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Commentaire de Jean Dugenêt

sur La Grande Terreur en URSS


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 1er décembre 2022 12:27

@Martin

Bonjour Martin,

Merci de poursuivre cette discussion qui nous amène à un niveau de réflexion au-dessus de ce que nous devons subir régulièrement sur AgoraVox.

A propos de la Chine et de la question du « communisme versus le capitalisme » qu’elle soulève, je crois qu’avec l’exemple de la révolution russe que j’ai traité dans deux articles précédents nous voyons plus clair. D’ailleurs des auteurs font une distinction nette entre les deux termes « socialisme » et « communisme ». Le « communisme » est alors le but ultime à atteindre où on ne fera plus de différence entre le travail et les loisirs, où les questions de nationalité s’effaceront pour laisser la place à une république universelle des hommes... Le « socialisme » est alors une période intermédiaire où le capitalisme n’a pas disparu. Tout le temps que la révolution socialiste ne sera pas victorieuse sur le monde entier nous serons obligatoirement dans cette situation intermédiaire car aucun pays n’échappera aux lois du marché capitaliste. C’est le cas de la Chine actuellement. Dans ces pays où des conquêtes socialistes ont été arrachées par l’expropriation d’une grande part de capital nous avons vu, et nous voyons tous les jours, que des régimes politiques extrêmement réactionnaires peuvent se trouver au pouvoir. C’est ce que n’avaient pas prévu Marx, Lénine, Trotsky.

Plus précisément, ce que Trotsky désignait comme une éventualité exceptionnelle possible est apparu maintes fois du fait que le mouvement ouvrier a connu une abominable défaite avec la répression conjuguée du nazisme, des autres formes de fascisme, du stalinisme et avec en plus toutes les pertes de la guerre. Je ferai plus tard une citation du « programme de transition » à ce sujet. Toute l’avant-garde ayant été quasiment exterminée, il n’était plus possible que des révolutions soient victorieuses mais, cependant, la lutte des classes reste toujours le moteur de l’histoire et de multiples fois les peuples déclenchent des révolutions qui, dans ces conditions, ne peuvent jamais être totalement victorieuses (Chine, Cuba, Iran).

Ce que Mozart critique dans le « communisme » c’est précisément que le capitalisme n’est pas complètement disparu et que c’est un régime réactionnaire qui gère à la fois les conquêtes ouvrières et la part de capitalisme qui reste dans ces pays. C’était le cas dans l’URSS. C’est le cas avec la Chine et Cuba. Que dire alors du régime théocratique d’Iran ? Nous osons à peine parler de socialisme.

Je t’approuve évidemment dans ta critique du capitalisme. "Ce n’est pas le capitalisme qui porte une attention à la qualité de vie d’un citoyen..." L’exemple de Ford donné par Mozart ne prouve rien. Il oublie de dire que les ouvriers de chez Ford se sont battus pour obtenir des avantages. Dans le même style, nous avons entendu à un moment De Gaulle se satisfaire, après avoir liquidé la résistance en 1945, de progrès qu’il s’attribuait entièrement quelques décennies plus tard

. Les progrès sociaux ne résultent que d’un rapport de force obtenu dans la lutte des classes. Toutes les conquêtes de la libération sont dues à la montée révolutionnaire du moment qui a obligé les capitalistes à faire d’énormes concessions pour remettre en place leur régime d’exploitation.

Depuis elles sont toutes remises en question régulièrement. Qui peut me dire où est la limite que veulent atteindre les milliardaires en s’attaquant pour la dixième fois aux retraites ? Ils veulent faire crever les travailleurs au travail. Ils n’ont pas d’autre limite. Tout le reste n’est qu’une question de rapport de force.

Tu te trompes grandement quand tu écris : "La politique dans une économie dite capitaliste peut s’atteler à défendre les travailleurs, être soucieux du droit des individus, soucieux des pauvres, tenter d’améliorer le sort des citoyens". Ce n’est jamais un choix libre des capitalistes de faire des conditions pour satisfaire des revendications ouvrières. Elles ont toujours été conquises par des luttes : 1936, 1945, 1968...

Qu’il y ait d’énormes différences entre les pays comme tu le montres, avec de multiples exemples, est absolument certain car chacun hérite de son passé notamment en ce qui concerne les religions et chacun fabrique son présent dans les déchirements de la lutte des classes. Quelles comparaisons sont permises entre les anciens pays colonisateurs qui ont dominé le monde au XIXème siècle et les anciens pays colonisés ? De ce point de vue Cuba peut certes être comparé avec Haïti mais pas avec la France...


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