@Gollum
Pour Guénon, c’est vous le spécialiste, je vous accorde
volontiers tout ce que vous voulez.
Mais vous n’arrivez pas à comprendre (ce n’est pas la
première fois) que le moralisme est du côté des Grecs et de Platon, et le « par-delà
le bien et le mal » est du côté de saint Paul et de la Bible. Platon est
hyper-moral. Il fait de la vertu le fondement de la société dans Les Lois. Même
les puritains anglo-saxons ne vont pas jusque-là. Il a consacré plusieurs
dialogues à la vertu. Il ne cesse de décrire des jugements post-mortem, où les
actions seront jugées, sur des critères moraux, avec une grande rigueur (dans La
République, dans le Gorgias, dans le Phèdre). Saint Paul ne se place pas sur ce
terrain-là, mais sur le seul terrain biblique, celui du rapport à Dieu (« Tout
est permis », 1 Co 6, 12). La morale vient ensuite, non pas de façon universelle,
à la grecque, mais uniquement pour ceux qui agissent sous la conduite de l’Esprit.
C’est les anti-biblistes comme JP Ciron qui sont obsédés par une morale
universelle, qui se réclament de Zoroastre, fondateur de la première morale
universelle, etc. La Bible ne se situe pas sur ce terrain-là. C’est un autre
paradigme. Et ce que vous reprochez à saint Augustin lui vient directement de
Platon, et des platoniciens. Il suffit de lire les extraits de Plutarque que j’ai
mis dans l’article pour voir cette obsession pour la droiture morale, la
chasteté, etc. (lisez les passages sur Alcibiade, sur Dion). Vous faites un grave
contresens car vous ne connaissez bien ni les Grecs ni la Bible. Ellul a écrit
des ouvrages entiers pour montrer que le christianisme n’est pas moral, qu’il est
une anti-morale (Le Vouloir et le Faire, L’Ethique de la liberté, La Subversion
du christianisme). Ellul a passé sa vie sur la Bible, il connaissait cela mieux
que vous.