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L’éternelle lutte d’indépendance de l’Afrique

L'Afrique du Nord n'en finit pas de lutter pour sa liberté et son indépendance. Depuis les Phéniciens de l'Antiquité jusqu'aux Chinois d'aujourd'hui, les puissances étrangères cherchent, encore et toujours, à dominer la région. 

 

Des "amis" dont on se passerait
 

 La journaliste spécialiste du Maghreb Leïla Slimani explique, dans son livre « Les Défis du Maghreb » que "la montée de l'extrémisme religieux en Afrique du Nord-Est, certes, le résultat d'un mélange complexe de facteurs locaux, mais ils sont exacerbés par les ingérences étrangères. Dans son livre "Les services secrets algériens", l'auteur et journaliste Salima Tlemçani révèle que les services de renseignement algériens ont subi l'ingérence ambiguë des services occidentaux dans leur lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L'exercice est délicat quand on sait que les services de renseignement occidentaux, anglo-saxons en tête, sont souvent ceux qui arment les djihadistes...

 En Libye, après la chute de Kadhafi en 2011, les services de sécurité intérieurs ont également été paralysés dans leur lutte contre les groupes terroristes par l'ingérence des services de renseignement français et britanniques. Cela a été largement documenté dans le livre "The ISIS Apocalypse", de William McCants.

 

L'ambigu « gendarme » américain
 

Le journaliste Ahmed Bensaada, dans son livre "L'Arabesque américaine", dénonce les attentats sous faux drapeau, orchestrés par la CIA, durant la guerre civile algérienne, de 1991 à 2002. Ahmed Bensaada expose le financement et le soutien apporté par les États-Unis au Front islamique du salut (FIS) et au Groupe islamique armé (GIA). Ces groupes islamistes étaient financés par l'Arabie Saoudite et les États-Unis, comme il le démontre.

L'historien et politologue Olivier Roy soutenait les révolutions arabes de 2011, comme preuves de la capacité des peuples du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à "prendre en main leur destin. " Malheureusement, ces soulèvements populaires contre le régime de Ben Ali étaient téléguidés par la CIA qui voulait se débarrasser du président tunisien...

Le journaliste d'investigation Nicolas Beau rapporte, d'ailleurs, dans son ouvrage "La régente de Carthage", que les services de renseignement tunisiens étaient bridés par la CIA et le MI6 britannique dans leur effort de démantèlement des réseaux jihadistes opérant dans le pays. Cette tutelle américaine a été confirmée dans "Tunisia's Security Dilemma", de Geoff D. Porter. Le chercheur décrit comment les autorités tunisiennes ont été obligées de collaborer avec les services de renseignement américains dans leur lutte contre le terrorisme.

Dans son livre "La face cachée du quai d'Orsay", Vincent Jauvert rapporte encore comment les services de renseignement américains se sont immiscés dans les négociations de paix entre le gouvernement algérien et les groupes djihadistes dans les années 1990.

 

La Loubianka délègue à Wagner
 

Les gouvernements d'Afrique du Nord ont également dû faire face, depuis la fin du bloc soviétique, à l'influence grandissante des mercenaires russes de Wagner. Le journaliste d'investigation du journal le Monde, Christophe Boltanski, rapporte dans son article "Guerre secrète en Libye » que les mercenaires russes de Wagner sont sur tous les fronts. Les mercenaires russes ont été, notamment, impliqués dans le conflit libyen, en soutenant le maréchal Khalifa Haftar contre le gouvernement d'union nationale, reconnu par l'ONU, à Tripoli.

La présence de ces mercenaires russes en Libye témoigne de la volonté de la Russie d'étendre son influence dans la région et de contrer les intérêts occidentaux. Le journaliste d'investigation Christophe Boltanski, dans le Monde, prétend que les mercenaires de Wagner et le gouvernement russe travaillent ensemble.

 

"La Françafrique," une histoire du passé ?

Les méthodes "coloniales" de Jacques Foccart, l'homme de la "Françafrique", n'ont pas cessé à sa mort. La France, ancienne puissance coloniale, ne s'éclipse, bizarrement, du continent africain que depuis le parachutage récent sur la France du banquier mondialiste Emmanuel Macron... En 2011 encore, les services de renseignement français jouaient un rôle-clé dans la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Selon le journaliste Vincent Jauvert, auteur de "La face cachée du quai d'Orsay", la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française a fourni des informations stratégiques aux forces de l'OTAN pour dénicher et livrer aux rebelles libyens l'ancien ami, et financier occulte, du président français d'alors, Nicolas Sarkozy... Dans son article "Guerre secrète en Libye", Christophe Boltanski évoque la fourniture d'armes et de soutien logistique aux opposants au régime de Kadhafi.

Dans son livre "La régente de Carthage", Pierre Beau parle de l'implication de la France dans les affaires intérieures de la Tunisie. Il cite notamment l'appui de la France au président tunisien Habib Bourguiba lorsqu'il était renversé par le général Zine El Abidine Ben Ali en 1987.


Les arrivants et les revenants.

Le rôle de la Chine dans les affaires intérieures des pays d'Afrique du Nord-Est encore peu documenté. Samuel Ramani dans son livre "The Geopolitics of the Middle East and North Africa", rapporte l'implication grandissante de la Chine en Afrique du Nord. La base militaire chinoise à Djibouti, bien que située en Afrique de l'Est, est, selon le journaliste Andrew Jacobs, un élément clé de la stratégie chinoise pour étendre son influence en Afrique du Nord.

La présence israélienne, à l'est de l'Afrique du Nord, est ancienne. L'Opération Moked, en 1967, pendant la guerre des Six Jours, au cours de laquelle Israël a mené une attaque aérienne préventive contre les forces aériennes égyptiennes, a été, selon l'historien Tom Segev dans son livre"1967 : Israel, the War, and the Year That Transformed the Middle East", soutenue au sol par les agents du Mossad, le service de renseignement israélien, omniprésent dans le pays, comme en Libye.

Une intervention actuelle des Israéliens en Afrique du Nord est le soutien méconnu à Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL), en Libye. Avec l’aide des Émirats arabes unis, Israël fournit des armes aux armées d'Haftar, et ses instructeurs militaires forment l’Armée Nationale Libyenne.

Les liens entre Israël et les pays d'Afrique du Nord sont souvent opaques et difficiles à évaluer. Dans son article "Iran's Growing Influence in North Africa" publié par Carnegie Endowment for International Peace, Anouar Boukhars signale l'implication des militaires et du renseignement israélien dans la région.

L'Iran, de son côté, soutient activement le Front Polisario contre l'armée marocaine depuis les années 2010. L'analyste politique Anouar Boukhars, notamment dans son article "Iran's Growing Influence in North Africa", évidemment publié par Carnegie Endowment for International Peace, qui promeut les intérêts des États-Unis, affirme que l'Iran soutient le Polisario par l'envoi d'armes et d'instructeurs militaires.

Depuis 2019, la Turquie, ancienne puissance occupatrice en Afrique du Nord, est intervenue dans le conflit libyen en soutenant le gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli. Dans son article "Turkey's Military Intervention in Libya", le chercheur Samuel Ramani nous informe que la Turquie a fourni des drones, des armes et des conseillers militaires au GNA pour l'aider à repousser l'avancée du maréchal Khalifa Haftar, soutenu, de son côté, par les Américains et les Israéliens. La participation de la Turquie dans les affaires intérieures de la Libye est confirmée en détail par Arnaud Delalande dans son article "Erdogan's Libya gamble" pour le magazine new-yorkais, The Strategist. Il y explique comment la Turquie fournit un soutien militaire et financier au gouvernement d'union nationale de la Libye.
Autre vecteur d'invasion depuis des siècles, la péninsule arabique revient en force dans la région. Les incursions djihadistes sont financées par les puissances pétrolières du Golfe, comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite. Le 18 mars 2015, des terroristes affiliés à l'État islamique ont attaqué le musée du Bardo à Tunis, en Tunisie, tuant 21 personnes, dont 20 touristes étrangers. L'attaque de la station balnéaire de Sousse, le 26 juin 2015, à vu un terroriste, affilié à l'État islamique, tuer 38 personnes, dont 30 touristes britanniques. Du 16 au 19 janvier 2013, un groupe djihadiste affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a attaqué un complexe gazier à In Amenas, en Algérie, prenant en otage des centaines de travailleurs. L'assaut final des forces algériennes a entraîné la mort de 39 otages et 29 assaillants. Enfin, l'assassinat, le 24 septembre 2014, du guide de montagne français Hervé Gourdel, enlevé par un groupe affilié à l'État islamique, Jund al-Khilafah, en Kabylie, en Algérie, a été un nouvel épisode de la lutte menée par plusieurs groupes djihadistes, téléguidés par les pays du Golfe, sur le sol africain.

Dans son livre "Les Défis du Maghreb", Slimani examine le rôle des pays du golfe arabique dans les affaires intérieures de l'Algérie. Il décrit, notamment, comment les pays arabes ont souvent utilisé leur soutien financier pour influencer la politique algérienne. Dans son livre "Les Défis du Maghreb", Farid Slimani signale l'implication du Qatar dans le soutien aux Frères musulmans en Tunisie et en Égypte, ainsi que dans le soutien au groupe Ansar al-Sharia en Libye. Enfin, dans son livre "The ISIS Apocalypse", William McCants examine l'implication de l'Arabie Saoudite dans le financement des groupes djihadistes en Afrique du Nord. Le soutien financier des organisations caritatives et des individus saoudiens à des groupes tels qu'al-Qaïda et ISIS est désormais bien connu.

Et comme l'ingérence des pays étrangers ne suffisait pas, les pays africains s'ingèrent parfois dans les affaires de leurs voisins. Dans son livre "Les services secrets algériens", Mourad Tlemçani rapporte notamment l'implication des services algériens dans la guerre civile libyenne en 2011... 
Mais les Maghrébins sont des résistants-nés. Bien sûr, les luttes d'indépendance des années 50 et 60 ont largement illustré la capacité de résistance de l'Afrique du Nord. L'historien Ibn Khaldoun, dans son livre Al-Muqaddimah, soulignait déjà, au 14e siècle que les Berbères avaient « toujours été un peuple rebelle et indomptable ». La Numidie, l'actuelle Algérie, a vu naître le célèbre chef berbère Jugurtha, qui a tenu tête à Rome pendant de nombreuses années. De même, plus tard, en Tunisie, la reine berbère Tin Hinan, comme l'Algérienne Dihya, la fameuse "Kahina" ont réussi à unifier plusieurs tribus pour défendre leurs terres contre les envahisseurs arabes au 7e siècle. La résilience des peuples maghrébins est prouvée, l'intérêt que leur territoire suscite également.

 


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2 réactions à cet article    


  • Brutus paparazzo 18 avril 2023 11:41

    Ce qu’on a appelé « décolonisation » est en fait la mise en place du « néocolonialisme », à savoir le retrait des états colonisateurs des appareils d’états locaux parce que trop dispendieux pour être pris en charge sur les mêmes bases que les métropoles et la mise en place de fantoches à la tête de républiques bananières, corrompus jusqu’à l’os par les multinationales et les lobbies (réseaux) des anciens maitres.


    • sylvain sylvain 18 avril 2023 14:57

      L’historien Ibn Khaldoun, dans son livre Al-Muqaddimah, soulignait déjà, au 14e siècle que les Berbères avaient « toujours été un peuple rebelle et indomptable Â ».


      il se sont pourtant bien fais coloniser par les arabes depuis des siècles...

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