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Accueil du site > Actualités > Environnement > Le principe de précaution, du simple bon sens

Le principe de précaution, du simple bon sens

Le principe de précaution n’est pas une volonté d’immobilisme. C’est un mécanisme de bon sens visant à interdire à un acteur privé de faire gratuitement prendre à la collectivité un risque majeur qu’elle seule peut couvrir.

Moi aussi, j’ai vu Une vérité qui dérange, et j’ai trouvé Gore convaincant, mais j’ai tendance à faire plus particulièrement confiance sur tout sujet à ceux qui mettent en jeu leurs propres sous. J’ai lu depuis ce document dans lequel la FFSA (Fédération française des sociétés - non mutualistes - d’assurance) exprime sa conviction que la fréquence de catastrophes naturelles va augmenter en raison du réchauffement climatique. Ce document consigne les travaux entrepris depuis 2003 par l’Etat, la FFSA et le GEMA (équivalent mutualiste) pour repenser le régime de "catastrophe naturelle". Cela a achevé de me convaincre. Le ciel va bien nous tomber sur la tête. La suite de ces travaux m’a interpellé sur la manière dont les choses allaient se passer, et m’a fait réfléchir sur la notion de "principe de précaution", qu’un récent article AgoraVox qualifiait de cause d’immobilisme.

Le présent article est donc consacré à la notion de risque extrême et de principe de précaution. Je suis bien conscient du fait qu’il est décousu, et je prie le lecteur de bien vouloir m’en excuser. Je sais que je m’attaque ici à un sujet vaste, sans doute trop vaste pour moi. J’espère que, comme à l’accoutumée, il sera surtout l’occasion pour les nombreux lecteurs qui y ont déjà bien réfléchi d’apporter les éclairages et compléments nécessaires.

Lors d’une interview sur Europe1 le 20/11, le ministre de l’Economie, M. Breton, a indiqué que le ministre de l’Intérieur M. Sarkozy et lui travaillaient à une refonte du régime d’assurance des catastrophes naturelles, à la suite des travaux résumés dans le document cité ci-dessus. Le principe directeur de cette réforme serait qu’il n’y aurait plus d’arrêté préfectoral pour déclencher le remboursement, mais que les assureurs pourraient se baser directement sur des données physiques, et qu’ils seraient libres de moduler leurs tarifs en fonction de l’exposition aux risques, alors que ceux-ci sont aujourd’hui arbitrairement fixés à 12% des multirisques habitation. Les arguments présentés sont que le premier point accélérerait les procédures, et que le deuxième point favoriserait la prévention par la prise en compte économique de l’exposition aux risques.

Finalement, on demanderait aux assureurs de gérer directement les risques, ce qui est leur métier, et qu’ils appellent souvent de leurs voeux. Je ne peux me retenir de citer à nouveau cette déclaration de 2002 de l’EFR, association européenne des sociétés d’assurance :

"Si l’Union européenne et les Etats membres n’agissent pas rapidement et ne changent pas les priorités, ils condamnent des millions d’Européens à la pauvreté (...) et détruisent le modèle social construit avec soin et dont l’Europe est aujourd’hui si fière. (...) La Commission européenne plaide en faveur de davantage d’épargne (...) privée. Pour favoriser cela, les politiques européens doivent mettre en oeuvre un marché unique (...) qui élargira le choix des consommateurs, réduira le coût, encouragera le développement de l’épargne privée et permettra de parer au désastre (...) auquel l’Europe fait face."

Non, il ne s’agissait pas d’environnement, mais d’une plaidoirie pour le développement des caisses de retraite privées ("fonds de pension"). On voit ici que les assureurs sont investis dans de nobles missions à long terme visant à l’intérêt commun, et sont prêts à relever le défi en mettant en oeuvre leur compétence en gestion des risques.

Et pourtant ils font à la réforme un accueil plutôt tiède, selon une dépêche AFP, du lundi 20 novembre, de Véronique Dupont.

"Il nous paraît un peu précipité de réformer le régime avant la fin de l’année", a souligné Gérard de la Martinière, le président de la FFSA.

"Pour nous, il n’y a pas urgence à réformer un système qui fonctionne", renchérit Jean-Luc de Boissieu, secrétaire général du Gema.

Pourquoi un accueil si tiède ?

"Le nouveau système nécessiterait un système d’évaluation technique incontestable", a prévenu le président de la FFSA. Sans quoi, "on risque de se retrouver livré à des batailles d’experts", poursuit M. de Boissieu.

Une première raison est donc que les assureurs n’ont pas trop envie d’arbitrer eux-mêmes ce qui relève ou pas d’une "catastrophe naturelle". Mais comment font-ils alors pour gérer un risque qu’ils ne savent pas définir ? C’est simple : ils ne le gèrent pas. Le risque "catastrophes naturelles" est réassuré auprès de l’Etat français, via une "CCR" (caisse centrale de réassurance), qui garantit in fine la solvabilité de ce risque. L’assureur est ici un simple prestataire technique d’un mécanisme qu’il ne définit pas et ne gère pas. Il n’en est d’ailleurs pas à l’origine : c’est l’Etat qui a imposé il y a vingt ans la création de ce régime. Dit plus clairement, le président de la FFSA affirme de son côté que sa fédération n’a "jamais été demandeuse de la libéralisation du régime. Si celle-ci était envisagée dans la perspective d’un désengagement de l’Etat, nous ne pensons pas que ce serait une bonne approche".

Les assureurs ne sont pas du tout demandeurs. Autant ils sont à l’aise avec les retraites et les tables de mortalité, autant ce sujet-là leur semble aux limites de leur business. Encore plus clairement : d’après M. de Boissieu, le gouvernement a engagé cette réforme "car il prend conscience de l’aggravation du risque climatique" et des "masses financières en jeu".

Les assureurs craignent que l’Etat ne retire doucement sa caution à la CCR, et les laisse face à une situation inextricable, où ils vont devoir expliquer aux Niçois que leur assurance va être multipliée par dix pour prendre en compte la montée probable du niveau de la Méditerranée. Vous savez maintenant comment se passera le réchauffement climatique : on vous expliquera progressivement que vous habitez dans une zone surexposée aux risques, et que votre maison n’est plus assurable.

Les paragraphes précédents semblent ironiser doucement sur le "libéralisme" des établissements financiers. C’est bien sûr un peu le cas, mais pas l’essentiel de mon propos. Il me semble bien évident au fond qu’il y a des risques qui ne sont pas assurables, et en particulier les risques extrêmes, dont la fréquence est trop faible et la gravité trop forte pour qu’ils puissent être l’objet de "tables" d’actuaires, rationalisées et vendues en fines rondelles. Je ne critiquerai donc pas pour cela les assureurs qui n’en veulent pas.

Mais on est alors contraint de constater qu’il existe une et une seule possibilité de les prendre en charge, la solidarité nationale, comme dans le cas ci-dessus de la CCR. L’Etat, c’est-à-dire le contribuable, est le seul assureur des risques majeurs. Seuls les Etats viendront éventuellement en aide aux victimes probables (voire certaines) du réchauffement climatique.

Du coup, le fameux "principe de précaution" devient une simple clause de bon sens vis à vis "d’assurés", ce que je vais illustrer ci-dessous par des exemples tirés cette fois de la chimie et de la biologie.

Une entreprise qui met en vente à grande échelle un nouveau produit chimique qui pourrait s’avérer un jour toxique crée un risque majeur, dont la collectivité est le seul assureur. Vous allez me dire que cela n’arrive pas tous les jours ? Eh bien si ! On synthétise actuellement un million de molécules organiques différentes. Quelques dizaines de milliers sont classées toxiques. Mais justement, seules quelques dizaines de milliers ont subi des tests de toxicité. Le projet Reach prévoyait d’en réaliser pour toutes, mais devant les réactions de l’industrie chimique, le contrôle a été limité à celles produites à plus de quelques tonnes, et avec des tests de fortes doses limités en durée, inaptes à traduire les effets de doses faibles ou moyennes. Or le nombre est déjà tel qu’il est strictement impossible de réaliser une épidémiologie pour une molécule en particulier. On ne peut en isoler les effets que sur les travailleurs qui l’ont manipulée à forte dose.

L’amiante (qui est minéral et pas organique) est un drame humain, social et économique majeur, dont la collectivité payera la plus grande part de la dépense. On peut admettre que ceux qui ont commencé à l’utiliser il y a cent ans ne le savaient pas. Mais cela fait cinquante ans qu’on sait et qu’on ne réagit pas : l’industrie a préféré implicitement transférer la facture à la collectivité.

Dans le cas du plomb (dans l’essence), c’est bien pire, car un ouvrage récent (L’histoire secrète du plomb, de J.-L. Kitman) a montré qu’on savait dès le début.

Du coup, il y aurait une alternative simple au "principe de précaution" : obliger les entreprises concernées à pourvoir à toutes les conséquences majeures de l’utilisation de leurs produits, et à s’assurer en conséquence. Or il se trouve qu’aucun assureur ne l’accepte, comme aucun assureur n’a envie d’assurer le réchauffement climatique. Un article du Canard enchaîné du 22/11/06 rappelait à ce propos qu’aucun assureur n’accepte d’assurer ce risque pour les nanotechnologies. A propos des catastrophes naturelles et des OGM entre autres, il peut être intéressant de consulter le rapport 2003 de SwissRe :

Une législation visant à éliminer le risque de « mélange génétique » dans la biotechnologie agricole moderne entraînerait inévitablement une diminution de la valeur de marché des cultures conventionnelles contaminées. Il est évident que l’on ne saurait attendre des assureurs qu’ils couvrent de telles pertes financières non quantifiables induites par des tentatives de réduire les coûts tout au long de la chaîne de création de valeur agro-alimentaire.

Qu’en termes galants ces choses-là sont dites ! Nous pourrions être "rassurés" si Monsanto nous disait : "J’ai fait examiner tous les risques par un assureur privé, il m’a évalué une prime pour tout couvrir, et je peux la payer."

Comme ce n’est pas le cas, cela signifie que c’est in fine le contribuable qui assure. Pourquoi cela serait-il gratuit ? Il est bien normal que l’Etat exige certaines précautions. Cela ne consiste pas à ne rien faire, mais à respecter certaines démarches prudentielles, et déjà à s’assurer au moins que l’utilité sociale attendue soit à la hauteur des risques encourus. L’absence de précaution peut sinon s’interpréter en termes économiques comme un cadeau - une prise en charge gratuite - de la collectivité offert à certains industriels.

Ce type de raisonnement s’applique bien sûr aux risques pour la santé et l’environnement, mais pas seulement.

Je m’en remets à nouveau à la bienveillance du lecteur pour excuser la trame quelque peu décousue de ce libre propos.


Exemple de lien sur le sujet : article de Sophie Chemarin



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25 réactions à cet article    


  • fb 24 novembre 2006 13:31

    Sauf erreur de ma part, pour les atolls des Tuamotu (Polynésie française) il n’est pas possible d’assurer les habitations compte tenu du risque cyclonique et maintenant de l’élévation du niveau de la mer.

    L’article est très intéressant (comme d’habitude smiley ) néanmoins une tentative de « chiffrage » a posteriori du coût réel de la non application du principe de précaution serait pertinente et certainement perturbatrice en matière économique car nous savons maintenant clairement que le coût réel d’un produit ne résulte pas seulement des seuls frais de fabrication.


    • Forest Ent Forest Ent 24 novembre 2006 20:38

      Merci. smiley

      Je ne sais pas bien faire cet exercice, mais prenons l’exemple de l’amiante pour illustrer.

      Supposons que cela ait impliqué 100% de 20 000 décès (hypothèse très basse). Une évaluation type « ministère de l’équipement », c’est à dire assurance + coût public direct et indirect, est de 1 million d’euros par décès. Ca fait donc 20 milliards d’euros pour la France. Supposons que celle-ci représente 7% des cas - ce qui est sans doute surestimé, le total mondial serait de 300 milliards d’euros, pour la seule santé publique.

      Il faut ajouter à cela le coût matériel de l’erreur. Le désamiantage des bâtiments a un coût énorme. La seule université de Paris à Jussieu reviendra plus d’un milliard d’euros. Je n’ose même pas imaginer ce que cela donne à l’échelle planétaire.


    • fb 24 novembre 2006 21:25

      J’abuse smiley

      mais s’il était possible de faire un parallèle entre les bénéfices financiers liés au marché de l’amiante ainsi qu’une valorisation du coût écologique (extraction, production, retraitement) cela serait certainement un énorme pavé dans la mare qui donnerait enfin la mesure du coût réel.

      Merci encore pour tes articles : ils sont tellement factuels que c’est politiquement incorrect smiley


    • Forest Ent Forest Ent 24 novembre 2006 22:07

      Le chiffre d’affaires mondial de la production d’amiante en 2002 était voisin d’un milliard de $. En admettant qu’il ait été supérieur avant, et en le cumulant sur 100 ans, on devrait arriver à un total inférieur à 200 G$. Si cette industrie s’est bien débrouillée, elle a fait au mieux un bénéfice de 20 G$, c’est à dire même pas le dixième du coût qu’elle nous fait aujourd’hui supporter pour la seule santé publique.

      Je suis désolé d’avoir à parler en termes aussi froids de ce qui reste avant tout un grand drame humain. C’était juste pour montrer que les précautions se justifient, même sur une simple base économique.


    • axion (---.---.174.250) 25 novembre 2006 09:02

      Le coût d’un produit ne résulte pas uniquement du coût de fabrication, mais aussi du coût d’étude de ce produit.

      Dans le coût d’étude, il faut inclure les coûts de R&D, mais aussi les coûts de certifications du produit (l’assurance de la conformité avec des normes). (Dans la pharmacie ou l’agroalimentaire, ces coûts sont énormes comparitvement aux seuls coûts de fabrication, raison pour laquelle les entreprises tirent la gueule vis à vis des génériques (facile de copier, quand on a pas investit dans les coûts colossaux de certification).

      Il y a quelques années, via des obligations de recyclage données aux industriels, le coût de quelques produits contient ces obligations de recyclage (comme le coût de l’electricité d’origine nucléaire, qui inclus les coûts de démantèlement), les coûts de recyclage dans l’automobile, etc.

      Evidemment, via de nombreux lobbies, de nombreux industriels sont épargnés par ces obligations, situation qu’il faudrait rétablir afin de mettre l’ensemble de l’industrie sur un pied d’égalité.

      Sur les coûts de la pollution engendrée par la fabrication ou la consommation de produits (ou de services), la législation est balbutiante. Des lobbies considérables (comme l’agriculture, qui est responsable de pollutions considérables, coûts aujourd’hui supportés par l’ensemble de la population, notamment via des stations de traitements de l’eau polluée par les rejets agricoles qui ont couverts la France, au bénéfice des agriculteurs (qui n’en supportent pas le coût) et au détriment de tous les autres (qui payent pour eux) (mais, via la PAC, c’est pas nouveau)).

      Les industriels, via les réglementations des rejets, se doivent de retraiter leurs éffluents.

      Reste les effets induits et non prévus à l’origine (le CO2 en fait parti) sur lequel des solutions doivent être implémentées (bcp de propositions existent).

      Bref, tout cela pour dire que la situation n’est pas « anormale », et qu’elle est seulement une évolution naturelle du fonctionnement de notre société.

      Evidemment, on a pas été capable d’aller suffisamment vite, et la situation est peut-être déjà catastrophique.

      Sur ce point, nous sommes tous responsables, car les rapports des scientifiques n’ont pas manqués.

      Axion


    • (---.---.83.22) 24 novembre 2006 14:06

      se serai bien d’avoi la liste des molécules non testé ... ici par exmple


      • gem gem 24 novembre 2006 15:59

        la liste des molécules non testées est infinie, au sens propre.

        D’ailleurs la molécule du principe de précaution n’a pas été testée non plus smiley

        Dommage. Parce que si on applique le principe de précaution à lui même, il ne passe pas le test et se fait rejeter. il ne passe même pas le test du principe de prudence, pourtant plus cool : trop de risque, trop lourd, pas assurable. Aucun assureur n’acceptera jamais de vous assurer contre les effets négatifs du principe de précaution.

        Soyons donc logique, et refusons l’application du principe de précaution, tant qu’il n’aura pas prouvé qu’il ne présente aucun danger. :-P


      • peter macaloai (---.---.200.11) 24 novembre 2006 15:26

        Je tient quand meme a preciser que le principe de precaution tant mis en exergue aujourd’hui pour les ogms va rendre notre agriculture totalement dependantes des entreprises americaines qui elles ont la technologies... Cruel dilemne de savoir si il vaut mieux s’apauvrir au profit d’un interet commun à tous ou essayer d’avoir du poids dans ce qui fait et a fait une de notre force dans le monde et qui va s’averer crucial dans l’avenir : la nourriture... je pense que la France devrait se lancer dans les OGM car de totue facon inéluctable..

        Un peu comme baisser le nombre d’heure de travail quand les autre augmente mais cela est un autre débat. peter macaloai


        • vinsou (---.---.122.205) 24 novembre 2006 17:12

          pas d’accord du tout le recour aux ogms n’est pas ineluctable, o contraire je pense que l’on va aller vers plus de bio Par exemple le cas de l’argentine ou Monsanto qui detenait la licence du roundup (un desherbant systemique total (cad va dans les racines et ne fait pas de differenciation entre les especes )) proposé aux agriculteurs argentins des ogm de soja qui avait pour caracteristique de resister o roundup et donc l’argument commercial etait moins de roundup d’epandu En fait sa ne c’est pas passé comme sa uils ont etait obliger d’augmenter par trois les doses de roundup. Et le pire que ces epandages ont cosé diminution de la fertilité tres importantes pollutions des terres pertes de rendement o bout d’un temps ...... de plus dans un pays ou on subventionne une agriculture de perte il y a un probleme


        • space_cowboy (---.---.129.74) 24 novembre 2006 18:50

          bonjour,

          avec ce raisonnement, à savoir « comme les autres le font, alors nous on va le faire », ça engage à faire les même conneries que les autres en cas de conneries... un mouton de panurge n’est pas réputé pour être très lucide ni courageux !

          space_cowboy


        • gem gem 24 novembre 2006 15:51

          Article très mauvais.

          Retour sur terre : Le principe de précaution sert, concrétement, à permettre à l’état de s’exonérer de ses responsabilités, et lui autoriser tous les arbitraires simplement en arguant d’une arbitraire « précaution ». Exemple authentique : les fameux poulets à la dioxine, qui ont été abattu en France alors qu’on savait qu’ils n’en contenaient pas, et que l’état refusait d’indemniser, sous prétexte qu’il n’avait fait que prendre des précautions vu que ces poulets auraient pu contenir de la dioxine si les choses s’était passer autrement !

          C’est ça, la réalité du principe de précaution. Il n’a jamais servit à rien d’autre, et ne servira jamais à rien d’autre.

          Le principe de précaution c’est une présomption de culpabilité qui pèse sur tout inventeur, avec l’exigence qu’il se disculpe lui-même de risques inconnus et de crimes politiques ! Impossible à gérer !

          Il est toutefois vrai qu’on invoque parfois, comme justement dans cet article, le principe de précaution pour des actions justifiées ; sauf que justement, si c’est justifié, c’est qu’on n’est pas encore dans le nouveau « principe de précaution », mais dans le classique et respectable « principe de prudence » (lequel concerne des risques identifiés et a peu près quantifiés). C’est la prudence qui justifie le conservatisme des assureurs, qui ne déteste rien plus qu’un changement dans le contexte juridique où ils exercent (évidemment, les changements juridiques qui leur permettraient d’entrer dans les domaines où ils n’exercent pas encore, ça ils n’ont rien contre ! ), et c’est la même prudence qui les rend réticent à exercer dans des domaines sans jurisprudence et soumis à un fort risque politique (comme les OGM ou le changement climatique)

          Un inventeur de molécules (ou de n’importe quoi, d’ailleurs) fait-il courir un risque au reste de l’humanité ? Sans conteste ! Quiconque agit ou met à jour un nouveau savoir change le monde, et cela peut être mal pour certains autres. C’est évidement un vrai problème, mais le principe de précaution n’est certainement pas une bonne solution. Ca serait comme d’interdire d’ouvrir toutes les boites dont on ne sait pas ce qu’elles contiennent, simplement parce que, selon la légende, Pandore à ouvert la sienne. Réservons plutôt notre énergie prohibitionniste à des boites dont le contenu est connu (la bombe A, par exemple, ou plus légèrement ... le principe de précaution, qui devrait être interdit !)

          Accessoirement, concernant l’amiante, le risque est connue depuis au moins 100 ans en France métropolitaine (Cf. http://www.senat.fr/rap/o97-041/o97-0412.html) ; et même avant en Nouvelle-Calédonie, où l’administration française avait identifié l’amiante présent dans le revetement des murs de cases kanakes comme la cause des malaides respiratoires des habitants, et fait interdire l’usage du revetement traditionnel... Conclusion : on ne peut pas toujours faire confiance à l’administration pour exploiter l’information dont elle dispose.


          • Forest Ent Forest Ent 24 novembre 2006 20:26

            « la liste des molécules non testées est infinie, au sens propre »

            Tout à fait vrai. Je suis d’accord avec la plupart de tes remarques, sauf la première. « Article très mauvais » ? Pas du tout, il est excellent. Ma petite nièce me l’a affirmé avant de me promettre de le lire, et mon poissonnier m’a dit en avoir imprimé plusieurs exemplaires. smiley

            Je me permets quand même d’insister sur le raisonnement des assureurs, qui m’a l’air assez sain :

            « les ogm font gagner des broutilles en valeur sur la production, et ne sont donc pas très solvables, et font prendre des engagements globaux significatifs ; ça ne sent pas bon ; évitons ! »

            Pourquoi devrions-nous réagir différemment ? Une saine prudence est de n’engager de risques qu’à hauteur de bienfaits attendus.


          • Machiavel (---.---.20.29) 24 novembre 2006 21:55

            Gem, ton commentaire est paradoxal :

            au début tu dis que le principe de précaution c’est un moyen pour l’état de s’éxonérer de ses responsabilités et tu termine en donnant un exmple flagrant ou l’état n’a pas appliqué le principe en New-Calédonia... Quelle est la logique ?

            Bref, es-tu de ceux qui critique l’état parceque c’est comme ça et ça fait du bien, ou alors aurais-je raté une étape de raisonnement ?


          • peter macaloai (---.---.43.190) 24 novembre 2006 19:40

            Je tient ceci dit qu’avec une masse de peuple en augmentation ce n’est pas avec le bio que l’on pourra nourrir la terre entiere.

            D’autre part le combustible fossile (qui contribue grandement à la productivité agricole) est encore présent pour une vingtaine d’années, trente tout au plus, à coût résonnable. Or il nous faudra beaucoup de surface de bettrave si on veut faire marché les tracteurs à ce bio-carburant...ou une grosse production.

            D’autre part la connerie que vous exprimé est faite par des industriels ne voyant que leurs interêts immédiats, nous avons en France la chance d’avoir un departement de recherche financé par l’état, pourquoi ne pas le mettre à profit pour developper des OGM profitable à tous ? peter macaloai


            • Forest Ent Forest Ent 24 novembre 2006 20:30

              « nous avons en France la chance d’avoir un departement de recherche financé par l’état »

              Euh ... de moins en moins, et de plus en plus contraint de se faire financer par l’industrie. Cf. divers articles agoravox sur l’état de la recherche.

              Je profite de l’occasion pour signaler qu’il me semble important que l’Etat conserve les moyens de porter son propre diagnostic sur les paramètres environnementaux et de santé publique, ce qui n’est pas complètement acquis aujourd’hui.


            • Céline Ertalif Céline Ertalif 25 novembre 2006 00:43

              La privatisation des profits et la mutualisation des pertes est un principe fondamental des états industriels modernes. Les deux guerres mondiales ont été un sommet dans l’exercice de mutualisation des pertes. Les énormes pertes sont forcément mutualisés : Tchernobyl, le Tsunami, et peut être demain le Bangladesh ou un autre Pinatubo.

              Le plus discutable, c’est la responsabilité limitée des entreprises qui font des profits au regard des coûts publics qu’elles génèrent. C’est vrai aussi bien des emballages dont le traitement est une charge mutualisée pour les usagers contribuables que pour les Monsanto. On voit bien par exemple la responsabilité de l’industrie automobile dans l’épuisement de l’énergie fossile et dans la pollution atmosphèrique.

              Il fut un temps où il ne fallait pas désespérer Billancourt, maintenant il ne faut pas désespérer les fonds de pension parce que les retraités veulent mourir riches. Il y a une certitude de la nécessité de la croissance qui fait écho à la démagogie terminologique de l’assurance-vie : la mort est la seule certitude - alors que faire des enfants qui dépensent notre fric est la plus ancienne précaution qui permette la protection des vieillards.


              • cultilandes (---.---.195.254) 25 novembre 2006 21:12

                Les profits sont mutualisés au travers des impôts et taxes.

                L’industrie automobile propose et construit ce qu’on veut bien lui acheter : des moteurs toujours plus économes, mais des voitures toujours plus grosses, climatisées... Et nous roulons toujours plus ! Ce sont les automobilistes qui passent à la pompe !


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 27 novembre 2006 23:42

                Votre observation est juste.


              • pinch (---.---.220.33) 26 novembre 2006 15:46

                un monde ni noir, ni blanc...


                • frc (---.---.141.42) 28 novembre 2006 11:50

                  D’accord avec l’article mais il n’y est pas mentionné l’affaire des huîtres d’Arcachon où à mon avis l’état a parfaitement appliqué le principe de précaution


                  • christian 29 novembre 2006 00:15

                    Bravo pour votre article qui démonte parfaitement le système économique ultra libérale qui ne pourrait exister paradoxalement sans l’etat.

                    Tous ceux qui crient moins d’état, moins d’état, moins de service publics, privatisaton des services publics (vive l’europe et ses directives de libéralisation ) sont des cyniques.

                    Les services privés, dont la finalité est le profit et même l’ultra profit à cause de la finance internationale, ne peuvent par essence fournir les même prestations qu’un service public ( la santé, l’éducation, la sécurité, le transport et ses infrastructures-voir l’angleterre - ...)

                    Aucune société fusse-t-elle internationale n’a gagné de l’argent sans les réglementations édictées par les états, car ces réglementations créent des marchés avec des règles qui s’imposent à tous.

                    Toutes les réglementations (sécurité du consommateur, des travailleurs etc..) ont poussé les entreprises à évoluer à s’adapter à celles-ci.

                    Aujourd’hui, la problématique est que le capitalisme international échappe à toute réglementation et se trouve confronté à lui-même.

                    Le marché mondialisé n’étant plus réglementé, le profit s’acquiert , certes en développant des marchés en volume, mais obligatoirement en réduisant les couts, pour réaliserr les taux de marge à 2 chiffres éxigés par les marchés boursiers.

                    Les états ( l’europe comprise) ne pouvant taxer ces entreprises mondialisées et ces super profits, ne peuvent faire face aux dégats occasionnés par cet hyper productivisme : destruction de l’environnement, déplacement de population, paupérisation de certaines régions, chomage massif régional, etc...).

                    La logique financière a elle même gangréné les états, qui privés de ressources (impositions normale des profits), s’endettent et alimentent de fait une spirale financière infernale et sont mis en concurrence par à la fois les entreprises mondiales et le systéme financier mondial.

                    Entendra-t-on nos hommes et femmes, bien sur, politiques exposer en 2007, ces problémes fondamentaux aux français ou essaieraient-ont-ils probablement de chloroformer les électeurs en laissant à d’autres la patate chaude, priant pour que celle-ci ne leur saute pas à la gueule durant leur mandat.

                    Nous sommes dans l’ére des 3 singes : ne rien dire , ne rien voir , ne rien entendre, enfin surtout pas ce qui fache donce on va donc chloroformer. ( c’est d’autant plus facile quand on est payer pour le faire, voir menacer si on ne la fait pas)

                    Et effectivement, vous avez raison, les assureurs sont en train de compter les étages qui restent avant l’écrasement final, avec un certain cynisme comme vous l’avez précisé, ce qui confirme que nous sommes tous des singes. (absence de réaction raisonnée)

                    Pessimiste : oui parce qu’en bas des étages le sol qui se rapproche c’est la guerre, c’est touours ce qui arrive quant au final il faut sauver sa peau à la place de ses voisins.

                    Aujourd’hui la guerre est économique, demain elle sera sanglante car il faudra survivre, et il ne sera rien pardonné à nous autres pauvres habitants de pays dits riches.

                    Le seul moyen de l’éviter c’est de sortir du syndrome du singe et le message ne s’adresse pas qu’ à nos politiques mais à chacun d’entre nous.

                    Il est plus intelligent de se donner la main aujourd’hui que de s’entretuer demain.

                    Probléme : l’homme est astucieux, inventif, je ne le crois pas doué d’intelligence et encore moins d’intelligence collective surtout quant sa survie personnelle est en jeu.

                    Bonne lecture à tous


                    • Demesure (---.---.123.190) 30 novembre 2006 21:47

                      « Probléme : l’homme est astucieux, inventif, je ne le crois pas doué d’intelligence et encore moins d’intelligence collective surtout quant sa survie personnelle est en jeu. »

                      Etre astucieux et inventif devient « un problème » maintenant !?! smiley

                      Voilà un exemple du principe de précaution poussé jusqu’à l’absurde : ne créons rien de nouveau, c’est la meilleure précaution pour éviter de futurs problèmes smiley


                      • christian (---.---.55.142) 1er décembre 2006 01:09

                        « Probléme : l’homme est astucieux, inventif »

                        Effectivement cela devient un probleme quand l’homme, démiurge, s’imagine au sommet de la création, capable de résoudre tout à son seul profit, même de faire disparaître par un coup de baguette magique ses déchets plutominique engendrés pour des millions d’année, de recongeler le pôle nord, de se fabriquer un coeur éternel et j’en passe.

                        Il suffit de relire nombre de textes philosophique, boudhiste, taoiste, chrétiens, appache, sioux, inuit, enfin humain quoi, pour s’apercevoir que les sages de l’humanité ont compris depuis des millénaires ou conduit la vanité de l’être humain, qui fabrique dieu à son image, il s’écrase comme un moucheron dans la boue.

                        La sagesse peut appartenir à l’être humain, mais, l’histoire malheureusement le prouve, plus difficilement à la société des hommes.

                        C’est le grand défi de ce siécle pour l’humanité : devenir collectivement « sage » ou disparaitre tel un moucheron dans la boue, ce n’est pas du pessimisme mais du réalisme et regarder en face le grand défi.

                        Cher contradicteur, agoravox nous permet d’exprimer nos idées, mais toujours finalement dans l’opposition : « moi j’ai raison et vous n’avez rien compris, mais non ducon c’est toi qui n’a rien compris et tu mérites bien ton nom ».

                        Cette formulation là, telle qu’elle s’exprime quotidienement sur Agoravox, révèle qu’agoravox n’est pas constructif d’une sagesse collective.

                        Une sagesse collective à mon sens doit s’élaborer, se construire, donc se crititiquer mais positivement, ensemble, et au bénéfice de l’ensemble.

                        La sagesse s’est quand même de se rendre compte que l’on ne peut vivre se développer qu’avec les autres et non pas contre eux.

                        Tout l’équilibre de ce qui vit (biologiquement) sur terre obéit à ce principe et tout ce qui par malheur rompt cet équilibre (ex : surpopulation biologique, animale, insecte, etc...) disparait ou est brutalement ramené à l’équilibre.

                        Donc cher contradicteur comment élaborer du positif, constructeur de sagesse sur Agoravox : j’ai quelques pistes mais votre avis m’interesse.

                        Tres cordialement.


                      • Bravo (---.---.6.122) 3 décembre 2006 13:00

                        B R A V O !! les ventes de Renault ont chutés de 30%, cela a marché de rendre la vie des automobilistes misérable, je pense que si l on s y met on peut tuer l’automobile en France , on sera la 1er , B R A V O

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