• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de bakerstreet

sur Hannah Arendt : la banalité du mal


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

bakerstreet bakerstreet 14 mai 2013 18:33

Votre enthousiasme est sans doute sincère, et j’espère qu’il vous amènera à vouloir en savoir plus sur cette affaire.
Ce serait l’effet positif de ce film

Moi, je n’irai pas voir cette fiction.

D’abord parce que les propos d’Anna Arendt dans ces articles, m’indisposent, comme ils ont indisposés beaucoup de gens lors du procès.
Que le mal soit banal, c’est un fait, tout comme le bien d’ailleurs.

Mais ce qui est dérangeant c’est ce glissement sémantique assez pervers : Faire du mal serait une chose banale. Le mal de glissement en glissement, partant du simple vol de pomme de saint augustin pour nous aménerà cette chose innommable qu’est le nazisme !

Anna Arendt était elle la mieux placée pour parler du nazisme. On peut en douter : Elle a couché avec Heidegger, proche du parti nazi, est partie aux USA pendant la guerre : Rien d’infamant en soi, néanmoins on peut se demander si ces détails ne sont que des détails, et s’ils n’ont pas occulté sa critique ; dans des prolongement inconscients qui ferait peut être plus sujet d’interrogation que la pale reflet d’un procés manipulé, et là caricaturé, et tordu pour arriver à la forme définie à l’avance.

« La banalité du mal n’est le plus souvent rien d’autre que la banalité des propres conclusions de madame Arendt », comme le précisait Paul Attanasio qui suivait le procès pour le Washigton Post...

 Le film précise t’il qu’elle ’n’a été témoin que de la première partie du procés ?
Est elle arrivé avec en tête déjà ses propres conclusions ?
Elle est en tout cas choquée par la théâtralisation du procès, effectivement un sale procés, mal préparé, où le procureur confondait les lieux ; voulu par Ben Gourion, pour légitimer l’état d’israel, comme acte fondateur.

Est elle à même de comprendre, comme elle le veut, le processus criminel d’Eichman. Ce type, comme tant de criminels se trouvant devant ses juges, cherche à manipuler, à passer presque pour une victime, en tout cas un rouage, un fonctionnaire zélé, voulant s’attirer les félicitations de ses chefs...
Pour le cas Arendt, en tout cas, ça va fonctionner à fond !...Elle en dressera donc une image en ce sens, celle d’un fonctionnaire terne et insignifiant......

Cette dame s’est tout simplement laissé abusé par un psychopathe notoire ; les pervers sont les rois de la manipulation. Il aurait fallu à Madame Arendt une autre paire de lunettes que celle de philosophe à la petite semaine pour ne pas se faire avoir.

Dans la deuxième partie du procès, à laquelle elle ne participera pas, déjà envolée pour les states, elle aurait pu voir un Eichman plus pugnace, inquiet tout à coup que sa technique ne fonctionne pas devant les juges, déterminés à le faire pendre.

Chercher à comprendre l’inhumain, ça part sans doute d’une bonne intention, mais au final, son message se retourne contre la visibilité : Eichman doit être condamné, pour son inhumanité : Donner une caution et une table de lecture commune entre le sens commun et cette horreur totalitaire frise l’indécence la plus complète. C’est pourquoi même les pauvres amis d’Anna Arendt n’ont pu que la lâcher, en levant les mains vers le ciel, cherchant à comprendre son égarement.

Il est plusieurs articles sur le sujet en ce moment, un numéro de BOOKS, assez passionnant, sur le mal, un autre de philosophie magazine, parlant du procés eichman. Pour le reste, un article dans le dernier numéro de Marianne remet les montres à l’heure.
Dans « Lanzmann répond à Arendt », traitant de son dernier film, « le dernier des injustes » qui est une sorte de contrepoids au film que vous défendez, il montre, à travers plusieurs témoins engagés de cet époque, que Eichmann ne fut en aucun cas un simple rouage, mais un nazi de haut rang, bourreau pervers et manipulateur, hors pair.
Qui pourrait en douter, d’ailleurs, pour monter pareillement dans l’appareil nazi ?
Une entreprise qui tout de même chercha à abuser et à mentir sur ses intentions et sur ce qu’était la solution finale avec la même malignité que ce psychopathe !

non, les psychopathes ne sont pas des gens comme vous et moi.
Ils ne sont pas sensibles à la compassion et à la douleur des autres
Bien au contraire : Celle ci est leur source de stimulation érogène.
Voilà pourquoi la compréhension est de trop.

Arendt, pour finaliser l’ensemble, après avoir fait preuve de compréhension pour ce bourreau, le ramenant dans la communauté des hommes, s’attaqua avec véhémence aux juifs, selon elle bien trop tacites et muets, moutons que l’on menait à abattoir sans qu’ils rechignent ! Les conseils juifs, les « judenrate » en prirent ainsi pour leur grade, accusés d’avoir accentué la répression, en la facilitant. Argument qui ne tient pas la marée, quand on compare le nombre de morts dans les régions où elles existaient et les autres où ils n’existaient pas. En réalité que pouvaient faire ces pauvres créatures, devant des hordes de SS abruties par la haine ? Face à un pistolet, vous levez les mains, et tachez de gagner une seconde, ou deux....

C’en était trop !
Que ce film fasse lui aussi preuve de manipulation est dans la ligne logique de l’affaire.
Notons tout de même que les grosses ficelles devrait en émouvoir plus d’un, rien que par rapport aux techniques utilisées : Soit on fait un reportage, soit on fait un film. Mais utiliser des brides du procès pour les parachuter face à une comédienne, c’est exactement comme si le metteur en scène avait pris les images de la vrai Arendt pour les oppose à un comédien
 jouant Eichman.

La banalité du mal insidieux existe, c’est vrai. Mais il existe une ligne qui permet à tous à un moment de se ressaisir et de ne plus laisser filer.
Voilà pourquoi à partir de 42, en france, quand il apparut clairement que la poltique de Pétain collaborationniste déportait femmes et enfants, ceux ci furent cachés par des héros ordinaires, qui ne savaient pas qu’ils en étaient mais qui choisirent de rester simplement humains. Ce sont les justes, ceux qui ont choisi insidieusement la banalité du bien.

Bien à vous.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès