• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Spitoven

sur Le Mariage pour Tous ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Spitoven Spitoven 1er janvier 2013 21:46

"Il faut d’ailleurs rappeler que les gens sont libres de se marier ou non. Le mariage n’a rien d’une norme obligatoire. Il reste les unions « libres », toujours disponibles pour les hétéros comme pour les homosexuels, les communautés, les échangistes, les triolistes, etc. Le mariage est une option officielle : une façon de rendre l’union opposable aux tiers et de lui faire porter quelques effets juridiques précis à l’égard des tiers (cette opposabilité caractérise la différence entre un contrat et une institution, ce que reste le mariage).

Certaines minorités étaient, certes, privées de cette option. On leur donne cette liberté de choix.« 

Pour répondre à cela, il faut savoir ce que les demandeurs homosexuels ont voulu en réclamant le droit au mariage entre deux personnes de même sexe. Ce n’est pas pour une quelconque reconnaissance sociale, car après avoir milité si longtemps pour le droit à la différence, pensez bien que rentrer dans une norme préexistante pour une question d’image n’est pas du tout leur souhait. Si c’était à cause des avantages juridique, il suffirait d’améliorer le PACS. Non, il s’agit de pouvoir fonder une famille, espoir confirmé par les demandes de PMA et de GPA.
Or, le mariage est à l’heure actuelle la seule possibilité de fonder une famille de façon régulière. Donc non, dans cette optique, le fait de se marier ou pas n’est pas laissé au bon vouloir des personnes concernées, en tant que condition nécessaire.
Par analogie : Il faut le permis pour conduire, on n’a donc pas le choix entre conduire avec permis ou conduire sans permis. On a le choix entre conduire avec permis ou ne pas conduire, donc qui veut conduire n’a pas le choix de la méthode.
Ce que je propose, ce sont des alternatives réelles au mariage, qui d’ailleurs n’est plus une institution depuis qu’il est devenu contractuel.

 »J’insiste sur la distinction entre droit et liberté. La liberté préexiste à la loi. Quand deux libertés se gênent mutuellement, la loi intervient pour les délimiter. Au sein de cette délimitation, chacun a des droits, qui ne sont plus des libertés, et qui nécessitent au besoin l’intervention d’un tiers pour les faire respecter. La Liberté, elle, se passe des tiers.

 Il y a donc une contradiction importante à revendiquer plus de lois pour plus de diversité. Il faut au contraire moins de loi, des lois plus générales, plus impersonnelles, le moins discriminantes possibles.« 

Je préconise non pas la multiplication des lois mais leur assouplissement. Malheureusement, elles ne se feront pas par la neutralisation. Dans tous les cas, le contrat de mariage est ce qu’il est, il est le même pour tout le monde, il n’y a pas de case à cocher pour le personnaliser, et il n’est donc pas facteur de diversification. La neutralisation ne fait que déplacer la norme vers un centre fictif. Il y a ceux qui s’en accommoderont, et les autres. Et parmi ces autres, il y aura beaucoup d’homosexuels.

Cela dit, étant donné que, s’il y avait, comme dit ci-dessus, des »cases à cocher« pour le mariage, chacun aurait une version différente de ce qui porte le même nom et on ne sortirait plus de ce brouillamini infâme. C’est pour cette raison que je pense davantage à une pluralisation des modèles, qui resteraient bien distincts, mais nombreux. Et chacun de faire son choix.

 »Il se trouve que c’est bien dans cet esprit que travaille, pour une fois, le législateur à propos du mariage pour tous. C’est un recul de l’arbitraire étatique qui se permettait une inquisition dans des questions de sexe, et, pire, des discriminations fondées sur celui-ci. En gommant ces distinctions de sexe dans les codes, la loi nous rend plus libre, non pas d’être du sexe qu’on veut, mais de se présenter avec le partenaire du sexe qu’on veut devant l’officier d’état civil. C’est bien un loi favorable à la diversification des mariages, alors même qu’elle unifie un modèle. L’unifiant, d’ailleurs, et à l’inverse du PACS, elle le renforce bien plus qu’elle ne l’affaiblit, tout en ne l’imposant à personne.« 

Comme je le dis, l’heure n’est plus à l’unification du modèle, car un modèle uni induit un standard et des périphéries. Or il n’y aura pas, du point de vue de la conscience populaire, égalité entre le standard et les périphéries, car le standard fait loi de normalité. On ne peut pas, en même temps, valoriser la diversité et un standard.

Par exemple : A la télévision, dans les publicités, ou dans le cinéma français, on ne voit quasiment que des blancs. Si on voit un noir ou un basané, c’est parce que l’on VEUT montrer, spécifiquement, un noir ou un basané. Il n’y a donc pas égalité, puisqu’être noir ou basané ramène l’individu à cette caractéristique dans l’esprit collectif. Pourquoi ? Parce que la couleur blanche est le standard.

Autre exemple : Au théâtre, il y a plus de rôles masculins que de rôles féminins, pourquoi ? Parce que l’homme peut jouer un avare, un lâche, un génie, un intrigant... Tandis que la femme jouera pratiquement toujours...la femme. Parce qu’être une femme c’est déjà une spécificité, tandis qu’être un homme, c’est le standard, auquel on peut donc ajouter d’autres caractéristiques si l’on souhaite les montrer isolément. Avec une femme, on ne montrerait pas, par exemple, une avare, mais une femme avare.

Tout ceci pour dire que les normes culturelles sont bien plus tenaces que les lois, bien plus déterminantes dans les discriminations et les non-discriminations, et que des lois qui ne visent pas à casser ces normes culturelles inégalitaires auront toujours tendance à les renforcer...particulièrement celles qui chercheront à contraindre tout le monde au même mode de vie, car dans ce cas, le modèle majoritaire constituera le standard. En ce qui concerne les homosexuels, vu qu’ils ne seront jamais majoritaires, dans une telle configuration, ils seront toujours »à part« . Donc pas réellement intégrés à la société.

 »Après, tout ce qui est « déstructuration », « déconstruction », « démantèlement », et autres prophéties apocalyptiques, j’attends toujours le premier argument rationnel qui me permettrait d’en craindre les effets plus que la fin du calendrier Maya...« 

Je ne saisis pas bien cette dernière question. Pensez-vous qu’une déstructuration de la société n’aurait rien de nuisible ? Ou voulez-vous plutôt dire que, d’après moi, le »Mariage pour Tous" participe à cette déstructuration et serait donc nuisible pour la société ? Car tel n’est pas mon propos. Mon propos au sujet de la déstructuration de la société, c’est qu’elle est l’objectif intermédiaire des féministes depuis la seconde vague, et des mouvements qu’elle ont engendré, ce qui est vrai, elles-mêmes en conviendront.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès