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Commentaire de Brath-z

sur Place au Peuple ! - Discours de Jean-Luc Mélenchon


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Brath-z Brath-z 3 juillet 2011 14:45

.jk. > L’expression « candidat de premier tour » s’applique, dans mon esprit, à TOUS les candidats. Ce sont tous des « candidats de premier tour » sans exception. Ne deviennent « candidats de second tour » que ceux (les deux premiers, en l’occurrence) qui parviennent effectivement au second tour, et desquels on ne peut pas préjuger (qui nous dit qu’on n’aura pas un second tour Boutin vs Arthaud ?).
Ensuite, il est vrai que Jean-Luc Mélenchon est porté sur l’idée d’une union de toute la gauche. Il l’avait même précisé à Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1 : « Je suis pour une union large de la gauche... mais sur MES positions ! ». On peut voir ça comme une condition de ralliement (mais alors là, une condition de ralliement dès le premier tour) : si le PS opte pour le programme partagé du Front de Gauche (ou plus radical encore), alors le Front de Gauche se rangera derrière lui. Je préfère y voir la volonté de ne pas céder aux pressions médiatiques (inexistantes pour les « grands » candidats).
Cette histoire de ralliement est une affaire récente. En 1981, en 1988, en 1995, en 2002 (avant le premier tour), personne n’eût même seulement songé à demander aux candidats communistes (par exemple) de justifier leur présence, ou encore de donner la moindre condition à un « ralliement » au second tour avant qu’ai eu lieu le premier. Je me souviens même que durant l’entre-deux-tours de 1981, Georges Marchais avait déclaré à Jean-Pierre Elkabach (décidément !) : « est-ce que vous m’avez déjà vu rouler gratuitement, moi ? », faisant référence à son ralliement (appel à voter au second tour) à François Mitterrand. Il était à l’époque tout à fait évident que le « ralliement » se ferait sur la base du résultat de premier tour à l’élection, en fonction du rapport de force. Même si déjà à l’époque on demandait déjà aux candidats leur comportement au second tour, il y avait deux grandes différences par rapport à aujourd’hui :
- d’abord on le demandait également aux « grands candidats » (ça a été la règle jusqu’au 20 avril 2002, jour où un journaliste a demandé à Jospin pour qui il voterait en cas d’absence du second tour, hypothèse qui avait fait bien rigoler le candidat « socialiste », ce qu’il a dû regretter le lendemain)
- ensuite, si un candidat refusait de répondre et/ou faisait un grand développement pour justifier son refus de répondre, on ne le traitait pas avec condescendance ni mépris (ainsi, en 1981, ni Giscard, ni Mitterrand, ni Chirac, ni Marchais n’ont répondu à cette question, Giscard seul faisant preuve d’un certain mépris en qualifiant la question « d’hypothèse absurde »)

Aujourd’hui, la pression médiatique est telle, la domination PS-UMP tellement inscrite dans l’ADN idéologique des médiacrates et le souvenir du 21 avril 2002 tellement traumatisant pour la caste, que ne serait-ce que laisser entendre qu’un ralliement de second tour est envisageable, fût-ce sur simple accord politique, c’est déjà courir le risque d’un procès en légitimité et déplacer la pression médiatique sur le terrain délégitimant du ralliement dès le premier tour sur le mode « puisque vous allez le rejoindre au second tour, autant directement le rejoindre au premier ». Un procès que personne n’avait fait, par exemple, à Arlette Laguiller en 1974 malgré le fait que dans sa campagne pour le premier tour de la présidentielle figurait en bonne place (présenté à la télévision par la candidate) l’argument suivant : « voter pour [Arlette Laguiller], c’est dire à François Mitterrand qu’on ne votera pas pour lui aveuglément mais pour éviter pire encore ». Notons d’ailleurs qu’elle refusa de soutenir Mitterrand au second tour après que Jules Moch lui ai annoncé son soutien. Autres temps, autres mœurs. Pas question de céder le flanc.

Sinon, oui, je considère qu’Eva Joly n’est pas quelqu’un de gauche. Elle est respectable et admirable, elle a des convictions. Mais ses réelles divergences avec Nicolas Hulot me semblent essentiellement morale (elle est une puritaine quand lui est un hédoniste) et culturelle (elle est de sensibilité plus germanico-nordique quand lui est un occidental assumé). J’aime bien Asselineau pour la pertinence de certaines de ses analyses, mais son côté « yakafocon » (étrange venant d’un ancien haut fonctionnaire) et « de Gaulle sans la grandeur » (autrement dit, une bonne dose de mégalomanie pour peu de choses) m’énervent singulièrement. Et s’il s’avisait de prétendre que Mélenchon et le Front de Gauche disent que l’UE est « réformable » avec les socio-démocrates et/ou les libéraux-conservateurs (toutes étiquettes interchangeables et mélangeables à volonté), ça serait de sa part un pur mensonge.
Comme l’homme est de bien meilleure foi qu’un Alain Soral, qui me semble tellement regretter son propre passé de gauchiste exubérant (pendant plus d’une décennie, alors que Mélenchon lui-même n’est resté que moins de 5 ans à l’OCI) passé par toutes les chapelles de la mouvance qu’il attribue systématique à ceux qui en partagent une partie des filouteries machiavéliques et une aptitude illimitée à la trahison en se fondant sur une lecture à géométrie variable des événements et des procès d’intention gratuits (malgré son propre refus affirmé du procès d’intention), je pense qu’il s’abstiendra d’une telle accusation.

Pour ce qui est de la capacité d’Eva Joly à réformer le « système » de l’intérieur, elle est peut-être réelle (quoique je n’ai vu chez elle la moindre volonté de le faire), mais ne peut en aucun cas être liée à sa condition de « justicière nordique » qui n’a, précisément, rien modifié du tout, puisqu’en qualité de juge, elle n’a ni le droit ni les moyens de ce faire. Un juge, par définition, reste dans les règles du système. Il ne peut les pervertir, les contourner ou les modifier. Il est là pour les appliquer et les faire respecter. Raison pour laquelle un « gouvernement des juges » (historiquement refusé par les Français chaque fois qu’on leur a posé la question) est le plus sûr rempart d’une oligarchie. Un exemple célèbre : la Sparte antique. Un exemple contemporain : les États Unis d’Amérique, où la Cour Suprême (sur le modèle de laquelle certains voudraient fondre le Conseil Constitutionnel et le Conseil Supérieur de la Magistrature...) est la véritable institution du pouvoir politique, et qui n’a pu être contournée (à quatre reprises, par Andrew Jackson, Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt et Franklin Roosevelt) que par le recours à une voie extra-légale (cad des milices au service du pouvoir exécutif).

Pour ce qui est des élections législatives, les discussions sont plus compliquées, mais elles ne débuteront véritablement qu’après le premier tour des élections présidentielles, comme toujours.


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