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Commentaire de Jean Dugenêt

sur Fidel Castro et Che Guevara : deux politiques différentes


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 13 décembre 2021 21:13

@Arnould Accya

Je ne peux pas dans quelques commentaires expliquer ce qu’a été la révolution cubaine. Cependant en relisant mon commentaire précédent je m’aperçois qu’il faut que je précise que Fidel Castro était un révolutionnaire dans le sens où il voulait effectivement renverser la dictature de Batista laquelle était détesté par le peuple cubain. Cependant Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet ne voulaient pas d’une révolution socialiste. Ils voulaient maintenir le capitalisme sous une autre forme. Ils s’étaient prononcés pour une certaine réforme agraire. Révolutionnaires, ils n’en étaient pas moins un mouvement petit-bourgeois avec les limites que cela implique.

Mais le mouvement des masses a tout submerger.

Les déclarations de Fidel Castro à New York en avril 1959 ne s’accordaient pas au caractère de la révolution cubaine. Le 17 avril, au cours d’une conférence de presse, il expliquait :

« J’ai dit de façon claire et définitive que nous ne sommes pas des communistes... Les portes sont ouvertes aux investissements privés qui contribuent au développement de l’industrie à Cuba... Il est absolument impossible que nous fassions des progrès si nous ne nous entendons pas avec les Etats-Unis. »

Et, dans son discours au Central Park de New York, le 27 avril 1959 :

« La victoire ne nous a été possible que parce que nous avons réuni les Cubains de toutes les classes et de tous les secteurs autour d’une seule et même aspiration. »

Mais les masses ne pouvaient l’entendre de cette oreille. Le pouvoir révolutionnaire de Castro n’était pas capable de les faire refluer, de faire rentrer dans son lit la révolution. Le 17 mai 1959, une première réforme agraire était promulguée. Cette réforme agraire n’avait rien de « socialiste » : elle interdisait la grande propriété agraire au-delà de 400 hectares ; les locataires et métayers recevaient gratuitement la propriété de la terre qu’ils cultivaient jusqu’à la limite de 27 hectares ; les propriétaires devaient être indemnisés par l’Etat. Les plantations de canne à sucre, les rizières et les élevages dont le rendement dépassait de 50 % le rendement national pouvait garder 1 340 hectares. Cette réforme agraire tentait en réalité de coiffer et de canaliser un mouvement paysan qui n’avait pas attendu pour entamer une réforme agraire de sa façon.


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