@Gollum
Je ne suis pas d’accord. Le christianisme n’est pas un
moralisme. Vous connaissez l’axiome de Spinoza : « Ce n’est pas parce
que nous réprimons nos penchants que nous éprouvons de la joie, c’est parce que
nous éprouvons de la joie que nous pouvons réprimer nos penchants. » Le
mouvement est le même dans le christianisme : ce n’est pas parce que nous
avons une conduite morale que nous rencontrons le Seigneur, mais c’est parce
que nous reconnaissons Jésus comme Seigneur, parce que nous sommes sous la
conduite de l’Esprit saint, que nous pouvons avoir une conduite morale. C’est
un mouvement très caractéristique chez Paul, notamment dans Galates.
Dès là découle le commandement de ne pas juger selon des
critères moraux les non-chrétiens, ceux qui ne sont pas soumis à la seigneurie
de Christ : « L’une des règles essentielles de la vie chrétienne sera
donc de ne jamais exiger d’un non-chrétien qu’il se conduise en chrétien »
(J. Ellul, Le Vouloir et le Faire, p. 125). On retrouve la même injonction chez
saint Paul (notamment 1 Co 5 : « Qu’ai-je à faire de juger ceux du dehors ? »).
Que ces préceptes aient
rarement été appliqués par la chrétienté historique, je vous l’accorde.
Effectivement, il y a eu passage d’un mode de vie réservé au petit nombre à un
christianisme de masse, ce qui a entraîné une normalisation morale, la contrainte,
etc. J. Ellul ne dit pas autre chose. Au fond je pense à peu près comme vous.
Mais ce n’était pas vraiment le sujet de l’article.