La journaliste qui a dit non à la guerre...
Marina Ovsiannikova d'un seul coup a dit NON ! NON à la guerre... C'était le 14 mars 2022 sur un plateau de télévision...
"Cette journaliste est aussitôt arrêtée, licenciée, elle écope d'une amende de 250 euros, elle s'exile ensuite quelques semaines en Allemagne avant de retourner à Moscou pour négocier la garde de ses enfants. Arrêtée, placée en résidence surveillée, elle subit la répression du Kremlin. Elle réussit alors à s'enfuir et se réfugie en France."
"C'est un coup de tonnerre, un coup d'éclat au milieu d'un ciel presque sans nuage ! Sur la première chaîne, c'est la chaîne la plus contrôlée, la plus censurée et on a quelqu'un qui effectivement brandit cette pancarte, tout d'un coup.", commente l'historien Andreï Kozovoï.
"On n'y croit pas, on pense à un canular, à quelque chose de totalement faux, non c'est quelqu'un qui existe vraiment, ce ne sont pas des images truquées, et évidemment, on se met à penser : "Mais qu'est-ce qui va lui arriver ?" précise l'historien.
"Marina a sans doute ce courage... Nikita Khrouchtchev avait dit dans une conversation avec un écrivain Américain : "Les femmes Russes ne sont pas des peureuses." Et on a ici un exemple de courage extraordinaire."
" Il y a des failles dans le système russe qui se présente comme monolithique, et l'une des failles, c'est typique de ce que représente Marina Ovsiannikova qui est issue d'une famille mixte russo ukrainienne", explique l'historien Antoine Arjakovsky.
"Il y a beaucoup de familles mixtes russo ukrainiennes en Russie, des familles qui sont déchirées par cette guerre, et on les chiffre à plusieurs centaines de milliers de personnes, cela veut dire que c'est important. Ce n'est pas quelques centaines. Les Russes d'origine ukrainienne, les Ukrainiens d'origine russe ne peuvent pas admettre la propagande russe qui explique que l'Ukraine n'existe pas comme nation.
Donc voilà un geste qui est sorti des tripes, de la compassion et aussi de l'identité mixte de Marina."
On imagine bien, en effet, le désarroi de ces familles déchirées, leur révolte face à une guerre fratricide qui divise des familles, des amis, des proches...
"Beaucoup de Russes disent dans leur cuisine qu'ils sont fatigués de ce régime dictatorial. Tous ces régimes de type dictatorial commencent par une personne qui a des complexes, qui est faible, qui arrive au pouvoir et dont le pouvoir devient illimité. C'est comme cela que ça s'est passé en Russie... il faut presque être suicidaire pour s'opposer à la guerre.", commente Marina Ovsiannikova.
"Marina Ovsiannikova décrit aussi dans son livre "No war" les règles, les ficelles de cette propagande d'état : ne jamais délivrer de mauvaises nouvelles après une information sur Vladimir Poutine, parce que cela nuirait à son image de sauveur de la Russie. A l'inverse, jamais de bonnes nouvelles en provenance de l'occident. Il y a aussi une liste de sujets incontournables qui sont envoyés directement par le Kremlin. Tout journaliste qui ne se plierait pas à ces consignes strictes peut être sanctionné d'une amende, d'une retenue sur salaire jusqu'à 40% de son salaire...
Une information corsetée depuis notamment le discours de Munich en 2007."
"Ce système de propagande n'est pas né par hasard, les Russes ont en héritage toute une culture de la propagande et de la censure à la télévision et dans les médias, qu'ils ont gardée, Poutine a été profondément marqué par cette culture de la propagande notamment télévisée, il en a été abreuvé, c'était une propagande beaucoup plus rugueuse et primitive que ce que l'on voit aujourd'hui, une propagande de l'époque soviétique...", explique Andreï Kozovoï.
De fait, on retrouve cette propagande figée dans les discours de Vladimir Poutine...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2023/05/la-journaliste-qui-a-dit-non-a-la-guerre.html
Sources :
Vidéo :
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