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Commentaire de Zozo

sur Apocalypto : il était une fois la peur


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Zozo (---.---.79.1) 22 janvier 2007 16:01

« Une civilisation ne peut être détruite que de l’intérieur, les attaques extérieures ne font qu’apporter le coup de grâce », je ne me souviens plus de la phrase exacte mais en substance c’est ce qui est dit au début du film que j’ai vu hier. Au moment de l’arrivée des espagnols la civilisation Maya était en pleine décomposition et vivait une crise qui la menait à sa perte. Les causes de conflits internes, exacerbés par de mauvaises récoltes et la maladie, menacent en effet la cohésion de la société toute entière. Pour y remédier les prêtres, sous l’égide du couple royal, ont recours aux sacrifices humains en masse. On voit qu’à chaque immolation la foule en délire manifeste une joie unanime : la victime sacrifiée (choisie à l’extérieur de la communauté), censée être responsable des maux qui accablent la population, joue le rôle d’un paratonnerre. Son meurtre rituel assouvit ce besoin universel de violence qui caractérise l’espèce humaine, pleinement accomplie chez les Mayas. Il s’agit là d’un exutoire qui permet de canaliser la violence qui, sans ce subterfuge, pourrait se retourner contre la société elle-même. Ce procédé n’est pas spécifique aux Mayas mais le film montre qu’il avait atteint chez eux un niveau quasi génocidaire, dirait-on aujourd’hui. Et de fait l’archéologie a mis à jour des traces de charnier, où les ossements humains sont entassés pêle-mêle dans des fosses. Des traces de sacrifices humains ainsi que des fosses ont été attestés chez les celtes dans nos contrées...Le film ne stigmatise donc pas une civilisation en particulier ; il rend compte, parfois crûment, du comportement irrationnel de l’espèce humaine qui se singularise, par rapport à l’animal, par sa violence d’où surgit les fondements mêmes de la culture (thèse girardienne). Ce film est donc intéressant à ce titre.

Il l’est aussi par son parti pris d’adopter le point de vue de la victime. On vit ainsi de l’intérieur l’effroi et l’horreur qui saisit ces hommes de la forêt pourchassés par on ne sait par qui ni pourquoi au tout début du film. Mais la marque de la violence est là : elle se lit sur les visages, elle est contagieuse, elle se répand comme une maladie. Le héros apprendra dans une espèce d’initiation à évacuer de son esprit cette peur, cette soif de vengeance, pour se tourner entièrement vers la vie, le renouveau. Il devient un de ces héros mythiques qui ont accompli des exploits que se racontent les hommes le soir, autour d’un feu...


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