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Commentaire de Mélusine ou la Robe de Saphir.

sur Dérèglement climatique, au nom de quelles règles ?


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Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 avril 2023 10:38

Nous assistons à une mutation anthropologique, écrivez-vous. À quoi le voyez-vous ?

Ce propos n’est pas de moi, mais je l’endosse sans difficulté. Pour le dire vite, nous sommes passés d’une société pyramidale, où chacun se référait au sommet pour découvrir quelle était sa place, à une société horizontale où la référence à un surplomb, à un principe hiérarchique n’aurait plus de sens. Depuis deux générations, nous acceptons de moins en moins de nous soumettre aveuglément à une autorité, qu’elle soit celle du père, du professeur, du gouvernant, de l’État…Cela bouleverse-t-il la vie familiale et scolaire ?

Effectivement : hier, l’enfant devait se plier aux règles familiales et sociales qui lui étaient imposées. Aujourd’hui, en caricaturant à peine, on considère que l’enfant peut s’autodéterminer et que toute décision prise à son encontre serait un assujettissement délétère. On se comporte dès lors à son égard comme s’il pouvait trouver spontanément son plein et heureux développement sans avoir à se référer à ce qui le précède, et sans devoir consentir à des conditions. En un siècle, nous sommes passés d’un enfant qui n’avait rien à dire, à un enfant qui pourrait d’emblée se dire et même récuser ce qui ne lui convient pas.

Et pourquoi regrettez-vous cela ? Faut-il revenir en arrière ?

Il ne faut certainement pas revenir en arrière, mais force est de constater que nous n’avons pas trouvé le bon équilibre entre exigences civilisationnelles et revendications individuelles. Auparavant, on considérait assez peu la singularité de chaque individu. Le “nous” comptait davantage que le “je”. Désormais, c’est le contraire : l’enfant doit pouvoir développer sa singularité, et le collectif est toujours vu comme empêchant le développement de celle-ci. Or, tirée à l’extrême, cette conception est mensongère. Nous faisons toujours partie d’un collectif dont il faut tenir compte, dans lequel et grâce auquel on est amené à grandir. Au cœur de l’éducation, il faut donc poser des limites à l’enfant, en lui rappelant qu’il ne peut rester indéfiniment la merveille du monde qu’il était pour ses parents.

Nous serions la première société à ne plus mettre au programme de l’enfant d’avoir à grandir psychiquement, laissez-vous entendre. N’est-ce pas une inquiétude exagérée ?

Lorsque je prends la mesure de ce qui se montre dans la clinique en pédopsychiatrie, je ne crois pas que mon inquiétude soit exagérée. Parler d’une société individualiste, ne dit pas seulement que chacun essaye de tirer la couverture de son côté. C’est que nous avons désormais souvent à faire à des individus – que l’on peut appeler hypernarcissiques – qui se sont construits avec l’idée que leur singularité devait prévaloir sur le collectif, que la dimension collective dont ils sont pourtant issus n’est plus prépondérante.


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