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Commentaire de heliogabale

sur Après les « sans-dents » de Hollande, la « prime exceptionnelle » de Valls et les « illettrées » de Macron…


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heliogabale heliogabale 18 septembre 2014 21:39

Les problèmes d’illettrisme renvoient à la gestion calamiteuse de la formation professionnelle...

Avec l’automatisation de nombreux métiers, y compris dans les services, il est clair que les populations sans formation sont de plus en plus exclus du marché du travail. Le chômage concerne essentiellement les personnes sans formation ou diplôme... l’augmentation du chômage est essentiellement due aux 150 000 personnes entrant chaque année dans le marché du travail sans aucune formation ou diplôme...

Les automates remplacent de plus en plus les personnes qui étaient derrière les guichets ou la caisse... le processus semble irréversible... le débat sur l’impact de la machine sur l’emploi est aussi vieux que le capitalisme... lors des révolutions industrielles, les sociétés ont su surmonter cette épreuve en réduisant le temps de travail et en créant de nouveaux métiers à partir de la mécanisation des tâches (en particulier dans le secteur des services : l’augmentation des salaires a fait croître la consommation des ménages qui a généré des emplois dans les services)... Mais là, ça semble différent...

Je suis un partisan du collège unique et de la massification dans les études supérieures : le problème en France est qu’on n’a pas voulu adapter le système éducatif, profondément élitiste, à l’ambition de mener toujours plus loin les élèves. Les classes préparatoires scientifiques préparent davantage à l’entrée à Polytechnique (objectif chimérique pour beaucoup d’aspirants) qu’à la profession d’ingénieur. Je ne dis pas qu’il ne faut pas un contenu théorique solide dans la formation d’un élève mais cela pèse sur la pénurie (relative) d’ingénieurs en France.

Il manque d’ingénieurs qui ont une intelligence que l’on pourra qualifier de pratique ou de manuelle... et parmi les rejetés du système éducatif, certains l’ont...

Et parmi les polytechniciens, beaucoup optent pour des professions de gestionnaires, notamment dans les ministères : ils sont nombreux à Bercy (administrateurs de l’Insee). Alors que beaucoup ont le potentiel pour être de bons chercheurs. Au final, cette école d’élites n’a produit que très peu de prix Nobel...

Je voudrais pointer du doigt une autre incapacité du monde politique actuel : celle de comprendre le monde d’aujourd’hui et les enjeux de demain... ces problématiques parcourent des disciplines transverses et nécessitent un savoir très important... il faut une culture et une curiosité démente et être ce qu’on appelait autrefois un érudit... cela devient de plus en plus difficile puisque le savoir n’a cessé de croître et qu’un mathématicien d’aujourd’hui ne peut prétendre à maîtriser toutes les disciplines de cette matière...

Les hommes politiques doivent donc se référer à des « techniciens », bons en leur domaine mais pas forcément aptes à proposer une vision systémique et les interactions et interdépendances qu’elle implique... cela constitue une menace pour la démocratie : ces techniciens ne sont pas nombreux et tiennent peu ou prou le même discours, les plus « iconoclastes » étant souvent mis à la marge... les hommes politiques sont alors plus ou moins condamnés à mener indéfiniment la même politique.


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