart des peuples germaniques qui ont rejoint l’empire en tant que peuples fédérés s’y sont convertis. Les Wisigoths d’Aquitaine et d’Hispanie et le royaume des Burgondes sont restés ariens jusqu’à la fin du sixième siècle et les Lombards jusqu’au milieu du septième siècle.


        • L'apostilleur L’apostilleur 16 août 2022 13:39

          @Philippulus
          « ...les cinquante ans que vous attribuez à la théologie « arianiste »  »

          Les cinquante ans s’entendent pour la période non chrétienne « orthodoxe » de Ravenne, celle essentiellement du barbare Théodoric, pas à la théologie arienne.
          Si ce sujet vous intéresse vous verrez (*) que dès après lui, Justinien a repris Ravenne en main.

          Le christianisme s’est forgé avec de nombreuses convulsions.

          L’arianisme ne pouvait pas lutter très longtemps contre l’empire, deux siècles c’était déjà beaucoup. 

          (*) https://onenpensequoi.over-blog.com/2022/03/apres-mille-ans-et-milan-ravenne-devenait-la-nouvelle-et-derniere-capitale-des-romains-d-occident.html


        • SilentArrow 23 août 2022 07:26

          @Philippulus
           

          Les Wisigoths d’Aquitaine et d’Hispanie et le royaume des Burgondes sont restés ariens jusqu’à la fin du sixième siècle et les Lombards jusqu’au milieu du septième siècle.

          Et Clovis, en fin diplomate, a converti ses Francs au christianisme nicéen, ce qui lui permit d’aller taper sur les Ostrogoths installés en Provence et sur les Wisigoths du royaume de Toulouse sans susciter l’ire de l’empereur.

        • moderatus moderatus 16 août 2022 16:54

          Bonjour, 

          vous avez le gout des richesses architecturales qui tapissent certains pays dont le notre

          Si ce n’est déjà fait , je vous conseille de lire .

          Le temps des cathédrales de Georges DUBY

          Ce moyen âge que certains pensent inculte , violent, a été celui où certaines des plus belles cathédrales ont été construites 

          "Le temps des cathédrales est ainsi encadré entre celui des monastères et celui des palais. L’influence de cet essai n’a cessé d’être déterminante aux avant-postes de la recherche historique. Auprès du grand public, son succès est considérable. Et l’on sait que s’en inspira une longue série d’admirables images que la télévision continue de diffuser dans le monde entier."


          • L'apostilleur L’apostilleur 16 août 2022 18:27

            @moderatus

            Nous avons la chance de vivre dans cet Occident que les chrétiens ont décoré de tous leurs arts. Personne n’y est insensible. Cette culture inégalée fait l’admiration de toute la planète .

            Sauf des islamistes bien sûr. 


          • SilentArrow 23 août 2022 01:23

            @L’apostilleur

            Les islamiques, ce qu’ils ne peuvent égaler, ils le déclarent impie et le cassent.


          • SilentArrow 23 août 2022 06:52

            Théodoric n’était pas un sombre barbare. Ayant vécu à Constantinople pendant sa jeunesse comme otage, comme beaucoup d’autres fils de chefs germaniques, pour garantir les traités entre les Romains et les divers groupements germaniques, il avait reçu une éducation romaine.

            Envoyé en Italie par l’empereur Zeno pour y combattre le turbulent Odoacer, il y fondera un royaume qui comprendra l’Italie, une partie de l’ex Yougoslavie et la Provence, dans lequel il laissera en place les institutions romaines. Les conflits entre germains étaient réglés suivant la loi germanique ; ceux entre les Romains ou entre des Romains et des Germains, suivant la loi romaine. Il n’a même pas inquiété le pape qui a pu rester à Rome.

            C’est du moins ce que raconte le tome III de The barbarian invasions of the Roman Empire, The Otrogoths de Thomas Hodgkin, qui se trouve juste à un mètre au-dessus de mon ordinateur.


            • L'apostilleur L’apostilleur 23 août 2022 15:34

              @SilentArrow
              « ...C’est du moins ce que raconte le tome III de The barbarian invasions .. »

              On retrouve là l’opinion des quelques historiens qui se sont intéressés aux barbares mal différenciés puisque l’appellation vaut pour ceux intégrés qui ont défendu l’empire romain et aux envahisseurs pillards.


            • SilentArrow 23 août 2022 16:24

              @L’apostilleur

              Le moine goth Wulfila a converti les Germains fédérés au IVe siècle. Il leur a créé un alphabet et leur a traduit la Bible. Il a cependant omis le Livre des Rois, jugeant ses fidèles déjà assez belliqueux sans tous ces récits de massacres.


            • L'apostilleur L’apostilleur 24 août 2022 00:26

              @SilentArrow
              Plus on en apprend sur ces goths plus ils apparaissent intéressants. Bruno Dumézil est un des rares historiens à s’y être consacré. 

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