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Commentaire de float

sur Bientôt un parti social-démocrate en France ?


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float float 17 avril 2007 23:44

J’ai bientôt fini le livre-interview de Rocard : « Si la gauche savait », qui raconte entre autres les relations tumultueuses entre première et seconde gauches sous la Ve république.

Je suis très partagé sur la question...

D’un côté, je n’arrive pas à être d’accord avec la nouvelle Vérité à la mode du moment, colportée notamment par Nicolas Sarkozy ; celle de décréter que l’idéologie est nécessairement néfaste.

D’un autre, le manque cruel de culture économique de la première gauche (la Mitterrandienne), et Rocard le démontre très bien, la dirige depuis toujours vers une mort lente mais inéluctable. Et j’étais d’ailleurs de ceux que la désignation de Ségolène Royal par les militants du PS, plutôt que DSK, a profondément indigné.

C’est en gros le débat de l’idéologie contre le pragmatisme.

L’utopie offre des perspectives à très long terme, et surtout une vision globale et profondément cohérente de son projet, parfois jusqu’à des niveaux très abstraits. Elle présente cependant le danger de privilégier parfois la passion à la raison (avec les dérives que l’on connaît ou que l’on peut aisément imaginer), et souffre, on le voit et c’est logique, d’énormes difficultés d’adaptation au temps.

Le pragmatisme, lui, est adaptable aux époques et aux conjonctures. S’il est guidé par un socle solide de valeurs directrices, il peut souvent s’avérer plus juste et plus équitable que l’idéologie, du fait de cette même adaptation permanente. Le problème, c’est que le pragmatisme, par définition, ne se préoccupe que des effets de la théorie, et non de la théorie elles-mêmes. Il peut donc parfois se résumer à des bricolages structurels, conjoncturels, mais n’ayant pas vraiment de sens, de philosophie directrice, donc péchant par un manque de vision globale et profondément cohérente...

Vers la fin du livre, Michel Rocard raconte une anecdote : alors qu’il attend François Mitterrand à l’Elysée pour un rendez-vous, il examine sa bibliothèque, jonchée de grande littérature, de romanesque, d’épique, de poétique, de lyrique... Mais de très peu de ces ouvrages sociologiques et économiques dont sa propre bibliothèque (celle de Rocard) regorgeait. Et l’ex-premier ministre d’y voir un symbole de l’écart entre première et deuxième gauche.


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