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Accueil du site > Tribune Libre > Sur la prostitution

Sur la prostitution

Vous vous en souvenez peut-être, c'était il y a plus d'un an, en mars 2010. Chantal Brunel, députée UMP, ancienne porte-parole de l'UMP, avait provoqué au sein de l'actuelle majorité un mini-séisme en demandant la réouverture des maisons closes. Les journaux avaient embraillé sur le sujet au lendemain du premier tour des élections régionales, ce qui avait provoqué la fureur de Jean-Luc Mélenchon face à ahuri d'apprenti journaleux toujours prêt à embrayer sur tout et n'importe quoi pourvu que ça ne concerne pas l'argumentaire de son interlocuteur.

Depuis 2009 existe le STRASS, "syndicat du travail du sexe", "indépendant et autogéré", qui réclame la dépénalisation pure et simple de la prostitution.

Enfin, tout récemment, j'ai eu l'occasion de mener un débat mouvement avec des amis de gauche "bien-pensante" sur le sujet.

Cet article est une reprise d'un article de mon blog.

Il est temps que je donne en ces lieux mon opinion sur le sujet.

C'est clair, net et précis : je considère la prostitution comme une activité tendant à avilir la personne humaine.

Jusqu'à présent, pour tenter de me convaincre que la prostitution était légitime à être légalisée, on m'a régulièrement sorti trois arguments. Tous trois fallacieux.

  • On m'a dit que certain(e)s n'avaient pas le choix que de se prostituer pour survivre. C'est vrai. D'autres n'ont pas le choix de voler pour survivre. Va-t-on légaliser le vol pour autant ? Va-t-on le réglementer ? Certainement pas. S'il est évident qu'il faut faire preuve envers celui qui viole la loi pour défendre son existence de toute la mansuétude possible, et ne pas le considérer comme coupable de principe, il serait faux de penser que la résolution de sa situation trouverait source dans la légalisation de son état.
    C'est en réglant le problème social et seulement ainsi qu'on donnera au miséreux réduit aux plus extrêmes nécessités, contraint de voler, de se prostituer, ou pire encore, pour simplement survivre, une amélioration de sa condition.
  • On m'a aussi rétorqué que, et c'est vrai, il se trouve des individus qui trouvent avantage et satisfaction à se prostituer. Cet argument est plus fallacieux encore que le précédent. L'humanité est ainsi faite qu'il se trouvera toujours facilement les tendances les plus malignes soutenues sans contrainte par quelques individus.
    Va-t-on prendre prétexte du désir de certains d'être asservis pour rétablir l'esclavage ? Non. Ce n'est pas au bon gré de tel ou tel qu'il faut se référer, mais bien à ce que l'intérêt général commande. Mon opposition à cet argument est la même qui me fait rejeter l'idée selon laquelle il faudrait sanctuariser le contrat plutôt que la loi.
  • On a aussi souvent argué que la prostitution (pardon, "le travail du sexe") était "un métier comme un autre". C'est faux. Marchander l'usage de son corps n'est pas "un métier comme un autre". Un "métier comme un autre" marchande une force de travail, et non une disposition loisible d'un élément fondamental de l'intégrité individuelle.
    Que cela soit ou non librement consenti, la marchandisation du corps, c'est-à-dire d'une partie même de la personne, s'oppose aux droits les plus fondamentaux et les plus élémentaires de la personne humaine, droits qui sont inaliénables et imprescriptibles. Pareille situation ne peut être considérée comme ordinaire.

Le sens même de la civilisation est d'empêcher, y compris quelques fois contre leur gré, les êtres humains d'être avilis et exploités. C'est pourquoi je m'oppose à toute légalisation de la prostitution.


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50 réactions à cet article    


  • Raymond SAMUEL paconform 22 septembre 2011 09:00

    On vous objectera que la plus grande partie des salariés (et même des non salariés) se prostituent plus ou moins dans les faits, tout comme les prostituées (és).
    Et au delà, la société tout entière en est bloquée, justement parce que : « on ne peut pas faire autrement » !

    Il reste l’aliénation de son corps dans ce qu’il a de plus intime, dans le cas de la prostitution.
    A comparer avec les amiantés, les gazés, les irradiés (qui « se cachent pour mourir »), les enfants battus et toutes les activités nouricières ou sociales qui avilisent et parfois détruisent le corps et l’esprit.

    Ceci dit, je suis tout à fait contre la légalisation de la prostitution, comme de toutes les dérives. Essayons au moins de garder le cap, et fermement...


    • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 09:17

      Ah mais le salarié peut certes avoir le sentiment de se prostituer en vendant explicitement sa force de travail à autrui. Et pourtant, son employeur ne fait pas autre chose, et pareil pour son voisin artisan et le commerçant du bout de sa rue. Il n’est pas nécessaire d’être salarié pour marchander sa force de travail. Cela concerne toutes les activités et dans tous les secteurs, y compris les moins productifs. Mais je n’ai jamais trouvé d’autre exemple où l’on marchande ainsi une disposition du corps. Même le domestique ne marchande pas la disposition de sa personne.
      Après, il est fort possible aussi qu’il existe des abus, mais ce sont justement des abus, des actes illégaux, qu’il convient de punir avec fermeté.

      Par contre, je ne vois pas tellement le rapport entre la prostitution et votre parallèle sur les amiantés, gazés, irradiés, enfants battus, activités nouricières ou sociales qui parfois détruisent le corps ou l’esprit...


    • Kalki Kalki 22 septembre 2011 13:35

      Bah pourquoi voulez autoriser la prostitution quand il y a les robots android sexuels

      en voulant une question intérressante, j’attend vos réponses ... :)


    • minidou 22 septembre 2011 10:52

      La prostitution non contrainte, si elle découle parfois de difficultés économiques, relève de la liberté sexuelle (qui êtes vous pour dire avec qui et comment les gens doivent coucher).
      La repression de celle-ci prive la société des moyen de lutter efficacement contre l’esclavage sexuel, et prive les personnes prostituées volontairement de la protection normale de la société à laquelle elle a droit (droits sociaux, droits à la protection comme n’importe quel autre citoyen).
      Votre bien-pensance est peut-être confortable intellectuellement, mais elle pousse de nombreuse personnes dans la misère, la précarité et l’insécurité, sans pour autant régler les problèmes de traite. En bref perdant sur tous les tableaux : limitation injustifiée de la liberté individuelle, non protection de citoyen exerçant une activité qui n’est pas illicite en elle même, echec dans la protection des femmes victimes du proxenetisme... Que du bon quoi !


      • wolver wolver 22 septembre 2011 12:32

        « elle pousse de nombreuse personnes dans la misère, la précarité et l’insécurité, sans pour autant régler les problèmes de traite »

        On peut pousser la logique jusqu’au bout avec ce genre de raisonnement.

        scénario : « Je suis maman de 4 enfants, que j’adore, mais en ce moment la vie est très dure. Je croule sous les dette, mes enfant n’ont plus d’assurance, mon mari est au chomage, on a plus de voiture, bientot plus de chauffage et j’en passe. j’aurai pu me prostituer mais ça fait longtemps que je ne suis plus désirable alors j’aimerai bien vendre un de mes reins dans en premier temps. j’ai besoin de 150 000euros pour payer mes dettes et subvenir l’avenir de mes enfants donc je pense qu’une loi devrait exister que l’on puisse decider ce que l’on veut faire de notre corps, du moment que c’est un commerce entre deux personnes consentantes , où est le problème. »

        « Le sens même de la civilisation est d’empêcher, y compris quelques fois contre leur gré, les êtres humains d’être avilis et exploités. » j’acquièce à 100%.


      • minidou 22 septembre 2011 15:30

        Wolver :
        Je ne vois pas le rapport entre ma phrase et votre propos.
        Je ne présente aucunement la prostitution comme une solution à la misère, mon propos est de dire que le cadre légal actuel conduit les personnes qui se prostituent à des situation terrible de misère et de précarité, non en raison de l’activité elle même, mais en raison de sa répression...La politique de repression empire la situation des prostituées qu’elles soient volontaires ou non.
        Or en la matière la priorité devrait être la protection de ces personnes.
        Or sous le couvert de votre soit-disant supériorité morale, et par une sorte de féminisme devoyé qui fait de la femme une victime permanente incapable de faire des choix en connaissance de cause, vous leur refusez cette protection.
        Je constate aussi qu’aucun argument rationnel ne m’est opposé.


      • minidou 22 septembre 2011 15:32

        Je veux ajouter que je me méfie au plus haut point des bienfaiteurs de l’humanité qui souhaitent faire le bonheur des gens contre leur gré.


      • perlseb 22 septembre 2011 17:52

        La prostitution non contrainte, si elle découle parfois de difficultés économiques, relève de la liberté sexuelle.

        Quelle phrase alambiquée pour essayer de se donner bonne conscience. Une femme (ou un homme) qui aime le sexe ne se fait pas payer, point. Si l’argent intervient, c’est toujours par besoin économique donc c’est qu’il y a forcément une contrainte.

        Autrement dit, quand il n’y a pas de contrainte et une vraie liberté de choix, alors les relations sont libres également, c’est-à-dire non tarifées.

        C’est parce que la soumission est volontairement maximisée (chômage maintenu haut, précarisation choisie par nos dirigeants) que nous sommes de plus en plus contraints (métiers de plus en plus dégradants, que ce soit l’agriculteur qui produit du toxique, l’industriel qui produit du matériel obsolescent, le tertiaire qui vit grâce à une fiscalité douteuse...). Bref, il est temps de redistribuer les richesses pour que le travail ne soit pas obligatoire pour une vie décente et sans gâchis, c’est largement possible. Mais comment feraient nos chers oligarques et leurs vassaux (forcément avantagés financièrement) pour se divertir à bon prix ?

        Vive la soumission, puisque apparemment, elle est librement consentie (pour résumé !).


      • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 21:57

        perlseb > "Une femme (ou un homme) qui aime le sexe ne se fait pas payer, point. Si l’argent intervient, c’est toujours par besoin économique donc c’est qu’il y a forcément une contrainte.« 

        Pas nécessairement. L’argent peut servir de »mise à distance" dans le cadre d’une relation sexuelle, ajoutant à la distance déjà créée par l’absence de connaissance du partenaire sexuel.

        Certaines personnes donc peuvent tout à fait se prostituer par plaisir.

        Mais cela n’est pas une raison pour autoriser la prostitution. Ce n’est pas parce qu’il se trouve des individus qui (par exemple) trouve jouissance à se dévorer qu’on va autoriser l’auto-cannibalisme (ni le cannibalisme évidemment).


      • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 11:35

        Le sujet sur AV a été maintes fois battu et débattu et il y a un bon nombre de mecs qui, sous des airs doctes, ne veulent pas que l’on touche à leur pré carré : la possibilité d’aller aux putes. Tous les arguments, ils vous les sortiront :
        -c’est la nature
        -c’est de tout temps
        -cela évite les viols
        -il y a des femmes qui aiment ça.

        Sans penser une seconde que si un salaire de base à 2000 euros devenait la loi, il n’y aurait plus une prostituée dans les rues.

        Je suppose que les mêmes sont contre la peine de mort.
        ce sont de vieux mecs . Qui appartiennent à un vieux monde.
        Qu’il y ait un nouveau jour qui se lève et qui les nie, ils préfèrent ne pas trop s’en apercevoir.


        • sleeping-zombie 22 septembre 2011 11:45

          Sans penser une seconde que si un salaire de base à 2000 euros devenait la loi, il n’y aurait plus une prostituée dans les rues.

          Ca, c’est une proposition à laquelle je ne peux que souscrire ^^ enfin, il faudrait aussi un système qui donne à chacun un emploi...

          (oui ! je suis contre la peine de mort ! mais là il faut que tu m’expliques le rapport...)


        • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 11:49

          Sleeping,

          Oh ! Tu me donnes envie de voyager dans l’orient-express !

          Je voulais dire que certains se donnent bonne conscience et n’ont en fait aucun respect pour l’humain.
          Le genre Voltaire avec de si grandes idées et du pognon grâce à l’esclavage.


        • minidou 22 septembre 2011 11:54

          Toujours de vagues arguments moraux accompagnés d’une mise en cause des hommes dans leur ensemble...
          Mais concrêtement, vous proposez quoi ? La situation actuelle ? une interdiction pure et simple, qui implique donc une répression accrue contre les personnes ? Une répression contre les clients, dont on voit les conséquences néfastes dans les pays nordiques ?
          Non vous vous contentez d’une posture...


        • sleeping-zombie 22 septembre 2011 11:59

          L’absence de respect pour l’être humain, c’est aussi ne pas dire merci à la personne qui t’apporte un café (serveur ou stagiaire), de ne pas dire bonjour à la caissière du supermarché... c’est pas les exemples qui manquent.

          C’est tout aussi choquant et pourtant personne ne parle de légiférer dans ces cas-là. C’est pas un sujet récurrent dans la presse (ici ou ailleurs). Pourquoi faire deux poids deux mesures ?

          ...non, je pense pas que les articles traitant de la prostitution soient motivés par le respect de la personne humaine, qu’ils aillent dans le sens de la légalisation ou celui de l’interdiction.

          (et je ne vois toujours pas le rapport avec la peine de mort)


        • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 11:37

          Votre argumentaire est super. Je partage sur FB.


          • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 21:59

            Merci !

            Et je précise n’être ni un puritain (enfin du moins pas tellement) ni un féministe (j’ai eu des engueulades homériques ici-même...). Simplement un citoyen horrifié de voir comment certains raisonnements peuvent être soutenus à l’encontre de tous les principes, qui plus est au nom du progrès de la civilisation !


          • sleeping-zombie 22 septembre 2011 11:41

            Hello,

            C’est bien beau tout ce que tu dis, mais tu proposes quoi à la place ?
            Parce c’est un phénomène qui existe depuis plus de 2000 ans, sans doute antérieur au concept même de « légalité »...

            Par ailleurs, sur ton 2eme point, qui pour moi est le 1er à m’être venu à l’esprit, tu écris
            ... il se trouve des individus qui trouvent avantage et satisfaction à se prostituer. Cet argument est plus fallacieux encore que le précédent. L’humanité est ainsi faite qu’il se trouvera toujours facilement les tendances les plus malignes soutenues sans contrainte par quelques individus.
            C’est qui est bien avec cet argument, c’est qu’on peut l’appliquer à tout ce qui déplait. L’homosexualité n’était-elle pas considérée comme une maladie psychiatrique il n’y a pas si longtemps ? On pourrait aussi dire la même chose de ceux qui votent sarko...

            Je crois que notre point d’achoppement porte sur ce que tu décris dans ton 3eme point : tu vois le sexe comme « un élément fondamental de l’intégrité individuelle. ». C’est bien, c’est beau, mais c’est certainement pas partagé par l’ensemble de l’humanité.


            • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 11:55

              Sleeping,

              l’origine de la prostitution, c’est la guerre.
              Le viol de guerre et l’utilisation des esclaves de guerre.

              Le vieux métier du monde c’est assassin.
              Avoir envie d’un autre monde , cela s’explique.

              Ceci dit, se payer des putes , quand on voit DSK, on ne peut pas dire que ça donne bonne mine. (Je ne parle que de son volet « escort ».)


            • sleeping-zombie 22 septembre 2011 12:04

              l’origine est peut-être la guerre, je n’en sais rien, j’étais pas là à l’époque. J’aurais plutôt dit « la faim », qui doit être un truc encore plus vieux, vu que pour se battre, faut déjà avoir le ventre plein.

              Mais qu’elle qu’en soit l’origine, ça n’a plus tellement d’importance aujourd’hui.
              Par exemple, cet après-midi, je vais rendre visite à une charmante escort espagnole. Ca me surprendrait que la guerre y soit pour quelque chose smiley


            • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 12:24

              Sleeping,

              Ton « escort », c’est une pute. Point barre.
               
              Dans ce genre de discussion, je suis étonnée de voir, vu les possibilités de la vie actuelle, qu’il y ait des hommes ou des femmes qui aient besoin de payer pour un moment plaisant.

              Ensuite si cela arrive et si tu veux te trouver une copine « dans la vie normale », je te déconseille de le lui dire car ça débecte complètement les filles.
              Ensuite, très sincèrement, j’ai dû rencontrer dans ma vie deux mecs qui m’ont dit être allé exceptionnellement aux putes. Il n’y a que les mecs bas de gamme et les stars de la politique et du show-biz,encore plus bas de gamme, pour qui la pute est un agrément de soirée, qui tombent là-dedans.

              On parle de prostitution mais il y a peu de clients par rapport au nombre d’hommes .
              C’est un monde fantasmé dont la réalité est sordide.


            • jymb 22 septembre 2011 13:01

              « Ton escort c’est une pute... »
              Félicitation pour ce haut niveau de respect d’autrui.
              Que savez vous de cette personne que vous injuriez durement ?

              Par ailleurs j’admire le sexisme qui explose dans la discussion : clients = hommes, prostituées = femmes ..
              On est en 2011, et plus dans les années 30, les contacts tarifés sont multiples et divers
              Pour ma part, je ne souhaite pas que l’on m’interdise quelque activité que je pourrait ( sait-on jamais) réaliser de préférence par exemple au tri des salades la nuit les doigts dans l’eau glacée ou l’obéissance à un sous chef de rayon haineux et pour le coup réellement pervers.


            • sleeping-zombie 22 septembre 2011 13:29

              Quelques réponses en vrac, à ces quelques propos :

              -escort, pute, prostituée, fille de joie, infirmière de l’âme, princesse des docks... plein de termes différents pour désigner le même phénomène. Je n’aime pas du tout celui de « pute » qui est clairement méprisant. Je lui préfère « escort », plus neutre. C’est juste une question de respect.

              -Si tu t’étonnes qu’il y ait des gens qui soient prêt à payer pour un moment de plaisir, je te propose un petit exercice : essaie juste de te rappeler qu’on est 6 milliards sur Terre. Essaie de voir quelle quantité ça représente réellement (et pas seulement « c’est un six avec neuf zéros derrière »). Pose-toi ensuite la question « puis-je vraiment appréhender comment ils vivent tous et ce à ils aspirent ? ». Si tu n’y arrives pas, essaie juste d’imaginer la vie sentimentale d’un homme à la timidité maladive. Pour résumer, ça donne un truc du genre « personne ne vient vers toi, et ça peut durer des décades ».

              -Je me doute bien que la plupart des filles n’approuvent pas. Mais je te rassure, je ne me suis pas fais tatoué « dépucelé à 28 ans par une pute » sur le front. Bien que, franchement, entre le « t’es un ami, je préfère que ça reste comme ça. rassures-toi, t’es un mec bien tu trouveras une copine (c’est juste que ce sera pas moi) » auquel j’ai droit depuis 16 ans et un franc « bas les pattes immonde homoncule ! », j’aurais tendance à dire que le 2eme est moins hypocrite. En tout cas il fait gagner beaucoup de temps. smiley

              -C’est gentil de me qualifier de mec « bas de gamme », mais comme tu admets toi-même que personne ne doit le dire car ça débecte les filles, on peut raisonnablement supposer que les seules connaissances qui t’en ont parlé sont ceux qui n’en ont rien à fiche de ce que tu peux penser d’eux, car souffrant déjà d’une mauvaise image d’eux-même... L’équation « client de prostituée »="mec bas de gamme" est peut-être vraie, mais reste à démontrer, vu le faible nombre de l’échantillon considéré, et le défaut flagrant de méthodologie de l’étude.

              -réalité sordide ? Alors concrètement je te décris : un coup de fil pour connaître le tarif et l’adresse approximative, un deuxième arrivé dans le quartier. je me fais accueillir par une charmante demoiselle dans un petit appartement propre et bien tenu. Je lui laisse une semaine de salaire et elle essaie de me faire oublier la solitude de mon quotidien. Pas d’insultes, pas de violence, pas de propos méprisant. j’essaie même de lui faire le plus plaisir possible (même si je ne me fais pas d’illusions à ce sujet). Bref. Ou est le sordide la dedans ? Je trouve ça moins glauque que des gens sous-payés pour porter un costume de personnage de dessin animés et qui se font taper dessus par des mômes surexités.


            • sleeping-zombie 22 septembre 2011 13:32

              @jymb

              tout à fait d’accord sur l’apriori idiot qui considère que les prestataire sont nécessairement des femmes et les clients des hommes.
              représentation erronée d’un monde complexe...


            • Morgane Lafée 22 septembre 2011 14:34

              @ Sleeping Zombie :
              Je ne partage pas ta vision mais ton honnêteté m’est sympathique. smiley

              Juste une chose : je comprends très bien ta démarche si la prostituée est libre. Donc en théorie, avec ce que tu décris, je n’ai rien à redire. C’est pourquoi, comme je l’ai dit un peu plus bas, je trouve la question de la pénalisation des clients compliquée.
              Mais que fais-tu des cas où l’argent que tu auras donné à la prostituée sera pompé par un proxénète, qui lui cassera éventuellement la gueule si elle n’a pas ramené assez de fric ? Ne t’en déplaise, ces cas représentent la majeure partie de la population des prostitué(e)s. Rien que sur les boulevards extérieurs parisiens, une écrasante majorité des prostituées femmes sont des Africaines sans papiers, souvent vendues par quelqu’un de leur famille.

              Tu noteras que je mets « prostitués » au masculin. Car en français, quand on parle d’une population mixte, c’est le masculin qui l’emporte. A ce titre, j’ai une question : serais-tu choqué si ta soeur ou ta cousine t’avouait qu’elle fréquentait des prostitués parce qu’elle n’arrive pas à rencontrer des hommes ?
              Les hommes n’ont aucun monopole en matière de besoins sexuels, ni en matière de complexes ou de rateau. Pourtant, la plupart des clients sont des hommes, que les prostitués soient des hommes ou des femmes. Comment expliquer ça ? Je le dis et je le répète, les femmes aussi ont des besoins sexuels qui peuvent parfois être pressants. Que faire quand elles n’ont pas de partenaire sous la main ?

              M

              PS : d’accord pour les boulots consistant à s’habiller en personnage de dessin-animé ! J’ai souvent entendu des anecdotes là-dessus et il y a de quoi être sidéré de voir comment les gens se comportent. Comme si le fait de ne pas voir le visage d’une personne lui enlevait le statut d’être humain...


            • sleeping-zombie 22 septembre 2011 15:14

              @morgane

              -je t’ai répondu plus loin sur sujet « prostitution de misère et visible contre prostitution choisie et discrète ». Le monde est ce qu’il est, nos représentations respectives diffèrent. Personnellement, je crois que la majorité des prostituées le font librement (en France). Évidemment, en l’absence d’une étude sérieuse sur le sujet, chacun verra midi à sa porte mais tant qu’il existera un climat d’insécurité juridique autour de la prostitution, aucune étude sérieuse ne pourra être faite.
              (du reste, la prostituée qui se fait casser la gueule parce qu’elle n’a pas ramené assez de fric, je ne l’aide pas plus en n’étant pas client...)

              -serais-je choqué si ma sœur était cliente ? Difficile a dire, j’ai pas de sœur. J’imagine que non. Mais c’est une affirmation gratuite. Nathalie Baye ne m’avait pas paru particulièrement répugnante dans Cliente. C’est pas un documentaire bien entendu.

              -la plupart des clients sont des hommes ? (là encore, quelles sont tes sources ? mais partons du principe que c’est vrai) et comment l’expliquer ? honnêtement, j’en sais rien, mais je peux avancer quelques pistes :
              -physiologie : pour une femme, l’état d’excitation sexuel n’est pas nécessaire pour pratiquer. préférable certes, mais pas nécessaire. mais pour un homme, impossible de simuler une érection.
              -physiologie (2eme) : les sex-toys pour femme sont bien plus évolués et ..efficaces.. que leur pendant masculins. C’est un triste constat.
              -représentation sociale : l’homme agit, la femme est passive. L’homme propose, la femme dispose. L’homme est client, la femme porte un bustier en cuir rouge. C’est qu’un gros cliché évidemment...
              -représentation sociale (2eme) : pour un homme, le sexe est valorisant, pour une femme c’est sale, beuuurk, caca. La représentation de la virginité est en plein dans ce concept. Concrètement, ça se traduira par une plus forte proportion d’hommes disponibles pour un rapport sans lendemain que de femmes. (les hommes parlent de « coup d’un soir », les femmes « d’erreur de jugement »).
              — attention, encore un plus gros cliché —
              Du coup, une femme sans partenaire disponible peut très se poser dans un bar, et attendre. Un décolleté jusqu’au nombril lui assurera de pas partir seule, pour peu qu’elle ne soit pas trop regardante sur la qualité. Cette réalité n’a aucune contrepartie masculine.
              — fin du gros cliché —
              Bon, c’est qu’un gros cliché, mais je pense qu’il traduit une certaine forme de réalité sur un certain ration offre-demande.

              Mais bon, je m’écarte un peu du sujet, qui est la place de la loi la dedans.

              D’ailleurs, j’avais oublié de faire remarqué à l’auteur(e) que c’est trop tard, la prostitution est déjà légale. On y paie même des impôts. C’est le racolage qui est illégal.


            • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 22 septembre 2011 13:37


              Les ouvriers prostituent leurs corps.
              Les ingérieurs prostituent leurs corps, et leurs esprits par la même occasion.
              Les travailleurs du sexe prostituent leurs corps. Intelligeament, en gagnant beaucoup d’argent.


              • Cyclotron 22 septembre 2011 13:50

                Quid des acteurs porno ?
                Marchandisation du corps ou force de travail ?


                • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 22:04

                  Force de travail : un acteur porno ne va pas, que je sache, vendre l’usage de son corps à son client. Il va utiliser son corps pour enregistrer un film (que j’aurais quelques scrupules à appeler « œuvre », même si ce mot est aujourd’hui totalement galvaudé), lequel sera vendu aux clients. Il n’y a donc pas de mise à disposition de son corps (mais de l’image de son corps), encore moins marchandisation de cette image.
                  Cela n’empêche cependant pas qu’il puisse exister des abus dans ce milieu que je connais fort mal. Mais ces abus doivent être réprimés avec la plus grande sévérité.


                • Morgane Lafée 22 septembre 2011 13:56

                  J’ajoute un argument pour répliquer à « la prostitution est un métier comme un autre ». Dans ce cas, et dans celui où l’on rouvrirait les maisons closes, faudrait-il :

                  - Autoriser les proxénètes à mettre des petites annonces sur le site Pôle Emploi ?
                  - Créer des formations diplomantes financées par les Conseils Généraux ?
                  - Radier les chômeurs qui refusent de se rendre à un entretien pour devenir prostitués ?

                  Parce que si on pousse ce raisonnement jusqu’au bout, il faut être cohérents et accepter tout cela...


                  • sleeping-zombie 22 septembre 2011 14:42

                    Même réponse que quand l’armée s’est professionnalisée :
                    Objection de conscience.

                    Personne n’a jamais été radié de l’anpe pour avoir refusé d’être militaire.


                  • Morgane Lafée 22 septembre 2011 14:10

                    A titre personnel, je n’ai rien contre l’idée que des personnes puissent se prostituer « librement », c’est-à-dire qu’un individu convienne avec un autre individu d’un rapport tarifé. Effectivement, c’est leur liberté et ça ne regarde personne. Mais il faut quand même être honnête : ces personnes représentent une minorité. Tout le monde sait que la plupart des prostitués sont soit des immigrés clandestins à qui les proxénètes ont confisqué leurs papiers, soit des personnes ayant suivi un beau parleur qui les a ensuite mis sur le trottoir. C’est donc bel et bien une forme d’esclavage, la plus vieille du monde.

                    Après, on ne peut pas nier l’existence des prostitués « libres » et c’est pourquoi je ne suis pas favorable à ce que l’on punisse les prostitués eux-mêmes. D’ailleurs, même quand ils ne sont pas libres, ce n’est pas eux qui devraient être punis mais leurs proxénètes.
                    Pour les consommateurs, je suis a priori pour la pénalisation, mais j’émettrai une nuance : ceux qui se rendent dans les quartiers ou bars à putes en sachant pertinemment que les travailleurs/travailleuses sont maqués entretiennent l’esclavage et méritent d’être punis. En revanche, je le répète, si deux personnes se rencontrent et conviennent d’un rapport tarifé, après tout ça les regarde. Tout cela rend très difficile le traitement de la question des consommateurs, évidemment.

                    J’ai entendu parler une fois dans un reportage d’un collectif de prostituées femmes qui avait lancé un site Internet. Chaque fois que l’une d’entre elles s’absentait, elle signalait aux autres le lieu et les horaires de la passe, afin que celles-ci préviennent la police si elle ne donnait plus de nouvelles. Cela ne me semble pas malhonnête (même si je me demande toujours ce qu’elles racontent aux flics quand elles signalent une disparition). Et l’avantage c’est qu’il n’y a pas de mac, du moins en théorie car il ne faut pas croire à 100% ce type de reportages (c’était un truc de M6, donc...). Mais il faut garder à l’esprit que ces personnes représentent une population dérisoire dans celle des prostitués. On ne peut pas accepter tout le business sous couvert de cette prostitution choisie.

                    Bref, question difficile que celle de la prostitution. En fin de compte, je préfère toujours parler de « lutte contre le proxénétisme » que de « lutte contre la prostitution ». Comme ça les choses sont claires : on lutte contre l’esclavage qu’endurent la majorité des prostitués mais on n’interdit pas aux individus de disposer de leur corps.


                    • Morgane Lafée 22 septembre 2011 14:16

                      J’ajoute une dernière chose : même en ce qui concerne les proxénètes, la question est plus complexe que l’on ne croit. Les macs qui circulent dans la rue et collectent l’argent ne sont qu’un maillon de la chaîne, souvent des voyous eux-mêmes sujets à la misère sociale. C’est bien de les mettre en prison puisqu’ils participent à la traite d’êtres humains, mais il faut quahd même viser plus haut.

                      La grosse hypocrisie dans tout ça c’est que les flics et donc l’état se préoccupent d’enfermer ceux qui sont en bas de l’échelle, mais pas vraiment de démanteler les réseaux. En d’autres termes, c’est toujours les plus petits qui casquent à la place de leurs employeurs cyniques.


                    • sleeping-zombie 22 septembre 2011 14:39

                      Salut Morgane,

                      Tu me sembles croire avoir une connaissance très pointue du monde de la prostitution.
                      Cependant, je me permet de pointer quelques incohérence (à mes yeux) dans ton message :
                      Tout le monde sait que la plupart des prostitués sont...
                      ...il ne faut pas croire à 100% ce type de reportages

                      Quand tu laisses entendre que la prostitution forcée/de réseau est majoritaire, d’où te vient cette connaissance du monde de la prostitution ?
                      Parce que si c’est pour généraliser de vagues « on dit », non fiables, ça ne vaut rien.

                      Considères-tu par exemple qu’une (ou un) prostituée libre, qui ne fait pas le trottoir et n’est pas camé jusqu’aux yeux pourrais exercer son activité à 10m de chez toi sans même que tu t’en rende compte ?
                      C’est facile de ne compter que ce qui est le plus visible...


                    • NeverMore 22 septembre 2011 14:20

                      Je crois qu’il est très important de traiter de la prostitution.

                      Et je n’aurai pas la réaction de Mélanchon sur le foutage de gueule .. ;

                      Mais ce qui m’interpelle, c’est qu’e vous n’ayez pas noté que ce qui préocccupe les gens aujourd’hui et est absolument essentilel, voire vital : faut t’il interdire la fessée ?


                      • Morgane Lafée 22 septembre 2011 14:36

                        LOL. Entre adultes consentants, où est le problème ? Vous avez envie d’une petite fessée ?


                      • louviellas louviellas 22 septembre 2011 16:19

                        Je ne regrette pas mon inscription sur agoravox.

                        Jamais je n’aurais pu écrire que le « JT décalé » d’Ariane, qui prend à l’abordage un sujet sociétal, aussi grave soit-il, en costume de collégienne et avec les idées préconçues qui vont avec m’aurait fait autant rire.

                        L’idée d’un salaire de substitution, évalué à 2000 € mensuels...là, je me roule par terre, à plus forte raison si vous remplacez le terme « prostituée » par celui « d’escort » qui n’ira pas bosser pour moins de 500 à 1000 € la soirée.

                        Regarder un reportage de M6 et avoir vécu dans la rue, telle est la différence fondamentale des analyses diamétralement opposées entre le virtuel et le réel que je ne vais pas développer ici.


                        • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 17:20

                          lou,

                          j’adore être traitée de collégienne. (Même si ce n’est que le costume.)

                          Mes idées préconçues sont aussi celles de l’auteur.

                          2000 mensuels mini, c’est pour tout le monde , ce n’est pas « un salaire de prostituée basique. »
                          C’est la somme nécessaire actuellement pour manger se loger s’habiller et le reste. En dessous c’est la galère. Surtout quand on a des enfants.
                          Je pense que toute société doit assurer ce salaire de base.
                          C’est le travail de l’homme qui doit produire, automatiquement de l’argent , pas le travail de l’argent produisant de l’argent, qui doit être interdit.

                          je ne regarde jamais M6 et vivre dans la rue n’est pas un label de pensée juste. Au contraire. hélas. (Sauf dans le cas de Diogène !)

                          mais vous êtes comme les banksters. Surtout ne changeons rien ! Que toutes les pourritures continuent !
                          La pourriture de la prostitution est celle du maquereautage , de l’esclavage.
                          Pas celle de Mme Machin qui se fait des petits suppléments.

                          J’ai lu bcp de livre sur la prostitution, M. Lou, en particulier après un voyage en Thaïlande. Avec de nombreux témoignages de prostituées , ces pauvres filles de l’isan qui ont besoin de nourrir famille et enfants et qui préfèrent les vieux aux jeunes parce qu’ils vont plus vite et surtout qui , dans ces moments-là, pensent à leurs enfants. So exciting.

                          Et vous, quel genre de chaîne regardez-vous ?

                          je crois que ceux qui il y a longtemps on dit « il faut supprimer l’esclavage » on dû aussi se faire traiter de collégiens et d’auditeurs de M6 !
                          Le problème de notre société libérale c’est que, moralement , scientifiquement, humainement, elle regresse.


                        • minidou 22 septembre 2011 18:05

                          @M.Walter :
                          Votre point de vue est respectable, mais avez vous d’autres arguments à nous proposer que, « j’ai beaucoup lu » ou « je connais le sujet » ?
                          Lorsque le socialisme universel aura été instauré, avec biftons à foison pour tout le monde, que l’éducation sexuelle sera généralisée, que l’égalité homme / femme sera effective, que les relations homosexuelles seront égalitaires, que la frustration ne sera plus qu’un souvenir des ages farouches, la prostitution disparaitra d’elle même, OK...
                          Mais d’ici là, j’ai l’impression que vous ne proposez pas autre chose que la continuation l’hypocrisie actuelle...


                        • Ariane Walter Ariane Walter 22 septembre 2011 18:45

                          Vous savez bien qu’il est impossible de proposer quoi que ce soit qui nuise à l’enrichissement des mafias qui tiennent la prostitution et les gouvernements.
                          Sanctionner les clients ? Evidemment ils sont moins dangereux à épingler que les maquereaux.
                          C’est sans doute la raison pour laquelle on va leur courir après.
                          Des mesures pour aujourd’hui ?
                          je crois que les peuples d’Europe qui sont vendus à l’encan ont d’autres soucis actuellement que la prostitution qui va son train entre les trafics abjects contre lesquels les gouvernants ne veulent pas lever le petit doigt et les femmes qui font ça de leur côté pour survivre.

                           Disons que si la pauvreté générale continue, le pb se règlera tout seul car les clients n’auront plus de fric pour payer !


                        • minidou 23 septembre 2011 09:53

                          ...CQFD...


                        • Raymond SAMUEL paconform 22 septembre 2011 17:23

                          Brath - Z

                          Réponse ;

                          Vous avez dit « marchandisation du corps s’oppose etc... »

                          J’ai dit qu’il fallait examiner cette marchandisation là avec celle des individus qui gazent, irradient, leur corps etc...dans leur métier. Ceux là ne marchandisent pas moins leur corps.
                          Il reste, comme je l’ai dit à apprécier comment les intéressés aprécient leur situation. Tous les cas existent et nous ne pouvons pas les connaître en détail.


                          • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 22:12

                            Je pense qu’il est nécessaire de préciser un propos : dans le cas des individus qui se retrouvent gazés, irradiés, etc., la marchandise n’est pas leur corps mais leur force de travail. On ne les paye pas pour qu’ils s’aspergent de plutonium enrichi. En revanche, ils courent de grands risques dans le cadre de leur travail, et il est du devoir de la société de réduire le plus possible ces risques, et de les indemniser (même si aucune indemnisation ne pourra jamais compenser la perte de la bonne santé) lorsqu’ils se produisent.

                            En revanche, dans le cas de la prostitution, il y a marchandisation du corps (ou plutôt d’une mise à disposition du corps pour l’utilisation que l’on sait). C’est là l’objet de la transaction marchande.


                          • yvesduc 22 septembre 2011 19:29

                            Bons arguments, cela dit en pratique dé-légaliser ne rendra-t-il pas encore plus difficile la vie de ces filles ? Dans notre société où seuls l’argent et les riches comptent, je ne crois pas aux bonnes intentions des politiques, qui dans ce domaine veulent surtout se (et nous) donner bonne conscience au moyen de coups de vernis qui ne résolvent pas grand chose. C’est évidemment en amont, c’est-à-dire sur le terrain social, qu’il fau(drai)t intervenir pour assécher le réservoir des victimes potentielles. Faire de cette activité un délit risque d’éloigner encore plus la fille de la société « normale », alors que cette fille est avant tout une victime (de la vie et du mac). Soit dit sans oublier qu’il existe différents cas de figure ; voir par exemple le témoignage de Germaine Aziz, surprise de l’argent facilement (et rapidement) gagné alors qu’au même moment, d’autres membres de sa famille gagnent péniblement un salaire de misère dans des métiers « normaux ». Cet épisode se situant par contre, et je souligne, en fin de carrière (lorsque Germaine Aziz arrive à échapper à ses macs).


                            • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 22:24

                              Je n’aime pas l’idée de partir d’un constat d’impuissance. La France est un pays qui a à sa disposition des moyens considérables, et qui peut mobiliser des ressources énormes.

                              J’ai bien précisé dans l’article que c’était dans la résolution du problème social que résidait la solution à ces maux. Tout dérivatif n’est qu’une vaine tentative de pallier à cette exigence. Ce n’est à mon avis pas un hasard si cette question a été brandie par une ancienne porte-parole de l’UMP.


                            • Annie 22 septembre 2011 20:36

                              Je dois dire comme je l’ai dit auparavant que d’interdire la prostitution me semble très hypocrite, et surtout retire aux femmes qui choisissent d’y recourir leur libre arbitre.
                              À la question qui ne manquera pas de m’être posé, si j’avais une fille ce qui n’est pas le cas puisque j’ai 2 fils, est-ce que cela me ferait plaisir qu’elle recourt à la prostitution, la réponse est définitivement non, mais pas plus que cela me ferait plaisir si elle devait galérer pendant des années pour se payer ses études. La prostitution peut constituer une atteinte à l’intégrité des personnes qui la pratiquent, mais pour celles ou ceux d’ailleurs qui y recourent librement sans se sentir diminués, avilis, ou méprisés, et il suffit pour cela de lire les réactions sur ce fil pour comprendre à quel point elles (puisque ce sont en majorité des femme)s peuvent se sentir avilies et qui ne sont pas en plus sous la coupe d’un proxénète, il me semble qu’il s’agit d’un choix qu’on peut leur laisser. Je rejoindrais certains commentaires en disant qu’il s’agit d’un sujet mal recherché, ce qui permet à chacun de dire tout et n’importe quoi. Il y a des associations de prostitués qui essayent de se faire entendre, et à moins de les écarter parce que ce qu’elles disent ne se conforment pas à ce que nous attendons d’elles, nous devrions les écouter. Je ne connais pas beaucoup de prostitués mais celles qui ont occupé l’église St Nizier de Lyon en auraient remontré à beaucoup, question courage.


                              • Brath-z Brath-z 22 septembre 2011 22:20

                                Je suis d’accord sur votre constat.
                                Oui, interdire la prostitution est hypocrite. De même qu’il est hypocrite d’interdire le vol ou le meurtre (et je ne fais pas de parallèle entre le vol ou le meurtre et la prostitution, je précise simplement qu’il s’agit également d’actes prohibés), car il s’en produit encore quotidiennement.
                                Oui, il y a bien limitation du libre arbitre dans le cas de la prostitution volontaire. De même que l’on interdit à quelqu’un de se jeter sur une voie de chemin de fer pour son propre bien, même s’il en a envie (même remarque que pour le parallèle ci-dessus).

                                Quant aux associations de prostitués, elles se reposent intégralement sur deux choses :
                                - un constat d’impuissance (« on n’arrivera jamais à éliminer la prostitution »... encore une fois je réponds : « on n’arrivera jamais à éliminer les meurtres, ça ne nous empêche pas de les interdire »)
                                - l’argument selon lequel « c’est un métier comme un autre » auquel je réponds dans l’article

                                Ces associations peuvent être utiles pour ce qui est d’aider les prostitués, d’informer sur leurs conditions, etc., mais leur combat pour une autorisation de la prostitution n’est rien d’autre qu’un combat pour la reconnaissance de l’impuissance publique. Et cela n’est pas bon.


                              • Abdu Abdu 23 septembre 2011 10:06

                                Dans ce débat, il faudrait peut-être chercher à bénéficier d’un retour d’expérience de l’Allemagne où les maisons closes sont une activité commerciale normale. Il faudrait avoir l’avis des personnes qui y travaillent et de celles qui luttent contre les trafics clandestin. Sans analyse de cet exemple, il est difficile d’être pertinent et d’aller plus loin que nos propres sentiments.

                                Oui, les prostitués travaillent avec leur corps. Ils ne le vendent pas pour autant. Ils le loue. Comme tout le monde en fait. Ils le louent souvent nus et pour un usage sexuel, mais fondamentalement, ça peut être moins préjudiciable que louer sa force de persuasion, sa stature, sa masse musculaire...
                                Pensez aux types dont le métier est de mentir, de tromper... Pensez aussi à ceux qui, pour du sexe, ruinent durablement les sentiments de leurs proie. Les dégâts ne sont pas minces. Louer son corps est sans doute moins préjudiciable que d’expérimenter la trahison de son cœur...

                                Ce qui compte selon moi dans cette histoire c’est que, professionnels ou amateurs, officiels ou interdits ; les prostitués aient des droits et le respect qui est du à tout être humain n’aspirant qu’à vivre.


                                • Brath-z Brath-z 23 septembre 2011 12:29

                                  L’Allemagne a de toutes autres conceptions de ce que sont les droits fondamentaux de la personne humaine, de ce qu’est le sens de la civilisation, etc. et c’est son droit le plus strict en tant que Nation souveraine.

                                  Sinon, la formule la plus adéquat est celle qui est dans l’article : les prostitués vendent une disposition loisible de l’utilisation de leur corps. Là est la différence. Un vigile recruté pour sa stature ne permet pas à son employeur d’user de disposer de son corps pour autant.

                                  Sinon, pour votre conclusion, j’approuve à 100%. Tout individu doit se voir garantir ses droits naturels, et une vie digne.


                                • Abdu Abdu 25 septembre 2011 20:33

                                  S’ils ont réussit à légaliser ça en Allemagne, c’est bien en tant que fourniture d’une prestation précise. Pas en tant que location de corps. Sinon, je ne crois pas que ce métier soit possible et puisse être légal, même en Allemagne...


                                  • Brath-z Brath-z 29 septembre 2011 01:22

                                    Quelle que soit la forme légale donnée par l’Allemagne (mais aussi les Pays-Bas, l’Espagne, et d’autres pays) à la prostitution, aucune contorsion juridique ne pourra enlever le fait que la prostitution est la marchandisation d’une disposition loisible du corps. Ce qui est différent, c’est la manière dont ces différents pays, avec leurs spécificités, envisagent la personne humaine. En France, la dignité de la personne humaine interdit qu’on mette à disposition d’autrui un élément fondamental de sa personne, qu’il s’agisse de son corps, de sa liberté, etc.
                                    C’était d’ailleurs bien précisé lors de l’abolition de l’esclavage en 1793 : les éléments fondamentaux de la personne humaine sont imprescriptibles et inaliénables, donc ne peuvent pas être mis à la disposition d’autrui.

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