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Commentaire de Harry Stotte

sur Être « de gauche », c'est quoi au juste ?


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Harry Stotte Harry Stotte 27 janvier 2017 11:51

Personnellement, j’ai su que j’étais irrévocablement de droite, le jour où j’ai entendu un journaliste de La Stampa, de Turin, déclarer sur une radio quelconque : "Je suis de gauche, parce que je crois que la raison finit toujours par l’emporter."

 

Pour avoir observer, déjà, à partir d’un nombre de fois incalculables, que ce n’était que rarement le cas, j’ai compris que la gauche était chimérique et condamnée à le rester..

 

Comme je ne dispose pas de beaucoup de temps, je le démontrerai en trois citations d’hommes de gauche, évidemment, deux d’Eugène Enriquez, un psychosologue auteur du best.seller De la horde à l’Etat (Gallimard, 1983) et la troisième, de Léon Trotski.

 

L’ouvrage majeur d’Enriquez commence par un trait de lucidité : « Le dix-neuvième siècle fut le siècle de l’espoir, de la croyance au progrès social, de l’aptitude de chaque homme à devenir un être fraternel pour les autres. Le vingtième siècle est celui de l’inquiétude et des désillusions du progrès. » 

 

Exit donc l’espoir (progressiste), la croyance au progrès social et l’aptitude de chaque homme à  devenir un être fraternel pour les autres. Tel est le constat d’Enriquez donc, le fidèle de base prolongeant, lui, tête baissée, l’utopie morte et enterrée.

 

Dont Enriquez lui-même ne parvient pas à se libérer complètement, puisqu’il pose, quelques pages plus loin, la question suivante : «  Pourquoi les hommes, se voulant guidés par le principe de plaisir et les pulsions de vie, aspirant à la paix, à la liberté et à l’expression de leur individualité, et qui, consciemment, disent désirer le bonheur au profit de tous, forgent-ils le plus souvent des sociétés aliénantes favorisant plus l’agression et la destruction que le vie communautaire ?  »

 

Il ne voit pas que ces (nobles) aspirations sont des idéaux que les hommes projettent dans un avenir idéal, à la manière d’un chrétien qui aurait des doutes quant à l’existence du paradis et qui penserait qu’il sera toujours temps de respecter les commandements de Dieu quand il sera en vue de la ligne d’arrivée. En attendant ce moment-là, les hommes selon Enriquez, poursuivent des objectifs plus tangibles, plus proches, plus affectifs, égocentrés, c’est-à-dire aux antipodes des aspirations que la gauche leur prête, ingénument, pour le long terme.


Trotski, lui, avait compris beaucoup plus tôt qu’i ly avait un bug dans le programme, d’où d’inévitables dysfonctionnements. Le bug, c’était l’homme lui-même, sa nature que d’autres nient par commodité, sans faire avancer le schmilblick, l’homme avec ses sentiments, avec son inconscient, avec ses préjugés, ses idées reçues, ses sympathies et ses antipathies...


C’est donc à lui, ce maillon faible, qu’il faudra s’attaquer quand il sera maître de son économie et libre. Et Trotski nous la joue nietzschéen « L’homme s’efforcera de commander à ses propres sentiments, d’élever ses instincts à la hauteur du conscient et de les rendre transparents, de diriger sa volonté dans les ténèbres de l’inconscient. Par là, il se haussera à un niveau plus élevé et créera un type biologique et social supérieur, un surhomme, si vous voulez.  »


On en est resté là, et on est obligé de se demander si l’homme maître de son économie et libre n’est pas, finalement, la condition de l’avènement de la société des hommes maîtres de leur économie et libres, ce qui reviendrait à dire que le rêve communiste se casse la gueule, lui aussi, sur une triviale histoire d’œuf et de poule.


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