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Les Aborigènes souffrent encore du génocide canadien

On parle encore des génocides de l’Allemagne Nazie au milieu du 20ème siècle, suivi entre autres, du génocide Tibétain dans les années 60 et du génocide Rwandais en 1994. Qu’en est-il du génocide canadien qui a fait près de 100 000 victimes, torturées, assassinées ou portées disparues entre 1922 et 1984, et dont les répercussions continuent à affecter les Aborigènes du Canada ?

Qu’ils s’agissent des Premières Nations, des Inuits ou des Métis, les peuples Aborigènes du Canada ont cohabité paisiblement pendant des milliers d’année sur leurs terres ancestrales. Jusqu’à l’arrivée des premiers colons européens, suivie d’une immigration d’européens de masse au début du 20ème siècle, les autochtones parlaient leur langue natale, perpétuaient les traditions de leurs sociétés matriarcales, exerçaient leurs croyances spirituelles et vivaient de leurs terres librement et sereinement.

Aux yeux des colons européens, le mode de vie des Aborigènes était « primitif » et ils étaient « mal éduqués » ; il fallait donc les « civiliser » ou pis, s’en débarrasser. A la fin du 19ème siècle, les canadiens d’origine européenne ont poussé les Aborigènes à assimiler la culture « canadienne ». Pendant plus d’un siècle, les persécutions qu’ont subies les Aborigènes rappellent l’holocauste des juifs durant la Seconde guerre mondiale. Cette semaine, à l’occasion d’une journée dédiée aux Aborigènes dans un lycée international en Colombie Britannique, plusieurs générations sont réunies pour témoigner du passé et du présent.

Sarah, 79 ans, de la tribu des Cowichan sur l’île de Vancouver commence par nous raconter l’enfance de sa mère qui a grandi à l’époque où « la Loi sur les Indiens » considérait les Aborigènes comme étant des êtres inférieurs n’ayant aucun statut légal, ni droit civil, ni le droit d’avoir sa propre entreprise. Au début des années 1880 les premiers pensionnats dirigés par des colons catholiques sont mis en place pour y « civiliser » et « éduquer » les jeunes Aborigènes. Ces internats, plus tard appelés « écoles résidentielles » sont aussi synonymes de prison pour les enfants. Arrachés à leurs familles contre leur gré, ils y vivent coupés du monde, y sont maltraités et certains n’en reviennent jamais. La mère de Sarah, comme tant d’autres, y fut victime d’abus sexuels.

Sarah, elle, a échappé aux écoles résidentielles, mais pas au pire. Instruite par ses grands-parents, ses connaissances, sa force d’esprit et son savoir l’ont poussée à aspirer au même succès que les canadiens d’origine européenne. Avec son mari, elle monte un projet d’entreprise de fabrication de laine et pour se lancer, il lui faut un prêt. Pour la banque, il est hors de question de prêter un sou à un Aborigène. Malgré cela, à force de persévérance et de perspicacité, Sarah finit par obtenir ce prêt et à mettre en place une entreprise qui devient une véritable source de solidarité et de revenus pour sa communauté. Néanmoins, lorsqu’elle commence à démarcher les magasins pour vendre son stock de vêtements en laine, elle fait face au refus des revendeurs. Tout comme prêter de l’argent aux Aborigènes, acheter les produits qu’ils fabriquent est mal vu. C’est finalement grâce à la collaboration de commerçants d’origines étrangères, notamment des japonais, qu’elle réussit à commercialiser ses créations qui finissent par connaître un véritable succès.

Ce que Sarah ne nous racontera pas de vive voix ce jour-là, ce sont les horreurs qu’elle a connues en plus des barrières sociales qu’elle a dû surmonter- les maladies et le manque de soins, les viols, la stérilisation forcée. A une époque où les Aborigènes n’ont pas le droit de faire appel à un avocat et où un avocat risque l’emprisonnement en tentant de soutenir un Aborigène, ces derniers n’ont ni droits, ni moyens de défense.

En 1984, la dernière école résidentielle est enfin fermée. Petit à petit les langues se délient et le silence est rompu. Certains survivants témoignent des meurtres et des abus perpétrés dans les écoles résidentielles. Certains témoins sont assassinés.

Nous sommes à la fin du 20ème siècle. Clint, un quarantenaire de la province du Manitoba, a eu la chance de recevoir une bourse lui permettant d’accéder à une éducation prestigieuse et de travailler à présent au Ministère de la santé canadien. Sa réussite et son évolution personnelle ne reflète en rien celle des esprits de certains de ses compatriotes non-Aborigènes. A la banque, sans sa femme d’origine allemande, il n’aurait pu ouvrir de compte aussi facilement, explique-t-il. Sa femme lui ayant recommandé d’aller chez un coiffeur qu’elle avait particulièrement apprécié pour son accueil, il décide de s’y rendre- l’accueil qui lui est réservé est froid, les regards qu’on lui porte sont dénigrants. Un soir, au restaurant, alors que tous les clients reçoivent des amuse-gueule gratuits, Clint se permet de demander s’il y a aussi droit. « Non », sa présence dérange. 

21ème siècle. Les adolescents Aborigènes continuent à souffrir de discriminations raciales. Une adolescente du Nunavut raconte qu’elle et sa famille ont eu la chance de pouvoir surmonter les préjugés et ont pu bénéficier d’une éducation leur permettant de mener une vie suffisamment confortable. Pourtant, les conditions de vie des Aborigènes dans sa province restent difficiles. Les problèmes de santé et les problèmes sociaux sont nombreux. A cause des préjugés qui les poursuivent, les Aborigènes ont du mal à trouver un emploi, à faire carrière et de ce fait à avoir une situation économique stable. Dû à leur pauvreté beaucoup se nourrissent mal, trouvent réconfort dans l’alcool et les drogues et sont atteints de maladies physiques et mentales causées par la malnutrition et les abus de substances nocives. Et c’est malheureusement l’image des Aborigènes qui prédomine dans l’esprit de beaucoup de Canadiens aujourd’hui- l’image d’un peuple « irresponsable », « alcoolique », « mal éduqué » et « violent ».

En l’espace d’un siècle, les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont perdu leurs repères, leur famille, leurs terres, leur culture et leurs droits. Bien qu’ils soient 2 millions à survivre dans un pays qui leur est hostile, lorsqu’on étudie la chronologie des évènements marquant la vie des aborigènes canadiens depuis la fin du 19ème siècle, trop peu sont réjouissants. Aujourd’hui encore, le gouvernement canadien est blâmé pour accorder moins d’importance aux crimes dont les victimes sont les aborigènes. Nombre de ces crimes ne sont pas élucidés, la presse en parle peu ou pas, la discrimination et le racisme continuent.

Comment remédier à plus d’un siècle et demi de violences, d’abus et d’injustices qui ont détruit l’image d’un peuple qui vivait simplement différemment des colons européens ? Aujourd’hui, toutes les générations d’Aborigènes continuent à témoigner et à souffrir de blessures non cicatrisées et de préjugés qui persistent. La colonisation est terminée, mais les traces de son passage restent indélébiles. 


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23 réactions à cet article    


  • Natasha Natasha 21 février 2012 16:17

    Bonjour,


    Il y a peut-être « pire », mais la manière dont ont été et sont encore traité les aborigènes reste douloureuse et inhumaine. Est-ce parce qu’ils ont été tués différemment qu’avec des machettes ou des camps d’extermination qu’ils n’ont pas soufferts ? Votre réaction reflète celle de nombreux canadiens qui justement ne réalise pas l’ampleur du problème. 

    Les colons voulaient se débarasser des autochtones- d’où l’enlèvement des enfants, les meurtres dans les « écoles résidentielles », la stérélisation forcée, entre autres. N’est-ce pas là le massacre programmé d’une ethnie ?

    Voici, plus d’information pour vous permettre peut-être de comprendre l’emploi du terme génocide et les horreurs qu’ils ont vécu ;



    Bonne lecture.

  • Farniente 21 février 2012 16:36

    Même si étymologiquement aborigène est correct,au Canada on dit Premières Nations ou Amérindiens quand on parle des autochtones.

    De plus,les autochtones du Canada n’ont pas été génocidés,contrairement à leurs cousins du Sud.Ils ont collaboré qui avec les Français,qui avec les Anglais et ont signé des traités qui sont encore valables aujourd’hui.

    Savez-vous par exemple qu’au Canada les possesseurs d’une carte Première Nation ne payent pas de taxes(14.95% pour les autres canadiens)ni d’impôts,ne sont pas soumis aux lois sur la chasse et la pêche.Ils peuvent pêcher et chasser à l’année longue,n’ont pas de quotas à respecter et peuvent employer des méthodes interdites(filets,pièges,dynamite,etc...)J’ai vu dans le nord des rivières barrées par des kilomètres de filet pour le caviar des esturgeons.Ceci n’étant que quelques exemples parmi beaucoup.

    Si aujourd’hui quelques Nations sont dans le trouble,il le doivent plus à la vénalité de leurs chefs,qui sont récipiendaires des subventions fédérales qu’aux brimades des autorités.
    Par exemple,en 2010 un chef de bande des Provinces Maritimes a perçu un salaire de 978 468$ alors que sa tribu compte 300 membres.Pas mal pour un candidat au génocide,enfin,d’après vous !
    lien


    • Mahi Mahi 22 février 2012 05:26

      Premièrement, le terme génocide est parfaitement bien utilisé, quand on parle d’un génocide, on parle de l’élimination systématique d’une population par une autre, on ne parle pas nécéssairement d’un massacre ou d’une boucherie. La population des 2 amériques avant l’arrivée des européens s’élevait à approximativement 22 milions d’individu aujourd’hui on en compte à peine 6 millions. Donc oui il y a bel et bien eu un génocide. Pour ce qui du génocide canadien on ne parle pas d’un massacre mais plutôt d’un génocide silencieux basé sur l’adoption de politiques complètement anti-humaniste visant l’extinction d’un peuple.

      La loi fédéral sur les indiens date de 1851, et est complètement désuètes. Le niveau de droit d’un amèrindien au canada est inférieur à celui d’un citoyen mineur canadien. On y retrouve un article sur le code d’appartenance qui démontre très bien le but de vouloir éteindre la race amerindienne. Il y a un autre article de cette même loi qui empêchait tout amerindien d’atteindre le niveau universitaire sans être automatiquement émancipé, ce qui veut dire que si tu devenais trop instruit tu devenais un blanc, tu ne pouvais pas retourner dans ta communauté qui était uniquement réservé aux indiens. Cet article à été amendé seulement qu’en 1951 ce qui explique l’incroyable retard social qu’on retrouve dans les communauté autochtones. Curieusement le dernier traité numéroté signé au Canada date de 1947, donc on bloque l’instruction pour empêcher les amerindiens de bien négocier. Si on compare les procès verbaux de la négociation des ces traités, aux énoncés stipuler par écrit dans ces mêmes traité on comprend très bien que le gouvernement canadien à réellement profiter du manque d’instruction des amerindiens pour s’approprier leur terre. Ces procès verbaux sont disponible aux archives national du Canada en passant. Toutes les politiques du gouvernement fédéral concernant les amerindien on été échafaudé sur une base provisoire, et ont été basées sur l’opinion des historien de l’époque, qui stipulaient que la race amérindienne allait disparaître avant les années 1900.  Surprise ! On est encore là !


      Pour ce qui est du titre « Peuple Aborigène » eh bien c’est le terme légal qui confirme notre statut en tant que peuple distinct. Donc c’est le meilleur terme pour nous définir, c’est reconnu par la constitution canadienne de 1982. À plusieur reprise le Canada à essayer par différent projets de loi d’éteindre ce titre, entre-autres par le famoeux « Livre Blanc de 1969 » un projet de loi élaboré par Jean Chrétien à la demande de Pierre-Éliot Trudeau nos bons amis. Il y a eu aussi « Le projet de loi sur la gouvernance des premières nations » en 2003 qui est carrément la reprise du Livre blanc de 69 mais en termes plus camouflé.

      Donc en bout de ligne avec toutes les mesures prises par le gouvernement canadien pour nous faire disparaître, oui on peut parler d’un génocide, peut-être pas aussi violent qu’une boucherie mais beaucoup plus sournoi, une mort silencieuse. Et personnellement j’aurais préféré mourrir dans l’action du combat que de voir mon peuple, dans certains endroits, mourir aussi lentement. Les séquelles laissé par les événements relaté dans l’article de Natasha sont encore présentes dans nos communauté, et on vit avec à chaque jour de notre vie.

      Maintenant j’aimerais corrigé certaines affirmations fait par la face de minou en haut.

      1- Ce ne sont pas tout les nations qui ont signés des traités, Donc ca veut dire que certaines nations ont encore des droits sur le territoire et c’est confirmé par l’article 35 de la constitution de 1982.

      2- Oui on a collaboré soit avec les anglais ou les français mais ça s’arrête en 1760, après cà on en parle plus des amérindiens dans les livres d’histoire comme si notre histoire s’arrêtait en 1760. Jamais on va voir un manuel scolaire au canada relater tout ce qui s’est passé concernant les amerindiens après 1760. L’image du canada est trop importante.

      3- Les exemptions de taxes ne sont applicable que sur les réserves, et comme on ne trouve pas de magasins importants dans nos communauté on payent la taxe comme tout le monde dans les commerce extérieur pour arriver à subvenir à nos besoins.

      4- Pour ce qui est des impôts, si on compare le salaire d’un emploi similaire, comme par exemple un poste de secrétaire administrative, on va s’appercevoir que pour le même nombre d’année d’expérience celle qui travaille sur une réserve à un taux horraire nettement inférieur à celle qui travail à l’extérieur. Donc en bout de ligne même si on ne paye pas d’impots on gagne le même salaire qu’en dehors de la réserve. Ceux qui travail à l’extérieur des réserves paye de l’impot comme tout le monde. Appart peut-être quelques exception mais c’est loin d’être une majorité.

      5- Si je vois un indien de ma communauté pêcher à la Dynamite, croit moi y va manger un %$*%* de coup de pied dans le C*L. Faut quand même pas généralisé quand on entend des niaiserie comme ça.

      6- Qu’un chef extorque sa communauté, sa ne veut pas dire que tout les indiens font pareil, il y a eu un paquet de scandale du coté des canadien, comme le scandale des commandites pour n’en nommer qu’un seul et ca ne veut pas dire que tout les canadiens sont des crosseurs pour autant.

      On découvre un lien internet et pouf ! On devient instruit tout d’un coup comme par magie !

      Pour terminer, Natasha j’ai grandement aimé ton article, si le reste des canadiens se sentent mal à l’aise face à tout ca et répondent des stupidité basés sur des préjugés plutôt que sur des fait, ben faut pas leur en vouloir c’est qu’ils ont pas compris que les vrai fautes sont imputable au gouvernement canadien et non aux citoyens.


      • Natasha Natasha 22 février 2012 16:32

        Bonjour Mahi,


        Je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre aux commentaires à l’appui d’exemples pertinents. Si seulement tous ceux qui commentaient savaient vraiment de quoi ils parlaient et ne faisaient pas de généralisations fondées sur les préjugés, les suppositions et les quelques exemples dont ils ont entendu parler...

        Merci encore et bon courage !

      • TyRex TyRex 22 février 2012 11:28

        Vous avez entièrement raison Mahi. Mr Kerjean a des connaissances très limités en matière d’histoire...
        D’ailleurs quand je lis que les amérindiens pêchent à la dynamite... c’est vraiment prendre les gens pour des guignols... hey bouffon, quand tu auras compris que la philosophie amérindienne est de vivre en HARMONIE avec la NATURE tu comprendras peut-être à quel point tu es ridicule et médisant... si tu savais avec quel respect un amérindien ôte la vie de sa proie qui va le nourrir, tu verrais à quel point tu ne connais rien !

        A tous ceux qui ne connaissent pas en encore Léonard Petier... apprenez qu’il existe toujours des hommes braves.
        (lien)


        • Mahi Mahi 22 février 2012 18:48

          Oui il y a encore de l’espoir.

          Je pense personellement que le retour à la vie traditionnelle est impensable vue que le nombre de notre population est toujours grandissant et que les ressources de la forêt ne suffiraient pas à combler les besoin de tous.

          Parcontre l’espoir réside, en premier lieu, en une éventuelle signature des gouvernement américains et canadien, de la charte des droit droit des peuple aborigène promu par l’ONU.

          En deuxième lieu, en permettant aux amérindiens de se développer économiquement, parce que actuellement il y un paquet d’entrave, qui nous empêche d’atteindre une certaine autonomie, Les canadien chiale sur notre dépendence face à l’état mais ils ne font rien pour nous aider à briser cette dépendence, ils font l’inverse.

          En troisième lieu, advenant une abolition de certains aspect de la loi sur les indiens qui nous bloquent économiquement nous serions en mesure d’appliquer toute notre système de valeur aux différentes sphères qui compose une société moderne, social, politique économie etc. Ainsi notre culture serait sauvegardée et du même coup elle ne serait pas figée dans le temps comme plusieur ont tendance à la considérée. Toute culture à le droit à l’évolution.

          Nos valeurs s’appliquent très bien au développement de technologies plus écologiques, à un système économique qui pronerait le partage équilibrée des richesse, à un système politique qui s’assurerait de prendre les décisions qui prônent pour l’intérêt de tous plutôt que pour quelques privilégié.

          Voilà le reflet d’un avenir pas mal meilleur pour notre peuple. Faut juste faire attention pour ne pas tomber dans le piège de l’argent.

          Quand le dernier gibier aura été chassé, que le dernier poisson aura été pêcher, que la dernière terre aura été cultivée, alors seulement là nous saurons que l’argent ne se mange pas !

          (citation d’un chef indiens fin 19e siècle)


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 22 février 2012 20:42

            Merci à l’auteure pour cet excellent article qui témoigne d’une violence difficilement imaginable que d’aucun voudraient allègrement oublier mais qui ne doit pas l’être car, d’abord, elle est encore affreusement actuelle dans ses effets et, ensuite, les humains que nous sommes encore beaucoup à apprendre sur ce dont ils sont capables en toute prétendue innocence.

            Le devoir de mémoire de ce génocide n’est pas moindre que celui d’autres génocides.

            Il y a quelque années j’ai écrit sur Agoravox un article sur le thème de la réconciliation et j’y évoquais le choc de ma rencontre avec des aborigènes à l’occasion d’un colloque girardien précisément consacré au thème de la violence et de la réconciliation.

            Le choc ce fut de voir et d’entendre une très belle indienne nous accueillir avec beaucoup de douceur par un « Bienvenue en territoire Algonquin ! »

            Waouh, quel choc, je ne savais que j’étais en territoire algonquin et étant girardien de longue date, j’étais bien placé pour comprendre ce que cela signifiait.

            Pour le rendre plus explicite, imaginons que dans un chaos social pas forcément lointain, une troupe de brigands vienne s’installer chez vous, tue et viole des membres de votre famille, s’approprie vos champs et vos ressources et considèrent que tout cela est à eux.

            Imaginez qu’au bout d’un temps suffisamment long, ils accueillent des amis à eux pour leur faire découvrir l’endroit et qu’ils vous donnent la parole pour parler de vous. Vous savez que votre vie n’est plus en danger, vous pouvez parler librement et là vous dites « Bienvenue dans ma petite ferme ? »

            Mesurez-vous le degré d’abnégation, de renoncement à la violence qu’il faut pour ne pas être dans la colère ou la plainte continuelle vis-à-vis d’une situation dont l’injustice est immense et odieuse ?

            Cynthia Stirby, puisqu’il s’agit d’elle, nous a ensuite simplement raconté sans un mot plus haut que l’autre l’histoire des « écoles résidentielles » et il m’a semblé que toute l’assistance était « hypnotisée », sous le choc d’une histoire de violence (morale, physique, sexuelle, culturelle, etc.) intolérable qui a duré si longtemps en toute impunité.

            Partout de par le monde, les Aborigènes ont été les victimes d’une violence pas seulement coloniale qu’il nous (les Occidentaux) faudra bien assumer et réparer dignement un jour si nous voulons qu’une véritable réconciliation et donc une cicatrisation puisse intervenir et que cette triste page de l’histoire humaine puisse être tournée en toute conscience.

            A défaut, ces peuples resteront les sacrifiés de l’histoire et nous, tous autant que nous sommes, perpétuerons la violence de nos pères comme cest encore le cas actuellement.

            Pour finir, je souhaiterais faire remarquer ici l’absence complète d’agressivité dans la réponse faite par Natasha à Kerjean qui lui, n’en manquait pas pourtant d’agressivité, même si habituellement il est plutôt bien inspiré et mesuré.

            C’est exactement ça que j’ai ressenti à Ottawa de la part des Aborigènes. Une incroyable capacité à affronter la violence sans y tomber à son tour.

            Comme si ceux qui sont véritablement victimes (pas comme les USA et le 11 septembre) connaissaient et comprenaient suffisamment la violence pour savoir s’en tenir à distance.


            • edith 23 février 2012 03:31

              À trop vouloir faire dans le sensationnalisme, vous passer à côté de certains éléments historiques importants.

              D’abord, utiliser le terme « génocide » pour parler des Autochtones au Canada est une insulte envers les Juifs et les Tutsis, pour ne nommer que ces victimes de réels génocides. À utilisé un mot trop fort, vous y perdez en crédit. Beaucoup d’Autochtones du Canada sont décédés non pas d’un tuerie programmée dans le but de les exterminer, mais de maladies telles que la variole, la rougeole et la coqueluche. Chez certaines communautés, le taux de décès se serait élevé jusqu’à 90%. La raison de cela est bien simple : les habitants du continent américain n’ont pas eu de contact avec les habitants des autres continents pendant plusieurs millénaires. Ils n’avaient donc aucune immunité naturelle contre ces maladies.

              Ensuite, l’année 1760 dont parle certains commentateurs correspond à la capitulation de Montréal. Trois ans plus tard, la Nouvelle-France devenait une colonie britannique. En effet, le Canada n’existait toujours pas. Ce ne sont pas les Canadiens qui ont dépouillé les Autochtones de leurs terres, mais bien les Français, puis les Anglais. L’argent de l’exploitation de ces terres n’est pendant très longtemps pas restée au Canada, mais partie en Grande-Bretagne et en France, dans les châteaux de vos rois. S’il y a bien une chose qui me laisse perplexe dans les articles européens sur les Autochtones du Canada, c’est bien cet oubli (volontaire ?) historique. 

              J’ajoute que les Canadiens ont pour la plupart vécu longtemps dans pauvreté et l’accès aux études leur était très difficile jusqu’à il y a quelques décennies. Les femmes étaient considérées comme des mineures aux yeux de la loi. Elles n’avaient pas le droit de vote. L’accès aux études leur était encore plus difficile qu’aux hommes. Les francophones étaient victimes de discrimination. Certains ont été déportés et assassinés. Le clergé était omniprésent et tout puissant. La très grande majorité des Canadiens ignorent encore aujourd’hui l’histoire horrible des pensionnats autochtones. Ceux qui l’apprennent sont outrés, ce lorsqu’ils arrivent à y croire. Il faut éviter de confondre les Canadiens avec le clergé et les politiciens français, puis britanniques, puis canadiens.

              J’ai aussi remarqué que vous avez évité d’aborder la question des abus de certains chefs autochtones qui sont aussi responsables de la misère de leur communauté que les politiciens canadiens. 

              Pour conclure, certains d’entre nous ont une grand-mère ou une arrière-grand-mère autochtone. Ça ne fait pas de nous des Autochtones, mais des personnes plus sensibles à la réalité des Autochtones. Nous sommes plusieurs qui ainsi souhaitent briser les barrières. Ce genre d’article sensationnaliste ne fait qu’envenimer les choses.


              • Natasha Natasha 23 février 2012 04:06

                Bonjour,


                Merci d’avoir apporté des éléments supplémentaires et votre avis sur la question.

                Ce n’est pas parce que je n’ai pas parlé de certains éléments historiques, ni des abus de certains chefs que je n’en suis pas consciente ni que je pense qu’ils ne soient importants. 

                Le but de mon article était de partager trois témoignages qui font ressortir certains des problèmes qu’ont connus et que connaissent les Aborigènes- et qui sont peu connus du reste du monde- pas de faire un rapport historique et d’aborder tous les points de vues sur la question- on ne peut résumer une telle histoire en un article.

                Je laisserai le soin aux nombreux autres auteurs qui n’approuvent pas la manière dont j’ai abordé la question le faire d’un angle différent. 

                Chaque histoire est racontée et perçue différemment selon les perspectives, les préjugés, les priorités et les sensibilités de chacun. 

                Mon article est « sensationaliste » à vos yeux- chacun son point de vue... Mais de la à dire qu’il« envenimme les choses »... Pour qui ? Pourquoi ? Je ne comptais pas blesser ou faire de mal à qui que ce soit en partageant ces témoignages, ni éveiller autant de racisme ni d’agressivité.

                Je voulais juste partager un petit bout d’histoire qui m’émeut et me tourmente.

              • edith 23 février 2012 04:52

                Je comprends.

                Comme vous le savez tous, le racisme repose sur des préjugés d’abord véhiculés par une élite, puis transmis de générations en générations. La seule façon de le combattre, c’est par l’éducation et non par l’accusation.

                Les pensionnats ont été créés dans l’ombre par une étroite collaboration entre le gouvernement fédéral et le clergé. Les Canadiens ignoraient pour la plupart leur existance, car les Autochtones avaient depuis longtemps été placés dans des réserves, bien à l’abri des regards.

                Ils faut enseigner l’histoire des pensionnats au Canadiens pour qu’ils puissent dire : « Regardez ce que le gouvernement et le clergé leur ont fait. Comprenez-vous maintenant pourquoi ils ont tant de difficultés à s’en sortir ? Aidons-les ! »

                En accusant les Canadiens, vous les forcez à se défendre au lieu de défendre les Autochtones, de les aider.


                • Natasha Natasha 23 février 2012 05:46

                  Edith,


                  Je suis d’accord avec vous concernant la nécessité d’enseigner l’histoire. Les étudiants canadiens que je côtoie disent qu’il y a des lacunes de ce côté-là dans leur programme éducatif- même si certains faits sont abordés, il manque certaines pièces au puzzle de l’histoire Aborigène dans leur programme scolaire.

                  Mon but n’était pas du tout d’accuser les Canadiens. Je suis désolée si mes propos ont été perçus comme étant accusateurs envers tout un peuple. Effectivement je parle des récations de certains canadiens et du gouvernement canadien, mais je ne condamne ni ne blâme tout un peuple. 

                • Mahi Mahi 24 février 2012 05:28

                  Les canadiens ne sont pas coupables des actions menées par leur gouvernement. Ils sont plutôt coupable de leur ignorance et de leur mépris. Le canadien qui connais notre situation dans les réserve ne s’exprime pas avec autant de préjugé que les autres.


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 25 février 2012 05:54

                    Encore une fois, je trouve la réaction de Natasha et Mahi d’une étonnante sérénité face à l’agressivité de la position d’Edith.

                    Cette dernière, tout en reprochant à l’article d’’être accusateur et elle-même entièrement dans l’accusation et la dénégation.

                    C’est pas moi, c’est pas mes parents qui l ’ont fait, c’est les puissants anglais et français. Nous les canadiens on a rien fait, c’est les microbes qui ont tué, on savait rien sur les écoles résidentielles, ça c’esst fait à l’insu de notre plein gré, alors venez pas nous chercher des noises et balayez devant votre porte en regardant ce que font ces méchants chefs indiens qui mettent leurs peuple en perdition.

                    Cette (im)posture pharisienne paraît d’autant plus indécente en la circonstance que même si la violence initiale a été le fait des Français et/ou des Anglais, les canadiens actuels en sont les descendants, ils en sont donc les héritiers, ou plus exactement, les receleurs.

                    Car des terres volées restent des terres volées même après mille ans, dès lors que les témoins sont encore là.

                    C’est précisément pour cela que les conquérants du continent américain du sud comme au nord auraient tellement aimé que les aborigènes disparaissent. Pour que disparaissent les témoins de cette violence fondatrice de l’Empire américain.

                    Mais les témoins sont encore là. Et il va falloir faire avec. C’est-à-dire, reconnaître les violences passées (cela a été fait partiellement, pour les écoles résidentielles je crois bien), les violences actuelles (je doute que ça le soit) et réparer comme il se doit (je doute que ça puisse l’être jamais, mais à tout le moins, un accord pourrait être recherché).

                    Voilà ce que je crois naïvement, en tant que théoricien de la réconciliation et de la réparation.

                    Mon ton est loin d’être aussi amène et bienveillant qu’il le faudrait, mais j’essaie de dire les choses assez vite, et ça peut sembler brutal mais je pense qu’il faut que certaines choses soient dites.

                    Les violences passées, les nations conquérantes et colonisatrices n’en sont pas quittes, et elle ne le seront jamais tant qu’un véritable processus de vérité et réconciliation n’a pas été accompli. Car les témoins sont et ils resteront. L’humanité gardera mémoire de l’injustice jusqu’à ce que justice soit faite.


                    • edith 25 février 2012 07:07

                      Évitez de vous emporter, ce n’est pas bon pour le coeur. Vous confondez agressivité avec opinion divergente ou bien j’ai une façon différente m’exprimer que vous.

                      Pour votre information, mes parents, de même que mes grands-parents et tous ceux qui les ont précédés étaient des cultivateurs, des navigateurs et des coureurs des bois, dont quelques-uns qui, ma foi, appréciaient suffisamment les Autochtones pour les marier et adopter leur mode de vie. La probabilité qu’un seul d’entre eux ait contribué d’une façon ou d’une autre aux sévices commis dans les pensionnats ou qu’ils en aient été témoins est nulle, ne vous en déplaise. 

                      Au lieu de vous limiter à la théorie, vous devriez faire des pressions auprès de votre pays, qui je crois est la France, pour qu’il rende toutes les richesses volées à cette terre. Ça démontrerait votre réelle volonté à réparer les erreurs du passé. Pour ma part, j’ai beaucoup plus fait pour les Autochtones seulement dans la dernière année que vous en ferez dans toute votre vie. Si je compte toutes les années... Et bien, je vous souhaite que la réincarnation existe.

                      Vous savez, les Autochtones sont des gens comme vous et moi. La façon dont vous les idéalisez n’est pas plus souhaitable que le racisme, car lorsqu’on idéalise, on ne pardonne pas l’erreur et des erreurs, ils en font comme tout le monde.


                      • edith 25 février 2012 07:38

                        J’oubliais...

                        Vous semblez oublier dans votre commentaire que les pensionnats étaient tenus par des personnes d’église de différentes confessions. Les personnes d’église ne laissent généralement pas de descendance et on tendence à étouffer leurs scandales...


                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 25 février 2012 12:24

                          Edith,

                          Vous me parlez d’emportement. Je ne vois pas où je me suis emporté.
                          J’ai employé des mots directs, certes : agressivité, pharisien, indécence mais je crois qu’en la circonstance, ils sont pertinents (dire que Natasha insulte les Juifs et les Tutsis est un argument qu’on peut légitimement percevoir comme agressif)

                          Jamais de la vie il ne me viendrait à l’idée de douter que vos ancêtres et vous-même êtes des braves personnes.

                          Mais sachez que le bon peuple de France est lui aussi composé principalement de braves gens dont je crois en être. Mais cela ne change rien à tout ce qu’il a à assumer que vous nous rappelerz aimablement et à quoi je consens pour ma part pleinement.

                          Nous avons à assumer les violences passées de nos conquêtes, de nos colonisations, de nos traites esclavagistes, de nos « abandons » comme celui de la Belle Province, de nos génocides enfin comme celui du Rwanda vis-à-vis duquel nous portons une lourde responsabilité.

                          Il ne suffit pas de ne s’être pas sali les mains pour qu’elles restent propres. Car il y a plus dangereux que le bruit des bottes, c’est le silence des pantoufles et de la bien pensance pharisienne qui consiste à dire cette violence n’est pas la mienne mais celle de l’autre.

                          J’ai déjà écrit pour défendre l’idée que la France devait assumer ses violences passées, notamment coloniales. Je vous remercie de me rappeler que le Canada en fait partie.

                          Maintenant, plutôt que de toujours accuser les autres et de vous draper dans votre dignité offensée, je vous invite à réfléchir à la responsabilité que vous et vos ancêtres innocents peuvent avoir dans la situation passée et présente du Canada au regard des Aborigènes.

                          Je doute qu’elle soit nulle car une telle injustice ne se fait sans le consentement de fait, tacite, de toute une population.

                          Et de toute façon, si je reprends la métaphore que j’ai donnée plus haut, vous êtes comme cette personne qui, se tenant dans la propriété d’une autre, vient râler parce que les plaintes de la victime viennent la culpabiliser et elle aimerait bien qu’on lui fiche la paix.

                          Désolé, ça ne passe pas.


                          • Francis, agnotologue JL1 25 février 2012 12:36

                            LLS,

                            excusez cette intrusion, mais je ne peux vous laisser dire ça, je cite : « Je doute qu’elle soit nulle car une telle injustice (concernant les aborigènes) ne se fait sans le consentement de fait, tacite, de toute une population. »

                            Non ! Elle peut se faire sur l’ignorance dans laquelle on maintient la population.

                            « La conscience des masses n’a besoin d’être influencée que dans un sens négatif ». (Orwell)


                          • edith 25 février 2012 16:08

                            Très juste, JL1, et c’est d’autant plus facile lorsqu’une grande partie de ces manipulateurs se présentent comme étant des représentants de Dieu, qu’ils ont une emprise sur la population, que fort heureusement, ils n’ont plus, et que le territoire est vaste et peu peuplé.

                            Luc-Laurent, je crois qu’en la circonstance, dire que Natasha Natasha insulte les Juifs et les Tutsis est pertinent. Tout est question de perception.

                            Ce qui est demandé par les Autochtones, ce n’est pas seulement d’assumer les torts causés par la colonialisation, mais aussi de les réparer financièrement. Les deux sont indissociables. Récemment, le chef d’une communauté autochtone d’environ 4000 habitants réclamait 5 milliards au gouvernement du Québec dont le budget annuel est d’environ 70 milliards pour 8 millions d’habitants. Il y a environ 90 000 Autochtones au Québec. Si la France remboursait tous les peuples qu’elle a pillés de par le monde à la même hauteur, vous seriez tous à la rue à mendier pour de nombreuses générations ! Il y a la volonté de réparer et il y a la capacité de payer. Ces considérations économiques nuisent beaucoup aux efforts de réconcialiation.


                            • Francis, agnotologue JL1 27 février 2012 08:33

                              edith,

                              pour poursuivre dans ce sens : s’il fallait provisionner de quoi indemniser les générations futures pour les torts causés par notre génération actuelle, il est probable que nous agirions différemment !

                              « N’ayant plus de nouveaux territoires à coloniser, nous avons colonisé nos propres enfants. » Amérique, notre histoire (Arte 27/11/06)


                            • Mahi Mahi 28 février 2012 00:32

                              Je crois que le débat prend une drôle de tournure.

                              Peu importe qui a profité le plus de la colonisation, Peu importe à qui l’on doit attribuer la faute.

                              L’article de Natasha ne fait que dénoncer des événements qui ce sont produits dans notre histoire et qui malheureusement sont appuyés par des faits historiques et de surcroît par des décisions politiques et des lois. Je ne vois pas en quoi le fait de parler du génocide camouflé d’un peuple, puisse insulter d’autre peuple qui ont été victime d’atrocités similaires ou encore pires comme les Juifs, les Tutsi ou la population sud africaine. S’il le faut je suis bien prêt à regrouper tout les génocides de la planète et à parler d’un seul génocide, celui de l’humanité, afin que personne ne se sente oublié ou insulté.
                               
                              À quoi sa sert de chercher à excuser l’histoire ?

                              Maintenant j’vais prêcher pour ma paroisse.

                              Je suis un Pekuakamiulnu (Montagnais du Lac-St-Jean) et la situation politique et territoriale de ma nation est très particulière si on la compare à celle des autres nations dans le reste du Canada. La première chose qu’il faut savoir concernant l’acquisition des territoires indiens du canada, est que ça s’est fait à coup de traités (traités numérotés) légitimés par le premier document d’ordre constitutionnel du Canada, c’est-à-dire « La proclamation royale » de 1763. Ces traités ont été négociés avec une très grande partie des autochtones du Canada et visait l’acquisition des titres foncier des territoires indiens par la couronne Britannique (il y a aucun français la dedans). Mais il y a eu des exceptions, dont je parlerai plus bas. La négociation des ces traité ne s’est pas effectués de façon équitable, je l’ai mentionné plus haut dans mon premier commentaire, la preuve réside dans la comparaison des procès verbaux des négociations de ces traités, disponibles aux archives nationales, avec les traités écrits qui eux sont disponible sur le site internet du gouvernement du canada. On voit clairement que les amérindiens ne savait pas ce qu’était un titre foncier, et que les négociations verbales (puisque les amérindiens ne savaient pas lire) étaient complètement différentes de ce qui s’est retrouvé pas écrit dans les traités. Donc en bout de ligne le pays au complet s’est construit sur le manque d’instruction des amérindiens. Il n’y a qu’à mettre la main sur une copie de la loi sur les indiens avant l’amendement de l’article qui concernait l’accès à l’instruction pour comprendre que le Canada a tout fait pour bloquer le développement des amérindiens afin de terminer sa conquête territoriale sans avoir à trop négocier. Date de signature du dernier traité : 1947. Amendement de l’article en question : 1951.

                              Il est important de savoir que la constitution canadienne ne protège que les territoires dont les titres fonciers ont été acquis par la signature de ces dits traités. L’histoire entourant les détails des cette période, qui s’est déroulé sur à peu près 175 ans, est beaucoup plus longues mais bon… nous nous concentrerons que sur l’aspect juridique.

                              Les exceptions

                              Il y a 3 provinces ou le Canada n’a signé aucun traité.

                              La Colombie Britannique

                              Dans le cas de la Colombie Britannique, l’absence de traité vient du fait que les USA venaient d’acquérir l’Alaska et qu’à tout moment ils pouvaient décider de prendre possession de la Colombie Britannique pour se donner un accès facile à l’Alaska. Comme il y a un mur naturel (les rocheuses) qui rend difficile l’accès à ce territoire il devenait difficile de le défendre militairement parlant. Donc le Canada a maintenu le statuquo concernant la signature d’éventuels traités dans cette province.  La Colombie Britannique à été la première province à négocier avec les autochtones sur le plan territoriales et ces derniers ont obtenu différent petits pouvoirs régionaux. Il reste encore du chemin à faire les négociations n’ont pas été faites avec toutes les nations.

                              Les territoires du nord-ouest

                              Le statuquo maintenu dans les Territoires du nord-ouest vient tout simplement du fait que cette partie du pays ne représentait pas d’intérêts particulier au moment de la confédération, et ce en raison de sa situation nordique. Cependant, beaucoup plus tard, des négociations ont été entamés et ont mené à la constitution d’une 11e province, le Nunavut, où les indiens ont obtenu un pouvoir provincial. 

                              Le Québec

                              Pour ce qui est du Québec (c’est chez nous ça), rien n’a encore été réglé. La raison du statuquo est en lien avec la révolte des patriotes de 1837-1838, la province risquait de retomber à tout moment sous la main des Français. Et jusqu’à ce jour aucun traité n’a encore été signé et ce malgré plus de 25 ans de négociation. Légalement parlant dans la mesure où nous n’avons jamais cédé nos titres fonciers par aucun traité (exception : convention de la Baie James et du nord québécois) et que la colonisation de nos territoires a quand-même eu lieu, nous nous retrouvons dans un grand vide juridique qu’il faut remplir. De notre côté chez les Montagnais, nous possédons un acte notarié émis en 1851 dans lequel nous stipulons clairement que la colonisation de notre territoire est illégale. Nous avons été carrément ignorés. Ce document et l’absence de traité constituent aujourd’hui une preuve légal qui démontre clairement notre position et qui à toute sa valeur sur le plan juridique. D’où la possibilité d’une éventuel poursuite en cour suprême qui, vue les éléments historiques, l’absence de traités et d’autres preuves matérielles, risque fortement de pencher en notre faveur. La poursuite est cependant notre dernier outil, un ultime recours.

                              Le Canada, surtout depuis le gouvernement Harper, a très bien démontré sa mauvaise foi en se retirant des tables de négociations. Le Québec par contre semble beaucoup plus ouverts mais n’a pas le choix de se retirer aussi dans la mesure où une entente n’est possible qu’entre les 3 parties, soit : Les indiens, le provincial et le fédéral.  La poursuite de 5 milliards mentionnée plus haut par Édith, n’est qu’une tactique qui sert à ramené les 2 gouvernements à nos tables de négociation dans la mesure où ils savent très bien que nous risquons de gagner notre poursuite et en sachant qu’ils ne veulent pas nous payer un montant aussi exorbitant. Cette information est malheureusement interprétée comme un manque d’intelligence des nations autochtones du Québec, qui supposément ont des folies de grandeur. Pour ma part je ne pourrai jamais blâmer l’ignorance.

                              Un autre espoir pour tout l’ensemble des nations du Canada demeure dans l’éventuelle ratification de la « Déclaration des droits des peuples autochtones » promue par l’ONU, ratifiée par 143 pays sauf le Canada, les USA, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Bizarrement ce sont les 4 plus grands empires coloniaux établis en territoires autochtones. Le Canada, en avril 2010 a manifesté officiellement son approbation à ratifier la déclaration, mais à ce jour rien n’est encore signé. Si jamais le canada signait, il serait obligé de revoir et de renégocier tout les traités numérotés qui ont été signés depuis les 200 dernières années, du moins ceux où il est clairement démontré que les amérindiens ont été floués, ca veut donc dire tout les traités.

                              Voilà le portrait réel de la situation autochtone au Canada. Les faits juridiques mentionnés plus haut sont indiscutables, donc rien ne sert d’argumenter avec des bribes d’information mal interprétées et mal utilisées.

                              L’avenir de réside pas dans le « À qui la faute ! » mais plutôt dans le « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ! »

                               






                              • edith 28 février 2012 05:18

                                Mahi, loin de moi l’idée de prétendre que vous manquez d’intelligence ou que vous avez des folies de grandeur ! Les torts causés par la colonialisation dépassent largement ces 5 milliards. Je ne crois pas que l’utilisation du terme génocide soit approprié, mais il n’y a probablement pas assez de richesses sur cette terre pour réparer ces torts aux peuples colonisés de ce monde. Ce que je voulais démontrer, c’est qu’entre le désir de réparer ces torts et la capacité financière de le faire, il y a une marge, une très grande marge. Je suis bien d’accord avec vous que la question ne devrait pas être « À qui la faute ? », mais bien « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », mais quand au bout du compte, il faut payer, la question « À qui la faute ? » prend toute la place. Accepteriez-vous de payer pour un crime que vous n’avez pas commis ?

                                À lire certains commentaires, je devrais m’excuser d’être née ici. Je n’ai jamais demandé à naître ici. J’y suis née tout simplement et je ne vois pas pourquoi un nouveau-né naîtrait avec une dette morale. Je n’accepterai toutefois jamais que des commautés entières vivent dans des conditions moindre que les communautés voisines et que certains perçoivent ce qu’ils y reçoivent comme un privilège. Je ne crois pas que beaucoup de Canadiens l’accepteraient s’ils savaient.

                                Je pense que l’amélioration des conditions de vie des communautés autochtones passe bien plus par l’abolition de la Loi sur les Indiens, l’enseignement de la place des Autochtones dans l’histoire de ce pays et la valorisation de leurs cultures que par le réglement de ces litiges.


                                • Mahi Mahi 28 février 2012 16:00

                                  Si on étudie la déclaration des droits des peuple autochtone on voit que le principale point est le droit à l’autodétermination, c’est le point crucial de notre démarche. Le second point est le droit de disposer de notre argent comme nous voulons parce qu’actuellement la loi sur les indiens nous considère encore comme un enfant dont il faut tout gérer à sa place.

                                  Pour ce qui est des redevances, le montant demandé pour 4 réserves don la mienne s’élève à 90 millions de dollars. Nous somme loin du milliars, la poursuite de 5 milliars est juste une tactique ayant pour but de forcé les 2 pallier gouvernementaux à revenir négocier. Le 90 millions correspond à la valeur de la perte foncière en lien avec la création de plusieurs municipalité érigées sur nos territoires sans notre consentement et aussi à une partie des ressources naturelles prélevées sur nos territoires depuis les 150 dernières années. Notre calcul se base sur le prorata de notre population face à celle de la région où l’on se trouve, et ce calcul correspond à 3% de l’assiette fiscale de tout ce qui s’est pris et qui se prendra dans le futur sur nos terres, toujours depuis les 150 denières années et ce, dans la mesure où nous reptésentons 3% de la population de la région du Saguenay Lac-St-Jean.

                                  Donc en bout de ligne la facture ne sera pas si sallée que ça. Et de plus elle sera partagée entre les 2 pallier de gouvernement, provincial et fédéral.

                                  Pour ce qui est de nos territoires, nous désiron maintenir nos droits de chasse et de trappe et non tout reprendre aux non-autochtones, et de plus nous voulons protèger quelques zones qui correspondent à des endroits patrimoniaux importants pour nous.

                                  J’admet que certaines comunauté soit moins matures sur le plan social, économique et politique, c’est la raison pour laquelle notre nation (les Ilnutsh ou Montagnais) est ceindée en 2 conseil tribaux de négociation représentant chacun 4 ou 5 communauté. Nos visions concernant les négociations territoriales étaient trop divergeantes, et personnellement je trouve que les communautés de la côte nord sont trop gourmandes et qu’elle ne voit que l’argent au bout du chemin.

                                  Il ya d’autres aspect qui sont négocié mais il serait trop long de les énumérés tous. On parle entre autres de modifications de lois et même du droit de se voter certaine lois mieux adaptés à notre situation, le « common law » (système juridique Britannique en vigueur actuellement) protèges l’individus tandis que nous sommes de notre part, des collectivité. Nous désirons aussi avoir le droit d’adapter notre propre système éducatif qui lui aussi ne cadre pas actuellement avec notre réalité qui ne correspond pas avec la vision du ministère provincial de l’éducation. Il y a plein d’autre point mais bon.... p’tet plus tard  : )

                                  Chez nous nous pensons à l’avenir, à la création d’un gouvernement Ilnu parfaitement autonome, et à une cohabitation harmonieuse et un partage équitable des ressources et du territoire avec les gens établis chez nous. C’est la raison pour laquelle notre démarche s’intitule « L’approche commune ». Malgré tout ça selon bien des gens de notre région on passe encore pour des voleurs.



                                  • edith 28 février 2012 23:37

                                    Merci pour ces précisions. Les demandes de votre Conseil tribal me semblent tout à fait réalistes. Elles le sont en effet moins sur la Côte-Nord. Si des gens vous perçoivent comme des voleurs, c’est qu’ils ne connaissent pas votre histoire. Je pense que vous auriez avantage à miser sur l’éducation. Si une majorité de Canadiens réclament le réglement de ces litiges, le gouvernement fédéral n’aura plus le choix de bouger. Par contre, c’est sûr que c’est perdu d’avance en ce qui concerne les Rednecks de l’Ouest et leur gouvernement reformiste...

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