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Commentaire de Morgane Lafée

sur Violences faites aux femmes : une loi dans le vent ?


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Morgane Lafée 14 juillet 2011 15:58

C’est faux : beaucoup de femmes prônent une meilleure compréhension des hommes violents. Vous serez d’ailleurs surpris d’apprendre que les femmes sont souvent plus indulgentes avec les hommes violents que les autres hommes. Je me souviens, quand l’affaire Cantat a éclaté, avoir interagi avec des internautes sur lemonde.fr : la plupart des gens qui prenaient sa défense étaient des femmes !
Cela dit, en cas de violence domestique, avant d’essayer de comprendre le bourreau, il faut en priorité protéger à tout prix sa victime, d’où l’intérêt de l’article. Ce qu’il met en lumière, c’est l’hypocrisie du gouvernement : on vote de belles lois mais elles ne servent à rien si elles sont impossibles à mettre en pratique. 

Pour ce qui est des femmes violentes, bien sûr que ça existe. J’ai d’ailleurs d’ailleurs connu au moins un cas dans mon entourage. J’ai tenu à la victime exactement le même discours que j’aurais fait si ça avait été une femme : « Mais tire-toi, pourquoi tu ne la quittes pas ? ». Il lui a fallu un moment pour se sortir de cette relation et aujourd’hui, il a retrouvé quelqu’un de très équilibré. Ouf ! En tout cas, n’ayant jamais songé à arrêter de travailler ou à se contenter d’une activité à temps partiel, les raisons pour lesquelles il ne la quittait pas n’avaient rien à voir avec des considérations économiques - grosse différence avec beaucoup de femmes battues, d’où l’accent mis sur elles dans la problématique de ces refuges.

Si vous y réfléchissez, vous verrez que la négation de la violence pratiquée par certaines femmes est elle aussi issue de valeurs sexistes. En résumé simplifié :

- homme = force et action, donc pouvoir = sphère publique

- femme = douceur et tendresse, donc maternité = sphère privée.

Comme si les femmes se résumaient à leur statut de mère et comme si elles étaient toutes portées sur la douceur. Et accessoirement comme si les hommes étaient tous en quête de pouvoir. Cette idéologie engendre une absence de prise en compte des problèmes de certaines filles, notamment à l’adolescence (certaines sont violentes), donc une impossibilité de leur venir en aide.
Il arrive que ces valeurs machistes se retournent contre les hommes. Par exemple, si on prend le cas des suicides de chômeurs, il y en a plus chez les hommes que chez les femmes. Effet pervers de la domination masculine et de l’obligation de l’homme d’assurer dans la sphère publique, pour assurer le bien être de sa famille, alors que cette pression devrait être partagée. Autre cas, celui des divorces : l’homme souffre d’un préjugé d’incompétence puisque ces valeurs associent l’éducation des enfants à la femme - ce serait son « rôle ».

Quoiqu’il en soit, il est important de distinguer deux choses :

- La société qui est encore très imprégnée de valeurs machistes puisque les hommes ont dominé les femmes SOCIALEMENT pendant des siècles (avec certes des avancées et des pas en arrière au fil du temps). Ce sont ces valeurs que les féministes combattent.

- les individus : même dans un couple où l’homme domine la femme socialement (par exemple si la femme a arrêté de travailler), il n’est pas dit qu’il la domine sur le plan individuel et émotionnel. La personnalité de chacun joue forcément un rôle. Je suis convaincue que nous sommes égaux sur le terrain de la violence psychologique, chacun utilisant les armes dont il dispose  : les hommes utiliseront les armes dérivées de leur statut de dominant et les femmes utiliseront les armes dérivées de leur statut de dominée. Dominant ou dominée à prendre dans le sens social, et non individuel, donc. 

Donc les féministes combattent un système et non pas les hommes en tant qu’individus. Évidemment, par définition, leur priorité est de faire prendre en compte les problèmes des femmes.
La réalité n’est pas noire ou blanche, elle est toujours grise, même si je reste convaincue que les femmes battues physiquement sont plus nombreuses que les hommes battus, ne serait-ce que pour des raisons de rapport de force... et d’éducation.

Dans un monde parfait, toute personne victime de violence devrait pouvoir porter plainte sans tabou. Une égalité sociale entre hommes et femmes sera bénéfique pour tout le monde. Après tout, le terme « violence domestique » n’englobe-t-il toutes sortes de violence, quelque soit la victime ou le bourreau ?


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