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Commentaire de bigglop

sur Pitié ! Ne votez pas Hollande au premier tour !


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bigglop bigglop 20 avril 2012 19:58

Bonsoir à tous,
Je souhaite ardemment qu’au soir du 6 mai, nous n’ayons pas dire le sinistre TINA, autrement dit There Is No Alternative de M Thatcher et repris par superMario Draghi quand il affirmait que le modèle social européen était mort

L’interview de Mario Draghi par le WSJ

Questions & Réponses : au Président de la BCE, Mario Draghi

Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a accordé une interview à Brian Blackstone, Matthew Karnitschnig et Robert Thomson, du Wall Street Journal, le 22 février, sur l’importance de l’austérité en Europe, le plan de sauvetage de la Grèce et la récente décision de la BCE de refuser toute perte sur son portefeuille obligataire grec.

Wall Street Journal : Combien de tours de batte [O.B. : = image empruntée au baseball ; en français on parlerait de manches ou de mi-temps] faudra-t-il avec la Grèce avant que nous sachions si nous en sommes enfin à la résolution qui mettra fin à toutes les résolutions ?

Mario Draghi : Je ne connais pas le baseball. Mais si nous n’avions pas finalisé ce package, on aurait cessé de jouer. Donc, ce pourrait être le début d’un nouveau monde pour la Grèce où les problèmes de financement en suspens ont été réglés. Maintenant, les réformes devront être adoptées. Le gouvernement grec a pris des engagements très sérieux en termes de politique fiscale et dans le domaine des politiques structurelles. Mais il y a des risques concernant leur mise en œuvre et à cause des élections qui approchent. L’Eurogroupe a calculé des probabilités raisonnables de réussite du programme si les mesures, en particulier les mesures structurelles, sont entreprises.

Aussi on peut voir qu’il y a une prise de conscience différente dans l’opinion publique grecque, dans la mesure où ce qui se passe est douloureux, mais nécessaire. Les personnes, qui sont favorables au défaut, à l’inflation ou encore à la sortie de l’euro ne semblent pas largement majoritaires en Grèce.

WSJ. : Pensez-vous que la phase aiguë de la crise est passée ? Nous n’avons pas observé cette semaine, lorsque la transaction a été décidée, le genre d’exaltation que nous avions pu remarquer avec les plans précédents.

M.D. : Il est difficile de dire si la crise est terminée. Penchons-nous sur les changements positifs des derniers mois. Il y a une plus grande stabilité des marchés financiers. De nombreux gouvernements ont pris des décisions concernant l’assainissement budgétaire et les réformes structurelles. Nous avons un pacte budgétaire où les gouvernements européens commencent à se libérer de la souveraineté nationale dans l’intention commune d’être ensemble. Le système bancaire semble moins fragile qu’il ne l’était il y a un an. Certains marchés obligataires ont rouvert leurs portes.

Mais la reprise se déroule très lentement et reste sujette aux risques baissiers. Je suis surpris aussi qu’il n’y ait pas d’exaltation après l’adoption du package, ce qui signifie sans doute que les marchés veulent voir la mise en œuvre des mesures politiques.

WSJ. : Quand vous regardez le descriptif des risques du package et l’accord, quel est le plus grand risque ? Celui découlant de la rue grecque, ou celui résultant d’une absence de croissance en Grèce ?

M.D. : En fin de compte il semble que le plus grand risque soit le manque de mise en œuvre. Certaines mesures visent directement à améliorer la compétitivité et la création d’emplois. D’autres prévoient une consolidation budgétaire radicale. Les deux sont très complémentaires pour assurer un retour à la croissance après la contraction inévitable de l’activité économique.

WSJ. : Mais certaines personnes [sic.] disent que la Grèce souffre vraiment de conditions similaires à la dépression, avec un écart de PIB de 15% ou 16% depuis le pic. Quel est votre point de vue sur ces politiques d’austérité dans la stratégie plus globale du moment, ce qui oblige à l’austérité à tous les niveaux de coûts afin de réduire les déficits budgétaires ?

M.D. : C’est effectivement une question d’ordre général sur l’Europe. Existe-t-il une alternative à l’assainissement budgétaire ? Dans notre cadre institutionnel, les ratios dette/PIB étaient excessifs. Il n’y avait pas d’alternative à l’assainissement budgétaire, et nous ne devrions pas nier que c’est récessif à court terme. À l’avenir, il y aura ce que l’on appelle la voie de confiance, qui va réactiver la croissance, mais ce n’est pas quelque chose qui se produit immédiatement, et c’est pourquoi les réformes structurelles sont si importantes, parce que la contraction à court terme ne sera remplacée par une croissance durable à long terme que si ces réformes sont en place.

WSJ. : L’austérité signifie des choses différentes, alors qu’est-ce qu’une bonne et qu’est-ce qu’une mauvaise austérité ?

M.D. : Dans le contexte européen, les taux d’imposition sont élevés et les dépenses publiques se concentrent sur les dépenses courantes. Une “bonne” consolidation est celle où les impôts sont plus bas et les dépenses réduites du gouvernement portent sur ​​les infrastructures et autres investissements.

WSJ. : et la mauvaise austérité ?

M.D. : La mauvaise consolidation est en fait la plus facile à obtenir, parce que l’on pourrait produire de bons chiffres en augmentant les impôts et réduire les dépenses en capital, ce qui est beaucoup plus facile à faire que de couper dans les dépenses courantes. C’est la voie facile en un sens, mais ce n’est pas une bonne solution. Cela déprime la croissance potentielle.

WSJ. : Quelles sont, selon vous les réformes structurelles les plus importantes ?

M.D. : En Europe ce sont d’abord les réformes des marchés des produits et des services. Et la seconde est la réforme du marché du travail qui prend des formes différentes selon les pays. Dans certains d’entre eux il faut rendre les marchés du travail plus flexibles également plus équitables que ce qu’ils ne le sont aujourd’hui. Dans ces pays, il existe un double marché du travail : très souple pour la partie jeune de la population, où les contrats de travail sont de trois mois, six mois, des contrats qui peuvent être renouvelés pendant des années. Le même marché du travail est très rigide pour la partie protégée de la population, où les salaires suivent l’ancienneté plutôt que la productivité. Dans un sens, les marchés du travail à l’heure actuelle sont injustes dans un tel contexte, car ils mettent tout le poids de la flexibilité sur la partie jeune de la population.

WSJ. : Pensez-vous que l’Europe va devenir moins sociale que le modèle qui l’a définie ?

M.D. : Le modèle social européen est déjà mort, quand nous voyons les taux de chômage des jeunes qui prévalent dans certains pays. Ces réformes sont nécessaires pour accroître l’emploi, l’emploi des jeunes en particulier, et donc les dépenses et la consommation.

WSJ. : L’emploi à vie …

M.D. : Vous savez qu’il y a eu une époque où (l’économiste) Rudi Dornbusch avait coutume de dire que les Européens étaient si riches qu’ils pouvaient se permettre de payer tout le monde pour ne pas travailler. Ce temps est révolu.

WSJ. : Avec la Grèce il y a eu beaucoup de concentration sur la réalisation des objectifs numériques. Maintenant, si vous prenez des pays comme le Portugal ou l’Espagne, s’ils parviennent à réaliser ces grandes réformes économiques structurelles, devraient-ils être aussi concentrés sur la satisfaction d’objectifs de déficit spécifiques ?

M.D.  : Il n’y a pas de compromis possible entre les deux. L’assainissement budgétaire est inévitable dans la présente configuration, et il donne le temps nécessaire aux réformes structurelles. Faire marche arrière sur ​​les objectifs budgétaires serait provoquer une réaction immédiate du marché. Les spreads souverains et le coût du crédit vont augmenter. Nous avons tous connu cela.

WSJ. : Pensez-vous que le Portugal aura besoin d’un autre plan de sauvetage ?

M.D. : Non, nous considérons que le programme est sur la bonne voie.

WSJ. : Où voyez-vous le marché interbancaire aujourd’hui ? Est-il guéri ? Est-il encore dysfonctionnel ?

M.D. : Ce que nous avons vu c’est qu’après la première opération de refinancement à plus long terme, le marché obligataire senior non garanti a rouvert. Dans les deux derniers mois, nous avions quelque chose comme 40 Md€ de nouvelles émissions, ce qui est aussi à peu près autant ou plus que dans les six derniers mois. Nous avons également vu 30 Md€ de nouvelles émissions d’obligations couvertes. Mais pour que les marchés interbancaires fonctionnent, nous avons besoin d’un retour à la pleine confiance en contrepartie. Nous pouvons régler les aspects de liquidité du problème. Mais c’est alors que les perspectives de croissance doivent prendre la relève. Après un quatrième trimestre très faible, l’activité économique dans la zone euro se stabilise progressivement à des niveaux faibles.

WSJ. : Il semble pourtant aussi que le crédit s’est tari en Espagne, en Italie et ailleurs.

M.D. : Notre dernière enquête sur le crédit bancaire a été effectuée entre le moment où la première LTRO (opération de refinancement à plus long terme) a été décidée et le moment où elle a été exécutée, et ne donne donc qu’une image partielle de ce qui se passe. Cette image n’a pas été positive. Le crédit était resserré sur toute la zone euro à des degrés divers d’intensité, et de façon plus spectaculaire dans les régions méridionales. Nous devons nous demander pourquoi il en est ainsi. L’opération LTRO (en décembre) a atteint 490 Md€. Le retour des liquidités à court terme du système bancaire avant la LTRO était d’environ 280 Md€, de sorte que l’injection nette s’est seulement montée à 210 Md€. Et les obligations bancaires venant à échéance au premier trimestre étaient également d’environ 210 Md€. Par conséquent, il est probable que les banques ont tout simplement racheté leurs propres obligations venant à échéance. Nous avons évité un resserrement encore pire du crédit.

WSJ. : Seriez-vous prêt à faire plus, ou plus d’opérations de refinancement en cas de besoin ?

M.D. : Vous savez comment nous répondons à ces questions. Nous ne prenons jamais d’engagement précoce.

WSJ. : La BCE a protégé ses avoirs en obligations grecques en échangeant des obligations pour de nouvelles. Des analystes disent que la BCE devrait subir le même sort qu’ont subi les détenteurs d’obligations du secteur privé. Quelle est votre réaction à cela ?

M.D. : Le Programme de Marché des Valeurs mobilières (SMP) a acheté ces obligations parce que les canaux de transmission des politiques monétaires ont été brisés. L’achat de ces obligations a été effectué pour des raisons d’intérêt public. Aussi les gens ont tendance à oublier que cet argent de la BCE n’est pas de l’argent privé. C’est de l’argent public, ce sont des capitaux que la BCE s’est engagée à protéger, c’est l’argent des contribuables.

WSJ. : Est-ce que cela réduit l’impact des futurs achats, ou êtes-vous prêts à réduire progressivement le SMP ?

M.D. : Le fonds de SMP sont de petite taille si on les compare à la taille des marchés obligataires européens, et les interventions sont devenus de plus en plus rares, ces derniers temps.

WSJ. : Pouvez-vous exclure les restructurations de la dette à venir ? Certains analystes disent qu’un pays comme le Portugal pourrait en avoir besoin.

M.D. : Nous sommes confiants sur le fait que les pays de la zone prendront des mesures appropriées et que les objectifs de leurs programmes sont réalisables et réalistes.

WSJ. : Il y a eu de nombreuses discussions quant à savoir si les Chinois vont s’impliquer, si la Chine va acheter des obligations. Que pensez-vous de la participation institutionnelle chinoise sur les marchés financiers européens ?

M.D.  : Jusqu’ici, je ne vois aucune participation officielle sur les marchés financiers publics européens. Il y a eu beaucoup de discussions et de conversations. J’en entends parler, mais je n’ai vu aucun investissement officiel sur les marchés financiers européens.

WSJ. : Au cours de la dernière année deux hauts responsables allemands de la BCE ont démissionné. Le président actuel de la Bundesbank s’est opposé à l’échange d’obligations et a parlé des risques associés aux opérations de refinancement à trois ans. Y a-t-il un risque que l’Allemagne soit isolée au sein de la BCE ?

M.D. : Le vote pour les opérations de refinancement à trois ans a été unanime. Étant donné la nature particulière de la BCE, l’un de mes objectifs est que nous ayons, tant que possible, un consensus. Nous devons faire les bons choix, et nous devons les faire ensemble.

WSJ. : Quand on regarde la crise de la dette depuis l’extérieur, les gens voient toutes ces réunions de crise et même si l’Europe a beaucoup de richesses, elle ne semble pas être en mesure de canaliser l’argent et a dû s’en remettre trois fois au FMI. Que voulez-vous dire aux non-Européens ? L’Europe semble être un risque majeur et ne semble pas pouvoir résoudre ses problèmes toute seule.

M.D. : Je n’aurai pas un point de vue si négatif. Beaucoup de choses ont eu lieu en Europe depuis un an et demi. L’Europe est composée de différents pays : des pays qui possèdent des conditions initiales de dette forte, des pays à faible croissance et des pays à faible dette et à forte croissance, et se pose alors la question fondamentale de savoir comment nous allons faire une union budgétaire. Nous ne pouvons pas avoir un système qui vous permette de dépenser ce que vous voulez, puis demander d’émettre une dette commune. Vous ne pouvez pas avoir un système où vous dépensez et où je paie pour vous. Avant de passer à une union financière, nous devons avoir en place un système où les pays peuvent montrer qu’ils peuvent se tenir debout seuls. Et c’est la condition sine qua non pour que les pays fassent confiance aux autres. Ce soi-disant traité budgétaire est en fait une réalisation politique majeure, car c’est le premier pas vers une union fiscale. Il s’agit d’un traité par lequel les pays perdent une part de souveraineté nationale dans le but d’accepter des règles budgétaires communes qui sont particulièrement contraignantes, d’accepter la surveillance et d’accepter d’avoir ces règles inscrites dans leur Constitution afin qu’elles ne soient pas faciles à changer. Donc, c’est le début.

WSJ. : Vous êtes en fonction depuis maintenant quatre mois. Y a-t-il quelque chose qui vous a surpris ? Regrettez-vous d’avoir pris ce travail ?

M.D. : Vous le dirais-je si c’était vrai ? Non, je ne regrette pas d’avoir pris ce travail. J’ai été membre du Conseil d’administration pendant six ans, alors certes cette nouvelle partie du poste est axée sur le mécanisme interne de la BCE. Mais des décisions de politique monétaire et les décisions connexes ont fait partie de mes fonctions, même avant, parce que nous avons partagé des décisions qui ont été prises dans le passé.

WSJ. : Vos premiers mois à la tête de la BCE ont été marqués par beaucoup d’activité. La BCE peut-elle faire beaucoup plus quand il s’agit de la stabilité financière et la croissance économique ? A-t-elle fait à peu près tout ce que faire se peut ?

M.D.  : Ce que je vais dire ne concerne que les futures décisions de politique monétaire. Par son mandat principal, la BCE fera tout son possible pour assurer la stabilité des prix à moyen terme et il est de la compétence du traité de favoriser la stabilité financière.

WSJ. : Quelle est les premiers chiffres vous regardez le matin ?

M.D. : les marchés boursiers.

WSJ. : Vous regardez le taux de change de l’euro ?

M.D. : Pas au petit matin.

Source : Wall Street Journal



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