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Accueil du site > Tribune Libre > Le portrait ovale de E. A. Poe : fantastique et oeuvre d’art...

Le portrait ovale de E. A. Poe : fantastique et oeuvre d’art...

Voilà une nouvelle bien étrange écrite par un auteur d’origine américaine. Ce récit très bref fait partie des Nouvelles Histoires extraordinaires...

Dans ce conte fantastique, Edgar Alan Poe nous fait pénétrer avec son narrateur dans un mystérieux château abandonné dans la région des Apennins. Accompagné d’un domestique, le héros de l’histoire qui n’est pas nommé se réfugie dans ce château, après avoir été blessé. Les deux personnages s’installent dans une des chambres de la magnifique demeure.

La description réaliste du château est détaillée et précise : on y perçoit luxe, richesse dans le décor, E. A. Poe restitue à merveille l’ambiance d’un vieux château abandonné et délabré : tapisseries, rideaux, cadres dorés, matières somptueuses …

Dans l’obscurité de la nuit, à la lueur de candélabres, le narrateur est attiré par un tableau qui orne la chambre : il s’agit du portrait d’une jeune femme à la beauté fatale et surprenante… un portrait qui semble doté de vie...

Mystères, château abandonné, amour et mort associés, folie, ténèbres, tableau qui paraît s'animer : tous les ingrédients du conte fantastique sont ici réunis ! De quoi faire frissonner le lecteur et l’amener à se poser des questions.

De plus, la construction du récit est intéressante : il est, en fait constitué de deux narrations successives puisque le héros lit dans un volume, l’analyse du tableau et l’histoire de la jeune femme du portrait, histoire troublante mettant en scène un peintre atteint de folie qui séquestre la jeune beauté dans une tour isolée du château ; on perçoit un effet de miroir entre les deux narrations, procédé souvent utilisé en littérature et qui renforce l’impression de mystère…

Enfin E. A. Poe nous livre ici une réflexion sur l’œuvre d’art à travers l’évocation de ce tableau : le peintre qui est à l’origine de ce portrait est fou d'amour pour la jeune femme, mais aussi passionné de son art , il est d'une certaine façon responsable de la mort de la jeune fille mais a réussi à lui donner une forme d'éternité puisque la jeune beauté semble revivre à travers le tableau : l’œuvre d’art permet ainsi d’accéder à une sorte d’immortalité, elle est éternelle…

Il faut lire cette nouvelle fantastique, oui,il faut la lire : par son style somptueux, E. A . Poe nous entraîne dans l'univers d'un château mystérieux.

Il nous fait frissonner mais également réfléchir sur la valeur de l’œuvre d’art.

On peut également préciser que ce texte célèbre a été traduit en français par Charles Baudelaire, ce qui confère à cette nouvelle encore plus de prix : deux auteurs de talent réunis en une seule œuvre, voilà de quoi nous inciter à lire et relire cette nouvelle.

 

http://videos.arte.tv/fr/videos/le_portrait_ovale_d_edgar_poe-6778396.html

 

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Le portrait ovale de E. A. Poe : fantastique et oeuvre d'art... Le portrait ovale de E. A. Poe : fantastique et oeuvre d'art... Le portrait ovale de E. A. Poe : fantastique et oeuvre d'art...

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16 réactions à cet article    


  • rosemar rosemar 1er septembre 2012 12:21

    La vidéo en bas de l’article a du mal à se charger mais elle est superbe :il faut un peu de patience pour la regarder....


    • CARAMELOS CARAMELOS 1er septembre 2012 15:36

      Bonjour
      Edgar Alan Poe est peu connu des lecteurs français. Son style est brillant en avance sur son époque, mais il doit dérouter. Il est intéressant qu’il soit cité ici.
      Bonne journée.


      • rosemar rosemar 1er septembre 2012 16:14

        Bonjour CARAMELOS 


        On connaît surtout les histoires extraordinaires ,recueil de nouvelles fantastiques pleines de mystère...Pour le reste ,c’est vrai ,cet auteur américain est peu connu....
        Un auteur à découvrir donc ...il est plus facile aussi de lire des nouvelles ,formes brèves et Le portrait ovale en fait partie....

        Bon W E

      • noodles 1er septembre 2012 15:42

        Bonjour rosemar

        Eh bien on change d’horizon depuis hier !

        Alors adolescent je me suis délecté de la littérature mystérieuse et un peu morbide d’E A Poe. Pour ma satisfaction personnelle j’ai voulu retracer la chronologie de ces contes

        En fait, nous français, sommes loin d’avoir profité totalement d’une oeuvre aussi abondante que celle de Poe qui tiendrait des pages de catalogue. J’apprends que seules les « Histoires Extraordinaires » ont été portées à la connaissance du grand public, en France, en 1856 par Baudelaire. Soit 23 ans après le début de leur écriture en 1833. Elles sont un recueil, une sélection, un peu comme si le reste devait être laissé à l’écart. Souci du succès de librairie sans doute !

        J’ai toujours fait le rapprochement avec Conan Doyle qui, né en 1859 n’a pu, sans toutefois la copier, qu’y trouver des encouragements à faire vivre son Sherlock Holmes et une certaine veine de ce genre littéraire à cette époque en Europe.

        Dans mes souvenirs de gosse entre aussi le Château des Carpathes que Jules Verne publie bien plus tard, en 1892, et qui, sans toutefois plagier le Tableau Ovale de Poe, semble avoir puisé dans le même thème de l’illusion, de la morbidité, de l’obsession et surtout de l’irrationnel, Soulignons cependant le souci scientifique de J. Verne qui veut expliquer tout, tout, tout. smiley

         A la même époque (1890) Oscar Wilde publie Le Portrait de Dorian Gray. qui renferme sa dose de mystère et de morale immanente qui va bien avec l’époque qui l’a si bien martyrisé !

        Quant à Robert Louis Stevenson, c’est en 1886 qu’il écrit (sans conviction paraît-il) L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde.

        On en dira ce qu’on voudra, mais la parenté, voire la filiation de ces oeuvres m’a paru - bien modestement - à moi, fort évidente. Pas vous ?

        Et au-delà d’elles bien des oeuvres,romans et films doivent beaucoup à EA Poe...

        dont les photos et portraits m’ont paru décevants eu égard à l’image que le jeune homme que j’étais s’était forgée de son idole.  smiley 

        Encore bien modestement vôtre

        noodles


        • rosemar rosemar 1er septembre 2012 16:24

          Bonjour noodles 


          merci de toutes ces évocations et souvenirs littéraires ....Le château des Carpathes ,plein de mystères ,Le portrait de Dorian Gray ,superbe roman fantastique qui évoque aussi le monde de l’art ,de la peinture ...un de mes romans préférés ....
          On retrouve aussi cette ambiance mystérieuse dans le contes de Théophile Gautier ou dans La peau de chagrin de Balzac ,un chef d’oeuvre de la littérature fantastique...
          Très bon W E à tous...


        • noodles 1er septembre 2012 15:46

          >@ me gùstan tanto los CARAMELOS

          y estàmos de acuerdo !

           smiley  smiley  smiley

          noodles

           


          • easy easy 1er septembre 2012 16:07


            Dans cette brève nouvelle, ce n’est pas flagrant, mais dans d’autres, telle La chute de la maison d’Usher, Poe me possède toujours par une très belle ruse.


            Il commence à me parler de lui, genre « Je rendais à visite à mon ami, la la itou.. »
            Peinard, confiant, je suis pas à pas l’honnête homme qui me guide.

            Et à cet observateur, il n’arrive pas grand chose d’extraordinaire. Il ne joue pas le Tartarin, il n’affabule pas. Il ne fait qu’observer. Alors je continue de le suivre en confiance d’autant que je ne suis pas au contact direct de la chose, lui étant devant moi, je ne risque rien.

            Mais il pourrait alors délirer.
            Nnnonnnn, pas ça !
            Aucune chance.

            Il se montre toujours lucide. Il observe toute chose avec une grande méticulosité, d’une manière scientifique.
            Il pose thèse, puis antithèse, « Ah ban c’est p’tet ça. ... Et puis non puisque....Donc c’est autre chose...Attends mon coco, je vais vérifier...Et de l’autre côté c’est comment... » .
            Il vérifie tout. Il contrôle toutes les illusions d’optique. Il ne se laisse influencer par rien. Il ne peut pas halluciner. Son âme semble toujours la plus objective.

            Que ce soit par le biais de lui-même ou de son Chevalier Dupin, il place entre la chose fantastique et moi un personnage réaliste, rigoureux, sérieux, comme Sherlock Holmes le sera à son tour.

            Il ne cesse de faire le détective à ma place et de manière plus scrupuleuse que moi. Je lui fais donc complètement confiance et...in fine... je me retrouve archi roulé dans la farine.


            D’autre part, il a le chic pour rendre les objets vivants.

            Poe m’a tuer



            • rosemar rosemar 1er septembre 2012 16:34

              Merci pour ce rappel de la maison Usher,une autre nouvelle fantastique insérée dans les histoires extraordinaires ...


              Je trouve aussi les descriptions particulièrement réussies ...une des caractéristiques de Poe est aussi de jouer sur le sens de certains mots ,sur leur polysémie et il souligne ainsi certains termes par des italiques ...ce qui ajoute encore plus de mystère...

              Bon WE Easy 

            • rosemar rosemar 1er septembre 2012 16:41

              « Il a le chic de rendre les objets vivants » 


              voilà qui est très bien observé Easy :la personnification est un des procédés essentiels du registre fantastique....,le château est lui même personnifié dans la nouvelle évoquée ici ,le tableau s’anime...

              Bonne journée

            • easy easy 1er septembre 2012 20:29

              Je me demande s’il ne s’est pas passé quelque chose de conséquent dans notre société depuis Poe.

              Avant lui, il y avait évidemment eu des enquêtes en tous genres. Mais peut-être ne considérait-on que leurs fruits et plus encore ce qu’on en faisait, à savoir la rhétorique, les jeux de manche à la Cicéron (Cf. procès de Galilée, de Jeanne d’Arc, de François Damiens, de Nicolas Fouquet). D’autant que l’enquête consistait surtout à torturer.

              Il se pourrait, ce serait à vérifier, qu’après la ruse de Poe, l’enquête ait, par son pouvoir de persuasion, acquis ses lettres de noblesse, donc une transcendance.
              Faut voir les avalanches de romans policiers qui ont été bâtis en toute Poésie à sa suite !


              S’il m’a roulé dans la farine en contournant mon scepticisme par la géniale interposition d’un enquêteur objectif entre l’incroyable et moi, pourquoi tout le monde ne serait-il pas aussi séduit par l’enquête en tant que méthode de vérité ? 

              Il faudrait vérifier comment les gens avaient perçu les enquêtes autour du monstre du Gévaudan, autour du lynchage d’Alain le Moneys, autour du collier de la Reine, et voir s’il y a eu ou pas une transcendance autour d’elles à leur époque mais il me semble que non.
              Il n’y avait sans doute pas de fascination pour la méthode policière avant Poe.


              S’il y a bien eu, après Poe, l’émergence d’un dieu de l’enquête, alors nous sommes tous roulés dans la farine et à tous sujets.

              Rappelez-vous par exemple qu’on a vu passer des publicités se donnant des allures d’enquête. Les produits cosmétiques et lotions miracles au radium qui avaient été présentées sous des allures d’enquête scientifique.
              Renault avec son technocentre de Guyancourt où il s’agissait de comprendre d’où sortait un écrou.
              La lessive OMO qui étudiait ce qui se passe quand on fait un noeud.
              Les brosses à dents où le microscope explique que pati pata.
              Les pneus où l’on nous démontrait que l’eau circulait mieux dans les striures.

              Il y avait toujours la présence d’un type en blouse blanche ou un journaliste objectif à la Bellemare entre le produit incroyable et nous.

              Depuis 150 ans on nous gave de discours habillés enquête sérieuse.

              Les sondages font partie de cet arsenal, le chiffrisme aussi et si ce n’était le choc de leurs confrontations, on les croirait tous crédibles car fondés sur une montagne d’enquêtes des plus objectives. 

              Le journaliste étant, avec le scientifique pur, un des personnages crédibilisant l’incroyable.

              Dans un film du genre Jules César, on verrait le Chef décider tout seul de ce qu’il faut faire. 
              Alors que dans les films du genre Armaguedon ou Jurassic Park, on voit un Président qui ne décide qu’une fois entouré d’enquêteurs. C’est la présence de scientifiques (militaires, civils, politiques, médiatiques) qui rend l’incroyable crédible. 

              Là, il y a les Minc et autres Attali qui en ont pris un coup mais sous Mitterrand, la présence de ces supers enquêteurs crédibilisait le discours politique.


              Punaise, c’est à Poe qu’on devrait donc ce cirque ? 

              Alors il nous aura tous tuer.


              Tiens à propos d’Omar, l’enquête sur cette histoire vraie est complètement dépassée. Le petit Grégory pareil (en voilà un qui restera toujours petit).
              Quant à Breivick, l’enquête est archi à l’ouest. 

               


              Ce scientisme fait ressortir que des types comme Mussolini, Franco, Saddam, Castro, Mao, Chavez, Kadhafi, Ben laden, turbinent sans scientifiques autour d’eux (contrairement à Hitler et Napoléon Ier)
              Car avant Poe, la méthode Fouché et la peur qu’il inspirait avaient peut-être créé une transcendance sur l’enquête qui aurait traversé l’Atlantique.

              Si ça se trouve c’est le terroriste Fouché (il avait 26 ans lors de l’extraordinaire affaire du collier de la reine, ça a pu le marquer) qui a inspiré Poe qui a ensuite inspiré Doyle, Dumas père (qui ne pratique cependant pas la ruse de l’interposition d’un regard sceptique), Verne, Leblanc, Dard 

              Je note que quand Fouché avait 40 ans, INCROYABLE était très à la mode au travers des « Incoyables » et que c’est le moment où ont surgi les cabinets de curiosités permettant aux mystificateurs d’inventer des chimères.
              Et puis les Balsamo, comte de Saint Germain, Stefano Zannowich donnaient le LA du mystère


              M’enfin côté Américain, E A Poe connaissait Nathaniel Hawthorne, arrière-petit-fils du juge qui avait persécuté les sorcières de Salem, énorme histoire qui aurait mérité une enquête scientifique.

              Bon bin me voilà à enquêter moi aussi.



              «  »«  »« une des caractéristiques de Poe est aussi de jouer sur le sens de certains mots ,sur leur polysémie et il souligne ainsi certains termes par des italiques »«  »"

              Bouhhh, je n’avais pas remarqué ça. Je vais y faire attention. Merci.


              • rosemar rosemar 1er septembre 2012 21:37

                Bonsoir Easy 

                voilà une enquête bien passionnante ...la science au secours des enquêteurs est de plus en plus présente dans le monde moderne...
                Dans les oeuvres fantastiques ,effectivement le réel est souvent mis en jeu :tout apparaît crédible au départ puis surgit le surnaturel qui vient troubler et bouleverser toutes les données du réel...

              • noodles 2 septembre 2012 09:49

                > easy

                Belle exploration socio-historique et ça va jusqu’à aujourd’hui...

                Précisément aujourd’hui, avec Fukushima, il faut réarmer le chariot de la machine à écrire...

                relire Malevil, et toutes ces fictions qui peu à peu deviennent des réalités brutales, pas insidieuses et progressives comme les fictions de Huxley ou Orwell qui se sont installées peu à peu depuis leurs écrits.

                Ou alors revenir à Swift où les yahoos ne sont pas des sites web ... smiley

                Les machines ou nos manies destructrices seront-ils bientôt

                nos maîtres ? ou alors des animaux devenus bien plus intelligents que nous...

                des Houyhnhnms par exemple... place à l’imagination qui n’est pas autant la folle

                du logis qu’on croit, puisque depuis longtemps la réalité a commencé à dépasser la fiction.

                 

                Je prendrai le temps de vous relire plus attentivement, easy, merci d’avoir « boosté » nos pensées

                Bonne journée à vous, à tou(te)s

                noodles


                • Richard Schneider Richard Schneider 2 septembre 2012 10:18

                  Bonjour Rosemar,

                  Votre très intéressant article (texte et documents - vidéo difficile à charger -) donne envie de relire l’œuvre de Poë !
                  Félicitations.
                  RS.

                  • rosemar rosemar 2 septembre 2012 11:09

                    Merci pour ce message :oui la vidéo se charge difficilement ,c’est dommage car les images sont superbes...

                    Bonnes lectures à tous...
                    Bon dimanche Richard

                  • noodles 2 septembre 2012 14:28

                    Bonjour rosemar

                    ce sont les 48h des « happy few » loin de la fièvre des jours ordinaires

                    Bonne aprèm

                    n

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