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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Les Aborigènes souffrent encore du génocide canadien


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 22 février 2012 20:42

Merci à l’auteure pour cet excellent article qui témoigne d’une violence difficilement imaginable que d’aucun voudraient allègrement oublier mais qui ne doit pas l’être car, d’abord, elle est encore affreusement actuelle dans ses effets et, ensuite, les humains que nous sommes encore beaucoup à apprendre sur ce dont ils sont capables en toute prétendue innocence.

Le devoir de mémoire de ce génocide n’est pas moindre que celui d’autres génocides.

Il y a quelque années j’ai écrit sur Agoravox un article sur le thème de la réconciliation et j’y évoquais le choc de ma rencontre avec des aborigènes à l’occasion d’un colloque girardien précisément consacré au thème de la violence et de la réconciliation.

Le choc ce fut de voir et d’entendre une très belle indienne nous accueillir avec beaucoup de douceur par un « Bienvenue en territoire Algonquin ! »

Waouh, quel choc, je ne savais que j’étais en territoire algonquin et étant girardien de longue date, j’étais bien placé pour comprendre ce que cela signifiait.

Pour le rendre plus explicite, imaginons que dans un chaos social pas forcément lointain, une troupe de brigands vienne s’installer chez vous, tue et viole des membres de votre famille, s’approprie vos champs et vos ressources et considèrent que tout cela est à eux.

Imaginez qu’au bout d’un temps suffisamment long, ils accueillent des amis à eux pour leur faire découvrir l’endroit et qu’ils vous donnent la parole pour parler de vous. Vous savez que votre vie n’est plus en danger, vous pouvez parler librement et là vous dites « Bienvenue dans ma petite ferme ? »

Mesurez-vous le degré d’abnégation, de renoncement à la violence qu’il faut pour ne pas être dans la colère ou la plainte continuelle vis-à-vis d’une situation dont l’injustice est immense et odieuse ?

Cynthia Stirby, puisqu’il s’agit d’elle, nous a ensuite simplement raconté sans un mot plus haut que l’autre l’histoire des « écoles résidentielles » et il m’a semblé que toute l’assistance était « hypnotisée », sous le choc d’une histoire de violence (morale, physique, sexuelle, culturelle, etc.) intolérable qui a duré si longtemps en toute impunité.

Partout de par le monde, les Aborigènes ont été les victimes d’une violence pas seulement coloniale qu’il nous (les Occidentaux) faudra bien assumer et réparer dignement un jour si nous voulons qu’une véritable réconciliation et donc une cicatrisation puisse intervenir et que cette triste page de l’histoire humaine puisse être tournée en toute conscience.

A défaut, ces peuples resteront les sacrifiés de l’histoire et nous, tous autant que nous sommes, perpétuerons la violence de nos pères comme cest encore le cas actuellement.

Pour finir, je souhaiterais faire remarquer ici l’absence complète d’agressivité dans la réponse faite par Natasha à Kerjean qui lui, n’en manquait pas pourtant d’agressivité, même si habituellement il est plutôt bien inspiré et mesuré.

C’est exactement ça que j’ai ressenti à Ottawa de la part des Aborigènes. Une incroyable capacité à affronter la violence sans y tomber à son tour.

Comme si ceux qui sont véritablement victimes (pas comme les USA et le 11 septembre) connaissaient et comprenaient suffisamment la violence pour savoir s’en tenir à distance.


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