La fin du choc des civilisations ?
Après la chute de l'URSS et la fin de la guerre froide Samuel Huntington, en 1996, prévoyait l'émergence du choc des civilisations, au nombre de 9 associées majoritairement à une religion. Près de 3 décennies auparavant, André Malraux prophétisait : "la fin du siècle sera religieuse ou ne sera pas". Aujourd'hui, après le 11 septembre et le 7 janvier, l'émergence de la violence, sous différentes formes et dans de nombreuses régions de la planète, pose l'existence et l'utilité des civilisations et des religions.
Les violences mondiales les plus médiatisées sont concentrées dans les forces barbares d'un islamisme radical s'attaquant prioritairement à l'islam modéré, sunnite et chiîte, et secondairement à l'occident. Les dizaines de milliers de morts dans les combats fratricides, en terres d'islam, nous émeuvent beaucoup moins que les morts perpétrées sur notre sol par des français convertis en bras armés de l'islam radical.
Vu de notre nombril, avec notre tendance à la recherche des fondamentaux idéologiques sous-jacents, nous serions rentrés dans un choc de civilisations entre l'occident et l'islam -radical pour l'instant- et qu'il serait enfin temps de nous ressaisir et de communier dans les valeurs fondatrices de notre civilisation, et pour les Français, de notre République laïque. Les monarques du golfe arabo-persique n'auraient soutenus les "associations islamiques" que pour se protéger des déstabilisations religieuses : il est vrai que le mode de vie de ces riches monarques et de leurs entourages, ainsi que leurs réalisations matérielles de prestige, sont proches de l'occidentalisme !
Cette dernière remarque vaut réflexion sur le qualificatif de "civilisation". Les idéologies en affrontement armé et violent ne sont plus des civilisations. Chaque civilisation repose sur des forces dominantes acceptées et reconnues, un idéal et souvent une idéologie. L'islam dans sa version radicalisée, dévoyée et terroriste, n'est plus une civilisation : c'est un vent violent de destruction et de barbarie. L'islam dit modéré dans son expression religieuse n'a aucune structure pour encadrer une civilisation. Quant à l'occident paré des vertus de la démocratie et du christianisme, il y a belle lurette que ce n'est plus le peuple dans son expression démocratique qui s'autogouverne et que la base du christianisme - l'Amour de chacun pour son prochain et pour son Dieu - ne régit plus les relations sociales, économiques et financières entre les citoyens consommateurs. Les élections américaines sont perverties par leur financement issu de riches dominants : les élus en sont redevables. Les hauts dirigeants de l'Administration fédérale proviennent des staffs des banques, des complexes industriels et militaires, et des lobbies et think-tanks affidés à la divine haute finance et à la dictature faussée de ses lois des marchés. La démocratie a été confisquée au peuple américain. En 2003, avec la guerre d'Irak du petit Bush, la critique des fausses et vraies raisons de cette guerre était strictement impossible dans les médias papiers et télévisuels. L'émergence des vérités premières s'est faite attendre longuement aux USA. La profitabilité maximale de toute action à caractère économique et financier est devenue le paradigme d'une fausse civilisation : le prix d'achat d'un objet, d'une oeuvre d'art, d'un humain (corruption et autre) n'est pas représentatif de la valeur intrinsèque. Une civilisation de prix et de coûts, sans valeurs fondatrices permanentes, sans idéal partagé, n'est pas une civilisation, c'est tout au plus une foire aux vanités. Et ces dernières tiennent la grande place dans nos relations humaines et sociales. D'une même façon la démocratie est dévoyée en France et en Europe.
Au lieu de répondre aux sirènes médiatiques et politiques nous appelant à nous regrouper derrière des valeurs perverties ou effondrées, il est indispensable de redonner toute sa place à l'homme, à tous les hommes sans exception, dans la gouvernance du vivre ensemble et du pilotage de la planète. Cela impose de refonder la laïcité indépendamment de toute religion, car celles-ci sont d'abord des émanations des hommes, quelles que soient leurs inspirations ou révélations ; et les religions, au lieu de relier les hommes à Dieu et entre eux, se sont trop manifestées dans les exclusions, les massacres, les relégations et les condamnations. Si les religions peuvent répondre à l'angoisse de certains humains devant le "mystère" de la mort, elles ne doivent en aucun cas être responsables ou initiatrices de mises à mort d'autres humains ! Déjà, l'homme dans son essence même n'a pas besoin de religion pour commettre des crimes. Mais aussi l'homme a besoin, pour vivre humainement, de communion et de respect humains, de solidarité et de fraternité. Après la liberté lui sera donnée par surcroît. Dépassons le pseudo choc des civilisations et surtout ne nous laissons pas entraîner dans des guerres de religions dans notre pays chantre de la laïcité !
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