• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Argoul

sur Psychanalyse du libéralisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Argoul Argoul 23 mai 2008 09:47

Pour préciser le débat :

Mélanie a raison, moi non plus je ne suis pas d’accord avec le "retour" (donc réactionnaire) de la "loi du père. Mais Charles Melman a la vertu d’analyser le passage d’une époque à l’autre - et ça c’est intéressant.
En revanche, faire de la marchandisation (ou du marketing) le bouc émissaire de tout ce qui s’effiloche dans nos sociétés est un peu facile. Je ne suis pas d’accord avec cette réduction, à prétexte psy, tout comme LeHérisson ou Melanie. Suivre la mode "anti américaine-libérale-consommation", c’est facile, ça évite de penser par soi-même.

Il y a une autre explication, bien plus profonde et plus ancienne que celle de Melman (qui n’est que psy). C’est l’explication de sociologie politique que Tocqueville a formulée bien avant que le marketing et la marchandisation viennent en rajouter (pas avant les années 60 chez nous). Et c’est parce c’était bien avant que l’argument "marchandisation" ne tient pas au fond : il en rajoute, il n’est pas la cause.

Cette explication tient à la propension à l’égalité. Un beau progrès humain contre le racisme aristo par la naissance et le bon vouloir - mais qui se retourne quand l’égalité devient excès, égalitarisme forcené. Par jalousie, envie, paresse : le recours à l’Etat-qui-peut-tout est bel et bien une démission personnelle. Il ne s’agit plus d’un Etat qui aide et joue le prof, mais d’un Etat qui materne, caresse la démagogie dans le sens de l’assiatnce permanente. Ô maman-Etat, donne-nous notre pain quotidien, protège-nous du mal et aime-nous comme nous t’avons adorée...

Il y a donc forcément tension entre égalité et liberté, JL - dans toute société. Il ne s’agit pas de blanc et noir, de bien et mal, mais d’une tension dans un champ de forces. C’est ça, la dialectique sociale : beaucoup moins simple que les jugements à l’emporte pièce ! L’égalité des conditions de départ (une utopie mais qu’on cherche à améliorer sans cesse) aboutit, 30 ans plus tard, à des inégalités de fait (fonction des talents, de la chance, des opportunités saisies). Comme une société est un même bateau, rééquilibrer un peu les conditions est justice.

C’est là où les solutions se séparent en "bien" et "mal" (ce que je trouve stupide, qui ne permet pas de penser par soi-même mais de suivre un troupeau) :
1/ la contrainte - socialiste, despotique, bonapartiste, étatiste, la "communauté" comme à Sparte, j’veux voir qu’une tête scrogneugneu !
2/ les libertés - le libéralisme, parlementarisme, le débat dans la société civile, la fédération de collectivités - voire les soviets comme utopie - la "société" comme contrat style Athènes sous Périclès, la dievrsité des talents et la régulation par le droit débattu en commun.

Dans la voie 2, Christophe, le libéralisme a choisi d’utiliser l’outil "économie" pour récompenser les talents. Reste que toute voie connaît ses excès : on les mesure avec les rémunérations sans commune mesure avec leur talent des grands patrons, les dérives de la titrisation et des dérivés en bourse, les injonctions des fonds de pension. Mais rien n’est jamais bien ou mal à 100% - ce serait tellement facile ! Les stock options ont permis à des sociétés sans grands capitaux d’émerger avec des patrons qui se sont beaucoup investis (redressement de Renault, d’Air France, de Vivendi après Messier, etc.), la titrisation (transformation de crédits classiques en emprunts négociables) a permis le financement d’immobilier et de boutiques pour ceux qui n’auraient jamais eu accès au crédit autrement, les fonds de pension gèrent les cotisations retraites des travailleurs (et même des fonctionnaires, comme le fonds Calpers des fonctionnaires de Californie). Ce qui est nécessaire est de mettre des règles de droit sur tout ça, pas d’interdire ou de faire faire par des exécutants d’Etat qui se contentent de fonctionner sans aucun intérêt pour la chose.

Bobbygyre est malhonnête : je ne "détourne" pas la citation de Tocqueville, je décris les conséquences d’une conception "maternelle" : le bébé réclame TOUT à sa mère, lui qui n’est rien, faible, nu, incapable de se protéger et de se nourrir tout seul. "Revendiquer" (et sourire quand il est content) est la façon normale qu’a le bébé d’être (vous n’avez jamais eu de bébé ?) ; c’est tout le propos de l’éducation, justement, de le rendre autonome - libre. De l’aider à grandir. Ce que l’Etat devrait faire : donner les moyens, inciter - pas surprotéger et assister en tout. C’est du moins mon avis.

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès