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Commentaire de Jean Dugenêt

sur La contre-offensive ukrainienne met Poutine en difficulté


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 16 octobre 2022 18:08

@Jean Dugenêt
J’en étais à essayer d’analyser ce qui s’est passé en Syrie et au Kazakhstan pour montrer qu’il y a plus de ressemblances et d’accords entre les politiques américaines et russes que de désaccord.

Je sais très bien que cela va à l’encontre d’une idée reçue où nombreux sont ceux qui sont restés dans le raisonnement classique de la guerre froide. C’est pourtant la seule façon d’expliquer ce qui se passe actuellement. Tous ceux qui essaient d’analyser la guerre en Ukraine comme un champ de bataille où s’affrontent en fait les USA et la Russie ne peuvent rien comprendre.

Il est tellement plus simple d’avoir des bons d’un côté et des méchants de l’autre. Pour la plupart (grosso-modo les 3/4) des intervenants sur AgoraVox, les bons sont les russes et pour les autres (comme Mozart) les bons sont les américains. Pour les marxistes, les bons sont les exploités et les méchants sont les exploiteurs. Alors c’est plus compliqué car ce clivage ne correspond pas aux deux camps qui sont de part et d’autre de la ligne de front. Pourtant, actuellement, la position que défend l’AGIMO au sein de l’UIT-QI correspond à cette orientation. Nous demandons que la poignée de révolutionnaires ukrainiens adresse un appel aux travailleurs russes contre la guerre, contre Poutine. Nous n’avons pas réussi à nous implanter dans la très répressive Russie de Poutine. C’est ainsi qu’il faut agir.

Raisonnons par l’absurde. Si c’était vrai... Oui ! C’est ainsi qu’il faut poser cette question. Si c’était vrai, au moment où Poutine se fait ridiculiser par la minuscule armée ukrainienne et est en difficulté pour engager davantage de troupes russes car ses soldats saturent, que fait-il ? il ne trouve comme moyen que d’utiliser des armes à longue portée (missiles et drones). Or, les USA ont refusé, et continuent à refuser, d’équiper les ukrainiens avec des armes à longue portée. Les ukrainiens sont contraints de subir ces bombardements destructeurs sans possibilité de réagir. Assurément, si c’était vrai que c’est une guerre entre USA et Russie alors il y a longtemps que les USA auraient répliqué de manière au moins proportionnée à ces attaques.

Les USA, plutôt que de donner les moyens aux ukrainiens de se défendre, ce qui risquerait de leur permettre de gagner la guerre, préfèrent les équiper d’un système purement défensif contre ces armes à longue portée bien que cela soit techniquement plus compliqué et plus couteux que de leur donner les moyens de répliquer immédiatement.

Si c’était vrai... Oui si c’était réellement un conflit entre les USA et la Russie alors les ukrainiens auraient déjà gagné cette guerre depuis longtemps avec le courage et la détermination dont ils font preuve. Couper le pont qui permet aux russes d’alimenter et d’armer leurs armées en passant par la Crimée serait un jeu d’enfant si les ukrainiens avaient ces armes à longue portée. Les USA ne veulent pas leur donner les moyens de couper ce pont.

J’en viens enfin à ce qui s’est passé au Kazakhstan au tout début de l’année. Voir mon article.

Pour justifier son intervention, Poutine avait déclaré que le Kazakhstan était « visé par le terrorisme international ».

Il n’avait pas la possibilité de dire autre chose dans le cadre de la diplomatie internationale actuelle guidée par les règles de l’ONU (organisation réactionnaire). Pour que les armées de Poutine interviennent conformément au « droit international », c’est-à-dire aux « intérêts globaux du capitalisme », il faut deux conditions :

— Que les dirigeants (les dictateurs) du pays fassent appel à lui.
— Que ces dirigeants (dictateurs) affirment être victime d’une agression extérieure.
Les déclarations de Poutine lui permettaient d’affirmer que ces deux conditions étaient remplies.

C’est pourquoi pouvait-on lire dans la presse :

"Le président russe a estimé que son voisin avait été victime « d’une agression du terrorisme international », affirmant que ces « bandes d’hommes armés », disposant « clairement d’une expérience de combat », avaient été formés dans des « centres à l’étranger ». 

Il était toutefois embarrassé pour dire où se trouvaient ces "centres à l’étranger" et quelles puissances étaient derrière. Cette fois-ci, il était difficile d’affirmer que c’étaient les américains qui... (voir tous les discours habituels). C’est pourtant ce qu’ont dit les poutinolâtres bornés français.

Les capitalistes américains sont les pire forces contre-révolutionnaire et sans doute plus particulièrement dans ce pays où des compagnies américaines possèdent une grosse part de l’exploitation pétrolière. Les discours habituels des idéologues étaient encore plus ridicules ici que pour la Syrie ou l’Afghanistan. Les capitalistes américains voulaient que l’ordre revienne et que l’exploitation capitaliste perdure. Ils étaient pleinement satisfaits de l’intervention de Poutine et auraient été prêts, au besoin, à venir l’aider.

Ils ont adressé quelques critiques à Poutine pour maintenir l’ambiance. Cela ressemblait fort à des conseils de spécialistes. Ils lui disaient, en fait, qu’il ne fallait pas qu’il fasse comme eux en Irak et en Afghanistan. Il ne fallait pas qu’il s’enfonce dans un bourbier. Il fallait prévoir une sortie rapide.

J’essaierai de revenir sur cette question importante. C’est là que se trouve tout le nœud qui donne sa spécificité au combat que mènent les internationalistes c’est-à-dire les révolutionnaires.


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