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Commentaire de louphi

sur Quand Staline planifiait la Grande famine d'Ukraine


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louphi 27 décembre 2012 09:53

(suite 1)

Il apparut que le principe du libre consentement était violé dans la construction des kolkhoz. Dans certains rayons, au lieu de respecter le principe du libre consentement, on contraignait les paysans à entrer dans les kolkhoz en les menaçant de les « déposséder », de les priver de leurs droits électoraux, etc. Dans certaines régions, au travail préparatoire et à l’explication patiente des principes de la politique du Parti en matière de collectivisation, on substituait la proclamation bureaucratique, à coups de décrets, de statistiques enflées sur les kolkhoz soi-disant organisés, le grossissement artificiel des pourcentages de collectivisation. En dépit des indications du Comité central disant que le maillon essentiel du mouvement kolkhozien est l’artel agricole où ne sont collectivisés que les principauxmoyens de production, dans certaines régions on sautait étourdiment pardessus l’artel à la commune ; on collectivisait habitations, bétail à lait et menu bétail non destinés au marché, volaille, etc.

Les dirigeants de certaines régions, grisés par les premiers succès de la collectivisation, violaient les indications expresses du Comité central sur les rythmes et les délais de collectivisation. La région de Moscou, à la poursuite de statistiques enflées poussait ses militants à terminer la collectivisation au printemps de 1930, bien que cette région disposât d’une marge d’au moins trois ans (fin 1932). Une violation encore plus flagrante des directives données fut commise en Transcaucasie et en Asie centrale. Les koulaks et leurs sous-ordres, exploitant ces surenchères dans des buts de provocation, proposaient d’organiser des communes à la place des artels agricoles, de collectiviser immédiatement les habitations, le menu bétail, la volaille. En même temps les koulaks poussaient les paysans à abattre leur bétail avant d’entrer au kolkhoz, en les persuadant qu’au moment de leur adhésion, le bétail leur serait « retiré de toute façon ». L’ennemi de classe comptait que ces fautes et ces surenchères, commises par les organisations locales lors de la collectivisation, exaspéreraient la paysannerie et provoqueraient des révoltes contre le pouvoir des Soviets.

Les erreurs commises par les organisations du Parti et les provocations directes de l’ennemi de classe eurent des conséquences dans la seconde quinzaine de février 1930 ; alors que dans l’ensemble la collectivisation enregistrait des succès certains, on vit se manifester dans plusieurs régions les indices inquiétants d’un sérieux mécontentement de la paysannerie. Çà et là, les koulaks et leurs agents réussirent même à provoquer parmi les paysans une action directe contre le pouvoir soviétique.

Le Comité central, averti des dangereuses déformations de la ligne du Parti qui menaçaient de compromettre la collectivisation, se mit aussitôt en devoir de remédier à la situation ; il orienta les cadres du Parti vers un prompt redressement des fautes commises. Le 2 mars 1930, sur décision du Comité central, parut l’article du camarade Staline « Le vertige du succès ».Dans cet article, un avertissement était adressé à tous ceux qui, grisés par les succès de la collectivisation, étaient tombés dans de grossières erreurs et s’étaient écartés de la ligne du Parti ; à tous ceux qui cherchaient à faire passer les paysans dans la voie des kolkhoz par des mesures de pression administrative. L’article soulignait avec force le principe du libre consentement dans la construction des kolkhoz, il affirmait la nécessité de tenir compte de la variété des conditions dans les diverses régions de l’U.R.S.S. en fixant les rythmes et méthodes de collectivisation. Le camarade Staline rappelait que le maillon essentiel du mouvement kolkhozien est l’artel agricole où ne sont collectivisés que les principaux moyens de production, —dans la culture des céréales surtout, — et où ne sont pas collectivisés le terrain attenant à la maison, les habitations, une partie du bétail laitier, le menu bétail, la volaille, etc.

L’article du camarade Staline eut la plus haute importance politique. Il aida les organisations du Parti à corriger leurs fautes et porta un rude coup aux ennemis du pouvoir des Soviets, qui espéraient, à la faveur des exagérations, dresser la paysannerie contre lui. Les grandes masses paysannes se convainquirent que la ligne du Parti bolchevik n’avait rien de commun avec les absurdes surenchères « gauchistes » commises en province. L’article apporta l’apaisement dans les masses paysannes. Pour achever de redresser les exagérations et les erreurs, travail amorcé par l’article du camarade Staline, le Comité central du P.C. de l’U.R.S.S. décida de porter encore un coup contre ces fautes en publiant le 15 mars 1930 la décision « Sur la lutte contre les déformations de la ligne du Parti dans le mouvement de collectivisation ». Cette décision analysait par le menu les erreurs commises du fait qu’on s’était écarté de la ligne léniniste-stalinienne du Parti, qu’on s’était livré à une violation flagrante des directives du Parti.

Le Comité central indiquait que la pratique des exagérations« gauchistes » était une aide directe à l’ennemi de classe. Il invitait « à relever de leurs postes et à remplacer par d’autres militants, ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas mener résolument la lutte contre les déformations de la ligne du Parti ». (Le Parti communiste de l’UR.S.S. dans ses résolutions, IIe partie, p. 663, éd. russe.) Le Comité central destitua les dirigeants de certaines organisations de région et de territoire (régions de Moscou, Transcaucasie) qui avaient commis des fautes politiques et n’avaient pas su les corriger.

Le 3 avril 1930 parut l’article du camarade Staline « Réponse aux camarades kolkhoziens ».Il montrait l’origine des erreurs dans la question paysanne et les principales fautes commises dans le mouvement de collectivisation : attitude erronée envers le paysan moyen ; violation du principe léniniste du libre consentement dans la construction des kolkhoz ; infraction au principe léniniste qui veut que l’on tienne compte de la diversité des conditions dans les différentes régions de l’U.R.S.S. ; passage direct à la commune, en sautant par-dessus l’artel.

 

Source : Histoire du Parti Communiste (bolchevik) de l’URSS – 1938.

Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’URSS

 

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