@Arnould Accya
Je ne peux
pas dans quelques commentaires expliquer ce qu’a été la révolution cubaine.
Cependant en relisant mon commentaire précédent je m’aperçois qu’il faut que je
précise que Fidel Castro était un révolutionnaire dans le sens où il voulait
effectivement renverser la dictature de Batista laquelle était détesté par le
peuple cubain. Cependant Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet ne
voulaient pas d’une révolution socialiste. Ils voulaient maintenir le
capitalisme sous une autre forme. Ils s’étaient prononcés pour une certaine
réforme agraire. Révolutionnaires, ils n’en étaient pas moins un mouvement
petit-bourgeois avec les limites que cela implique.
Mais le
mouvement des masses a tout submerger.
Les
déclarations de Fidel Castro à New York en avril 1959 ne s’accordaient pas au
caractère de la révolution cubaine. Le 17 avril, au cours d’une conférence de
presse, il expliquait :
« J’ai dit de façon claire et
définitive que nous ne sommes pas des communistes... Les portes sont ouvertes
aux investissements privés qui contribuent au développement de l’industrie à
Cuba... Il est absolument impossible que nous fassions des progrès si nous ne
nous entendons pas avec les Etats-Unis. »
Et, dans son
discours au Central Park de New York, le 27 avril 1959 :
« La victoire ne nous a été possible
que parce que nous avons réuni les Cubains de toutes les classes et de tous les
secteurs autour d’une seule et même aspiration. »
Mais les
masses ne pouvaient l’entendre de cette oreille. Le pouvoir révolutionnaire de
Castro n’était pas capable de les faire refluer, de faire rentrer dans son lit
la révolution. Le 17 mai 1959, une première réforme agraire était promulguée.
Cette réforme agraire n’avait rien de « socialiste » : elle
interdisait la grande propriété agraire au-delà de 400 hectares ; les
locataires et métayers recevaient gratuitement la propriété de la terre qu’ils
cultivaient jusqu’à la limite de 27 hectares ; les propriétaires devaient
être indemnisés par l’Etat. Les plantations de canne à sucre, les rizières et
les élevages dont le rendement dépassait de 50 % le rendement national pouvait
garder 1 340 hectares. Cette réforme agraire tentait en réalité de
coiffer et de canaliser un mouvement paysan qui n’avait pas attendu pour
entamer une réforme agraire de sa façon.