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Accueil du site > Tribune Libre > Yes we cant’t ! L’Occident semble sur sa fin mais nous avons un (...)

Yes we cant’t ! L’Occident semble sur sa fin mais nous avons un président des soins palliatifs

Les temps nouveaux qui are a changing comme le chantait Dylan sont arrivés. Obama est là. La terre planète est devenue terre patrie grâce au black messie plus connu que les Beatles qui étaient déjà plus célèbres que Jésus-Christ. Le monde va changer. Le gris va se colorer en couleurs d’arc-en-ciel. Les gens vont danser et le swing final sera le genre humain après ce grand soir électoral du 4 novembre 2008.

C’est bon pour le moral, chantent nos amis métissés des îles. Mais la technique ne connaît pas la politique ni la crise et le genre humain semble inexorablement voué vers l’ère de la fin de la technique qui selon Heidegger n’en finissait pas de finir et ce n’est pas terminé. Obama est président des Etats-Unis, mais Nintendo sortira une nouvelle console de jeu. Les mémoires vives doubleront de capacité d’ici deux ans. Et les écrans plats vont aplatir les prix. Vive le marché, vive la concurrence, oublions nos maux dans cette grande bouffe technologique ! Les Soviets, c’est le parti plus l’électricité disait Lénine. Alors l’ère nouvelle, c’est Obama plus les nanotechnologies.

Souvenons-nous, lorsque, vers 1520, Machiavel écrivit Le Prince. Un livre d’une incroyable nouveauté qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Nous pouvions aller en Italie admirer les fresques de Piero, les superbes toiles de Raphaël et Michel-Ange, alors que Léonard écrivait à l’envers et que, plus tard, Copernic remit la Terre à l’endroit. Galilée découvrit la loi des graves. Ainsi naquit la physique mathématique, après Monteverdi. Puis Descartes inventa la méthode, Newton et Leibniz le calcul infinitésimal, un instrument fort utile qui se marie très bien avec Bach et ses baroques contrepoints. Mais la civilisation européenne avait tant d’œuvres à accomplir. Dans les domaines artistiques, scientifiques, techniques, politiques, littéraires… quel feu d’artifice ! De Beethoven à Maxwell, de Brahms à Einstein, de Darwin à Coltrane. Et notre XXe siècle ne fut pas en reste, avec la production des ordinateurs, le rythme du rock, les inventions du jazz et du Floyd, de grands films d’auteur. Watson en Crick livraient le secret de la mémoire génique et les labos dansaient et les Beatles chantaient et la génétique enivrait, autant que les pages web tracées en HTML et les virées en ULM. Bonnes vibrations, excellents scénarios, bonne littérature, philosophie impertinente, seventies excitantes… et puis, les eighties, pas géniales, mais moins mauvaises qu’on ne l’a affirmé et enfin, 1991, la CEI remplace l’URSS, les putschistes du KBG n’ont pas pu inverser le cours de l’Histoire. La téléologie, c’est plus fort que la politique. Et c’est peut-être aussi plus puissant que la civilisation.

Les années 1990, vagues souvenirs, intellectuels européens moroses, la mode des cafés philo comme refuge des âmes en mal de conversation. Les boys band, les Spice Girls, Oasis, la télé-réalité, Amélie Poulain, le pire est arrivé dans un monde culturel qui n’a plus beaucoup de choses à dire. La littérature, elle, est un naufrage si l’on en croit le livre paru en plein milieu de cette décennie et signé JM. Domenach, évoquant une décivilisation en reprenant la notion chez Péguy. Un peu plus tard, Pierre Jourde lancera un missile sur la littérature sans estomac. Le reste, cinéma, musique, pas grand-chose à part quelques œuvres de métal et de prog. Vingt ans de désert, mais, comme la nature médiatique a horreur du vide audiomatique, elle remplit ses programmes tel un lavomatique assoiffé de linge sale. Et les produits culturels frelatés et mauvais en ressortent blanchis après être passés dans les fenêtres médiatiques. En Afrique, les vieux lisaient quand ils étaient jeunes, mais, maintenant, c’est fini. Pourra-t-on encore dire que, quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui s’en va ? Dans soixante ans, un vieux qui mourra, ce sera un écran publicitaire qui partira, avec plein de vidéos "youtubées".

Vingt ans de désert, c’est caricatural, dira-t-on. Certes, mais tout étant relatif, il paraît aventureux de comparer les deux dernières décennies à celles qui précèdent. Y compris au niveau des innovations politiques ou des découvertes scientifiques. Ce qui a beaucoup changé, c’est la technique. Les progrès faits dans la transmission, la puissance de calcul, la miniaturisation, les mémoires, les matériaux, les machines diverses avec de plus en plus d’électronique embarquée. Et, bien évidemment, la productivité massique dans les usines. Mais notre civilisation, elle, semble se mourir lentement. Cela a commencé il y a vingt ans, mais nous ne voyions rien, à l’instar de la grenouille de la fable qui se prélasse dans la marmite placée sur le feu, l’eau se réchauffant peu à peu.

Le lent délitement de la civilisation s’est fait sur fond de progrès technologiques, de techniques de communication, gestion, finance, surveillance. Je pense que ça va choquer, mais je prends le risque au nom de la sincérité et de la liberté. Ce lent processus de décivilisation semble toucher tous les domaines de la société. Dans ses conséquences et ses ressorts, il ressemble à la période nazie en Allemagne, mais le processus est beaucoup moins violent, plus doux, idéologiquement distinct. Pas d’antisémitisme ni de militarisme conquérant. Juste un malaise de civilisation où les gestionnaires froids organisent la société presque scientifiquement, pour produire de la croissance. Si le nazisme fut bien un anti-humanisme, assorti d’une dictature sans précédent et de crimes contre l’humanité, le monde actuel est un a-humanisme, sans crime organisé, sans dictature autre que celle que consent le citoyen abreuvé de propagandes et publicités.

Des tas de signes de décomposition de la civilisation se dessinent. On les voit en examinant ce qui se passe dans les champs de la culture, l’éducation, les médias, les hautes études et la recherche. Si nous regardons de près, nous verrons, malgré des tas de résistances individuelles de gens éclatants et lumineux, une lente dégradation. Les médias qui ne savent plus informer, mais entretiennent les putes rédactionnelles qui tapinent dans les bureaux parisiens et de province. Fini les belles analyses. Pour devenir chef de rédaction, il faut plus être chef que bien rédiger. Exit les belles analyses savantes et érudites. Quant à la télé, elle produit des téléfilms sans saveur, pour une soirée consensuelle à s’emmerder ensemble, mais chacun chez soi. A l’Education nationale, des profs sont malmenés par des élèves tyranniques alors que parfois, quelques profs tyranniques trouvent en un élève l’exutoire à leur sadisme latent. A l’université, le sadisme est larvé, feutré, dans le secret des commissions, mais il existe. L’université est un grand corps malade dévoilant à lui seul le lent suicide de l’Occident. Des combines, des compromissions et des présidents autocrates. Malgré leur cravate et les robes qu’ils mettent dans les cérémonies, les présidents d’université sont les produits et les signes de ce malaise de civilisation. Ils se croient des grands chefs, mais pour étoilés qu’ils soient dans les décorations, ils sont toqués eu égard aux valeurs de civilisation. Les sciences sociales sont peu à peu supprimées, y compris dans l’enseignement secondaire avec un programme réduit au minimum. Pour faire des petits d’hommes les futurs insectes au service d’une caste supérieure d’élite. Eric Besson, Jacques Attali et tant d’autres, dans les cabinets, les administrations, sont les figures symboliques de ce que je n’ose pas appeler la n… du système pour ne pas encourir la foudre des tribunaux. Des personnages sinistres, sans vergogne, sans âme, ténébreux, malsains je le pense, mais ils ne le savent pas, du haut de leur innocence de gestionnaire pour la croissance.

Et les citoyens dans tout ça ? La plupart sont les complices involontaires de ce déclin de civilisation. Les autres passent à côté sauf quand ils prennent un coup dans le destin et que ça les interpelle pour une réflexion sur ce qui se passe. Une minorité éclairée voit ce qui se dessine. Ce n’est ni moche ni beau. C’est la fin de la civilisation telle qu’on l’a connue et pensée. Un nouveau monde voué à la technique et au jeu de la jungle économique. Un monde où il faut être laborieux plus qu’ingénieux, où il faut travailler plus parce que « le travail libère ». D’ailleurs, Sarkozy n’hésite pas à liquider le repos dominical, vendant ce qu’il reste de tradition et le sacrifiant sur l’autel d’un misérable dixième de point de croissance. Quand une société en est réduite à pratiquer ce genre d’audace, telle une vieille soldant un Rembrandt pour s’acheter une Golf, autant la déclarer atteinte d’un cancer en phase terminale et lui souhaiter une mort rapide qui n’aura pas lieu cette fois car le monde a appris à vivre dans le morbide. Adieu la renaissance sur de nouvelles bases. Quant aux Etats-Unis, rien ne permet de dire si Obama pratiquera des soins palliatifs ou bien sera le messie d’un nouveau monde, bien qu’on pense savoir. En France, Sarkozy a été élu par les vieux. Il est le président des soins palliatifs dont a besoin notre pays pour accepter de mourir lentement et laisser le passé d’une belle civilisation. Le président des petits chefs de l’organisation, la gestion, la sectorisation, l’élan de la croissance, pour un monde aussi réglé et efficace qu’un bagne travesti en une joie activiste, une économie dynamique, un plan de vie scandé par les achats dans les grandes surfaces et les boutiques de luxe, c’est selon. La force par la joie de la consommation, la perte dans les biens de l’avoir et du paraître, les narcisses se pavanant dans les médias et les lieux où l’on cause, où l’on singe la fureur de dominer et de gérer les mécaniques humaines. J’aurais aimé finir sur une note optimiste. Mais je vous dirais que, Yes, we can’t ! Je suis le prophète d’une terre qui ne vous sera jamais promise parce que vous dormez.


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40 réactions à cet article    


  • fred 7 novembre 2008 10:34

    C’est la fin d’une forme de civilisation, pas de LA civilisation.

    Tout ce que les hommes ont voulu mettre en place par le passé va bientôt pouvoir devenir réalisable.

    Et ça j’en suis sûr et c’est énorme smiley


    • spartacus1 spartacus1 7 novembre 2008 11:13

      @l’auteur qui dit : "Les Soviets, c’est le parti plus l’électricité disait Lénine. "

      Lorsque l’on fait une citation, encore faut-il qu’elle soit exacte ! En réalité, Lénine a dit "le communisme, c’est les soviets plus l’électricité".
      Après la mort de Lénine, alors que Trotsky tenait une réunion, il y a une panne de courant. Trotski se serait alors écrié : "Staline a supprimé les soviets et maintenant il coupe l’électricité". Je suis loin d’être trotskiste, je pense que le trotskisme conduirait aux même égarements que le stralinisme (la fin ne justifie pas forcément n’importe quels moyens), mais cela montre peut-être la lucidité de Trotski sur ce qu’allait devenir la révolution Russe.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 11:19

      merci pour cette rectification. J’espère ne pas avoir vexé Lénine


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2008 10:47

      Sinistre ! Mais moi qui croyais que la nouvelle modération empêchait l’incitation au suicide...

      Obama can’t
      Dugué can’t
      Emmanuel can’t...


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 10:52

        Hey Poet !

        you can’t get satisfaction and

        Bertrand can’t ah

        Et 2 fois 2 centimes d’euros versé par la Taverne and me pour Bernadette


      • La Taverne des Poètes 7 novembre 2008 11:00

        Quel joyeux drille !


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 11:04

        Le système pars en vrille
        Sans Malraux, une escadrille
        Formée de joyeux drilles
        luttant en espadrilles

        et viva la révolucion au Béarn


      • raymond 7 novembre 2008 10:59

        C’est en tous cas très joliment écrit, merci à Bernard , même si en éclairant la vraie couleur des choses autour de nous cela ne vas pas arranger un week end long et pluvieux


        • bof 7 novembre 2008 11:22

          Le constat est tout ce qu’il y a de réaliste.
          Mais je doute qu’il y ait même un président palliatif de quoi que ce soit.

          Le remède, s’il existe, est dans la volonté (éventuelle) de chacun de refuser la médiocrité intellectuelle.

          "Lourde tâche" disait le général de Gaulle. C’était à propos d’autre chose, mais n’empêche...


          • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 11:26

            Bonne remarque, qui résonne étrangement

            Mme de Gaulle était offusquée en entendant Pierre Perret sur les ondes

            Et qui donc était chez Taddéi hier soir, le même Perret, symbole de la grande culture française

            J’aimais bien Taddéi mais même cette émission fout le camp, je la regarde moins, les plateaux sont décevant


          • bof 7 novembre 2008 12:33

            On peut comprendre Mme de Gaulle, qui était d’une autre génération. Et même d’un autre siècle.

            Pour ma part je considère Pierre Perret comme un élément - entre bien d’autres - de la culture française plutôt que le "symbole de la grande culture française".

            Mais un tel amalgame fait partie des choses de ce temps, où l’on met (parfois) au même niveau les analyses politiques d’un Hubert Védrine et celles ... d’une Marion Cotillard par exemple (quoi qu’on pense ou pas du 9/11).
            Ou encore de quelques ’plumes’ plus ou moins célèbres d’Agoravox (à chacun de choisir dans la liste son ennemi intime préféré).


          • karg se 7 novembre 2008 11:23

            Les grandes démocraties, qui ont tout les moyens,ne font plus peurs parce qu’elles ne donnent pas l’exemple. Ceci ne peut plus durer, elles doivent êtres exemplaires, lier la parole à l’acte, comme Barrack Obama l’a dit. Alpha Oumar Konaré, ancien président malien, ancien président de la Commission de l’Union africaine.


            • Francis, agnotologue JL 7 novembre 2008 11:26

              Bonjour. Cet article très bien écrit ressemble un peu trop à mon goût, à une berceuse qui serait inspirée par nos gouvernants pour dire comme les employés de la PPE.

              Nous sommes à la veille d’une révolution qui n’aura peut-être pas lieux : par le biais de la propriété industrielle et des banques, une petite oligarchie s’est appropriée progressivement, au nez et la barbe des grenouilles que nous sommes, des pans entiers de la planète.

              Vous dites : "" Si le nazisme fut bien un anti-humanisme, assorti d’une dictature sans précédent et de crimes contre l’humanité, le monde actuel est un a-humanisme, sans crime organisé, sans dictature autre que celle que consent le citoyen abreuvé de propagandes et publicités"".

              Je ne pense pas du tout comme vous : les nouveaux maîtres du monde commettent tous les jours des crimes contre l’humanité, mais comme ce sont eux qui nous montrent le monde, il leur suffit de ne pas en faire état : l’incrédulité, ou devrais-je dire la crédulité des dindes suffit à faire taire les complotistes.

               


              • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 11:31

                Vous ne devriez pas écoutez Rocard qui rêve de traduire Friedman au TPI pour crimes contre l’humanité

                Quand Rocard ira le rejoindre, ça va chauffer la haut, espéront que le Très-Haut dispose d’un bon service d’ordre pour éviter les bagarres


              • geo63 7 novembre 2008 11:28

                J’apprécie beaucoup la qualité d’écriture de cet article et porte un oeil très voisin du vôtre sur ce qui nous entoure.
                Pourtant je ne peux pas m’empêcher d’être optimiste, là où vous semblez déchanter totalement, je veux parler des apports technologiques. J’ai vu naître l’informatique et le fantastique bond en avant qui a eu lieu en deux décennies dans tous les domaines liés, y compris les plus techniques...Il me semble difficile d’arrêter ce mouvement qui nécessairement apportera des choses nouvelles intéressantes (peut-être).
                D’accord, cette civilisation est merdique mais le gigantesque débat qui a lieu sur la toile actuellement à ce propos n’est-il pas un phénomène à prendre en compte pour une évolution future, c’est un des apports positifs des NTIC.
                Personnellement ce qui me flanque une trouille bleue c’est le marché éléphantesque des fonds spéculatifs (voir l’article récent de Michel Santi), l’éclatement de cette bulle serait terrible. Là nous touchons le summum de la crétinerie humaine liée au fric... !!


                • John Lloyds John Lloyds 7 novembre 2008 11:47

                  Article bien trop gentil à mon goût, limite démagogique, qui voit le monde actuel sans crime organisé, et les citoyens comme complices involontaires. Pourquoi involontaires, Mr Dugué ? Moi je dirais volontaires, on a l’ignorance qu’on veut bien se donner, c’est bien les citoyens qui renouvellent et prorogent le système, qui effectivement est sur sa fin. Ils n’auront que ce qu’ils méritent, et quand les faux procèderont aux décapitations, leurs cris ne seront que leur miroir. L’ère du droit naturel arrive au galop, et quand vous pensez à Heidegger, moi je penserais plus à Stirner. Pourquoi cette tiédeur, Mr Dugué ? Allez donc jusqu’au bout de votre logique, si bien commencée.


                  • bof 7 novembre 2008 12:22

                    Mais si : involontaires

                    Parce que beaucoup n’ont pas réellement conscience de ’mal agir’.
                    Tout le monde peut être tenté d’acheter un T-shirt made in China, tellement moins cher que ceux faits en Europe. Qui pense à ce moment-là qu’il favorise les délocalisations ?

                    Autre exemple : Le flot s’est évidemment tari ces derniers mois. Mais combien n’ai-je pas vu de ces petits porteurs ordinaires (oui, oui : comme vous et moi) qui suivaient régulièrement le cours des quelques actions - de leur propre entreprise - qu’ils avaient acheté pour un ou deux milliers d’Euros, et que j’entendais se plaindre de ces mêmes délocalisations. 
                    On peut choisir de scier la branche sur laquelle on s’est assis, bien sûr. Mais ceux-là ne s’en rendent même pas compte. 
                    Et il ne s’agit pas de cyniques dirigeants bardés de stock-options et parachutes dorés. Non, non, non : des gens tout à fait ordinaires...


                  • pallas 7 novembre 2008 12:34

                    Si tu dors et que tu rêves que tu dors, il faut que tu te réveilles deux fois pour te lever


                    • pallas 7 novembre 2008 12:56

                       L’obéissance ne suffit pas. Comment, s’il ne souffre pas, peut-on être certain qu’il obéit, non à sa volonté, mais à la vôtre ? Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l’on a choisies. Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ? C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendait être fondée sur l’amour et la justice. La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout.
                      Nous écrasons déjà les habitudes de pensée qui ont survécu à la Révolution. Nous avons coupé les liens entre l’enfant et les parents, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la femme. Personne n’ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n’y aura ni femme ni ami.
                      Il n’y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d’un ennemi. Il n’y aura ni art, ni littérature, ni science. Quand nous serons tout-puissants, nous n’aurons plus besoin de science. Il n’y aura aucune distinction entre la beauté et la laideur. Il n’y aura ni curiosité, ni joie de vivre. Tous les plaisirs de l’émulation seront détruits. Mais il y aura toujours, n’oubliez pas cela, il y aura l’ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s’affinera de plus en plus. Il y aura toujours, à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant. Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain... éternellement.

                      Et souvenez-vous que c’est pour toujours. Le visage à piétiner sera toujours présent. L’hérétique, l’ennemi de la société, existera toujours pour être défait et humilié toujours.



                      • LE CHAT LE CHAT 7 novembre 2008 13:06

                        Yes, we can’t 

                        Ben oui , à part pour sauver les banquiers et les affairistes , pour les autres les caisses sont vides a dit Fillon ! smiley


                        • Yannick Harrel Yannick Harrel 7 novembre 2008 13:11

                          Bonjour Bernard Dugué,

                          Je constate que les questions civilisationnelles vous obsèdent. Remarquez vous avez vraiment raison car nous vivons une époque passionnante en ce contexte de crise et de redistribution des cartes géopolitiques. 

                          Pour ma part je reste très pragmatique vis à vis de la dernière élection présidentielle Américaine, et je crois fortement que l’on place des espoirs tellement fous en Obama que nombre de mes coreligionnaires risquent d’être déçus. Aux Etats-Unis il est des puissances qui impriment et même imposent leur marque au pouvoir en place, et ça nul Président ne peut y échapper. De plus, Obama comme Biden ont été très clair : les Etats-Unis doivent conserver leur leadership mondial, tout en continuant à vivre à crédit sur le dos des autres pays.

                          Pour le reste, ce qui m’inquiète le plus c’est le raidissement des sociétés occidentales. Le la ayant été donné outre-atlantique pour s’étendre au vieux continent. En effet, j’observe à la fois un doute intérieur sur le modèle civilisationnel proposé (voire même une auto-flagellation avec l’obsession morbide de la repentance) et un contrôle social de plus en plus ténu vis à vis de la population, fusse en multipliant les mesures d’exception. Le phénomène devient inquiétant et augure rarement de lendemains qui chantent...

                          Cordialement


                          • La Taverne des Poètes 7 novembre 2008 14:08

                            La joie de vivre de l’auteur est communicative : you-pie ! smiley


                          • Nathan Nathan 7 novembre 2008 14:15

                             C’est futurama.


                            • mcm 7 novembre 2008 14:23

                              "Des tas de signes de décomposition de la civilisation se dessinent."

                              Je dirais même que tous les progrès technologiques était déjà joués en 1960, et que depuis un demi siècle nous vivons sur leur exploitation.
                              Notre civilisation est morte, les dernières soubressauts qu’on y constate ne sont pas les derniers signes vitaux, mais l’agitation des vers qui parcourent le cadavre ! 
                              C’est sûr qu’une autre société meilleure naitra des cendres, je ne serais sans doute pas là pour y vivre, mais je souhaite qu’elle vienne vite et avec le moins de souffrance possible, bien que je vois mal comment les charognards abandonneraient sans violence le cadavre.

                              Bravo monsieur Dugué, votre analyse est d’une précision remarquable. 
                               


                              • fouadraiden fouadraiden 7 novembre 2008 14:50


                                 on dirait Attali qui parle de l’origine et de la fin du monde. je ne sais plus quel critique disait de ce type de livres qu’ils représentaient le mal français par excellence.


                                 Pourrions- ns distinguer l’Occident du début de la fin des Occidentaux ?


                                • 3°oeil 7 novembre 2008 16:10

                                  Malheureusement à ce stade , c’est par le sang que les gens de biens mettrons fin à cette pathocratie mondiale,regardez bien les yeux froid d’Obama,les psychopathes se reconnaissent entre eux...


                                  • Antoine Christian LABEL NGONGO Antoine Christian LABEL NGONGO 7 novembre 2008 17:07

                                    Eric Weil le formule ainsi : « si l’espérance est nécessaire afin que l’homme entreprenne, cette espérance, maintenant veut. L’homme veut la fin des temps historiques » et il ne veut plus se contenter de l’attendre.

                                     « L’homme à notre époque, agit, veut agir, prétend agir, en tout cas, se comprend comme un être agissant, et agissant en vue de la fin de cette histoire qu’il ne connaît que trop bien. Il se sent responsable, sinon individuellement, du moins comme membre de la communauté humaine, et affirme que, si l’histoire dure encore, c’est de sa faute et qu’il doit changer, qu’il peut changer le cours des choses.
                                     Cela est nouveau
                                     ».
                                     S’il faut chercher des causes de ce revirement, elles ne font guère mystère, car elles s’inscrivent dans la logique même de la Modernité. Le projet techniciste de conquête de la Nature devait nécessairement conduire à celui d’une conquête de l’Histoire. L’homme se considère comme « maître et seigneur de la nature d’abord, et de l’histoire ensuite ». On ne peut pas seulement exercer la volonté de puissance, car son exercice même est une forme de conscience en devenir et une forme de conscience qui se cherche et veut façonner un monde à sa propre image. Si la fatalité est un concept que nous pouvons toujours admettre au niveau individuel, du moins pensons-nous, au niveau collectif, que l’effort de la communauté humaine conduira à façonner des conditions de vie qui seront meilleures. Le point important est que désormais, nous ne pouvons plus reléguer la responsabilité de l’état de fait actuel sur un agent externe. Nous sommes les artisans de notre propre destin. Nous devons faire ce qui est nécessaire dès maintenant pour que la fin de l’Histoire se réalise.
                                     La fin de l’histoire est en vue, puisque nous voyons ce qu’elle doit être et que nous sommes à même de la mener à son but. Sans doute, nous pouvons échouer ; mais l’échec encore sera notre échec, non la cécité du sort ou la méchanceté d’une puissance malveillante.
                                    Pourquoi le YES WE CAN’T T, est ce une erreur de frappe ? Comme dit Barack Hussein OBAMA : "Lorsque nous avons surmonté des épreuves apparemment insurmontables ; lorsqu’on nous a dit que nous n’étions pas prêts, ou qu’il ne fallait pas essayer, ou que nous ne pouvions pas, des générations d’Américains ont répondu par un simple credo qui résume l’esprit d’un peuple."
                                    Oui, nous pouvons. ou alors YES we can
                                    Je ne crois pas que ce dernier élu dans un premier temps pour quatre ans, s’il évite tous les futurs attentats racistes qui sont fomentés contre lui, ait un instant prétendu être le remède à tous les MAUX. Ce qui est clair, cet homme représente un ESPOIR pour le monde. Maintenant, je pense qu’il faut être REALISTE, il ne pourra tout faire. Car tout ce que son prédécesseur aura laissé ne peut être dissous ou réparé en quatre ans. La seule chose qu’il doit faire est de répondre aux besoins urgents et gérer au cas par cas. Je me souviens encore de l’arrivée d’un certain François MITTERAND en 1981 dans mon internat, les copains de terminale et première qui étaient heureux et dansaient de joie. La France a vite déchanté, a t’il réalisé correctement ne serait -ce que la moitié de ses propositions ?
                                    En joignant le président OBAMA, on pourrait dire que : Son credo était inscrit dans les documents fondateurs qui déclaraient la destinée d’un pays. " Oui, nous pouvons."
                                    OBAMA nous dit : " Il a été murmuré par les esclaves et les abolitionnistes ouvrant une voie de lumière vers la liberté dans la plus ténébreuse des nuits. "
                                    Oui, nous pouvons.
                                    "Il a été chanté par les immigrants qui quittaient de lointains rivages et par les pionniers qui progressaient vers l’ouest en dépit d’une nature impitoyable."
                                    Oui, nous pouvons.
                                    "Ce fut l’appel des ouvriers qui se syndiquaient ; des femmes qui luttaient pour le droit de vote ; d’un président qui fit de la Lune notre nouvelle frontière ; et d’un King  Martin Luther King qui nous a conduits au sommet de la montagne et nous a montré le chemin de la Terre promise."
                                    "Oui, nous pouvons la justice et l’égalité. Oui, nous pouvons les chances et la prospérité. Oui, nous pouvons guérir cette nation. Oui, nous pouvons réparer ce monde. "
                                    « Oui, nous pouvons. »
                                    Bernard DUGUEqui se dit le philosophe doit pouvoir croire en l’espérance. Eric Weil qui est un philosophe le formule ainsi : « si l’espérance est nécessaire afin que l’homme entreprenne, cette espérance, maintenant veut. L’homme veut la fin des temps historiques » et il ne veut plus se contenter de l’attendre. « L’homme à notre époque, agit, veut agir, prétend agir, en tout cas, se comprend comme un être agissant, et agissant en vue de la fin de cette histoire qu’il ne connaît que trop bien. Il se sent responsable, sinon individuellement, du moins comme membre de la communauté humaine, et affirme que, si l’histoire dure encore, c’est de sa faute et qu’il doit changer, qu’il peut changer le cours des choses.
                                     Cela est nouveau
                                     ». S’il faut chercher des causes de ce revirement, elles ne font guère mystère, car elles s’inscrivent dans la logique même de la Modernité. Le projet techniciste de conquête de la Nature devait nécessairement conduire à celui d’une conquête de l’Histoire. L’homme se considère comme « maître et seigneur de la nature d’abord, et de l’histoire ensuite ». On ne peut pas seulement exercer la volonté de puissance, car son exercice même est une forme de conscience en devenir et une forme de conscience qui se cherche et veut façonner un monde à sa propre image. Si la fatalité est un concept que nous pouvons toujours admettre au niveau individuel, du moins pensons-nous, au niveau collectif, que l’effort de la communauté humaine conduira à façonner des conditions de vie qui seront meilleures. Le point important est que désormais, nous ne pouvons plus reléguer la responsabilité de l’état de fait actuel sur un agent externe. Nous sommes les artisans de notre propre destin. Nous devons faire ce qui est nécessaire dès maintenant pour que la fin de l’Histoire se réalise. « La fin de l’histoire est en vue, puisque nous voyons ce qu’elle doit être et que nous sommes à même de la mener à son but. Sans doute, nous pouvons échouer ; mais l’échec encore sera notre échec, non la cécité du sort ou la méchanceté d’une puissance malveillante .

                                    • Antoine Christian LABEL NGONGO Antoine Christian LABEL NGONGO 7 novembre 2008 17:09

                                       smileyMince deux fois la copie sur Eric Weil, bof ! smiley


                                    • Idaho Idaho 8 novembre 2008 15:23

                                      Hum,

                                      J’ai peur de mal comprendre mais tout ceci est effrayant car vouloir "la fin des temps historiques" c’est très dangereux. C’est quelque chose comme la tentative de forger l’homme soviétique sous Lénine et Staline ou par la révolution culturelle en Chine ou bien de faire sortir des fumées des fours crématoires l’Allemand d’un reich de mille ans. De toute façon c’est là l’écueil d’une sortie "des temps historiques" ; nul doute que Marx, Hitler et quantité de possédés de leurs propres convictions aient [cru voir ce que doit être la fin de l’histoire et ont pensé être à même de la mener à son but]. On peut songer aussi aux Khmers Rouges ; ils ont commencé quelque chose comme une révolution communiste, ont perdu le fil en route et ont fini en massacrant leur propre peuple hors de tout propos, de toute histoire.

                                      Méfiez-vous de l’humain ! Il connaît l’homme, Eric Weil ? Le connaîtrait-il, il ne parlerait pas ainsi. "[Nous voyons ce que doit être la fin de l’histoire]", ce sont les propos d’un fameux tautologue : je pense comme-ci, tout le monde pense comme moi (sous entendu : s’il est un rien intelligent).

                                      Et notez bien qu’il a l’intuition de l’échec et qu’il est déjà prêt à faire porter sur certains la responsabilité de cet échec : "l’échec sera NOTRE échec, non la cécité du sort ou la méchanceté d’une puissance malveillante". Comment serait-ce NOTRE échec quand il nous aura tellement prévenu ? Bien entendu ce sera l’échec de NOUS moins Eric Weil et ceux qui l’écouteraient. Pour la énième fois ce sera la faute des koulaks, des Juifs, noirs, Arabes, Chrétiens, ...

                                      NON nous ne voyons pas ce que doit être la fin de l’histoire ! NON, nous ne voulons pas "la fin des temps historiques" ; que toujours les leçons de l’Histoire portent, bien plutôt !

                                      Et prendre les leçons de l’Histoire ce n’est pas "attendre" la fin de l’histoire mais la scruter avec la plus grande prudence pour éviter de commettre à nouveau les erreurs du passé et progresser, par exemple, vers l’accomplissement des droits de l’homme. Il y a beaucoup de travail, nous ne savons presque rien, nous ne savons pas comment et donc nous ne savons pas si nous y arriverons.

                                      Que la seule Puissance bienveillante nous vienne en aide et nous pardonne ; nous, nous voulons faire de notre mieux.


                                    • herbe herbe 7 novembre 2008 18:17

                                      Le ton de l’article me fait penser à celui d’un ouvrage uppercut de Gilles Châtelet :
                                      "Vivre et penser comme des porcs"

                                      Dans cet article :http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CHATELET/10825.html
                                      Gilles Châtelet convie à relire Marcuse ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcuse ).

                                      Je trouve que c’est tout à fait connexe à votre article et ça commence aussi avec Bob Dylan !


                                      • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 novembre 2008 21:11

                                        En effet, manufacture du consentement, la messe est dite
                                        Dans Vendredi, un billet sur les propos de Joe Bageant, évoquant des travailleurs qui ne sont pas assez mécontents pour déclencher une révolte de classe, parce qu’ils ont des revenus et des divertissements moyens

                                        Nous y sommes. Au coeur du diagnostic

                                        Obama, c’est du leurre si on en croit cet analyste qui sait qu’Obama s’identifie avec la classe dominante. Moi je n’en sais rien bien qu’ayant déjà évoqué toutes ces choses dans de précédents billets, y compris la nécessité de relire Marcuse

                                        Le combat, ou du moins si je devais combattre, ce serait dans tous les domaines, politiques, équité, économie, sciences, savoirs, universités, recherche, médias. Tout est médiocre, tout doit se transformer ou se détruire. Le combat est double, aider à transformer ce qui doit l’être et détruire ce qui doit l’être.


                                      • moebius 7 novembre 2008 22:50

                                        si le grain ne....


                                        • Blue boy Blue boy 8 novembre 2008 00:51

                                          Je trouve l’article intéressant, lucide et bien écrit, mais si je ne partage totalement pas le désenchantement de son auteur.
                                          En tant que pessimiste positif, je pense que le court terme s’annonce difficile (voire catastrophique), mais qu’avec le long terme emergera peut-être autre chose d’entièrement différent, on ne sait pas encore quoi, une nouvelle ère, une prise de conscience à la fois globale et individuelle, un nouvel Homme, de toute façon on ne pourra pas continuer selon le schéma actuel mortifère.
                                          Et puis si la fin du monde arrive parce que l’homme ne veut pas changer, après tout la Terre ne s’en portera pas plus mal, elle survivra elle.


                                          • Blue boy Blue boy 8 novembre 2008 00:56

                                             smiley smiley smiley smiley


                                          • timiota 8 novembre 2008 01:00

                                            Bernard, vous me faites penser aux pages sombre de l’autre Bernard, Stiegler.

                                            Ainsi que plusieurs posts ci-dessus.

                                            Stiegler parle de "pharmaka" , de possibilité de doser/gérer les poisons qui nous assaillent, vectorisés par les technologies, (nano ou pas nano), et qui prospèrent sur la baisse tendancielle du désir.

                                            Baisse liée à la capacité des ci-devant octets et pixels à atteindre nos cerveaux disponibles mieux que tout le reste (il y avait un truc sur l’internet du soir chez les cadres, sur france-info : révélateur). Donc c’est une compétition même pas darwinienne qui "drive" la boucle octets-pixels-neurones, compétition ou le but sera en gros de mettre le bon nombre de transistors d’une puce au contact le plus intime avec le cervelet, aujourd’hui via nerfs optiques et auditifs, demain via le corps (Wii), il n’y a pas de limite à "l’hybridation effective" entre machine neuronale et processeur silicium (je parle aussi au jeune Bernard D. de la biologie théorique, qui a lu Heidegger depuis).

                                            Dans la prose de ces temps-ci, on trouve d’ailleurs des tentatives de "cata-strophé", de réécrire la dernière strophe, ...chez nos amis socialistes, pourtant embourbés de chez les embourbés. Le livre de Peillon et l’attitude fraternitesque de la poitevine sont tout à fait des incantations et des hymnes religieux et ne s’en cachent quasiment pas :religieux au sens de "remettre du culte" pour domestiquer le cerveau a-disponible autrement.
                                            Plus précisément, Peillon rappelle l’hymne des socialistes "oubliés" vers 1848 (Quinet, ...jusqu’à Jaurès plus tard), hymne pour une humanisation "cultuelle" du socialisme, et appobation peu voilée de la forme cultuelle du protestantisme chez Peillon relisant et remettant l’histoire à l’endroit à son gout (je n’avais pas trop vu qu’elle fût distordue autant qu’il le prétend..., 1905 puis Tours en 1920 , ça m’ eut un peu échappé).

                                            Pour finir sur l’impact techno-> humanité/civilisation, une des analyses de ces jours-ci sur Obama montrait le rôle allégué des noyauteurs de la silicon valley dans la campagne, capable de commuer les lassants cercles sociaux internet en formidables outils web 2.xy qui drainent fonds de campagne et qui alors oeuvrent pour une éducation politique minimale (ouais ouais aux States, faux relativiser).
                                            Eh bien, c’est cela, un tout petit peu de pharmaka : ces ci-devant octets et pixels peuvent le faire, là où journaux et médias "classiques" semblent en butée, et les esprits (dont celui que vous dites nous montrer dans votre article, et que je crois bien être le vôtre) les esprits, donc, débandent.

                                            Il faut juste que les nouvelles mnémotechniques trouvent des choses à soigner vraiment, (au sens de prendre soin). C’est vraiment difficile, ...d’ailleurs la lecture d’un blog sur le soin des plantes ou des chevaux est beaucoup moins déprimante qu’Avox (sauf si les pucerons cuachemardesques résistent aux chimies et au glyphosate conseillé dans ledit blog). 
                                            L’éloignement de la matérialité, le remplacement du bricolage bois-vis par le clips plastique non bidouillable a restreint le travail manuel à peu de chouettes choses , à moins de jurer par l’ikebana etc. Mais là encore des pharmaka existent. L’imprimante 3D sera peut être abordable dans un futur proche, vous pourrez faire un socle à votre black berry à l’effigie de Herbert Marcuse en quelques clics.
                                            (Je vous conseille aussi le peu commun musée de la chaussure de Lausanne, un réduit de 12 m2 de paléo anthropologie un brin magique, tenu par un futur Lévi-Strauss de la chausse )

                                            Bon, Bernard, c’était la dépression d’automne, ce " can’t " (le hic du can’t est quantique) , je vais lire votre autre papier plus haut, je ne vous en veux pas tant que vous ne nous la faites effectivement pas dans le style tout-va-mal du Diplo, qui m’a lassé.


                                            • Christoff_M Christoff_M 8 novembre 2008 06:06

                                               article tres interessant... le repli sur la consommation grandes surfaces maison famille est flagrant chez nous...

                                              l’obamania délirante a de quoi inquiéter, elle meuble surement chez nous le vide de nos partis politiques qui sentent la poussière, ou les plus "jeunes" sentent déja le vieux et paraissent si loin du yes we can...

                                              une Europe qui fait du sur place et qui exploite dans ses médias tout nouveau fait planétaire comme si cela allait changer quelque chose ici bas... la réation et la publicité chez nous sont révélatrices d’un manque d’esprit à l’image de la platitude des candidats et des élus qui sont censés nous représenter !!

                                              alors dans ce marasme, dans ce contexte, Obama évidemment, pour beaucoup de gens, c’est extraordinaire !!


                                              • JIV 8 novembre 2008 08:48

                                                Bonjour Bernard,

                                                Je vais abonder dans ton sens plus que tu l’imagines et plus loin encore .

                                                Je veux dire : plus vite l’espèce humaine aura dégagé, plus vite notre chère planète avec ses petits oiseaux, ses papillons et ses beaux arbres verts reprendra un nouveau souffle et respirera enfin !

                                                Plus de déchets toxiques, plus de traces d’avions dans le ciel, plus de pollution des océans, plus d’espaces betonnés.

                                                Yes WE CAN : faisons un geste pour notre planète !

                                                DISPARAISSONS !


                                                • Blue boy Blue boy 8 novembre 2008 14:20

                                                  oui, pourquoi pas, sauf que certains déchets toxiques et nucléaires seront toujours dans des milliers d’années, même après une hypothétique disparition de l’espèce humaine.....


                                                • omar omar 8 novembre 2008 18:23

                                                  Un écrit majeur.

                                                  Finalement vous êtes bien plus pragmatique que vous ne le laissez croire dans certains de vos articles. Toutefois, on sent bien que vous vous retenez, est-ce par désir de produire des écrits équilibrés, pour susciter le consensus le plus large ou ne serait-ce que les limites que vous vous êtes fixé ?

                                                  Quand on est conscient comme vous l’êtes de cette déréliction civilisationnelle on ne peut faire l’impasse sur les phénomènes et la dynamique qui nous y mène progressivement. Comme certains commentaires ci-haut le rappelle, nous avons tous notre part de responsabilité. La naïveté et l’individualisme ne sont pas des excuses et les quelques comparses qui président à la destinée de milliards d’autres ne le peuvent que parce que nous le permettons, nous leur laissons le champs libre, en fait un véritable autoroute et la liberté de mener toutes les expérimentations possibles et imaginables.

                                                  Vous avez abordé le sujet de l’éducation à propos de l’université, à mon sens c’est la clé du changement mais ce changement n’est possible que si la mission de l’école change radicalement. Au lieu de construire des outils humains pour des tâches prédéterminées, l’éducation au sens noble du terme devrait accompagner et aider des êtres humains à se construire eux-mêmes dès le plus jeune age. C’est peut-être une utopie mais c’est chez les jeunes que l’on peut trouver la souplesse et l’ouverture d’esprit nécessaires à de tels changements, les adultes quand à eux sont par trop conditionnés.

                                                  Vous avez aussi évoqué l’innovation technologique et les découvertes scientifiques, dans ce domaine aussi les dés sont pipés : Si la mission de l’école est de produire des outils, fussent-ils les plus pointus et les plus spécialisés, ils ne seront pas en mesure de faire des découvertes dans des domaines autres que ceux auxquels leurs cursus les prédestine. On pourrait penser que les découvertes majeures sont derrière nous mais cela sonne faux, aujourd’hui le secteur privé guide la recherche dans les domaines d’activité rentables. Peut-on toujours appeller cela de la recherche scientifique ? 

                                                  Plus encore, quand je lis l’expression :"Galilée découvrit la loi des.." je ne peux m’empêcher de repenser aux difficultés quasiment insurmontables à l’échelle d’une vie humaine des découvreurs d’antan, surtout quand ils ont eu affaire à l’ignorance crasse et au conservatisme de leur contemporains. On pourrait être tenté de croire que la situation n’est plus la même en notre époque éclairée des technologies de l’information. Que nenni ! La situation est pire encore car nous n’avons même pas l’excuse du fondamentalisme religieux, les raisons qui font et défont les lumières de notre siècle ne sont que pécuniaires et grégaires, une simple histoire de pouvoir. Il n’est pas utile je pense d’itérer une litanie recensant les savants maudits et les chercheurs exclus, Pierre Lance a écrit sur ce sujet et il semblerait qu’un volume n’est pas suffit...


                                                  • eric 8 novembre 2008 22:07

                                                    Vous décrivez remarquablement bien la dégradation intellectuelle et morale de toute une partie de notre société. Medias, enseignement, recherche, secteur culturel. Ces milieux semblent en effet marqué par une sorte de dépression. Il mes semble qu’il faudrait aller plus loin.

                                                    En moyens, personnels concernés et crédits, tant en pourcentage du pib qu’en valeur absolue, on ne leur a jamais consacré autant d’argent qu’aujourd’hui.

                                                    Ces secteurs sont majoritairement peuplé de publics dont les préférences politiques sont à gauche.
                                                    Il est aussi notable qu’ils ont peu d’enfants.
                                                    Sociologiquement, ils rassemblent un classe moyenne majoritairement investie dans l’appareil d’Etat para étatique ou dépendant de l’Etat ( notre presse quotidienne, au 30 ème rang mondial, est soutenue a bout bras par l’Etat)

                                                    A contrario, vous faites l’économie d’approcher d’autres pans de notre société qui semblent résister encore et toujours à la déprime, et surtout à la fascination pour la consommation.
                                                    A tous les niveaux de revenu, faire le choix d’un troisème enfant c’est renoncer spontannément au niveau de consommation de ses pairs.
                                                    Sociologiquement, on y retrouve pêle mêle des travailleurs emmigrés et des électeurs front national des cathos et des bourgeois. Des riches et des pauvres. Dans l’ensemble, des publics majoritairement peu engagés à gauche.

                                                    Enfin vous jugez les citoyens complice de ce "totalitarisme mou. , ils "n’agissent pas", "Ils ne comprennent pas" ce que comprend "une élite éclairée ;

                                                    Compte tenu du fait que le niveau éducatif n’arrête pas de monter, ( 80% d’une clase d’âge se rapproche du niveau bac) cela signifie qu’une population de plus en plus formée adhère de moins en moins à ce que raconte" l’élite" éclairée" qui par ailleurs est très largement impliquée dans ce processus de formation.

                                                    D’ou ma question : ne confondez vous pas une remise en cause du rôle social de votre "élite éclairée" avec une crise de civilisation ?







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