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Commentaire de Nicole Cheverney

sur De la guerre d'Algérie – N° 5


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Nicole Cheverney Nicole Cheverney 17 août 2022 16:50

@ gdelafonte

Bonjour, je vais essayer d’être factuelle. Contrairement aux mouvements nationalistes algériens tiraillés entre leurs accointances avec l’Allemagne nazie par l’entremise du Grand Mufti de Jérusalem, de l’URSS, par l’entremise du PC algérien, de la guerre d’égo que se sont livrés le PC et Messali Hadj qui en fut écarté car trop envahissant, les « frères musulmans » depuis le Caire, le Liban, le panarabisme avec Arslan et Nasser, et bien d’autres, où il y eu profusion de « leaders » se tirant plus ou moins dans les pattes, 

Aucune personnalité vraiment charismatique et marquante n’a émergé chez les Pieds-noirs hormis Camus, mais en tant qu’écrivain, quels que soient leur appartenance politique, il faudra attendre l’arrivée de de Gaulle pour qu’une véritable opposition à sa politique de reniement voit l’émergence de « leaders » engagés dans le combat contre le FLN et...de Gaulle ! Ils prendront un tournant historique inédit. 

Comme personnalité connue et respectée, il y eut Amédée Froger, maire de Boufarik qui fut assassiné par le FLN, parce que opposé à toutes réformes, ce qui fut une grande erreur de sa part et de la part de l’association des maires, puissants interlocteurs du gouvernement général à Alger. 

D’autre part, à partir de 1958, le seul véritable acteur, fut bien de Gaulle qui clamait à la cantonade en regardant Soutelle : « L’Algérie, c’est moi ! », comme en témoigne Alain de Boissieu dans son livre Pour servir le Général. 

Autrement dit : l’affaire algérienne ne relève que de moi, je fais ce que je veux !,

Les Pieds-noirs manquaient de leaders, tout simplement parce qu’ils s’en étaient remis entièrement entre les mains du pouvoir et de l’armée. Un pouvoir qui a, dès les premiers soulèvements considéré qu’il s’agissait de mettre en place des opérations de maintien de l’ordre, et non à traiter comme une guerre commençante. 

Or, oui, il s’agissait d’une guerre civile. La plus terrible des guerres. 

Songeons aussi au timing de cette guerre. 

« Elle commence en 1954, le premier novembre, un an et demi après la mort de Staline, quelques mois après la signature des accords de Genève qui mettent fin à la guerre d’Indochine ; elle s’achève en mars 1962, quelques mois seulement avant la crise des fusées de Cuba qui ouvre une période de détente. En 1956, les Français et les Britanniques lancent une expédition de Suez pour tenter de conserver le contrôle du canal, tandis qu’en Europe les Soviétiques écrasent la révolte hongroise ». 

1958 année cruciale où les rapports Nord-Sud sont aux devants de la scène, conférence de Bandung, effondrement de la 4eme République, et retour au pouvoir de De Gaulle. 

Toutes les crises ci-dessus énumérées, ont eu une incidence très forte sur la guerre d’Algérie, et inversement, la Guerre d’Algérie sur les événements internationaux. 

On ne se rend pas assez compte à quel point l’Empire français gênait. 

Si bien que Sétif, Guelma, Sakiet, si ces drames ont eu des répercussions, dans le long processus de guerre d’influence internationale, depuis les années 30 jusqu’en 1945, trois grands axes se dessinaient potentiellement passant par l’Algérie, celui de l’Axe, Allemagne nazie, celui de l’URSS, celui de l’Angleterre  Mers El Kébir, celui des Etats-Unis, Washington. 

« La situation en Algérie fut explosive car elle déborda largement les seules frontières de l’Afrique du Nord, elle ne fut pas une affaire franco-française, mais un enjeu international, touchant les intérêts des alliés avec l’affaire de Suez. » 

C’est sur cette question « que vient buter la question de l’Algérie », selon Irwin Wall, l’historien américain qui nous prévient : « il faut placer l’Algérie dans son contexte international et la traiter comme une crise mondiale et non comme une affaire française ». 

Cordialement.


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