Nos compatriotes réalisent-ils que pour un trajet Paris/Bordeaux et retour en voiture, il leur en coûtera 264 euros, soit près d’un quart d’un SMIC ? 160 euros d’essence dont 61% de taxes et 104 euros de péage !

Autant il est normal de payer un péage lorsque la société d’autoroute rembourse encore l’emprunt qui a servi à la construire, autant il est totalement scandaleux de faire payer lorsque l’autoroute est amortie.

C’est le cas d’ailleurs de l’A10. Il suffit de regarder les résultats financiers de la société COFIROUTE, filiale de VINCI-AUTOROUTES, pour comprendre que COFIROUTE représente 3,9% du chiffre d’affaire du groupe mais 17,6% de son résultat net.

En 2010, COFIROUTE a dégagé un résultat net de 312 millions d’euros soit 24,1% de son chiffre d’affaire. Sur cette somme, 311 millions ont été versés aux actionnaires.

Le groupe espagnol ABERTIS propriétaire des concessions SANEF et SAPN, lui, n’a pas publié son résultat net, tellement il doit être indécent.

Ce qui est encore plus choquant c’est bien sûr que ces profits de sociétés privées en situation de monopole sont organisés pour l’Etat qui a bradé en 2006, les sociétés publiques d’autoroutes à des groupes privés pour 14 milliards d’euros.

Quand on sait que globalement les sociétés d’autoroutes françaises rapportent plus d’un milliard de bénéfice par an, on comprend la bonne affaire qu’elles ont faite.

Mais cela ne suffisait manifestement pas puisque le gouvernement a autorisé en janvier dernier une hausse des tarifs de 2,5% et surtout prolonger d’une année la concession en échange d’un soi-disant « paquet vert ».

Par exemple, COFIROUTE va investir 191 millions d’euros supplémentaires, mais va recevoir 312 millions de bénéfice supplémentaires. Grâce à l’année supplémentaire de concession, plus de 100 millions d’euros directement dans les caisses en échange de la signature d’une charte écologique !

On est là dans le conflit d’intérêt de haut vol qui mériterait à tout le moins une commission d’enquête parlementaire.

C’est pourquoi ma proposition de réquisition des sociétés d’autoroutes par la puissance publique est ma meilleure solution. Cela permettra de supprimer les péages sur les tronçons déjà amortis, redonnant aux Français la liberté de circuler. Car il n’y a aucune raison de voir les autoroutes françaises devenir comme les TGV un produit de luxe réservé aux plus aisés.

En ajoutant mes mesures sur la réduction de 10 centimes du prix du litre d’essence, le trajet Paris/Bordeaux et retour que j’évoquais au début de ce billet, reviendrait à 150 euros.

Il n’y a aucune fatalité à se laisser racketter par des monopoles privés !